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25 ~ Violet, jasmine and moonlight

Je m'avance lentement dans le long couloir de mon ancienne maison. Rien n'a changé si ce n'est qu'à présent je suis bien plus grand qu'à l'époque et tous les meubles me semblent moins imposants. C'est presque une maison normalement finalement. Je marche un peu plus rapidement, frustré de voir qu'à chaque pas que je fais, le fond de la pièce semble lui se reculer. C'est illogique. Les murs deviennent de plus en plus foncés et je passe devant toute une série de tableaux, j'y vois ma mère, Sigrid puis quelques-uns tombent au sol à mesure que j'avance, se brisant sans faire un seul bruit. Je n'arrive pas à voir les visages, mais j'imagine qu'il s'agit de mon père, de Mali et de Barton. J'essaye de courir, mais c'est comme si du vent venait de s'engouffrer par la porte qui vient de s'ouvrir au fond et m'empêchait d'accélérer. Bientôt je vois quelqu'un, c'est Michael. J'accours du mieux que je peux vers lui mais à peine ai-je réussi à l'atteindre que son visage se transforme, prenant les traits fins de Pearl dont les yeux sont à présent d'un noir corbeau. Pas simplement la pupille, non. L'iris aussi est noir et le blanc de l'œil a également laissé place à cette couleur. Je voudrais lacher un petit cri mais ma bouche est scellée et rapidement la personne devant moi s'envolle en fumée, me laissant découvrir une porte face à moi. C'est la porte de ma chambre à Londres. Quand j'y entre je suis accueillis par une femme que je ne connais absolument pas, elle est silencieuse et me prends par le bras, me poussant au milieu de ma chambre vide qui semble être devenu un sable mouvant. Je crie à la femme de m'aider, mais elle me regarde sombrer, toujours plus profondément, jusqu'à ce que je ne sente quelque chose sous mes pieds. Je l'écarte avec crainte et me pétrifie. Sous ce sable mouvant reposent les corps de Mali, Barton et Luke. Ils sont morts, pourtant leurs yeux me fixent, des yeux aux pupilles blanchâtres et fantomatiques.

Et d'un seul coup, ils me tirent avec eux.

Je me redresse violemment dans mon lit et pousse un cri qui me libère de l'oppression de mon cauchemar, virant dans le même temps les couvertures qui semblent m'emprisonner. Autour de moi tout est noir et je commence à paniquer. Suis-je aveugle ? Je tourne la tête en tous sens, frotte mes yeux avec violence avant de porter mon regard sur ma fenêtre fermée, il me semble discerner un filet de lumière. D'habitude je ne ferme jamais mes volets. Je me lève d'un bon et cours jusqu'à mon volet que j'ouvre d'un geste rapide, baignant ma chambre de la lumière de la pleine lune qui brille au-dessus de moi.

Je ne suis pas aveugle.

Je souffle un bon coup et vais prendre une douche bien froide avant de revenir dans ma chambre à présent totalement éclairée, mais pas par la lune. Non, cette fois-ci l'interrupteur a été enclenché. Et je me retrouve nu comme un ver face à Otalia, plus vivante que dans mon cauchemar, laquelle a le réflexe de tourner la tête aussi rapidement que je n'attrape un coussin sur mon lit, le plaçant devant mon intimité.

«- Q...Qu'est-ce que tu fais ici ?! –Je demande extrêmement gêné-

-Je... Je vous ai entendu crier ! J'ai eu peur que vous ayez eu un quelconque souci.

-Non tout va bien merci, juste un cauchemar –Je marmonne, essayant d'attraper un caleçon propre, le tout en me déplaçant en crabe, pour ne pas avoir à lui montrer mes fesses- Mais... Attends, qu'est-ce que tu fiches dans les couloirs à cette heure ? Ta chambre n'est pas censée être à l'opposé de la mienne ?

-Si –Elle hausse les épaules- Je suis venu pour Pearl.

-A trois heures du matin ? Tu v... Oh ! C'était donc de ça qu'elle me parlait ?

-Certainement, je n'ai pas demandé à Pearl les détails de votre conversation.

-Eh bien elle m'a dit qu'elle se promenait souvent dehors le soir, c'est avec toi qu'elle le fait ?

-Oui, je suis la seule qui soit suffisamment discrète et renseignée sur les passages souterrains pour ça –Elle m'observe galérer avant d'attraper un caleçon dans mon meuble et me le lancer au visage- Bon, si vous n'avez pas besoin de moi je m'en vais.

-Attends !

-Quoi ?

-Luke ne te plait vraiment pas ?

-Pardon ? –Ses joues deviennent rouges et je sens qu'elle a perdu de son assurance- De quoi vous parlez ?

-Le mot que je t'ai envoyé, tu m'as dit ne pas être intéressé par mon ami mais je n'avais pas dit de qui il s'agissait. Je te parlais de Luke Hemmings.

-Celui qui m'a collée lors de votre anniversaire ? –Elle hausse un sourcil-

-Euh lui-même –Dis-je maladroitement- Tu sais je crois qu'il t'aime bien lui et...

-Je pense que je mérite mieux qu'un garçon qui saute sur tout ce qui bouge Monsieur Hood, sans vouloir vexer Monsieur Hemmings.

-Je te jure qu'il n'est pas comme ça !

-Sa réputation le précède Monsieur –Dit-elle d'un air grave- Sur ce je vous souhaite une bonne nuit.

-Où est-ce que vous allez vous promener ?

-Vers la Roseraie j'imagine, mais n'essayez pas de nous suivre.

-As-tu déjà amené Pearl voir le Mississipi ? –Je demande rapidement alors qu'elle commence à partir-

-Je l'y ai amené une fois oui, nous avons mis nos pieds dans l'eau mais rien de plus, c'est trop dangereux pour elle.

-Je connais quelque chose à faire qui n'est pas dangereux –Dis-je avec un sourire victorieux aux lèvres- Enfin du moins pas si je suis avec elle.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Un petit tour en barque ! –Je réponds fièrement, espérant l'impressionner-

-Habillé de la sorte je ne pense pas –Dit-elle en indiquant le coussin d'un signe de tête- Non et puis je le répète c'est trop dangereux pour elle, elle ne voit rien, si jamais elle tombe à l'eau ou quoi...

-Je ne la laisserais pas tomber à l'eau !

-Peut-être une autre fois Monsieur, de toute façon j'ai à lui parler et ce sont des affaires de filles.

-Bon très bien.

-Passez une bonne nuit, je vais aller prévenir Michael que vous avez fait un cauchemar, au cas où vous en referiez un autre c'est lui qui s'occupera de vous. Mais je vous conseille de quand même enfiler quelque chose, vos domestiques ont mieux à faire la nuit que de se trouver face à votre intimé Monsieur. -Je reste bouche-bée quant à ses dernières paroles et l'observe qui s'en va-

-Otalia attends !

-Qu'est-ce qu'il y a encore ? Vous voulez que je vous borde ?

-Je veux te poser une question.

-Le prochain Blind Tea est demain –Elle soupire, posant sa main sur ma porte-

-Ca n'a rien à voir avec le Blind Tea –Dis-je d'une voix grave, la faisant se tourner face à moi, curieuse- Est-ce que c'est toi qui est venu fermer mon volet quand je dormais ?

-Non Monsieur, je ne suis entrée qu'en entendant votre cri.

-Très bien. Tu peux disposer... Salue Pearl pour moi.

-Je n'y manquerai pas Monsieur. »

Elle ferme la porte et j'enfile rapidement mon caleçon, observant mon volet à présent ouvert. S'est-il fermé à cause du vent ? Ou bien peut-être l'ai-je moi-même fermé après tout. J'essuie mes cheveux encore mouillés avant de me poster à ma fenêtre. Le jardin est éclairé comme en plein jour tant l'intensité de la pleine lune est exceptionnelle, me permettant de voir chaque détail. Les arbres qui bougent doucement au gré du vent, la pelouse tout juste tondue, la roseraie dont les fleurs semblent briller, la petite cabane dans laquelle se trouve ma barque, puis Pearl et Otalia. Ces dernières se déplacent telles des ombres et comme l'a dit Otalia, elles finissent par se rendre dans la Roseraie de ma mère. Comme j'aimerais les rejoindre, je pourrais dire à Pearl que certaines de ces roses sont rose pales et ça pourrait lui donner un autre élément que de lui caresser les cheveux. Mais j'ai promis de ne pas les déranger. Je nourris juste une petite idée dans ma tête, une idée que je mettrais en place sûrement bientôt.

Je suis sûr que ça plaira à Pearl pour son jeu des couleurs.

*

La date de notre départ est enfin fixée, Michael et moi allons partir pour Londres d'ici une semaine et demie, le temps que je puisse passer mes examens à l'Université avant les vacances et que Michael s'occupe de quelques données administratives avec mon père. Du moins c'est ce qu'il m'a dit. Je pense que nous y resterons quelques jours, non pas que je n'ai pas envie de m'y éterniser, mais l'état de mon père n'a pas l'air satisfaisant bien qu'il fasse tout pour m'attester le contraire. Il est de plus en plus maigre et je crois qu'il passe désormais toutes ses journées allongé dans son lit. De temps en temps Pearl et Michael lui rendent visite, lui apportant un peu de compagnie lorsque je ne suis pas là et que ma mère est en rendez-vous. Puis Otalia s'est joint à eux, elle aussi bizarrement très appréciée de mon père et je dois avouer que je me sens mal. J'ai l'impression de ne pas être assez présent pour mon propre père et que ce sont mes domestiques qui s'occupent de jouer mon rôle. Seule Audréaline semble rester à l'écart, étant la petite nouvelle et surtout la plus fidèle à ma mère après Sigrid, elle n'a pas encore trouvé sa place auprès des autres, bien qu'elle semble s'entendre à merveille avec Pearl et Otalia. C'est la raison pour laquelle elle me rejoint à l'arrière du jardin, alors que je révise tranquillement au soleil.

«- Tu t'ennuies ? –Je demande-

-Je n'ose pas m'incruster –Dit-elle en haussant les épaules- Ils sont tous auprès de votre Père et je me vois mal les rejoindre.

-Tu pourrais, je suis certain que mon père t'apprécie.

-Je n'en suis pas sûre –Elle soupire et je l'invite à s'asseoir- Qu'est-ce que vous révisez ?

-L'économie, rien de bien intéressant.

-Ça vous plait ?

-Non, je le fais juste parce qu'on m'y oblige –Je souffle-

-Vous êtes différent Monsieur Hood.

-C'est-à-dire ? –Je souris, déposant mon livre sur la table pour lui donner toute mon attention-

-Eh bien en règle générale je crois que les Lords font tout pour s'accommoder aux devoirs qui leurs sont dû, vous êtes le premier que je rencontre et qui semble si... Opposé à tout ça.

-J'y suis opposé car on m'y oblige, je n'ai pas eu le choix, si j'avais pu choisir mes études moi-même j'aurais très certainement fait autre chose. Et ça, je t'avoue que je n'en peux plus.

-C'est pour ça que vous prévoyez de partir à Londres ? Pour faire ce qu'il vous plait ?

-Non, c'est surtout pour une raison sentimentale, je me sens obligé d'y aller.

-Pourquoi y aller avec Michael si c'est un voyage personnel ?

-Parce qu'il est le seul à vraiment me comprendre ici.

-Et Pearl ?

-Elle est trop fragile, je ne veux prendre aucun risque la concernant. Et puis après tout elle s'amusera mieux avec toi et Otalia qu'avec des garçons. Tiens d'ailleurs en parlant d'elle, pourrais-tu aller me la chercher je te prie ? J'ai à lui parler.

-Bien Monsieur. »

Elle m'observe avec un sourire amusé avant de se retirer, revenant quelques minutes après en courant, Otalia et Pearl sur ses talons. Les trois arrivent essoufflées et les joues rouges et je devine Michael au loin qui n'a pas réussi à les suivre.

«- Vous... Avez fait la course ? –Je demande avec hésitation alors qu'Otalia lève les yeux au ciel-

-En quelque sorte –Répond Audréaline, occupée à soutenir Pearl qui n'a rien compris de ce qu'il se passait-

-Pour échapper à Michael ? –Je le regarde avec confusion qui arrive en chancelant-

-Pour échapper à votre mère –Me coupe Otalia-

-Elle est revenue ?

-Oui et sans prévenir qui que ce soit, c'est pour ça que nous avons escorté Pearl jusqu'ici.

-Oh je comprends –Je plie mes affaires et les observe qui restent plantés là- J'aimerais lui parler en privé.

-En privé ? –Demande Michael suspicieux en jetant un regard à sa sœur dont les pommettes sont encore rouge de sa course- Ma sœur n'a rien à me cacher.

-Michael ! –Gronde sa sœur-

-Ce n'est pas prudent de la laisser dehors trop longtemps –Intervient Otalia- Si en plus votre mère décide de venir vous voir alors nous sommes fichus !

-J'en ai pour cinq minutes !

-Vous pouvez me le dire à l'oreille Monsieur – Sourit timidement Pearl-

-Bien –Je me redresse amusé et pose une main contre l'oreille de Pearl- Ce soir j'aimerais te montrer quelque chose, tu vas adorer.

-Dis comme ça Monsieur –Glousse la jeune fille et j'entends Michael bouillonner derrière-

-Qu'est-ce qu'il t'a dit Pearl ? Monsieur Hood ma sœur est trop jeune pour se f...

-Veux-tu te taire je ne m'entends plus chuchoter ! –Je grogne à l'attention de mon domestique avant de reprendre- On ira dehors, sur le Mississipi, tu verras ce sera un beau moment et on pourra jouer au jeu des couleurs. Ca te dit ?

-D'accord –Je la regarde qui sourit avant de faire un clin d'oeil à Michael-

-Madame Hood arrive ! –S'exclame Otalia qui faisait le guet derrière Michael- Vite Pearl viens avec moi ! »

A peine ai-je le temps de dire quelque chose qu'Otalia l'a faite entrer par la véranda au pas de course, pile au moment où ma mère tourne à l'angle du mur, venant droit vers Audréaline, Michael et moi. Visiblement elle n'est pas seule et à en voir sa mine surprise, elle ne s'attendait pas à nous trouver ici. Apparemment ma mère aussi a jugé bon de faire de cet endroit silencieux le lieu parfait pour ses secrets, car quand nos regards se croisent, je comprends que ma présence l'oblige à réfléchir à un plan b. Il lui faut un endroit à l'abris des regards et des oreilles. Ni une ni deux, elle empoigne le bras de la femme derrière elle et s'en vont à l'intérieur.

Pitié qu'Otalia et Pearl soient déjà en lieu sûr.

« -Qu'est-ce qu'elle fait ici ? –Demande lentement Michael en fixant le chemin par lequel ma mère et sont invitées s'étaient enfuies-

-Ma mère ? Elle est juste revenu de son petit rendez-vous, je suppose qu'elle a dû se demander comment allait mon père et elle sera surprise de voir son état.

-Je ne parlais pas d'elle, mais de la femme derrière elle.

-Tu la connais ? –Je demande en rangeant mes affaires-

-Oui c'est... La mère de Cyann. »

La mère de Cyann ? Je boucle mon sac et essaye de me remémorer les quelques secondes où j'ai pu apercevoir la femme derrière ma mère. Ses cheveux étaient bels et bien d'un roux discret mais sur le coup je n'ai pas réagis. Que peut-elle bien faire ici ?

*

Bien qu'Audréaline soit d'abord réticente, nous prenons tous les trois le même chemin que ma mère, essayant de rester le plus discret possible. Le seul soucis, c'est que Sigrid est également revenue et qu'elle se tient à l'entrée de la maison, nous obligeant à battre en retraite.

« Les passages souterrains ! –Murmure Michael- Je suis sûr qu'elles ont dû aller dans le cellier, je crois qu'il y a un passage qui mène à cet endroit. »

En effet il y en a un, c'est celui à côté duquel Ashton et Pearl se trouvaient le jour de mon anniversaire. Etant encore dehors nous atteignons le passage logé dans le mur et prenons la direction des multiples escaliers. A ma grande surprise Michael possède une espèce de carte répertoriant tous les escaliers et passages de la maison, visiblement un cadeau de mon père destiné à aider Pearl. Il me semble qu'Otalia a la même et je pense que je vais finir par m'en faire une copie. Quoi qu'il en soit nous arrivons rapidement devant le mur du passage derrière lequel se trouvent ma mère et la mère de Cyann. Apparemment Michael avait vu juste car à peine tendons-nous l'oreille que nous entendons des voix de l'autre côté.

«- Je n'ai pas de nouvelles d'elle !

-Votre fille s'est enfuie de chez moi, ce n'est pas de ma faute si elle n'est pas rentré chez vous après ça !

-Elle était sous votre responsabilité !

-Elle a causé un grave incendie dans ma maison et était sur le point d'être renvoyée, elle n'était donc plus sous ma responsabilité lorsqu'elle a jugé bon de partir d'ici comme une voleuse !

-Ma fille n'est pas une voleuse ! –Se lamente la femme- Je veux savoir où elle est !

-Elle n'est pas ici si c'est ce que vous sous-entendez.

-Elle ne peut pas être ailleurs !

-Avez-vous pensé à vérifier les motels et les trottoirs ? –Ricane ma mère alors que je sens mes poings se contracter-

-Q...Qu'est-ce que vous...

-Non car il m'est souvent arrivée de la trouver dans le lit de mon pauvre fils, tout le temps en train de le draguer et d'essayer de lui voler de l'argent en jouant de son corps ! Croyez-moi que je suis bien ravie qu'elle ait déguerpie d'ici. Ce n'est pas mon problème si elle a décidé de refaire sa vie ailleurs que chez vous.

-Mais c'est impossible elle aurait dû rentrer !

-Vous avez prévenu la police ?

-Heu non je... Je n'ose pas.

-Vous n'osez pas ?

-Que vont-ils dire en apprenant que je vous ai vendu Cyann dans l'optique de gagner un peu d'argent et que maintenant qu'elle est partie de chez vous je veux la retrouver comme une vraie mère ? Que vont-ils penser de moi ? Ils ne me prendront pas au sérieux ! Ils ne me laisseront pas la voir si jamais ils la retrouvent.

-Ça il fallait y penser avant de me la vendre comme vous dites.

-Je n'avais pas le choix ! –Pleurniche la mère de Cyann- Pitié aidez-moi à la retrouver.

-Votre fille ne m'a causé que des ennuis et pour rien au monde je veux revivre ces jours maudits !

-E...Elle vous a bien dépanné non ?

-Oui mais seulement dans l'optique de séduire mon fils et de profiter de son statut !

-P...Pitié aidez-moi, je vous jure de vous laisser tranquille après ça... Je veux juste la retrouver... Ce n'est pas normal, ma petite fille je... -Elle éclate en sanglot et en dehors de ça il semble régner un lourd silence-

-Sigrid, venez ! –Appelle ma mère d'une voix forte, nous faisant sursauter contre le mur-

-Oui madame ?

-Quand avez-vous vu Cyann pour la dernière fois ?

-Peu de temps après l'incendie Madame, elle a été dégradé à s'occuper des bas-étages et plusieurs fois je l'ai trouvée à chuchoter avec des domestiques. Après cela plus rien.

-Vous voyez ? Elle complotait dans mon dos et elle n'a même pas attendu que j'aille lui parle pour déguerpir. Je ne veux plus avoir à entendre parler de cette fille.

-Pitié !

-Vous devriez chercher dans les autres maisons de la haute Madame –Intervient Sigrid- Je vous recommande les familles Bertram, Longhson, Irwin, Hankerford et Hemmings. Ce sont les familles les plus puissantes de la région, elle a très bien pu aller postuler là-bas.

-Si c'est le cas alors je plains la famille qui l'aura acceptée. »

J'entends quelques sanglots et des bruits de pas, laissant bientôt place au silence pesant, seulement brisé par nos souffles résonnant en écho contre les parois rocailleuses. Comme j'aimerais pouvoir tuer ma mère en cet instant. Je relâche mes poings et sens un léger picotement à cet endroit, baissant les yeux pour y voir la trace de mes ongles incrustée violemment dans ma peau à vif.

Cyann ne se serait pas enfuie comme ça.

J'échange un regard avec Michael, lequel pense exactement à a même chose que moi.

Ma mère ment.

*

Chamboulé par ce que je viens d'entendre je monte directement dans ma chambre, observant le lit dans lequel j'avais passé certaines nuits délicieuses avec Cyann. Jamais elle n'a profité de moi, au contraire elle assouvissait mes fantasmes, elle voulait que je sois heureux, que je puisse sourire malgré la tristesse qui me rongeait chaque jour. Comment ma mère a-t-elle pu s'en prendre à elle ? Ce qui est sûr, c'est que Pearl doit être cachée, quitte à renforcer la protection autour d'elle. Je devrais demander à Audréaline de noyer le poisson si jamais ma mère venait à découvrir quelque chose. Elle est proche d'elle, mais elle est consciente que Pearl est en danger et je lui suis reconnaissante de voir que sur ce point elle n'est pas fidèle à ma mère et ne lui dit pas toute la vérité. Il nous faut du temps, le temps suffisant pour qu'on puisse assurer à Pearl un voyage sans billet de retour vers la liberté, quitte à ce que je la paye de la mienne.

Une bonne heure plus tard je mordille toujours le bout de mes doigts lorsqu'on frappe à ma porte, c'est Otalia qui m'apporte le thé, la mine bizarre, posant le plateau sur mes genoux sauf que le papier ne se trouve pas à côté de la tasse. Elle le sort silencieusement de sa poche, montrant la porte d'un signe de tête. Sigrid est à l'extérieur et à peine ai-je le temps de cacher le morceau de papier sous mon oreiller que cette dernière est déjà entré, obligeant Otalia à sortir.

«- Pardon de vous dérangez dans vos activités quotidiennes Monsieur Hood, mais j'avais une question à vous poser.

-Qu'est-ce donc Sigrid ?

-Avez-vous oui ou non gardé contact avec Mademoiselle Cyann ?

-Cyann ? Du tout, je n'ai plus aucune nouvelle depuis que Mère l'a virée.

-Dites-moi la vérité Monsieur Hood, c'est important.

-Puisque je vous dis que je n'en sais rien et puis en quoi ça vous concerne ?

-Madame votre Mère ne voulait pas que je vous le dise, mais je me devais de le faire. Nous pensons que Cyann a été enlevée.

-Enlevée ? –Je fais mine de n'être au courant de rien-

-Oui Monsieur, d'après sa mère elle aurait disparu depuis son renvoi. Du coup je me demandais si vous n'aviez pas gardé contact avec elle.

-Du tout –J'ouvre ma bouche sous le choc- Personne ne sait où elle est ?

-Personne et son téléphone ne répond plus depuis longtemps. J'ai envoyé sa mère chercher auprès des familles aisées de la ville, mais j'ai peur qu'elle ne trouve rien. »

Je ne sais pas si c'est l'air abattu de Sigrid qui me motive mais d'un geste j'attrape mon téléphone et compose le numéro de Cyann. Peut-être n'a-t-elle pas voulu répondre aux grandes personnes, peut-être me répondra-t-elle à moi, après ce que nous avons vécu.

« Le numéro que vous avez demandé n'est pas attribué »

Impossible. Je regarde Sigrid un court instant mais cela suffit pour qu'elle comprenne. Elle lâche un soupir et repart comme elle est venue. Ai-je rêvé ou bien pour la première fois de sa vie Sigrid a ressenti de la peine pour une de ses 'employées' ? En tout cas cela confirme quelque chose, Cyann a vraiment disparu et apparemment Sigrid n'y est pour rien.

Je me demande si c'est réellement une bonne idée de m'absenter quelques temps avec Michael. La maladie de mon père ne semble pas être le seul problème à régler ici.

*

Voyant que le thé refroidit je m'empresse de le boire, ne pensant pas à réfléchir au jeu. Je ne pense qu'à Cyann, j'ai essayé de la joindre une dizaine de fois, mais je reçois toujours le même message. Et alors que je devrais remplir le thé par sa composition, je crois qu'il y avait de la violette et du jasmin, j'écris directement une question.

« Es-tu au courant pour Cyann ? »

Et lorsque j'ouvre la porte pour déposer le plateau devant, je pousse un petit cri de surprise en trouvant Pearl face à moi, sa main levée prête à toquer. Bien qu'elle ne voit pas, elle a dû sentir et entendre la porte s'ouvrir car elle manque de perdre l'équilibre et je suis obligé de lâcher le plateau pour la retenir, me crispant à l'entente du bruit que provoque la porcelaine en se brisant au sol. Ça risque d'alerter tout le monde alors je ferme rapidement la porte et pars cacher Pearl dans la salle de bain, la priant de ne faire aucun bruit.

Je dois aller nettoyer les débris et surtout cacher le papier avant que quelqu'un d'autre qu'Otalia ne le trouve. Mais le temps de cacher Pearl et surtout de la rassurer, quelqu'un a le temps d'arriver devant ma porte. J'entends les bruits de porcelaine qui roule au sol avant d'atterrir dans un sac poubelle. J'aimais beaucoup cette tasse... J'ouvre rapidement la porte, pensant sauver le bout de papier de l'inconnu venant faire le ménage, mais face à moi il n'y a plus rien. Plus aucun débris, plus aucune trace d'éclaboussure de thé et surtout plus aucun papier. Je déglutis et ferme ma porte, priant pour ne pas entendre ma mère arriver, sauf que personne n'arrive, seul un petit bout de papier glisser sous ma porte close.

« Oui. Ca devient dangereux Monsieur Hood. L'Opaline doit être cachée. »

« L'opaline doit être cachée ? » Parle-t-elle de la pierre précieuse ? Ce doit surement être un code pour dire que Pearl, alias Opaline, doit être protégée plus que jamais. Je réponds un faible 'Oui' au travers de la porte avant d'entendre Otalia se retirer, partant à mon tour vers la salle de bain où la jeune Pearl attend en tremblotant.

« -Q...Qu'est-ce qu'il s'est passé ? –Demande-t-elle paniquée-

-Rien j'ai juste ouvert la porte pour poser le plateau mais je ne m'attendais pas à ce que tu sois derrière, je... J'ai été surpris et quand je t'ai vu chanceler j'ai eu peur que tu ne tombes alors j'ai lâché le plateau pour te rattraper.

-Mais et votre tasse ? Et la théière.

-J'en ai d'autre Pearl, ça n'est pas un souci.

-J'ai eu peur Monsieur je suis désolée. »

A cet instant je ne sais pas si la peur de ne pas avoir sû protéger Cyann qui me transperce mais j'enroule mes bras autour des épaules de Pearl et l'attire contre moi, la berçant doucement. Je veux la protéger de ma mère, de la famille d'Ashton. Du monde extérieur qu'elle ne peut plus voir. Me rendre utile pour quelqu'un me changerait, moi qui n'ai jamais rien fait de moi-même et qui ai toujours attendu que mes domestiques se rendent utiles à ma place... Je veux croire que je peux être différent. Que moi aussi je peux embellir le quotidien de quelqu'un qui, comme moi, a perdu le gout de l'existence et se demande parfois à quoi bon.

A ma grande surprise Pearl enroule ses bras fins autour de ma taille et me serre d'une force égale à la mienne, tirant doucement sur mon débardeur alors que sa respiration se régule enfin. La sécurité régnant de nouveau.

« - Vos bras sont aussi doux que le rose pale... Calum –Murmure-t-elle-

-Pourtant ma peau est plus brune que rose.

-Brune vraiment ? Vous n'êtes pas comme Michael ou Ashton ?

-Je suis un peu plus mat de peau. Du moins, j'espère que tu te souviens de cette couleur ?

-Oui, à peu près. Je ne vous imaginais pas comme ça.

-Ah oui ? Comment m'imagines-tu d'ailleurs ?

-Grand, musclé –Dit-elle en pinçant mes muscles avec amusement-La peau blanche, les cheveux bruns et les yeux clairs. Ai-je faux quelque part ? Si ce n'est la peau blanche.

-Eh bien mes cheveux sont d'un noir profond et mes yeux sont bruns foncés. Mais sinon oui je suis grand et musclé –Dis-je avec un sourire en coin-

-J'aurais aimé pouvoir vous voir –Dit-elle d'une petite voix, effaçant mon sourire-

-Je suis désolé Pearl.

-Ce n'est rien –Elle soupire et un silence prend vite place- Est-ce que nous pouvons aller nous balader comme promis ?

-Oh bien-sûr, ça te tente vraiment du coup ?

-Oui, Otalia ne m'y a amené que quelques fois pour y tremper nos pieds, mais j'imagine qu'avec vous ce sera différent.

-Très, tu as confiance en moi ?

-Oui Calum.

-Alors viens avec moi. »

J'enfile une veste et prête à Pearl un de mes sweat de l'Université dans lequel elle nage énormément, ce qui me fait doucement rigoler. Bien que Michael soit un peu rond, Pearl elle est plus d'une nature maigrichonne, ce qui augmente la nécessité de la protéger le plus souvent possible. A commencer par notre sortie. Avec Michael nous serions passés par la gouttière de ma chambre, mais je ne veux pas prendre le risque avec Pearl, elle ne verra pas ce qu'elle fait et elle peut mal tomber à tout moment. Je ne veux pas la blesser alors nous sortons par la porte de ma chambre et une fois celle-ci verrouillée, nous nous dirigeons vers le passage secret, direction les jardins.

*

Nous glissons telles des ombres sur l'herbe et bientôt j'attrape la main de Pearl pour courir et la diriger à ma suite, nous enfonçant en contre-bas vers le fleuve calme. Sa tête tourne en tous sens, écoutant les bruits de la nature tandis que je sors la barque et la place sur la berge.

«- Viens avec moi Pearl.

-Qu'allons-nous faire ?

-Une petite promenade en barque.

-Comme des amoureux ? –Elle sourit en coin- Je ne vous pensais pas aussi romantique.

-Non ce n'est pas ce que tu crois –Dis-je rouge vif- Et surtout ne vas pas raconter un truc pareil à ton frère sinon il me coulera.

-Ce serait drôle à voir j'imagine –Sourit-elle alors que j'attrape sa main, la faisant sursauter- Vous me guidez n'est-ce pas ?

-Oui Pearl, tu peux avoir confiance en moi. »

Pour la rassurer je l'attrape par la taille et la garde près de moi, avançant au même rythme qu'elle et l'aidant à s'asseoir sur la barque, m'asseyant en face avant de nous éloigner de la berge à l'aide des rames. Au début je la sens qui se crispe, ses mains s'agrippant vivement aux rebords de la barque, mais bientôt elle se détends, écoutant le bruit des rames rompant le courant de l'eau comme une petite musique.

«- Vous venez souvent ici ?

-Ca m'arrive, une fois j'ai amené ton frère.

-Oh j'imagine qu'il a dû avoir peur, il me semble qu'il ne sait pas nager.

-En effet –Je ris à cette anecdote que j'avais oubliée- Tu sais nager toi ?

-Je savais –Dit-elle- Mais maintenant je ne suis pas sûre de réussir à me repérer. C'est pour ça qu'Otalia et moi on ne trempait que nos pieds alors qu'on aurait pu se baigner –Elle hausse les épaules et joue avec les longues manches de mon sweat-

-Je vois, j'espère que notre balade te plaira.

-Je me souviens que chez les Irwin il y avait aussi un bout du Mississipi qui passait au fond du jardin. Ashton et moi on s'y est baignés une fois, quand ses parents étaient absents. C'est un des rares bons souvenirs que j'ai de cet endroit.

-Je n'irais pas jusque chez les Irwin Pearl, je te le promets.

-Merci Calum. Dites, de quelle couleur est la lune ce soir ?

-Elle est jaune –Dis-je en redressant vaguement la tête-

-Comment est-ce, le jaune ?

-Eh bien je dirais, que c'est comme du miel, chaleureux, doux et un peu pétillant si on y prête bien attention.

-La lune est douce ?

-Je ne sais pas si elle l'est réellement mais en tout cas, elle adoucit toutes les choses qu'elle éclaire, elle les embellit.

-Sommes-nous éclairés par la lune ?

-Moi non, mais toi tu l'es.

-Et comment suis-je ? Est-ce que je suis jaune ? –Elle rit à cette pensée alors que je souris-

-Non tu es... Très be...  Très mignonne! –Dis-je ramant nerveusement pour cacher ma gêne-

-Oh –Elle noue ses doigts ensemble et rentre un peu plus sa tête dans la grande capuche de mon sweat- Merci Calum.

-De rien, je le pense vraiment.

-Je suis certaine que vous l'êtes aussi. En tout cas, je sens qu'intérieurement vous devenez quelqu'un d'autre. Quelqu'un de bon et j'ai hâte que vous rentriez de Londres, vous serez également plus libre, plus mature.

-A ce sujet je ne suis pas si sûr que partir maintenant soit une bonne idée.

-Pourquoi ?

-Il se passe des choses bizarres.

-Si vous parlez de votre père je suis certaine qu'il vaincra sa maladie.

-Non c'est autre chose et... J'ai peur pour toi ! –Dis-je d'un ton grave en cessant de ramer-

-Croyez-moi Monsieur les seules personnes dont j'ai réellement peur ont peu de chances me retrouver.

-Puisses-tu avoir raison –Je soupire- Quoi qu'il en soit, je te protégerai, c'est promis. »

Elle me fait un large sourire avant de tourner la tête vers les arbres secoués par un brise chaude. Pour la rafraichir un peu je passe ma main dans l'eau et éclabousse doucement ses mains et son visage, la faisant d'abord pousser un petit cri de surprise, puis rigoler alors qu'elle s'y met également, visant à côté de moi bien sûr.

«- Je suis sûre que je n'ai même pas réussi à vous mouiller –Dit-elle d'une voix boudeuse-

-Mais si ! –Je passe discrètement mes mains sous l'eau et m'éclabousse avant de m'approcher d'elle pour qu'elle puisse toucher ma veste et mon visage trempés-

-Ah je suis contente dans ce cas –Sourit-elle- En tout cas je suis ravie que vous ayez eu envie de partager ça avec moi.

-Je me suis dit que ça allait sûrement te plaire, toi qui aime la nature. Par contre ne dis pas à Otalia que je t'ai amené faire de la barque, elle me tuerait, après que ton frère m'ait tué le premier.

-Ce sera notre petit secret –Elle sourit joyeusement et bientôt nous regagnons la berge et je l'aide à sortir de la barque- Merci Calum.

-Peut-être qu'on remettra ça.

-Oui mais seulement quand vous serez rentrés de Londres et je ne veux pas vous entendre parler d'annuler ce voyage, ça vous fera le plus grand bien.

-Si tu le dis, mais nous n'y resterons que quelques jours.

-D'accord, tant que vous passez du bon temps et que mon frère aussi, alors ça me va. »

Elle avance ses mains vers moi et je la laisse faire. Elle caresse mon visage avec patience, le découvrant également, puis elle tapote doucement ma joue et garde une main dessus, utilisant l'autre pour approcher mon visage du sien. Je ne dis rien et ne peux m'empêcher de sourire lorsque ses lèvres se déposent sur ma joue.

«- Merci Pearl –Dis-je dans un murmure avant d'embrasser son front-

-De ?

-M'aider à devenir quelqu'un d'autre. »

Elle sourit et je lui demande de m'attendre sagement alors que je tire la barque jusqu'à ma petite cabane. Une fois rangé, je prends soin de bien fermer à clé derrière moi et m'apprête à me retourner lorsque quelque chose s'écrase violemment contre mon crâne.

Me faisant m'écrouler au sol.

Inconscient.

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