➖ blue like a goodbye  |  bleu comme un au revoir ➖

- Je suis désolée, Marin.

- Tu ne peux pas me laisser ! Tu as le choix, c'est toi même qui me l'a dit ! Marin s'écria en tenant très fort la main de sa bien aimée.

- Je sais, j'ai choisi de partir, mes parents acceptent mon choix aussi. Ils pensent que c'est pour le mieux. Ils ont toujours dit que tu avais une mauvaise influence sur moi, elle rit doucement.

- Tu avais promis que tu resterai... Tu m'avais promis, Marin se dit avec une voix de plus en plus basse, presque pour lui même.

- Je sais. Je suis désolée. J'espère que tu trouveras la force de me pardonner, pas forcément maintenant mais plus tard. Quand tu auras fait ta vie.

- Je veux faire ma vie avec toi, Gaia, toi et seulement toi. On avait tout planifié, tu t'en rappelles ? Nos métiers, nos enfants, notre mariage, notre maison. On a déjà nos métiers ! Tu es devenue photographe et je suis devenu avocat ! Qu'est ce qu'il va arriver à nos enfants, hein ? Astréos et Astéria ? Tu peux pas oublier notre futur comme ça, Gaia ! Tu ne peux pas t'en aller et me laisser seul...

- Marin, je n'oublie pas, je n'oublierai pas, je te le promets que je les emmènerai avec moi. Ton souvenir avec. Promets moi que tu rencontreras quelqu'un de nouveau, Marin, je m'en voudrais si tu restais seul.

- Arrête Gaia ! Arrête de dire ça ! JE T'AIME, TU COMPRENDS ÇA !? TOI ET SEULEMENT TOI, C'EST NOTRE PROMESSE ! Marin recula de quelques pas, prit sa tête entre ses mains et des larmes commencèrent à couler entre ses doigts. Il renifla, regarda Gaia droit dans les yeux, il n'avait pas le courage de continuer mais il se devait de la convaincre. On a grandi ensemble Gaia, on était heureux ensemble, on l'est toujours pas vrai ? Il s'attendit à une réponse mais Gaia évita son regard. On s'était toujours dit qu'on ne finirait pas comme eux, qu'on restera ensemble, et qu'on sera heureux et qu'ils seront jaloux. On avait prévu notre futur, et tu étais d'accord. Tu te rappelles notre premier nouvel an pendant lequel on était majeurs ? On avait bu, beaucoup, les gens se moquaient de nous et nous jugeaient mais on continuait à rire, juste parce qu'on le pouvait. Et notre tout premier Noël ? La boule à neige que tu m'as offerte, je l'ai toujours, je pense à toi à chaque fois que je la vois. Gaia, ma petite Gaia, mon monde à moi, tu ne peux pas me laisser, je t'aime, j'ai besoin de toi.

- Je sais Marin.

- Pourquoi tu t'en vas alors ?

- Je ne peux pas rester Marin. Tu devras te trouver une autre fille, un autre monde parce que je m'en vais.

Marin ne pouvait pas la laisser partir. Elle était sa vie, et plus encore. Elle était sa moitié, son âme soeur. Gaia le savait mais ne pouvait rester. Elle devait faire ce que la société voulait d'elle. Et la société voulait qu'elle parte. Marin ne pouvait pas la laisser partir.

- "Gaia, ma petite Gaia
Mon monde à moi.
Ton oeil gauche est vert,
Comme les champs qui hérissent la Terre.
Comme le champ qui longe notre chemin de fer.
Ton oeil droit est marron,
Comme le bois qui fait les ponts.
Comme le pont qui rejoignait nos deux maisons.
Ton sourire est rouge,
Comme dans la serre publique, avec toutes ses roses et ses tulipes.
Gaia, ma petite Gaia
Mon monde à moi.
Tu t'en vas maintenant,
Plus de passé, plus de futur, juste le triste présent.
Tu me laisses, j'espère que tu ne pars pas en m'oubliant.
Parce que je t'aime, Gaia.
J'ai besoin de toi."

- Marin, je dois y aller maintenant. Je t'aime aussi, tu m'as rendue heureuse pour un moment. Va t'en, Marin, pars, je ne veux plus te voir pleurer.

Le bruit de la mer s'éloigna derrière Marin, les larmes s'envolèrent de son visage en même temps que le vent les fouettaient. Il l'aimait, alors il est parti. Il n'avait pas réussi à la faire rester. Il ne méritait pas de vivre, il n'était qu'un moins que rien, il était comme tout le reste du monde, du moins c'était ce qu'il pensait. Une fois assez loin, il se retourna.

Elle était là, face à une mer écumeuse déchaînée, seulement vêtue d'une robe bleue foncée. Elle avait décidé de faire comme tous les autres. Aimer ou mourir. C'était le dilemme qu'imposait la société de leurs jours. Elle avait décidé de mourir, quitte à en tuer Marin. Elle s'avança d'un pas, apeurée. Une main se glissa dans la sienne. Elle tourna la tête et vit Marin, un petit coquillage beige dans la main. Elle le prit et le serra fort pendant que Marin retourna sur le sable.

La mer l'avala toute entière alors qu'elle tenait dans sa main, son dernier souvenir, son premier amour.

by hafaheart  ✖️
by hafaheart  ✖️
by hafaheart  ✖️