J'ouvre doucement les yeux. Il fait assez noir, mais on y voit quand même quelque chose. je le sais, il est environ cinq heures du matin, l'heure à laquelle je me réveille. car il y a une grande différence entre " se réveiller " et " se lever ". Je suis... si fatiguée. Mais je sais bien qu'une fois réveillée, je ne me rendors pas. C'est comme ça. C'est dommage, mais c'est comme ça.

Dans ces moments là, donc tout les matins , j'attends. J'attends que ça se passe, que mon père vienne me réveiller. Mon père ? mes parents sont séparés. ce n'est pas du tout un problème. 'est comme ça depuis mes trois ans, donc je n'ai aucun problème avec ça. Je suis en garde alternée, une semaine sur deux.

J'attends jusqu'à 7h 40 et j'entends le réveil de mon père sonner. Je l'entends descendre dans la cuisine, le bruit de l'eau qui boue, des céréales versées.

Plus beaucoup de temps avant l'heure fatidique. J'entends des bruits de pas qui se rapprochent de ma chambre, la porte s'entrouvrir et la petite vois de mon père qui me dit que c'est l'heure...

L'heure de quoi ?

L'heure de se lever ?

Ou de mentir ?

De souffrir ?

De refaire comme tout les jours ?

Je montre que je suis réveillée et il sort de ma chambre, tellement innocent. Comme si j'allais, comme si je pouvais lui parler...

Quand ma porte se referme, j'attends quelques minutes, je me lève, et soupire. Je ferme les yeux, j'inspire, je me colle a nouveau ce faux sourire sur le visage, et j'expire.

Pathétique.

Hypocrite.

Mensonger.

Voilà ce qu'est ce putain de sourire. Ce sourire de touts les jours... Je me dégoute.

Je jettes un oeil dégouté et attristé sur mon bras gauche. De très légère cicatrices, presque invisibles. C'est idiot, ça ne sert à rien, les regarder ne les feront pas disparaître.

Je m'habille avec mes vêtements de la veille, et descends d'un pas qui se veux léger et insouciant les escaliers pour traverser le salon et aller dans la cuisine.

Je m'installe à ma place, devant moi, deux bols. L'un remplit de ma tisane favorite. Hibiscus. Elle a une belle couleur rose. Et l'autre remplit de céréales et de lait végétal. Il y a des tartines, un fruit, et mon père en face.

Je mange avec peu d'entrain mon petit déjeuner, mais je termine quand même tout ce qui m'était destiné. Pourquoi ? Simple, je ne vais pas prendre le risque de l'inquiéter. S'il me posait des questions ? S'il surveillait mes actions ? Il s'inquiète si vite, mon p'tit papa. je déteste ça, mais je n'ose pas le lui dire.

Je monte dans la salle de bain. Ha... faire sa toilette. Je déteste ça. Je me retrouve devant une glace, et je vois mon horrible reflet.

Des yeux inexpressifs.

Des lunettes salles.

Un énorme nez.

Des oreilles décollées.

Des cheveux gras en bataille.

Et, surtout, le pire, ce faux sourire, qui me sert de masque.

Voir mon reflet, mon apparence, tout cela me donne envie de disparaître.

De ne jamais avoir existé.

Cette enveloppe corporelle. Ce corps d'humain.

L'humain est bien la pire chose que la terre est abrité.

C'est une des raisons de ma haine envers moi-même.

Laissez moi crever intérieurement. Je suis comme une coquille luisante en surface, et pourrie de l'intérieur.

Je n'ai que ce que je mérite.