Je reprend le rouge pour écrire,
Couleur indigne, certains teignent leur cheveux, moi j'teins mes lignes !
Je saigne les mots de ma conscience, sale rire,
Sous la lumière saoûlante de ma lampe sous laquelle je souligne
Tous ces mots, tous ces morts, toutes ces consignes,
Je ferai tout péter, moi ! Dans ce texte,
Dans ce contexte où la haine est un prétexte
Pour tenir, sans jamais abandonner,
Serrer contre soi un lambeau de liberté,
Se souvenir d'avancer, au rythme du rap,
Du cri de ceux qui souffrent sous cape !

Serrer contre soi un lambeau de liberté,
Attraper à deux mains un bout de réalité,
Lâcher son stylo, l'encre explose
À nos pieds, éclabousse notre psychose,
Nos saletés comme nos lumières,
Dépensées en pensées délétères,
Révolutionnaire, l'encre explose en une froide hémorragie,
Du sang sourdant dans nos âmes quand enfin on agit
Pour son avenir, hein ? La belle connerie,
On avance sur les rotules, ouais ! On en paye l'hérésie !

Et pourtant j'avance. On avance, doucement,
Désespérément épatants pour ceux qui prennent leur temps,
Massacre dans les yeux, tripes dans le bide et sang au nez,
Les dents serrées sur notre petit bout d'identité,
Sur notre parcours on s'est prouvés à se réprouver,
On s'est fait forgeron, on s'est fait armurier,
D'acier sont nos plastrons, et nos flingues sont chargés,
Alors c'est pas l'heure tardive qui va m'impressionner.
Et ouais, je suis toujours là, et je suis toujours au taquet,
Je me traîne au bout de moi-même, et maintenant, bah je m'y connais !

Thibault Desbordes.