Chapitre 11
J'ai un mauvais pressentiment.
Ca fait plusieurs jours maintenant que dès que je me réveille je sens que quelque chose cloche. A l'instant même où j'ouvre les yeux, je ressens quelque chose qui n'était pas là avant, quelque chose de menaçant. Non, je ne me suis pas mise moi aussi à ressentir les esprits. Non, je ne vois rien, je n'entends rien de suspect. J'ai juste ce pressentiment qu'il y a quelque chose d'anormal.
Alors, comme pour me rassurer, je vais chaque matin à la fenêtre et là je regarde la maison des Clerk. Comme si elle pouvait m'envoyer un signal disant que quelque chose ne va pas. Je suis capable de rester facilement un quart d'heure à fixer la façade en attendant un quelconque événement. Inutile de préciser que jusqu'ici, absolument rien ne s'est produit.
Alors ce matin, comme tous les autres matins, je fixe la façade crème de mes voisins. Je regarde derrière chaque fenêtre sans voir aucun signe de vie.
D'ailleurs, maintenant que j'y pense, je ne vois plus Mr. Clerk sortir pour aller faire ses courses chaque jour comme il en avait l'habitude ou encore pour désherber son jardin. Il n'a pas mis le nez dehors depuis des jours et jours. Quant à Meredith, je ne l'ai plus entendu depuis que moi et Anya l'avons appelée.
Bien que perdue dans mes pensées, je remarque soudainement que quelque chose à bouger chez les voisins. Les lourds rideaux des fenêtres du premier étage se tirent rapidement. Quand nous avions téléphoné à Meredith en nous faisant passer pour son médecin, j'avais dit que le lendemain j'irai la voir pour me rendre compte de son état. Quand j'ai frappé à sa porte, personne ne m'a jamais ouvert, mais pourtant, il y avait bien quelqu'un à l'intérieur.
Les rideaux de la maison entière se ferment maintenant, et je suis désormais certaine qu'il y a quelque chose de bizarre qui se trame chez les voisins. Soudain, je vois Mr. Clerk sortir et ça, c'est pour le moins inattendu. Et ce qui est encore plus incroyable, c'est qu'il se dirige vers notre maison.
Je me précipite alors dans les escaliers et les descends à toute allure. Quand j'arrive devant la porte d'entrée, lui n'est même pas encore là et les secondes avant qu'il vienne sonner me paraissent des heures. Quand la sonnette de la porte d'entrée retentit enfin, je me précipite sur la poignée.
Ouvrant la porte à toute vitesse, je regarde les yeux de mon voisin me regarder de haut en bas avec désapprobation. Je baisse les yeux et comprend que ma tenue ne lui plait pas. Mais merde après tout, il était pas question que je me déguise encore comme la dernière fois.
- Bonjour, dis-je le plus poliment possible. Vous voulez quelque chose ?
Il continue de m'observer avec insistance comme pour bien me faire comprendre que ma façon de m'habiller est loin de lui plaire. Alors je me racle la gorge pour lui rappeler que ma patience à des limites quand même. Il relève les yeux et plante son regard dans le mien.
- Je venais uniquement vous prévenir que je partirai en fin d'après-midi rendre visite à ma mère, annonce-t-il, je reviendrai à la fin du weekend sans aucun doute.
Je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour demander en quoi ce genre d'information me concernait mais il semble qu'il ait deviné ma pensée avant même que je la formule car il enchaine :
- Bien que cette information ne vous regarde normalement en rien, je viens vous prévenir car Meredith ne viendra pas avec moi. Elle est malade. Si elle a un quelconque problème, je vous serez très reconnaissant si vous alliez l'aider vous et vos parents.
- Aucun soucis, répondis-je avec un sourire forcé. Mais j'espère que ce n'est pas grave pour la pauvre Meredith. C'est vrai que ça faisait quelques jours que je ne la voyais plus sortir.
- Vous nous espionnez ? demande-t-il suspicieusement.
- Bien sûr que non ! m'empressais-je d'ajouter. Seulement, on s'en rend compte quand nos voisins ne sortent plus. J'ai juste remarqué que je ne la voyais plus dehors... Si je peux me permettre, qu'est ce qu'elle a ?
- Rien de grave, ce sera passé rapidement !
- Mais ça ne réponds pas à ma...
- Je vous remercie beaucoup, me coupe-t-il avant de tourner les talons et de repartir vers sa maison.
Enervée de ne pas avoir obtenue de réponse claire, je reclaque violemment la porte d'entrée. Au fond de moi, je sais bien ce qu'il se passe. Je sais bien ce qu'à Meredith. Elle est sans doute encore perturbée avec toute cette histoire. Mais si quelque chose lui arrive, qu'est ce qu'on pourra bien faire ?
C'est alors que je pense à quelque chose. Comment n'y ai-je pas réfléchi avant ? Si Mr.Clerk n'est pas là du weekend, c'est tout simplement l'occasion rêvée pour aller chez Meredith et s'expliquer une bonne fois pour toute avec elle. Quand son père est là, c'est quasiment impossible pour moi d'y entrer. D'ailleurs, il ne me laisserai sans doute pas passer le pas de la porte. Alors que là, n'étant même pas là, Meredith aura du mal à me claquer la porte au nez.
Pendant le reste de l'après-midi je guette donc la sortie de mon voisin. Quand je le vois rentrer une minuscule valise dans le coffre de sa vieille voiture, je sais qu'il est bientôt prêt à s'en aller. Il rentre à l'intérieur de sa maison et en ressors quelques minutes plus tard. Sa porte d'entrée est encore ouverte. Il démarre, la voiture s'éloigne au loin et la porte d'entrée se referme.
J'attends que la voiture ait tourné au coin de la rue pour me précipiter dehors. Tout ce petit manège est complétement ridicule à mes yeux. Je suis obligée d'attendre que mon voisin sorte de chez lui pour aller adresser la parole à sa fille. Dans quel monde vit-on, je vous le demande !
Bref. Je longe le trottoir à une vitesse incroyable, enjambe presque le portillon qui ferme l'entrée du jardin des Clerk, escalade les marches du perron et frappe à leur porte. J'entends des pas dans l'entrée. Mais personne n'ouvre. Je frappe à nouveau. Personne ne répond.
- Meredith ! C'est Lilith ! Ouvre, faut qu'on parle !
Pas de réponse. Mais je suis quasi-certaine qu'il y a quelqu'un derrière cette porte. Elle a dû regarder par le judas, a vu que c'était moi et refuse maintenant de m'ouvrir.
- Meredith, ouvre cette putain de porte ! Je sais que t'es derrière !
Toujours aucune réaction. Je donne alors un coup de pied dans la porte, ce qui la fait trembler et me met à hurler :
- MAIS TU VAS M'OUVRIR BORDEL DE MERDE ?
Un bruit de clef se fait alors entendre et la porte s'entrouvre de quelques centimètres.
- Ne crie pas, les voisins vont t'entendre ! Chuchote une voix.
L'entrebâillement est si minuscule, que je ne peux même pas voir Meredith. Je décide donc de tirer brusquement la porte vers moi. Ne s'attendant sans doute pas à ce que je fasse ce geste, elle lâche la poignée. La porte s'ouvre entièrement. Et ce que je vois caché derrière me laisse bouche-bée.
Meredith est d'une pâleur de morte, des cernes d'un violet profond entourent ses yeux, ses cheveux d'ordinaire si bien coiffés sont en pagaille et elle porte une longue chemise de nuit blanche qui lui donne une allure de fantôme. Elle me lance un regard noir et je comprends que ce n'était pas pour rien qu'elle se cachait derrière la porte.
- Qu'est-ce que tu veux ? lance-t-elle agressive.
- Je voulais savoir si t'allais bien. Ton père m'a dit que tu étais malade et...
- Je sais très bien ce qu'il t'a dit. Je vais très bien merci, dit-elle. Si c'est tout ce que tu voulais savoir, tu peux repartir maintenant.
Déjà, elle repousse la porte. Je mets mon pied dans l'entrebâillement pour l'en empêcher.
- Nan attends je voulais aussi te parler de... commençais-je.
- Au revoir Lilith, annonce-t-elle.
Elle pousse plus fortement la porte.
- Meredith, je pense qu'on devrait...
- J'AI DIT AU REVOIR ! crie-t-elle avant de reclaquer la porte avec une force que je ne lui connaissais pas.
Je soupire. Même quand son père n'est pas là, elle ne laisserait personne l'approcher. A pas lents, je regagne ma maison. Quand je tourne le visage, j'aperçois Meredith qui surveille que je reparte bien chez moi depuis une fenêtre du rez-de-chaussée.
Une fois passé le seuil de ma porte, je me laisse glisser par terre. Puisqu'elle ne veut pas me laisser entrer, je n'ai pas d'autre solution. Je sors mon portable de ma poche arrière et compose un numéro :
- Quoi ?! demande Anya en décrochant.
Je lui raconte ma petite après-midi et tout ce qu'il s'est passé. Après j'enchaîne directement :
- Anya, tu veux bien venir dormir chez moi ce soir ?
- Pourquoi ? s'esclaffe-t-elle. T'as peur ?
- Mais nan !
- Alors pourquoi ? demande-t-elle.
- Réfléchis. Si Meredith veut pas nous laisser entrer de jours dans sa maison, on a qu'à essayer d'y entrer nous-même de nuit.
- Et après c'est toi qui vient me dire que j'ai des idées dangereuses ? Tu te fous vraiment de ma gueule toi...
- Alors ? T'es d'accord ? insistais-je.
- Ca marche. Je viens ce soir.
Bonjour, bonsoir !
Et oui, je tiens mes promesses ! J'avais dit qu'il y aurait un prochain chapitre avant la fin du weekend et tadam !! Et en plus il est un peu plus long que d'habitude.
Bref, bonne fin de weekend à vous tous et à tantôt pour le chapitre suivant.
Notez bien que mes prochaine publications seront plutôt irrégulières, avec le bac qui approche à grands pas, je préfère me concentrer sur mes révisions.
Tchuss,
Raven.
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