19 ~ Ashton Irwin - /!\ PG-13 soft !
5 ans plus tôt, PDV Ashton.
Je déteste ce qu'Elfie qualifie de 'sortie en famille', généralement je passe inaperçu dans ces soirées, c'est même à se demander si un jour ils ne m'oublieront pas à l'arrière de la voiture tant ma présence n'est pas indispensable. Mais ce soir j'ose espérer que ce sera différent. Aller chez les Hemmings pour y fêter les 17 ans de Luke, mon seul ami en ce monde après ma batterie et les araignées qui ornent le plafond de la cave où je dors souvent, c'est un peu comme me retrouver dans mon petit confort. Je connais bien Luke à force que nos parents fassent des soirées entre eux et je dois avouer qu'il est plutôt sympa. Bizarre et légèrement nymphomane, mais c'est le seul qui m'ait un jour demandé si je voulais jouer à un jeu avec lui.
Alors c'est avec ce semblant de motivation que j'enfile le nouveau costume que m'a offert mon père pour mes propres 17 ans. Quelle merde ! Je pense que je me souviendrais de cet anniversaire auquel je n'ai eu le droit d'inviter personne car quelques jours avant j'avais malencontreusement lâché ma baguette de batterie en jouant, laquelle s'était logée dans une sublime peinture offerte à Elfie et datant, selon ses dires, du 16e siècle. C'est depuis ce jour que ma batterie a été aménagée à la cave, devenant ainsi ma chambre secondaire. Quel luxe !
J'attache mon nœud papillon et attrape mon peigne tout en observant mes cheveux ondulés. Ils sont comme ceux de maman sur les photos que j'ai d'elle, naturellement beaux, alors je n'y touche pas et les laisse ainsi, attrapant mon sac avant de rejoindre ma famille dans le Hall. Elfie porte une très belle robe cependant même ainsi il m'est impossible de l'aimer, je pense d'ailleurs qu'elle se dit la même chose de moi. Nous échangeons un regard froid avant qu'elle ne reporte son attention sur son fils, lequel m'observe avec un sourire narquois. Vivement que l'on soit chez Luke.
*
Comme je l'avais prédit je me retrouve coincé dans la voiture. Non pas qu'on m'ait oublié mais parce qu'Anatole s'est empressé de verrouiller la voiture avec la sécurité enfant. M'empêchant de sortir. C'est bien le genre de connerie qu'est prêt à faire un mioche de 12 ans ! Ce n'est qu'au milieu de l'allée des Hemmings que mon père a dénié remarquer mon absence, venant rapidement m'ouvrir. Au loin Elfie ne semble pas tracassée et continue d'avancer avec son fils auprès d'elle, créant en moi une sorte de rage et bouffant mon peu de motivation à l'égard de cette sortie en famille.
«- Tu as une mine affreuse -M'accueille Luke dont la houppette blonde défie les lois de la gravité- Je pensais que tu serais au moins content de venir fêter mon anniversaire !
-Je le suis -Dis-je en soupirant alors qu'il prend mon manteau-
-Fais au moins semblant de sourire ! »
Je lève les yeux au ciel et fini par lui décrocher un petit sourire amusé. Luke est bizarre mais il a cette énergie positive qui me fait me sentir à l'aise et je l'en remercie beaucoup. D'ailleurs je ne le lâche pas d'une semelle, trop content que ma famille, ou tout simplement Elfie, me laisse m'amuser avec un ami.
«- Tu as eu quoi comme cadeau pour tes 17 ans ? -Me demande Luke avec un large sourire-
-Oh euh des babioles -Dis-je pour m'éviter une honte cuisante-
-Je suis déçu que tu ne m'aies pas invité mais vu ta tête ça n'avait pas l'air d'être lune super soirée.
-Ca ne l'était pas, crois-moi tu n'as rien manqué -Je joue nerveusement avec ma fourchette et l'observe qui se trémousse sur sa chaise, visiblement excité à l'idée de me dire quelque chose- Et toi, t'as eu quoi ?
-Des petits frères !
-Quoi ? -Je demande surpris-
-Maman est enceinte de jumeaux et j'ai même eu le droit de choisir les prénoms ! Ce sera Ben et Jack !
-Oh félicitations -Dis-je après avoir fait jongler mon regard entre le ventre de Madame Hemmings et le visage rayonnant de Luke-
-J'ai hâte qu'ils naissent, on pourra jouer au foot avec eux tu en penses quoi ?
-C'est une très bonne idée -Je souris timidement-
-Et sinon, tu ne m'offres rien ? -Il demande avec un sourire en coin-
-Oh euh je... Mes parents ont fait un chèque et j'ai demandé à participer.
-Ca me convient. »
Il me fait un clin d'œil avant de rigoler, frottant le haut de mon crâne 'Je plaisantais, ta présence me fait déjà très plaisir Irwie !'. Irwie ? Ce surnom me fait rigoler et en ce moment même je remercie vraiment toutes les forces de ce monde qui m'ont permises de rencontrer Lucas Hemmings.
Nous finissons la soirée autour d'une gigantesque pièce montée recouverte de bougies et des coupes de Champagne, apparemment c'était la demande de Luke et je me souviens que plusieurs jours auparavant il m'avait demandé si j'aimais les choux à la crème et la nougatine. En voici la raison. Je savoure le dessert et mon verre de champagne lorsque le sujet commence à légèrement dériver.
«- Dans quelques semaines ce sera l'anniversaire d'Anatole -Se réjouis Elfie- 12 ans vous vous rendez compte comme le temps passe vite ?
-Oh que oui je le vois encore à sa naissance -S'émerveille Madame Hemmings- Il a bien grandi en tout cas, j'espère que mes fils grandiront aussi bien.
-Je vous le souhaite -Répond ma belle-mère avec une pointe de fierté dans la voix-
-Et donc qu'allez-vous lui offrir ?-Demande Monsieur Hemmings, vaguement intéressé-
-Oh j'ai beaucoup d'idées, mais je pense déjà que nous allons lui offrir sa première domestique.
-Une domestique ? -Demandent les Hemmings-
-Oui oui, une femme s'occupe mieux d'un garçon.
-Une domestique attitrée donc ? -Demande Luke intéressé-
-Oui mon grand, je pense qu'Anatole est suffisamment âgé à présent et qu'il n'a plus besoin de sa gouvernante. Alors son père et moi avons pensé à une domestique attitrée et Ani avait l'air enchanté ! »
Je fronce les sourcils et regarde rapidement le sourire de faux-cul qu'affiche mon demi-frère. Anatole n'est pas assez grand et surtout beaucoup trop con. Joyce sa gouvernante est toujours à deux doigts de se pendre lorsqu'elle doit s'occuper de lui, alors à quoi bon lui donner une jeune fille en pâture ? Luke semble être intéressé par l'idée et je le vois même qui fait signe à sa mère, il ne va quand même pas demander une domestique attitrée lui-aussi ?
En tout cas jamais moi on ne m'a proposé de domestique attitré, homme ou femme, c'est Joyce qui s'occupe de moi quand elle n'est pas prise par Anatole. Alors autant dire que je n'ai grandi avec personne et de toute façon je n'en vois pas l'intérêt. Je préfère m'occuper de moi plutôt que de vivre au dépend d'un autre. Comment Elfie veut-elle que son fils ne devienne pas un aliéné mongole si ce dernier se laisse vivre et n'exécute aucune tâche par lui-même ? Car c'est certain que ça suivra ce schéma-là, il va trouver ça facile, elle sera sa boniche et rien que d'y penser je repose le chou à la crème qui pourtant était à moins d'un centimètre de ma bouche.
«- Si vous cherchez une domestique j'ai quelques contacts en France -S'avance Madame Hemmings d'un ton amical-
-Oh mais c'est vrai que vous passez la moitié de votre temps là-bas -Glousse Elfie- Vous connaissez des jeunes filles dont l'âge équivaut celui d'Ani ?
-Il me semble que oui, deux ou trois filles. Je retourne à Paris d'ici quelques jours, peut-être pourrais-je leur en toucher deux mots si j'ai votre feu vert ?
-Mais certainement -Répondent en cœur mon père et Elfie- Tout ce que nous demandons est une bonne maitrise de l'anglais, si vous dénichez une française j'entends, une tenue adéquate aussi bien morale que physique, une personnalité plutôt silencieuse, mh.. Oh et si possible, agréable à regarder.
-Je vous tiendrais au courant »
Sur ces bonnes paroles Elfie et Madame Hemmings trinquent, scellant leur accord et scellant l'avenir d'une pauvre jeune fille dans le même temps. De toute façon je n'ai rien à y redire, mon avis ne compte pas.
*
«- Allô ? Oui Liz, comment allez-vous ? Je suppose que vous avez beau temps à Paris ? A Sydney il pleut des cordes c'est horrible ! -Se plaint Elfie alors que j'essaye de réviser- Je me demande si on ne devrait pas déménager ! Mais à quel sujet m'appeliez-vous ? Oh ! Vous avez trouvé ? Comment dites-vous qu'elle s'appelle ? Opaline Clifford ? Etant donné son nom de famille j'imagine qu'elle a des origines anglophones ? Parfait ! Mais comment se fait-il qu'elle ne soit plus en service si c'est une fille si dévouée ? Un décés ? Oh je vois, c'est malheureux. Très bien, je la rencontrerai d'ici une semaine, dites-lui que je ferai en sorte de payer son aller et retour, à moins que je ne décide de l'embaucher sur le champs. Vraiment ? Bon et bien je vous fais confiance, merci encore ! »
Je laisse tomber mon stylo sur mon cahier, y créant une belle tache d'encre. Ce n'est pas vrai, alors la mère de Luke a trouvé quelqu'un ? Et moi qui pensais qu'elle n'avait proposé son aide que pour faire bonne figure pendant l'anniversaire... Opaline Clifford.
Pauvre fille.
*
Une semaine plus tard je suis de corvée de jardinage. A vrai dire à quoi bon avoir un domestique pour moi tout seul alors qu'ici je suis déjà traité comme un domestique en soit ? Je lève les yeux au ciel et fini par retirer mon haut, laissant le brulant soleil Australien chauffer ma peau luisante de sueur avant de passer la tondeuse. Le terrain est immense alors pour m'occuper je prends ma musique avec moi et n'enfile qu'un écouteur, histoire de rester vigilent malgré tout.
Au moins en attendant je ne suis pas avec Elfie et Anatole. Mon père étant à la Banque de Sydney tous les jours, je n'ai pas grand monde à qui parler, donc tondre n'est pas vraiment un souci. Alors que je m'occupe de l'allée qui mène à l'entrée, je ne fais pas gaffe et entends un petit cri dans mon dos. Alarmé j'éteins ma musique puis ma tondeuse pour me tourner vers la source du bruit. Ai-je blessé quelqu'un ? Je me jette hors de l'appareil et fais face à une jeune fille. Je ne sais pas si c'est le soleil qui commence à sérieusement m'atteindre mais je n'arrive pas à détacher mes yeux d'elle. Elle a de longs cheveux blonds qui brillent au soleil et sa peau blanche met en valeur une bouche rosée, apparemment entrouverte par la peur. Ses yeux verts fixent le sol et ce n'est que maintenant que je me décide à regarder l'ampleur des dégâts. En passant la tondeuse j'ai fait voler de l'herbe coupée en sa direction, recouvrant et tâchant ses impeccables chaussettes hautes. Merde.
«- Oh je suis vraiment navré je... Je vais vous...
-Ashton ! -Beugle Elfie derrière la blonde- Qu'est-ce que tu as encore fait ? Mais ce n'est pas possible d'être aussi maladroit ! Venez mon enfant je vais arranger tout ça.
-Je ne l'ai pas entendu arriver je..
-Silence ! Finis de passer la tondeuse et après tu me feras le plaisir d'aller nettoyer l'étang des poissons. »
Je fais un simple oui de la tête et jette un dernier coup d'oeil en biais à la jeune blonde qui me lance un regard désolé. Alors c'est elle Opaline Clifford ? Elle n'avait pas l'air contrariée, si ce n'est que j'ai ruiné ses chaussettes... Alors j'imagine qu'elle a été embauchée. La pauvre.
*
Voilà maintenant un mois qu'Opaline est à notre service, ou plutôt à celui d'Anatole. Je ne sais pas ce que ce dernier pense d'elle, mais je crois qu'il ne la regarde que très peu. Pourtant elle remplit parfaitement le critère d'Elfie 'agréable à regarder'. Il est fou de ne pas remarquer ça. Pour ma part j'ai l'impression de la voir plus souvent que son maitre. Passant mon temps à remplir les taches des domestiques à tel point que la jeune fille m'avait pris pour un domestique au tout début, avant d'être choquée d'apprendre que j'étais en fait le fils ainé de la maison. D'ailleurs après cette révélation elle avait tenu à mettre des distances entre nous deux, jugeant qu'elle n'était pas assez 'riche' pour pouvoir m'approcher. Mais je pense qu'aujourd'hui elle a compris. Elle a compris que même si je suis 'riche' je ne suis pas heureux et surtout je ne suis pas comme Anatole ou Elfie.
Alors nous nous sommes rapprochés. Nous parlons souvent lorsqu'elle vient préparer le goûter de mon demi-frère tandis que je suis de corvée vaisselle. J'apprends qu'elle vient d'avoir 15 ans et qu'elle est née à Londres. Son grand frère Michael est lui aussi domestique, mais en Nouvelle-Orléans, auprès d'une famille puissante. Elle n'avait passé qu'un an et demi à Paris au service d'une dame, mais elle n'a pas voulu m'en dire plus. Apparemment Opaline est très secrète, mais bizarrement ça me plait.
Tout me plait chez elle, je crois que ce que je préfère c'est lorsque je dois passer la tondeuse et que je la vois dans le jardin, assise tranquillement sur une nappe de pique-nique, un livre à la main. Bien évidement j'évite de l'asperger d'herbe, mais parfois je m'amuse à lui lancer quelques brindilles qui atterrissent dans son livre, la faisant grogner. Fort heureusement Elfie ne me voit jamais faire, elle ignore sans doutes que je passe plus de temps avec la domestique que la domestique avec son propre maitre et j'espère qu'elle ne l'apprendra jamais, j'ai l'impression que la maison est vivante, que j'ai une amie, une raison de me lever le matin. Au petit déjeuner elle me garde toujours une petite brioche de côté qu'elle me donne lorsque je fais la vaisselle d'Anatole. Non vraiment je crois que je suis le seul qui se soit réellement attaché à elle.
*
Grande nouvelle, nous allons enfin déménager, en Louisiane pour ne pas faire les choses à moitié. Je me laisse tomber sur mon lit en un long soupir avant de regarder la photo de maman dans son cadre nettoyé. Je serai loin d'elle, mais au moins je vivrai une nouvelle vie et Luke sera là. Mon ami fidel dont les parents ont décidés de partir également, comme si nos deux familles ne pouvaient pas se séparer. C'est un peu absurde mais ça me rassure, je ne serai pas tout seul. Et puis, Opaline sera là. Cette dernière semble ravie d'ailleurs, elle n'arrête pas de me dire qu'elle va retrouver son frère. Et je pense qu'elle en a bien besoin. Anatole commence à sérieusement lui peser, je le remarque à son visage épuisé, son sourire et devenu si fade... Mais je ne peux rien faire, juste espérer que ce déménagement lui fera du bien à elle aussi.
*
A l'évidence la Nouvelle-Orléans n'a pas changé beaucoup de choses. Je suis toujours l'esclave de la famille et Opaline semble à bout de force, incapable de subvenir aux besoins de mon con de demi-frère. Si je le pouvais je le balancerais dans le Mississippi, mais inutile de préciser qu'on m'y jetterait directement après, alors je ne dis rien et fais ce qu'on me demande. Au moins je ne suis pas la tête de truc comme ça.
Je ne sais pas pourquoi mais Opaline n'est pas autorisée à sortir, elle ne peut pas voir son frère et ses rares pauses se résument à lire un bouquin dans l'herbe, tandis que je passe encore et toujours la tondeuse. Il fait une chaleur à crever, pire qu'à Sydney et par moment je me demande comment fait Madame Hemmings, quasiment sur le point d'accoucher. Je prends une longue gorgée d'eau et bien que d'habitude je ne le fasse pas devant Opaline, je finis par retirer mon débardeur. C'est bien plus agréable quand on passe la journée en plein soleil et je crois même que le mieux dans tout ça, ce sont les regards timides que me lance la jeune blonde de derrière son livre. Est-ce qu'il existe une infime chance pour que je lui plaise ? A vrai dire quand on me compare à Anatole qui commence à prendre un peu trop de poids à force de ne plus rien foutre par soi-même, on peut se dire que je suis la réincarnation d'Apollon sur Terre. Rien que ça.
Je souris en coin et glisse ma main dans mes cheveux, à présent assez longs et ondulés, que j'ébouriffe, faisant glousser Opaline. Je jette un rapide coup d'œil à la maison et arrête la tondeuse pour aller m'allonger sur la nappe aux côtés de la blonde.
«- Tu lis quoi ? -Je demande en fermant les yeux-
-Une histoire.
-D'amour ?
-Euh... Ouais -Dit-elle d'une voix gênée-
-Je m'en doutais -Je souris en coin alors qu'elle donne un petit coup de poing dans mon ventre nu- Et il se passe quoi dans ce livre d'amour ?
-Rien de spécial.
-Je suppose que la fille tombe amoureuse d'un gars diamétralement opposé ?
-Pourquoi me poser la question si vous connaissez la réponse ?
-J'aime te taquiner -Dis-je en m'allongeant sur le côté, ma tête surélevée par mon coude alors que je la regarde-
-Vous n'avez rien d'autre à faire ?
-Si finir de passer la tondeuse, mais j'ai le droit à une petite pause.
-C'est vrai que vous devez être fatigué -Elle m'adresse un sourire avant de replonger dans son livre-
-Ca parle de sexe aussi ton bouquin ?
-Pourquoi ça ne m'étonne pas qu'une telle question sorte de votre bouche ! -Grogne-t-elle les joues rouges-
-Je suis curieux
-Vous n'avez qu'à vous acheter le livre comme ça vous verrez bien !
-La flemme -Dis-je avec un petit rire- Il y a une scène de baiser ?
-Bien-sûr que oui et heureusement. Si il n'y avait que du cul ce ne serait pas un roman d'amour !
-Tu as dis... Du cul ? -Dis-je choqué d'un tel franc-parler avant d'exploser de rire- Eh bien, je ne m'attendais pas à ça !
-Arrêtez de vous moquer de moi -Se plaint-elle à présent rouge pivoine-
-Oh tu sais bien que je ne le pense pas -Je lui fais un petit clin d'œil-
-Et si vous retourniez à votre pelouse ?
-Tu n'aimes pas ma présence ?
-Bien-sûr que si -S'offusque cette dernière- Mais... Ca me gêne.
-Pourquoi ?
-Je ne crois pas que votre belle-mère apprécie qu'on se parle vous et moi.
-On s'en fiche d'elle, nous avons le droit d'être amis.
-Je suis votre amie à vos yeux ?
-Bien-sûr et les amis peuvent compter les uns sur les autres, n'en doute jamais. Elfie ne te fera rien.
-D'accord. »
*
Chaque jour où je vois Opaline lire son livre je m'empresse de la rejoindre, même le soir en cachette alors qu'elle lit sur la terrasse, éclairée par la lumière d'un petit lampadaire provenant de sa chambre. Ce soir Elfie est partie à un gala et Anatole est parti à une 'soirée', me laissant libre de mouvement dans la maison. Instinctivement je vais sur la terrasse où Opaline continue son roman.
«- Alors il y a du cul ? -Je demande, la faisant sursauter-
-Non du tout ! C'est une scène de baiser, rien d'autre.
-Oh dommage -Je m'assois à côté d'elle- Est-ce que ça va ?
-Oui pourquoi ?
-Tu as l'air exténuée.
-Anatole est insupportable...
-Tu ne m'apprends rien -Je soupire- Je suis étonné que tu arrives à tenir. Un an que tu es là et pourtant tu sembles toujours aussi dévouée.
-Je me sens bien ici -Dit-elle en haussant les épaules-
-Ah oui ? Pourtant moi je ne m'y sens jamais bien, sauf quand je suis avec mon père, ou bien... Avec toi. »
Je l'observe qui ne détache pas son regard de son livre pourtant ses joues deviennent immédiatement teintées de rouge, signe qu'elle m'a parfaitement entendu. Ses doigts tournent nerveusement les pages et je m'autorise un petit sourire.
«- Tu as l'air vraiment passionnée par ton livre. Le baiser dure réellement autant de pages ?
-Euh je...Non non.
-D'ailleurs, tu as déjà embrassé un garçon ? Ou même une fille hein, je ne porte aucun jugement là-des...
-Il commence à faire froid Monsieur, vous devriez rentrer pour ne pas tomber malade.
-Ou comment changer de sujet -Je glousse- Tu ne veux pas m'en parler ?
-Ma vie n'est pas très intéressante, du moins sur ce plan-là Monsieur.
-C'est aussi le cas de l'héroïne de ton livre ?
-Oui.
-Pourtant, elle embrasse bien quelqu'un à un moment. Donc c'est qu'elle a su trouver l'amour ?
-Oui, mais c'est un roman Monsieur.
-Et alors ? Les romans sont souvent inspirés de faits réels.
-Où voulez-vous en venir ?
-Nulle-part -J'hausse les épaules- Je me posais juste la question. »
Elle hoche la tête et ferme son livre avant de se redresser avec hâte. Je suis surpris, mais le suis encore plus lorsqu'elle pousse un petit cri de douleur. Je me redresse à mon tour et constante que cette dernière s'est relevée trop près de son lampadaire, sa peau ayant touché l'ampoule brulante malgré son gilet.
«- C'est malin -Je soupire-
-C'est bon ce n'est rien, ça partira d'ici quelques jours -Elle rentre à l'intérieur et défait son gilet, me laissant voir son buste juste vêtu d'un débardeur noir- Je pense que je vais me coucher Monsieur.
-Ah ? -Je soupire et l'observe qui se tourne pour voir sa brulure, découvrant en même temps d'autre marques sur son dos- C'est quoi ça ?
-De quoi ?
-Ces marques sur ton dos ?
-Oh rien, je suis maladroite. Je ne regarde jamais quand je me redresse et je...
-Anatole te fait du mal ? -Je la coupe-
-M...Mais non Monsieur il... »
Je ne lui laisse pas le temps de parler et l'attrape par les épaules, attirant son corps sous la lumière aveuglante de sa chambre. Ce ne sont pas des bleus normaux. Non je suis sûr et certain qu'Anatole lui fait du mal et qu'elle ne dit rien, elle fait bonne figure et s'évade en lisant son livre d'amour. Je serre les dents et la tourne face à moi. Elle sait que c'est inutile de nier alors elle baisse les yeux.
«- Depuis combien de temps ?
-Plusieurs mois Monsieur.
-Pourquoi tu n'as rien dit à Elfie ?
-Parce qu'elle ne me croirait pas et je préfère éviter de mettre en colère Monsieur Anatole.
-T'as pas à subir ça putain ! -Dis-je les poings serrés-
-Vous devenez vulgaire -Glousse la petite blonde-
-Je m'en fiche je... Je suis désolé que tu sois tombé dans cette famille.
-Oh vous savez je me plais ici.
-Ne me mens pas ! Tu ne peux pas te plaire dans un endroit où tu te fais battre !
-Mais en dehors de ça je passe parfois de bons moments, comme par exemple... Avec vous. »
Je sens mes joues chauffer et l'observe qui me fait un faible sourire. Alors elle se plait avec moi ? D'un côté pas étonnant si elle se fait taper par Anatole. Je suis le seul mec sain d'esprit ici. Je déglutis et reste stoïque un instant, instant pendant lequel elle retourne chercher son livre, puis ferme sa fenêtre.
«- J'ai bientôt fini le livre, je vous le prêterais si vous voulez.
-Les scènes de cul sont intéressantes ? -Je demande en reprenant consistance-
-Oh je préfère les scènes de baisers. Peut-être que vous les aimerez aussi.
-Je suis difficile en matière de baiser.
-Ah oui ? Pourtant il n'existe pas trente mille façon d'embrasser quelqu'un si ?
-Je suis surpris qu'il n'y ai pas trente mille baisers dans ton bouquin tiens. Mais pour te répondre, si il en existe plusieurs.
-Bon j'achèterais d'autres livres pour en savoir plus dans ce cas.
-Ce n'est pas en lisant des livres que tu vas apprendre tu sais ? -Je glousse-
-Qui sait -Elle enfile à nouveau son gilet avant de me pousser jusqu'à sa porte-
-Oh tu me vires de ta chambre ?
-Je vais me mettre en pyjama et me coucher Monsieur -Sourit-elle-
-J'ai pas même le droit à un bonne nuit ?
-Bonne nuit Monsieur.
-Comment ils se souhaitent bonne nuit dans ton bouquin ?
-Je ne sais pas, ça n'est pas expliqué.
-Alors laisse-moi au moins te montrer. »
Elle s'apprête à me questionner alors je me risque à poser mes lèvres sur les siennes. C'est rapide, bref, au cas où elle se sentirait offensée et me mette une claque. Mais elle reste droite comme un i tandis que je la fixe avec anxiété.
«- C'était quoi ça ? -Dit-elle d'une petite voix-
-Ma façon à moi de te dire bonne nuit.
-C'est plutôt bizarre non ?
-On ne m'a jamais dit que mes baisers étaient bizarres mais si tu le dis -Je frotte ma nuque avant de me tourner-
Est-ce qu'au moins je peux vous dire bonne nuit moi aussi ? »
Sa voix semble si timide à cet instant que mon cœur manque d'exploser. Je me tourne face à elle et reviens à sa hauteur alors qu'elle se poste sur la pointe des pieds pour à nouveau sceller nos lèvres ensemble. Cette fois-ci nous ne restons pas comme des piquets et je m'autorise à la tirer contre moi, enroulant un de mes bras dans son dos alors que nous échangeons quelques baisers du bout des lèvres, devenant un peu plus humide à mesure que je la serre contre moi. Je la bloque délicatement contre le mur juxtaposant sa porte et attrape sa main que j'enfouis dans mes cheveux, posant les mienne dans sa nuque et dans dos dos que je frictionne doucement. Nos visages s'écartent de quelques centimètres et il suffit d'un simple contact visuel pour que je me rue à nouveau sur ses lèvres, y mettant un peu plus d'ardeur. Ce ne sont plus de simples petits baisers d'adolescents, je sens sa main tirer doucement mes ondulations et je choisis ce moment pour introduire ma langue. Bien qu'elle semble surprise elle me laisse faire et y joint sa propre langue. C'est tellement agréable et j'aurais aimé continuer si seulement je n'avais pas entendu du bruit en provenance de la porte d'entrée.
On s'écarte rapidement l'un de l'autre et après un dernier baiser volé, je pars dans ma chambre, mon ventre comme remplis de papillons et un sourire imprimé sur mes lèvres encore humides.
Oui Opaline me plait.
*
Les jours passent et nous devenons de plus en plus complices. Parfois alors que je m'occupe du jardin et qu'elle lit un nouveau bouquin, je l'attire avec moi derrière les arbres et l'embrasse avec passion, glissant parfois mes baisers dans son cou ce qui la fait glousser. Je me sens tout euphorique avec cette notion de secret, comme un jeu dangereux. Mais ce jeu nous plait.
Avec les cours qui ont commencé à l'Université, je passe de moins en moins de temps dans le jardin et ne voit Opaline que le soir, en cachette. J'ai d'ailleurs pu lui annoncer que j'avais rencontré un certain Calum Hood, dont le domestique attitré s'appelait Michael Clifford. Si j'arrive à faire ami-ami avec ce garçon alors Opaline pourra retrouver son frère ! Cette nouvelle nous ravit tous les deux et les semaines qui suivent deviennent légères, malgré ce qu'elle subit avec Anatole.
Un jour je l'ai surpris en train de gifler Opaline, je me suis bien-sûr interposé et je n'ai pas été surpris le soir même d'être puni par Elfie. C'est toujours comme ça et je pense qu'un jour ne vais plus supporter. J'aurais bientôt 22 ans et étant majeur, rien ne m'empêchera de partir d'ici et d'amener la jeune femme avec moi. Je vois bien qu'elle n'est pas heureuse.
Un soir elle descend en pleur dans la cave. La cave qui est, comme à Sydney, ma seconde chambre. Je la réceptionne dans mes bras et passe plusieurs heures à la consoler, à la bercer et à l'embrasser. Elle doit être forte, pour le moment je dois établir un plan et ensuite on partira. D'après ce qu'elle m'a dit elle a une certaine somme d'argent que ma mère garde pour elle. Je devrais là aussi faire quelque chose mais en attendant tout ce que je veux c'est la voir sourire. Après de multiples baisers elle retourne dans sa chambre et tous les soirs finissent par se ressembler.
*
Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là. Elle qui est allongée sur mon lit alors que je la surplombe de mon corps, cherchant ses baisers et glissant les miens dans son cou. Elle venait se plaindre d'Anatole, elle a encore été frappée et plus durement cette fois. Elle se sent mal, elle a peur alors je veux être là pour elle. Mais notre baiser a pris d'autres proportions. Je le sais lorsque mon débardeur se retrouve au sol et que le soleil n'a rien à voir là-dedans. Je m'assois à genoux et l'attire contre moi, retirant le haut de sa tenue de domestique. Bordel je suis en train de faire une connerie, pourtant j'aime tellement la tournure actuelle. J'aime embrasser son cou alors que mes mains se sont farouchement posées sur sa poitrine avant d'aller dégrafer son soutien-gorge. J'entends un hoquet de surprise provenir de sa bouche et je l'embrasse pour la rassurer, laissant ses mains explorer mon ventre et me donner des frissons.
« -M...Monsieur est-ce vraiment une bonne idée ?
-Je n'en sais rien je...j'ai tellement envie de toi -Je murmure à son oreille, faisant voler son sous-vêtement dans la pièce-
-O...Oh Monsieur... »
Je fais glisser mes lèvres sur ses seins ronds et la fais s'allonger sur le lit alors que je parsème toute sa poitrine de baisers. Secrètement moi aussi j'ai peur des représailles, mais apparemment mon sexe s'en moque totalement. Et puis aucun risque qu'on nous surprenne, Anatole est en cours et Elfie est à la Banque avec mon père. Nous sommes seuls et je n'ai pas peur quand je suis seul avec elle. Je lape son nombril alors qu'elle tire doucement sur mes cheveux, me forçant à venir l'embrasser. En même temps je déboutonne mon jean et le laisse rejoindre le soutien-gorge de la blonde alors qu'enfin mon sexe se fait moins à l'étroit. Elle me touche, me découvre et finit par me masturber à l'intérieur de mon boxer. J'ai tellement envie d'elle que je ne fais plus attention à ce qui nous entoure, préférant la combler de baisers et de suçons sur sa peau laiteuse et gémissant son nom.
Jusqu'à ce que je n'entende ce bruit. Un bruit qui me glace et nous foudroie tous les deux, bien loin de ressentir un orgasme en ce début de partie. Je remets mon caleçon droit, puis mon jean et alors que les larmes affluent dans les yeux d'Opaline je commence à regretter.
Ce bruit, c'était une détonation d'appareil photo.
Je me jette hors de la chambre et tombe presque nez à nez avec Anatole et sa bande d'amis. Un appareil photo en main. Le mien en plus. Mes yeux s'agrandissent et sous un excès de rage je me jette sur mon demi-frère, écrasant mon poing contre sa joue potelée et le faisant atterrir contre le mur. Devant les regards choqués de ses camarades.
Je suis un homme mort.
*
Les choses se sont enchainées si vite. Je me suis bien-sûr fait taper par Anatole, ayant eu la grâce de sa mère. Cette dernière ne se prive pas pour me maltraiter et depuis ce fameux jour où nous avions commencé à coucher ensemble, je n'ai plus revu Opaline. Elfie nous surveille et fait en sorte que nous ne puissions jamais nous croiser, jamais nous voir. Je ne travaille plus dans le jardin et la baie vitrée de la chambre d'Opaline est désormais scellée par des barreaux. C'est quoi ce bordel ?!
Je ne sais pas ce qui se passe. Parfois, alors que je suis enfermé dans la cave, j'entends des cris à l'étage. Qu'est-ce qu'Anatole fait à ma petite amie ? Ses cris déchirent mes tympans, déchirent mon cœur et le pire c'est que je ne peux rien faire. Le pire pour moi c'est quand on m'autorise à monter et que je vois des domestiques en train de nettoyer la chambre d'Anatole. Du sang. Qu'est-ce que ce porc lui a fait ? Il l'a tabassée ? Ou pire, il l'a violée ? Je sers les dents face au sourire d'Elfie et rempli ma punition quotidienne.
Aujourd'hui je dois aider à nettoyer la chambre de mon demi-frère.
Ce sang est celui d'Opaline j'en suis certain. Elfie ne serait pas aussi détendue si son fils chéri s'était ouvert la tête.
Je crois que je vais vomir.
*
Si nettoyer le sang d'Opaline était une épreuve, Elfie m'a réservé le plus gros supplice. M'obliger à travailler dehors, face à la fenêtre d'Anatole, me donnant vue sur ce dernier qui gifle la petite blonde, la faisant s'effondrer au sol. J'ai envie de le tuer, de traverser sa fenêtre et de l'égorger avec les débris de verre avant de fuir avec Opaline. Mais je ne peux rien faire et même lorsqu'elle se redresse et me regarde d'un air suppliant, je ne peux que baisser la tête et laisser les larmes couler.
Tout est de ma faute.
*
Un soir alors que je range toute la vaisselle en Porcelaine d'Elfie, j'entends à nouveau des cris. Anatole s'en prend à Opaline. Jusque-là je n'ai rien dit mais à présent je suis envahi par la fureur et accours dans la chambre de moi demi-frère, ce dernier maintenant la tête de la blonde dans son oreiller pour l'étouffer.
« -Mais qu... LACHE LA ! -J'hurle alors que mon frère ricane-
-Quoi ? Je fais une expérience pour le lycée, j'ai le droit après tout, cette domestique est à moi.
-Je vais te tuer espèce de fils de p... »
Je me jette sur Anatole sans finir et le frappe à multiples reprises alors qu'Opaline retire son visage violacé de sous le coussin, respirant un grand bol d'air. Soudain elle se rend compte de ce que je fais, de ce que je risque et elle cherche à s'interposer. Mais ma colère est trop grande. 18 ans que je suis dans cette famille de merde et 17 ans que je supporte ce porc en guise de frère. Je lui porte un coup puissant au visage avant de sortir quelque chose de ma poche. Un petit couteau suisse, seul objet qui me faisait me sentir en sécurité. Je vais le tuer. Je suis hors de moi et ne me contrôle pas lorsqu'Opaline se jette sur moi et que je l'écarte violemment. Je ne veux pas la blesser !
En un tiers de seconde je prends conscience de ce que je viens de faire mais c'est trop tard. A peine ai-je tourné la tête que je la vois au sol, une épaisse marre de sang commençant à se rependre autour de son visage alors que je remarque le coin de la commode d'Anatole lui aussi couvert de sang.
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je me mets à hurler et balance mon frère loin de moi alors que je prends Opaline dans mes bras. Elle est inconsciente et perd beaucoup trop de sang. Ce n'est pas possible. Dans un dernier effort je prends mon téléphone et appelle les urgences, puis mon père.
Mais inutile de préciser qu'Elfie est la première à arriver et qu'en moins d'une seconde elle me tire Opaline des bras. Me laissant à genoux dans la chambre d'Anatole, du sang plein les mains et plein le t-shirt.
Vide.
Je suis un monstre.
~ Hay caramba ! Je m'excuse si il y a des fautes mais je vais vite me coucher je commence tôt demain :( j'espère que ce chapitre vous aura plu :)
Sinon j'ai commencé à poster le prologue de A virus called Phantom, pour plus d'explications au sujet de cette histoire, je vous renvoi à mon rantbook 'Kactueuse', dernier update où tout est expliqué :)
En attendant je vous remercie pour tout !
Kactus
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