Il était une fois,

La nuit. "Nuit Ambulante". Dépourvue d'étoile, de lune ou de soleil. Errant à travers le monde, elle laissait un peu de son obscurité partout où elle passait. Elle était grande, elle était seule. Elle voyait la vie en noir, ou parfois, si les jours étaient meilleurs, elle la voyait alors en gris terne. Elle était si jeune. Elle était aussi livide que du cristal; même son coeur ne comportait pas de sentiment. Personne n'était là pour accompagner la nuit, personne ne le voulait vraiment. Qui voulait bien perdre son temps avec une ombre sans rêve ? Pratiquement personne ne la voyait, de toute façon. Nuit. Elle avait les cheveux si longs. Nuit Ambulante. Comme une voiture qui traverse les lumières de la ville, le soir. Comme un fantôme qui cherche encore sa place dans le monde. Comme les frissons qui passent doucement sur la peau, pour ensuite partir gentiment. Et tout à coup, comme un vase de verre, lorsqu'il éclate contre le sol.

Comme un arrêt au coeur. Comme une grenade qui explose. Comme un coup dans le ventre. Comme un arrêt dans le temps.

Nuit a levé le regard, et elle n'était plus seule. Une étoile, peut-être. Ou bien une saturne. Peut-être était-ce un soleil. Peut-être. Mais, comme un vulgaire flocon de neige, Nuit est tombée. Elle est tombée de toutes sortes de manière. Sa vie n'était soudainement plus noire, mais bleue. Nuit, elle était d'un bleu électrique resplendissant. Et elle n'était plus seule. Je crois qu'elle brillait. Par dessus les millions de pigments de bleus différents, Nuit avait vu qu'elle brillait. Elle pouvait scintiller, de milles feux. Derrière chaque pas qu'elle faisait, Nuit Ambulante laissait une trace de bonheur, de beauté, et de nuit. Souvent, puisqu'elle avait envie de le crier au monde entier, elle écrivait simplement sur un bout de papier: Nuit est tombée pour un astre. Et puis elle jetait à la volée le papier derrière elle, sans trop se soucier du vent qui, doucement, l'emportait. C'est l'histoire de Nuit, qui chaque jour, voit la vie un peu différemment. Son passé s'est transformé lorsqu'elle a rencontré le regard d'un astre quelconque. Parfois, les jours brillent et sont parfaitement bleus. C'est quand Nuit aperçoit vaguement son astre préféré. Et d'autres fois, les nuits sont noires, si noires qu'on n'y voit plus rien. C'est quand elle ne veut pas voir la réalité. Quand Nuit réalise que jamais elle ne pourra avoir son soleil, à ses côtés. C'est triste. Nuit a trouvé des couleurs, et je crois alors qu'il faudrait dire merci. Parce qu'un astre du coup de foudre, ça ne brille qu'une seule fois dans la nuit.

"Peut-être" avait-elle chuchoté.

"Peut-être que toi aussi."