― Prête pour la rentrée ?

Ma mère me tendit un bol de lait chaud en me souriant. Je la remerciai sans trop savoir quoi lui répondre.

J'étais toujours aussi contente de commencer la fac, de rencontrer d'autres personnes (de préférence plus intéressantes que la bande d'imbéciles qui m'avait "noyée"), de vivre ma vie d'adulte sans mes parents derrière le dos tout le temps.

Mais il y avait quand même eu quelques changements, dernièrement, et je ne pouvais pas m'empêcher d'appréhender le futur. Une sirène à la fac, est-ce que c'était bien raisonnable ?

― Ne t'inquiète pas, ma puce, intervint mon père en s'asseyant à côté de moi. Il n'y a pas de raison de t'affoler.

Je le fixai avec surprise : lui qui s'était tant fait de soucis quelques semaines plus tôt ! Peut-être voulait-il se rassurer lui-même avec ses mots... Puis je le taquinai :

― Tu lis dans mes pensées ?

― Eh bien... Disons que c'est un point qu'il faudra quand même qu'on améliore pendant les prochaines vacances, répondit-il sur le même ton.

― Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

Mon sourire avait totalement disparu, et sa réponse me figea encore davantage :

― Tu laisses filtrer pas mal de choses sans t'en rendre compte.

― Mais, je croyais que...

― Pas d'affolement, ce ne sont que des bribes de mots, de sentiments, et je suis le seul à les sentir. En plus, tu n'as pas beaucoup de risques de croiser d'autres sirènes dans les parages, crois-moi.

Je soupirai de soulagement, tout en me demandant encore une fois ce qui avait bien pu le pousser à quitter son océan, alors que c'était totalement interdit, d'après ce que j'avais compris de ces courtes explications.

― Et ça non plus, ce n'est pas pour maintenant, dit-il en interrompant mes pensées, avec un sourire un peu crispé.

― Mais... quoi ? Arrête de lire dans ma tête ! Tu sais tout ce que je pense depuis ma première transformation, ou quoi ?

Il se tourna vers l'évier pour y déposer sa tasse.

― Seulement lorsque tu es proche de moi, et beaucoup moins que quand on est tous les deux dans l'eau. Par contre...

Il fit volte-face rapidement et me pointa de son doigt, la mine soudain sévère :

― Au moindre problème de transformation ou autre, tu as intérêt à faire appel à moi par ce moyen ! C'est compris ?

― Euh... oui, bien sûr, grimaçai-je. Il y a le téléphone aussi, non ?

― Dan, intervint ma mère en l'enlaçant tendrement, tu ne la rassures plus du tout, en lui parlant comme ça.

― Tu as raison, désolé Sarah. Tout va bien se passer, et le téléphone c'est parfait. Allez, ma grande, il faut y aller, si tu veux avoir le temps de te réinstaller dans ton appartement avant la rentrée de demain.

La route et le deuxième emménagement dans mon nouveau chez moi se passèrent sans encombre, et mes parents me laissèrent seule pour ma dernière soirée de vacances.

Le lendemain matin, fraiche et reposée, je m'arrêtai quelques secondes devant l'immense portail ouvert de la fac, avant d'y pénétrer d'un bon pas. C'était un bâtiment immense que j'avais heureusement pris le temps de repérer avant la rentrée (avant l'accident). Je savais donc où aller, et les premiers cours, surtout des présentations des différents programmes, passèrent assez vite.

Je prenais le temps de m'habituer au lieu et au rythme, sans trop de difficulté. Je ne cherchais pas forcément de contact avec les autres étudiants, ayant été légèrement refroidie par ma mésaventure au port.

J'avais croisé plusieurs fois les jeunes du groupe de Logan, mais les ignorais royalement et cela paraissait les satisfaire. Ils ne devaient pas être très fiers d'eux. Et s'ils savaient !

Ce n'est que la deuxième semaine, pendant la pause déjeuner, que je repérai une autre tête connue. 

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Coucou ! Une idée de qui ça peut être ? 😊