"Prochain arrêt : Vaucresson", annonce la voix,
Encore une station sur ce chemin de croix,
Entouré de huit autres personnes, ennui
De toujours, face à la médiocrité d'autrui.

Ils sont de première ou de seconde, toujours
Aussi cons, malgré qu'en traversant les âges,
Ils l'assument beaucoup moins, car tous concourent
À l'apocalypse sociale... ravage.

Ici sont rassemblés les cadavres vivants,
Ici, on s'appelle "mec" sans se regarder,
Sans oser, d'une voix peu assurée, perdants
Du grand jeu permanent... qu'on a abandonné.

Ici, on s'allie sans s'aimer, pour exister,
Ici, les écrasés aiment à opprimer.
Ici, on se fantasme sur-homme le soir,
Baissant le regard au moindre baraqué noir...

Ici, nous sommes conscrits, nous sommes bannis,
Le game social nous abhorre, nous renie.
Le soir, ici, on se branle sur du hentai,
Assistant notre confiance qui se taille !

Alors ici, oui, parmi les inconnus,
On joue les connaissances, tu joues l'élu,
Tu joue le mec swag, le mec populaire,
Et, t'y crois fort, oui, que tu sais y faire !

Je suis assis à la Comédie Française,
En compagnie de personnes qui me plaisent...
Si je crache beaucoup, critique ouvertement...
C'est parce que je me vois, dans l'âme de ces gens ..!

Thibault Desbordes.