9 ~ She did it again
Les rayons du soleil viennent chatouiller mon visage encore endormi et s'il n'y avait pas eu ce corps contre moi, je me serais volontiers retourné. Mais je ne bouge pas, je profite des rares matinées ensoleillées de Londres avant de vivre une véritable tempête. Aujourd'hui c'est mon anniversaire.
Tout garçon normalement constitué se ferait une joie de fêter son anniversaire, de se lever en ayant cette sensation d'être le roi de la journée, le centre d'intérêt... Mais moi je ne suis pas normal. Je fronce les sourcils et m'apprête à ouvrir les yeux lorsque je ressens une pression sur mes lèvres, chassant mes mauvaises pensées de mon esprit.
Je souris et répond au baiser, ouvrant mes yeux sur ma petite amie, Solenn. Son visage à contre jour est la plus belle image que j'ai pu voir. Elle semble entourée d'un halo de lumière, comme une vision idyllique et ses longs cheveux bruns tombent en cascade jusque sur mon torse nu.
« -Joyeux anniversaire Cal –Me dit-elle entre deux baisers-
-Merci –Je lui rends son sourire avant de l'allonger sur moi, caressant son dos nu avec douceur- Tu as bien dormi ?
-C'était court, mais j'ai bien dormi en effet. »
Elle me fait un petit clin d'œil avant que je n'emprisonne à nouveau ses lèvres, y glissant ma langue pour rendre le moment plus passionnel. J'aime ce réveil. La chaleur du soleil, le baiser de ma petite amie qui devient vite plus fougueux qu'il n'aurait dû l'être. Oh après tout, c'est mon anniversaire. J'intervertis nos positions et me place au-dessus d'elle, faisant descendre mes baisers jusqu'à son cou, encore marqué de la veille.
«- Que vas-tu faire aujourd'hui Cal ? –Me demande cette dernière dans un soupir, alors que je continue de faire descendre mes baisers, suivant une ligne imaginaire-
-Oh je ne sais pas, sûrement m'enfuir d'ici pour profiter de cette belle journée. Accepterais-tu de venir avec moi ?
-Je ne peux refuser la proposition d'un Lord ! »
Je glousse contre son nombril et y dépose un long baiser. Je me sens si bien avec Solenn, c'est la seule fille de ma classe qui m'ait apprécié pour celui que j'étais au fond, pas pour mon titre. D'après ma mère c'est une profiteuse, mais je sais que ce n'est pas le cas. Elle m'aime et je l'aime aussi. C'est tout ce que je demande.
*
Après avoir fait nos petites affaires, je m'extirpe du lit et prend une douche rapide, le sourire encore collé aux lèvres suite à mon plaisir récent. Ce devrait être une bonne journée finalement. Au dehors le soleil persiste et je laisse Solenn se doucher tranquillement, descendant sur ma terrasse où se trouve Barton. Le pauvre se fait de plus en plus vieux et sa mine triste m'inquiète. Que lui arrive-t-il ? Ca fait un petit moment qu'il fait cette tête... Cependant dès qu'il me voit son visage semble s'illuminer et un sourire paternel se dessine sur ses lèvres.
«- Bonjour Barton –Lui dis-je en m'étirant-
-Bonjour Monsieur, vous êtes bien matinal !
-Oh parfois ça m'arrive –Je souris et m'installe sur la petite table dressée au soleil- J'adore quand il fait ce temps, pas vous?
-Si, c'est agréable de voir le soleil de temps en temps –Il se permet un petit rire avant de s'éclipser- Que Monsieur m'excuse un moment.
-Bien-sûr. »
Je l'observe qui marche de son mieux jusqu'à la porte d'entrée avant de disparaitre derrière les lourdes portes. C'est curieux, il ne m'a même pas souhaité mon anniversaire. J'hausse les épaules et m'avachis sur ma chaise pour pouvoir bronzer, ouvrant ma chemise de quelques boutons. Comme c'est calme, seul le bruit des oiseaux me parvient aux oreilles et je pourrais presque m'endormir à nouveau. Mais alors que je me sens sombrer, j'entends des bruits de pas dans l'herbe.
«- Vous êtes encore fatigué Monsieur ? –Me demande Barton, alors que j'ouvre un œil-
-Un peu, la nuit a été courte.
-Mademoiselle Solenn est resté ici cette nuit ?
-Oui, mais ne le dites pas à ma mère.
-Promis Monsieur –Il me fait un grand sourire et pose un plateau sur la petite table- Je vous ai préparé du thé Monsieur, c'est du jasmin avec quelques gouttes de citron. J'espère qu'il vous plaira. »
Je me redresse sur mon siège et regarde avec bonheur la tasse fumante devant moi. Je remercie Barton et me régale de la boisson, laquelle est accompagnée de cupcakes au citron. Je souris avec amusement. Sur l'un d'eux se trouve une petite bougie que Barton allume à l'abris du léger vent du matin.
«- Je n'ai pas trouvé de bougies avec le chiffre 15 Monsieur, mais au pire je pourrais rallumer cette bougie autant de fois que vous le voudrez.
-Ca me suffit amplement, merci Barton.
-Je vous souhaite un très bel anniversaire et surtout que votre vie soit heureuse. »
Je remarque sa mine triste qu'il masque d'un mouchoir, faisant semblant d'y tousser alors que je souffle enfin ma bougie. Serais-je vraiment heureux un jour ? Je n'en sais trop rien.
Une fois éteinte, je pose la bougie sur le côté et coupe le gâteau en deux, donnant l'autre moitié à Barton qui me remercie agréablement avant de sortir quelque chose de sa poche. C'est un petit paquet, emballé avec maladresse, mais qui malgré tout me fait extrêmement plaisir. Il est vrai que chaque année Barton me faisait un cadeau, mais c'était souvent des sorties, pour m'éloigner quelques temps de mon quotidien. Là c'est un paquet.
«- Qu'est-ce que c'est ?
-Ouvrez Monsieur et vous verrez ! »
J'essuie mes mains avant d'ouvrir le paquet, trouvant une petite boite en velours noir dans laquelle se trouve une courte chaine en argent. Au bout de cette chaine, il y a un bijou en forme de plume, également en argent. J'ouvre ma bouche sous la surprise. C'est magnifique !
«- Barton c'est le plus beau cadeau qu'on m'ai fait !
-Vous n'êtes pas obligez de mentir Monsieur, je sais que vous avez eu des cadeaux bien plus grandioses et je...
-Il est magnifique, vraiment. »
J'enfile le bracelet et observe la plume scintiller sur mon poignet. Ca a dû lui coûter une fortune, je ne sais quoi dire. Le sourire aux lèvres je me redresse et viens serrer mon domestique dans mes bras. C'est la première fois que je l'étreins et bien qu'au début il semble hésitant, il finit par me serrer à son tour. Je me sens bien, Barton est comme un père, il s'est toujours bien occupé de moi quand mes parents ne le pouvaient pas et c'est le seul qui m'a réellement soutenu après la mort de Mali. Le seul qui soit réellement humain ici.
*
Après mon petit déjeuner je retourne dans ma chambre où Solenn est fin prête, je pose mes lèvres sur les siennes et lui montre le cadeau de Barton. Elle aussi s'accorde à dire qu'il est magnifique et que la plume me représente beaucoup. Ou plutôt représente le garçon que j'aimerais être. Libre. Barton le sait, il sait que je suis piégé ici et que m'échapper n'arrivera jamais. Mon destin est tout tracé, cependant, il me semble qu'il y a de l'espoir. Un jour peut-être je volerais de mes propres ailes ?
Afin que nous soyons discrets, je fais sortir Solenn en douce par les jardins, avec l'aide de Barton. Je ne veux pas que ma mère puisse la voir, puis une fois chose faite, nous retournons dans la demeure comme si de rien n'était, sifflotant devant la mine suspicieuse de Sigrid. D'ailleurs cette dernière ne m'a pas souhaité mon anniversaire et je me vois obligé de le lui rappeler, souriant intérieurement face à son visage ennuyé. En chemin nous croisons également mon père qui me serre dans ses bras chaleureusement avant de serrer la main de Barton. Je m'empresse d'ailleurs de montrer le bracelet, tout fier et mon père semble reconnaissant envers Barton, le gratifiant d'un sourire radieux dans lequel je ressens malgré tout un petit quelque chose de triste. Mon père doit encore être fatigué à cause de sa jambe.
Quoi qu'il en soit nous reprenons notre chemin jusqu'aux cuisines, Barton m'ayant promis un deuxième thé, lorsque ma mère apparait devant nous, barrant la route. Instinctivement je frémis et m'arrête net, observant la femme face à moi dans l'attente d'un reproche ou d'autre chose tout aussi négatif. Sauf qu'elle ne dit rien, elle se contente de nous observer et après m'avoir accordé un simple 'Joyeux anniversaire Calum' elle demande à s'entretenir en privé avec Barton, lequel accepte sans réchigner. Je déteste ça, quand ma mère fait les choses dans mon ds, surtout le jour de mon anniversaire, ça ne laisse présager rien de bon.
Lorsque Barton prend congé de ma mère je remarque sa mine embarrassée et au lieu de continuer jusqu'aux cuisine, il m'entraine avec lui vers les chambres des domestiques. Je l'attends silencieusement devant sa porte et remarque, une fois ce dernier sorti, qu'il s'est changé. C'est la première fois que je le vois sans son uniforme. En civil, comme dit ma mère.
«- Nous allons sortir aujourd'hui Monsieur Calum –Me dit-il avec un demi sourire-
-Pourquoi ? C'est ma mère qui l'a demandé ?
-En quelque sorte –Il grimace-
-On ne peut pas rester dans le jardin et faire comme si on n'était pas là ?
-Vous n'avez pas envie de sortir en ville Monsieur ? Ça vous changera les idées vous savez. »
Je réfléchis un instant et fini par accepter, passant dans ma chambre pour récupérer mon sac et une casquette pour me protéger du soleil. Je me demande pourquoi ma mère veut que je sorte, d'habitude c'est la première à me faire une liste des choses à faire et ne pas faire une fois le portail franchi. Là rien. Ce semblant de liberté me laisse perplexe, mais comme je suis avec Barton, je ne m'inquiète pas. Si ça avait été avec Sigrid je... Oh je préfère ne pas y penser !
*
Londres en plein soleil, c'est un régal. Nous faisons plusieurs boutiques avant de nous poser dans Hyde Park, sirotant un thé glacé à l'ombre d'un arbre et jouant avec les écureuils qui tentent de voler les biscuits dans mon sac. J'aime bien cet anniversaire, il est spécial. J'ai vraiment l'impression d'être libre et toutes mes suspicions se sont envolées. J'aimerais bien que Solenn soit là, je prends mon téléphone mais à ma grande surprise elle ne répond pas, alors c'est au bout de trois appels que je lui laisse un message, lui proposant de nous rejoindre dans le parc. Chose qu'elle ne fait pas.
Nous retournons dans quelques boutiques de Londres et par moment je surprends Barton à observer les vêtements pour garçons de mon âge. Est-ce pour son fils ? Il ne m'en parle jamais, du moins il ne m'en a pas reparlé depuis longtemps. Il voulait que je fraternise avec mais apparemment ça ne s'est pas encore fait. Pourquoi ? Je le vois qui repose tristement les vêtements avant de me rejoindre.
Pourquoi est-il si triste aujourd'hui ?
L'heure du retour approche et je remarque que Barton a totalement changé. Il n'arrive plus à se forcer à sourire et ça m'inquiète. Nous nous posons dans un petit café où je lui offre une grande tasse de thé aux agrumes. Rien de bien fou comparé aux thés qu'il sait me faire, mais malgré tout il me fait un sourire et boit lentement sa boisson, le regard dans le vide.
«- Vous savez Monsieur, il y avait plusieurs bijoux quand j'ai acheté votre bracelet. J'ai choisi la plume mais il y avait également des symboles plus masculins comme des épées, des flammes, des dragons aussi.
-Pourquoi avoir choisi la plume ? –Je demande intéressé-
-Je trouve que ça vous représente. Vous êtes encore un petit oisillon, à peine sorti du nid et j'ose espérer qu'un jour vous prendrez votre envol et que vous laisserez une plume derrière vous. Pour ne jamais rien oublier, tout en allant vers l'inconnu.
-Je ne sais pas si ma mère me laissera aller vers l'inconnu –Je soupire ennuyé-
-Votre mère ne sera pas toujours là, je suis certain qu'un jour vous trouverez le courage de l'admettre et vous prendrez suffisamment confiance en vous. En tout cas je vous le souhaite.
-Pourquoi ce ton ? Comme si c'était quelque chose que vous n'alliez pas voir.
-Je suis vieux Calum et très fatigué – Il sourit et mon cœur se serre- Mais j'ose espérer que je pourrais te voir voler de tes propres ailes, un jour. »
Je déglutis et tente de sourire bien que quelque chose se soit brisé en moi. Je suis conscient que Barton est vieux, mais l'entendre parler comme si nous étions déjà séparés me fait de la peine. Je ne suis pas du genre fusionnel, mais quand j'apprécie quelqu'un, j'ai du mal à m'en séparer.
Après avoir fini notre deuxième tasse de thé nous faisons encore quelques boutiques avant de reprendre la route, en silence. Cette journée était incroyablement nouvelle pour moi et le fait d'avoir pu sortir m'a fait du bien. Sans compter que ma mère ne m'avait laissé aucunes directives, pour une fois. Quand je pose mon regard au travers de la vitre je remarque que le soleil se couche, il doit être sacrément tard et je me demande pourquoi ma mère ne nous a pas obligés à revenir. Peut-être parce que c'est mon anniversaire ?
*
En arrivant je remarque que quelque chose se trame. Il y a du mouvement, beaucoup de véhicules de grande taille et comme à son habitude Sigrid se trouve sur les marches, donnant des ordres à qui veut bien l'entendre. Etonné je m'empresse de sortir de la voiture, me rapprochant des véhicules.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Et qu'est-ce que mes meubles font dedans ?!
Je tourne vivement la tête vers Barton, lequel fixe le sol. Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Je lui passe devant et me poste devant Sigrid, qui m'ignore royalement soit dit en passant, continuant de brailler après nos domestiques. Ces derniers portent tous des meubles, des ustensiles et pas unqiuement ceux de ma chambre.
«- MAMAN ?! –J'hurle en débouchant dans le hall- PAPA ?!
-Oh Calum un peu de tenue ! –Rouspète ma mère en sortant du salon-
-C'est quoi ce bordel ?! Qu'est-ce qu'il se passe ?!
-Calum voyons n'hurle pas devant ta mère –M'interrompt mon père avec un regard presque sévère-
-Ce bordel mon cher fils, ce sont nos meubles.
-Pourquoi vous les enlevez ? Vous voulez renouveler le mobilier ? Il fallait me concerter avant, je ne veux pas de meubles ridicules dans ma ch...
-Veux-tu te taire ? –Dit ma mère en haussant le ton- Où est Barton, il devait s'occuper de toi !
-Quoi ? –Je la regard qui sors dehors alors que mon père s'approche lentement de moi-
-Ecoute mon grand, on ne renouvèle pas le mobilier –Il marque une pause- On va déménager.
-Déménager ? Où ? Nous sommes très bien ici ! Ne me dites pas que vous voulez vous excentrer de Londres parce que maman se plaint de la pollution ?!
-Nous ne restons pas en Angleterre Calum.
-Q...Quoi ? –Je blêmis, prenant un pas de recul-
-J'ai eu une sorte de mutation, de par le Parlement.
-Où est-ce qu'on va ?!
-En Louisiane. »
Mes yeux s'agrandissent automatiquement et en quelques secondes j'ai l'impression d'être privé d'air. Mes poumons se contractent et mon cœur s'arrête, avant de se briser de l'intérieur. C'est une blague ?! Je m'enfuis de l'étreinte de mon père et cours jusqu'à mes appartements, trouvant avec horreur la moitié de ma chambre vide. Seuls mon lit et une de mes armoires sont encore là, comme de pauvres meubles perdus dans une pièce immense. Mes genoux se dérobent et atterrissent contre le sol alors que ma tête tourne de droite à gauche, inspectant cette chambre qui ne ressemble plus à celle que j'avais ce matin même.
Pourquoi ?
Je serre la moquette et l'arrache nerveusement alors que quelqu'un arrive derrière moi, posant sa main sur mon épaule.
«- Levez-vous Monsieur, vous allez avoir mal.
-Vous étiez au courant ? –Je demande, tournant la tête pour voir les chaussures de ville de Barton-
-Oui Monsieur...
-Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ?
-Madame votre Mère m'a demandé de vous éloigner de la maison, pour ne pas que vous puissiez vous mêler du déménagement.... Je me suis dit que la ville vous plairait, pour votre anniversaire.
-Je ne veux pas partir !
-Je comprends Monsieur, mais vous n'avez pas le choix, votre père a eu une proposition très intéressante par le Parlement, c'est une nouvelle vie là-bas.
-Je me plais parfaitement ici ! –Dis-je avec colère-
-Je vous ai dit Monsieur que pour le moment vous n'avez pas d'autre choix que de suivre, mais je sais qu'un jour, vous vous envolerez.
-Sommes-nous tous obligés de partir ?
-Oui Monsieur.
-Et les domestiques ?
-Madame votre mère va nous convoquer, tous. Je suppose qu'elle nous proposera de partir avec vous ?
-Et que vas-tu répondre ? –Dis-je dans la panique, sans penser à le vouvoyer- Barton tu vas venir avec nous n'est-ce pas ?!
-Bien-sûr Monsieur, pour rien au monde je ne vous laisserais seul.
-Mais.... Et Mali ? Ca ne leur fait rien ?
-Quoi donc Monsieur ?
-C...Ca ne leur fait rien à eux de partir loin d'elle ? Loin de sa tombe ?! Ils veulent l'abandonner ici ?
-Monsieur quoi qu'il en soit ce serait absurde de déplacer le corps d'une morte...
-Je ne veux pas laisser ma sœur !
-Vous ne pouvez pas non plus rester enchainé à elle, vous savez qu'elle ne reviendra pas –Je grimace avant de laisser une larme perler le long de ma joue- Je suis désolé Monsieur, j'aurais préféré vous le dire mais j'avais peur que votre mère ne le prenne mal.
-Je comprends –Dis-je entre deux sanglots- Je... Je suppose que le départ est bientôt ?
-La fin de semaine Monsieur...
-Donc je dois dire au revoir à mes amis ? –Barton fait oui de la tête- Que va dire Solenn...
-Soyez honnête avec elle Monsieur. »
Je fais oui de la tête et fini par accepter le mouchoir que me tend Barton. En me redressant je remarque au loin ma mère. Elle a tout fait dans mon dos jusqu'au bout, voilà pourquoi elle m'a laissé sortir sans me donner d'ordres particuliers, voilà pourquoi nous sommes rentrés aussi tard. Elle ne m'a jamais laissé une quelconque liberté. Elle voulait juste m'éjecter et reprendre le contrôle de ma vie comme si de rien n'était. Je lui lance un regard de haine et après m'être excusé auprès de Barton, je m'enferme dans ma chambre.
Sans en sortir.
*
Deux jours ont passé sans que je ne sorte. En dehors de Barton et mon père, personne ne s'inquiète pour moi. Sigrid ne fait que me hurler dessus pour que je sorte et ma mère n'a de cesse de me répéter quel horrible et ingrat Lord je fais. Je m'en moque.
Entre temps j'ai dit au revoir à mes amis, via mon téléphone bien-sûr et le plus dur a été de me séparer de Solenn. Elle pleurait, mais elle n'a pas voulu venir me voir, me disant que ça lui briserait trop le cœur et au fond de moi ce refus m'a anéanti. J'aurais aimé la revoir une dernière fois, me prouver et lui prouver que notre amour serait plus fort que la distance. Mais je crois que l'annonce de mon déménagement s'était déjà occupée de briser notre relation.
Chaque jour j'ai le droit à plusieurs thés de la part de Barton, mais ce dernier ne parle plus beaucoup. Je crois qu'il me cache quelque chose, il n'a pas l'air heureux de partir avec nous. Comme je le comprends. La Louisiane... Pourquoi vouloir se retrancher dans la jungle alors qu'ici nous avions le confort nécessaire ?! Quoi qu'il en soit, lui comme moi semblons réticents et je me demande si ça ne serait pas une mauvaise idée de s'enfuir tous les deux. Il m'élèverait comme son fils de 15 ans et au moins je serais libre ! Mais je sais que c'est peine perdue. Alors je m'allonge sur mon lit, à présent le seul meuble restant dans la pièce et j'observe le bracelet qui fait scintiller les reflets de la lune. Un jour je serai libre.
*
Je ne veux pas m'en aller. Je veux rester ici, même si je n'ai plus de meubles. Je dormirais sur ma moquette ! Je sais que dans peu de temps nous serons partis et mon cœur s'emballe. Il n'y a plus rien, je visite chaque pièce en essayant de me remémorer les meubles qui s'y trouvaient quelques jours avant. C'est comme si une grande tornade s'était introduite chez moi et avait avalé tous mes souvenirs, ne laissant que des pièces vides, sans histoire, sans vie.
Même la cuisine est vide désormais. Pour notre dernier repas ma mère nous fera livrer quelque chose. Le pire pour moi c'est que je ne peux même plus boire de thé. Barton ressemble à un fantôme, errant dans la cuisine, désormais sans but. Lui aussi à l'air perdu. Il était là bien avant ma naissance et celle de Mali, cette demeure c'est la sienne et lui aussi a perdu ses repères et devra s'en faire de nouveaux là-bas. Je reste à ses côtés et tapote son épaule frêle, sans rien dire de plus.
Nous soupirons en cœur et nous sortons, son bras désormais enroulé autour de mes épaules. Ma mère nous observe du coin de l'œil mais je m'en moque. Elle ne peut plus m'atteindre.
*
Lorsque sonne l'heure du départ, les domestiques sont placés dans un véhicule, différent du nôtre. Même Sigrid ne fait pas le voyage avec nous. Si j'ai bien compris ils ne seront pas non plus dans le même avion que nous. Je serre les dents, ils font parti de nôtre famille, ils devraient être avec nous ! Mais je ne discute pas et me contente d'étreindre Barton avant qu'il ne parte dans son véhicule. Il me serre si fort, je ne pensais pas qu'il lui restait une telle force et je lui rends l'étreinte en retour, surpris.
«- Nous n'allons pas arriver en même temps Monsieur, prenez le temps de vous reposer.
-Tu sais déjà où est-ce qu'on va habiter ? –Je demande, ayant pris l'habitude de le tutoyer au grand damne de ma mère-
-Oui, c'est une très belle demeure, elle vous plaira Monsieur.
-Si tu le dis –Je soupire- Bon, on se retrouve là-bas alors. Bon vol !
-Bon vol Monsieur, prenez soin de vous. »
Je glousse à sa remarque. Je ne vais que prendre l'avion, pas de quoi s'inquiéter ! Je lui fais un sourire auquel il répond du mieux possible avant de retourner d'un pas las à son véhicule, se tournant une dernière fois vers moi pour me faire un geste de la main.
Pourquoi est-ce que je me sens bizarre ?
*
J'essuie une larme du plat de ma main et me laisse tomber sur mon lit. Je n'ai pas laissé mon père dire un mot et me suis enfui du salon pour m'enfermer dans ma chambre. Elle n'avait pas le droit de recommencer !
Elle m'a pris Michael comme elle m'a pris Barton !
Quand nous sommes arrivés en Louisiane il y a 7 ans, nous avons aménagé dans la nouvelle demeure. Barton avait raison, elle me plaisait, mais j'attendais que les domestiques soient ici pour la rendre vivante. A ma grande surprise, il y avait plein de nouveaux, dont un garçon complétement paumé avec des cheveux bleu foncés qui se tenait dans le hall, des valises à la main. Je l'ai ignoré, puis j'ai attendu.
Longtemps.
Et Barton n'est jamais arrivé.
Ma mère m'a dit qu'il m'avait menti, qu'il avait refusé de venir avec nous et que c'était à présent ce mec paumé, Michael, qui allait me servir de domestique attitré. Ca m'a détruit. J'ai détesté Michael et j'ai haïs Barton de m'avoir menti. Je me retrouvais tout seul.
Mais peu de temps après j'ai compris. J'aurais dû le comprendre plus tôt d'ailleurs. Ce n'était pas Barton le menteur mais ma mère. Je suis prêt à parier aujourd'hui encore qu'elle ne lui a jamais proposé de nous rejoindre, elle voulait se débarrasser de lui, car elle le trouvait vieux et surtout parce que c'était mon ami.
Comme Michael était mon ami.
Et d'ailleurs je n'ai plus eu de nouvelles de Barton, il ne répond qu'à mon père et encore, d'après lui il ne veut plus avoir à nous parler. Tout ça à cause de ma mère. Quel âge aurait-il actuellement ? Je n'en sais trop rien, mais je suis certain qu'il aurait quand même été mon confident et qu'il se serait bien entendu avec Michael aussi.
Mais je me retrouve encore une fois tout seul.
*
Tard dans la nuit, alors que je me suis endormi, fatigué par mes larmes, j'entends un bruit discret. Une serrure. Je me redresse d'un bond et fais face à une silhouette, éclairée par la lumière du couloir. Je ne vois pas qui c'est et je m'apprête à allumer la lumière lorsque celle-ci s'avance.
« -N'allumez pas Monsieur –Murmure une voix de fille- Enfin si c'est ce que vous vous apprêtiez à faire.
-Pearl ?! Qu'est-ce que tu fiches ici ? A une heure pareille !
-Votre mère est couchée, mais je venais voir si vous alliez bien.
-J'ai connu mieux –Je murmure- Retourne avec Cyann et Otalia.
-Je ne suis pas un bébé ! –Grogne cette dernière, ce qui me surprend-
-Je sais mais je... Je serais plus serein si tu retournais en bas.
-D'accord, mais avant je voulais vous demander si vous aviez vu mon frère ? –Je serre mon oreiller avec force et mords l'intérieur de ma joue- Monsieur ?
-Je suis désolé Pearl –Dis-je la voix chevrotante, me levant pour arriver vers elle qui semble paniquée-
-D...De quoi ?
-Pour Michael. »
Elle ne dit rien et instinctivement j'enroule mes bras autour de son corps. Elle est si frêle et si petite pour une fille de 19 ans. Je pose ma tête contre le haut de son crâne et retiens mes larmes du mieux que je peux. Elle aussi se retrouve seule donc ?
La pauvre reste muette et de marbre. Je suppose qu'elle a entendu pour Cyann et qu'elle ne veut pas être trop proche de moi, de peur d'être elle aussi renvoyée. Alors je m'écarte délicatement d'elle, sentant encore la fraicheur de sa peau contre la mienne. Elle ne savait pas pour son frère ? Je suppose qu'elle ne l'a pas revu depuis qu'il est passé la voir en début d'après-midi. Que lui a-t-elle dit pour ne pas qu'elle ait peur ?
«- Je m'occuperai de toi, promis. »
Elle semble se détendre et ses mains tâtonnent jusqu'à mon visage, dans le noir. Elle caresse doucement ma joue et se retire. Accepte-t-elle que je m'occupe d'elle ou bien compte-t-elle partir d'ici ? Je m'apprête à la suivre lorsque mon téléphone se met à sonner.
Ashton.
« - Allô ? Ash tu as reçu mon message ? –Je demande tremblant-
-A propos de Michael ?
-Oui ! M...Ma mère a recommencé, elle l'a...
-Eh Calum, Michael est chez moi. »
~ Bonjour tout le monde :) j'espère que vous allez bien et que vous avez apprécié ce chapitre ^^ Je devais le poster plus tôt mais au moment où j'allais le faire j'ai eu mes résultats :') J'AI MON BTS ! Après l'avoir raté une fois, je suis bien contente de m'être accrochée :) ! BREEEEF, j'espère que vos vacances commencent bien et que vous n'avez pas trop chaud :)
Comme promis voici le lien youtube pour la vidéo du meeting wattpad ^^ il est aussi dans ma bio wattpad et sur twitter ^^ je vous y ai laissé un message si vous voulez voir, à la fin héhé x)
&feature=youtu.be
C'était une merveilleuse journée avec des gens merveilleux ! J'espère pouvoir en refaire et vous voir tous ! En tout cas, merci pour tout <3
Kactus
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