- J'espère vraiment que tu m'as fait venir avec une raison valable sinon je vais m'énerver, lance Anya en passant vivement le pas de la porte.

Je la suit jusque dans le salon et avant même de m'être assise, je commence à lui raconter ce qu'il s'est passé :

- C'est à propos de Meredith, dis-je.

- T'es sérieuse ? Tu m'as fait venir pour parler de cette merdeuse ?

- Oui, répondis-je en souriant. Elle est venue chez moi avant que je t'appelle.

Et je déballe toute mon histoire. Pour une fois, Anya se tait, elle attend que j'ai tout terminé pour donner son avis.

- Attends... T'es en train de me dire que cette fille t'as dit que ta baraque est hantée ? demande-t-elle.

- Plus ou moins... Elle a dit qu'elle sentait des "perturbations dans l'énergie" ou je sais pas quoi...

- La crois pas, elle dit sans doute de la merde pour se rendre intéressante.

Voyant mon air sceptique, elle continue :

- Vraiment Lilith, t'as vu comment elle est ? Tu crois vraiment qu'une fille comme elle a un quelconque don pour ce genre de truc ? Elle dit des conneries c'est sûr, elle a vu un film d'horreur et elle se croit dedans je parie !

Je continue à penser toute seule et on reste plusieurs minutes dans un silence total. Je finis par conclure :

- Elle aurait pas inventé tout ça. Pas elle, c'est pas son genre.

Anya soupire bruyamment sans rien oser ajouter, elle sait qu'avec mon sale caractère de fille têtue, je ne voudrait rien entendre de toute manière. Voulant rompre le silence, je demande :

- Tu penses pas qu'on devrait aller lui parler ?

- Mais arrête, c'est même pas la peine de croire une fille comme elle !

Sans doute énervée parce que j'insiste, elle se lève et repars déjà vers la sortie :

- Fais comme tu veux Lilith, c'est pas mon problème : ma baraque est pas hantée ! lance-t-elle avant de reclaquer violemment la porte d'entrée derrière elle.

Une fois que je suis sûre qu'Anya est suffisamment loin pour ne plus m'entendre, j'attrape un coussin et étouffe un cri dedans. Ce genre de situation m'énerve : j'ai l'impression que personne n'est jamais d'accord avec moi sans réels arguments, alors je m'énerve, je deviens capable de tout casser autour de moi.

J'inspire profondément. Je suis intimement convaincue qu'il faut parler avec Meredith. Elle cache quelque chose, c'est certains. Et si elle pouvait se comporter autrement, elle l'aurai sans doute fait. Je suis sûre qu'elle aimerait nous dire, ou plutôt nous avouer quelque chose, mais qu'elle ne peut pas le faire.

Tentant désespérément de me calme, j'allume au hasard la radio. Comme prévu, je tombe sur une chanson qui semble avoir été faite spécialement pour ne pas me plaire :

Je me suis cassé la jambe à l'âge de 6 ans,

J'échappais à mon frère et à ses amis

Et j'ai gouté au doux parfum de l'herbe en roulant...

J'étais jeune à ce moment là, ramène-moi à l'époque où j'ai

Trouvé mon cœur et je l'ai brisé,

Où je me suis fait des amis et les ai perdus avec le temps.

Je n'ai pas vu ces champs depuis si longtemps,

Je sais que j'ai grandi,

Mais je suis impatient d'être à la maison !

Je suis en route,

Roulant à 140 km/h sur ces routes de campagnes,

Chantant "Tiny Dancer".

Ce que tu me fais ressentir me manque et c'est réel,

On a regardé le couché de soleil sur le château de la colline.

A 15 ans, je fumais des cigarettes roulées,

Fuyant la loi à travers les champs et buvant avec mes amis.

J'ai eu mon premier baiser un vendredi soir,

J'imagine que je n'étais pas super.

Mais j'étais jeune à ce moment là,

Ramène moi à l'époque où

Nous avions trouvé des jobs le weekend,

Quand on avait notre paie, on achetait de la liqueur pas chère

Pour la boire directement.

Mes amis et moi n'avons pas vomi depuis si longtemps,

On a tellement grandi...

Mais je suis impatient de rentrer à la maison !

Un ami est parti pour vendre des vêtements,

Un autre travaille près de la côte,

Un autre a deux enfants mais vit seul,

Le frère d'un ami a fait une overdose,

Un autre en est déjà à sa deuxième femme,

Un autre a du mal à s'en sortir...

Mais ces personnes m'ont élevées

Et je suis impatient d'être à la maison !

Je suis en route et je me souviens encore

De ces vieilles routes de campagne.

Quand on ne connaissait pas les réponses,

Ce que tu me fait ressentir me manque, c'est réel,

On regardait le coucher de soleil sur le château de la colline,

Sur le château de la colline... **

Sans pouvoir me l'expliquer à moi-même, cette chanson que je pensais stupide m'a étrangement touchée. Elle me tire presque les larmes aux yeux.

Je me roule en boule dans le fauteuil du salon, referme mes bras sur mes genoux et pose ma tête sur eux. Doucement, du bout des lèvres et si faiblement qu'il est impossible qu'on m'entende, je chantonne la chanson qui vient à peine de s'évanouir dans l'air.

J'attends. De longues minutes passent. Je ferme mes yeux et sans m'en rendre compte, je m'endors dans le fauteuil du salon.

J'irai lui parler.

** Chanson : Castle on the Hill par Ed Sheeran.

La version de la chanson que j'ai mise ici est en fait une cover par Diamond White, Mario Jose et KHS. Et si vous vous demandez pourquoi j'ai mis cette cover, c'est uniquement parce que je la trouve plus belle que la chanson originale (oui, je n'aime pas Ed Sheeran, désolée).

Bonjour, bonsoir,

Je sais, vous devez vous dire que mes chapitres se font rares. Sachez que j'aimerai publier plus mais malheureusement, le temps me manque. Mais pas de panique, les chapitres arrivent toujours.

Désolée aussi si ce chapitre est plus court que d'habitude, mais je ne voyais pas vraiment l'intérêt de le faire trainer en longueur étant donné qu'il n'est pas vraiment important ou décisif.

A bientôt,

Raven.