CHAPITRE 3: Liaison inespérée
Il se mit laborieusement à faire le ménage, il ne vit pas le soir tombé.
Au bout d'un moment il réalisa qu'il devait bien être 21h, et fut surpris que Steph ne soit pas arrivé.
Il rangea l'aspirateur et se tint debout devant l'aquarium qui trônait immense sur l'un des murs latéraux du salon.
Il souleva la petite trappe du dessus et saupoudra de nourriture en granulé. Une nuée de petits poissons multicolores se ruèrent sur cette pluie providentielle gobant tout ce que leur corps pouvait gober, en quelques secondes il ne restait que quelques flocons qui dérivaient en descendant vers le fond du bac, le repas des crevettes était en route.
Il poussa un soupir et se dirigea vers la salle de bain, il avait bien besoin d'une douche. Il entra dans sa salle de bain et ouvrit les trois fenêtres étroites au-dessus de la baignoire, dehors les grillons chantaient leur partition immuable dans l'herbe haute de son jardin, l'air était toujours lourd et moite, mais on sentait déjà que la fraîcheur de la nuit allait bientôt dispenser ses bienfaits.
Il jeta un œil distrait, mais dépité sur le jardin au dehors, c'était la jungle, il renifla de dépit et fit quelques pas pour se retrouver devant la douche à l'italienne dallée de pierre véritable et en ouvrit le robinet.
Il se regarda un instant dans la glace et décida qu'il n'était pas encore temps de raser sa barbe de 3 jours .Il enleva son t-shirt sale et le jeta à l'aveuglette dans la direction générale de la corbeille à linge, mais rata cette dernière d'un bon mètre, le pantalon lui réussit son envol et atterrit au bon endroit.
Il entra dans la douche et laissa couler le jet d'eau chaude sur sa peau, c'était un jeune homme de taille moyenne, mais très sportive, son corps avait été affûté par des années de pratique du cyclisme. Il s'enfilait une balade de 120 km tous les week-ends avec sa cousine Martika qui habitait a quelque patté de maison de la et partait souvent seul en semaine pour faire des sessions de 50km par ci par là, suivant les envies, suivant les disponibilités.
Il prit son savon de Marseille au parfum santal et le passa sur son torse, il n'était pas très poilu, ses abdominaux saillants se dessinaient sur son ventre plat de sportif... Le vélo avait bien des avantages et même s' il ne s'en rendait pas vraiment compte, il était indéniablement séduisant.
Au bout de quelques minutes il sortit dégoulinant de la douche, prit une serviette au hasard sur le sèche serviette et s'essuya, il huma le parfum lointain de Stéphanie dans le coton doux de la serviette qu'il découvrit être rose bonbon. Mais où était donc cette fille? Elle se foutait vraiment de lui, il s'en rendait de plus en plus compte, il était 22 heures passé, elle ne viendrait plus à présent.
Il finit de passer la serviette sur lui, ouvrit un petit cabinet à côté du grand miroir au-dessus du lavabo et en sortit un flacon de parfum, Tsar par Van Cleef & arpels, il pressa deux fois sur le flacon et un nuage suave et boisé l'enveloppa.
Vêtu seulement de son parfum, il quitta la salle de bain, traversa le couloir et entra dans le grand dressing qui précédait sa chambre à coucher. D'immenses portes coulissantes en chêne blanc massif longeaient tous les pans de murs et dissimulaient habits et accessoire, sauf un au fond sur la droite qui si on le faisait coulissé révélait en fait l'entrée de la chambre. Il partit au fond à gauche du dressing, ses pieds nus laissant des empreintes humides sur le plancher en teck. Il ouvrit un premier pan coulissant et en sortirent des sous-vêtements, puis il sortit du pan suivant un jean bleu classique et une chemisette blanche légère en coton.
Il enfila ses habits, s'ajusta vite fait puis revint en arrière dans le dressing et ouvrit la porte coulissante du milieu, en face de la porte du couloir d'où il était venu.
Ce dressing révéla un miroir mural et en dessous une commode aux nombreux tiroirs du même bois que le reste de la pièce, il tira le premier et une rangée de montres apparut.
Les téléphones portables avaient depuis longtemps remplacé l'utilité d'avoir une montre au poignet, mais il n'était pas vraiment un fan du tout technologique et puis surtout les montres pour homme étaient les seuls vrais "bijoux" pour homme qui avait vraiment de la classe et qu'il considérait comme portable.
Il sortit sa Cartier Tank de son présentoir, tapotant machinalement le cadrant qui émit un "tic tic" satisfaisant et la passa à son poignet.
"c'est pas un téléphone qui va remplacer ça " pensa-til tout haut avant de se dire: " merde il est ou mon téléphone d'ailleurs? "
Il réfléchit un instant tout en remontant sa montre, puis d'un pas pressé déboula dans la chambre à coucher où il trouva son téléphone sur sa table de nuit. Son empreinte de pouce le déverrouilla, aucun message de stef, rien, il soupira, ouvrit Discord et valida la demande d'ami d'Émilia et répondit:
"je veux bien être ton ami t'inquiète pas petite, tu t'appelles comment en vrai ?" Voilà c'était fait, il était bien décidé et il était sûr de lui, il avait envie de découvrir cette jeune fille, qu'est ce que ça pouvait faire après tout... Il s'imagina un instant prendre un râteau virtuel, ou la belle blondinette de plus de 10 ans sa cadette allait se moquer de lui et le traiter de vieux connard pervers, peut être même qu'elle utiliserait des mots de jeûne qu'il ne comprendrait même pas, était-il vieux?? Merde il se sentait très con d'un coup et un peu honteux, ses joues s'empourprèrent et il se laissa tomber à plat ventre sur son lit, fourrant la tete sous son oreiller.
***
Émilia, était aussi sur son lit, son visage seulement éclairé par le halo de lumière du téléphone, elle contempla quelques secondes le message, pensive, mais jamais elle n'eut à l'esprit les idées saugrenues que son interlocuteur faisait germer dans son esprit et elle répondit:
"Emilia, c'est mon vrai prénom et toi tu t'appelle comment ?"
"Je m'appelle Flo, si ton prénom est vrai est-ce que la photo est vraie aussi ?"
Il avait répondu rapidement sans vraiment réfléchir, et quelque chose tint dans son cerveau comme une alarme qui lui disait que son second message n'aurait peut-être pas dû être au sujet du physique de la fille, il se sentait un peu lourdingue.
Emilia grimaça, elle avait oublié sa photo de profil, une photo ratée à laquelle elle avait appliqué toute la palette des filtres de snapchat juste parce que c'était la mode.
C'était donc pour ça que ce type lui écrivait, il avait flashé sur une photo retouchée et il fantasmait déjà?!
"soit il me prend pour une pute soit pour une conne, soit les deux" pensa-t-elle.
"quel con, non vraiment je suis plus d'humeur, j'ai eu ma dose de ces conneries, tu veux fantasmer ? Mate donc ça connard"
Et dans la foulée elle prit une photo d'elle échevelée et mal cadrée, littéralement la pire photo qu'une fille pouvait prendre d'elle-même et elle l'envoya avec le message:
"Non c'était pas moi, ça c'est moi, tu veux toujours faire connaissance ?"
Elle se laissa retomber sur son lit, jetant son téléphone à ses pieds, n'attendant pas de réponse, se sachant déjà jetée aux oubliettes du cyber espace.
Flo qui lui aussi c'était allongé sur son lit reçut le message, pendant un instant il resta a regardé la photo, il comprit immédiatement ce qui c'était passé dans la tête d'Emilia et sourit, la fille était belle a crevé, mais ne le savait même pas elle-même, cette gamine avait encore du chemin à faire dans la vie pour s'épanouir, en revanche il y avait quelque chose d'autre qu'il ne comprenait pas du tout et il tapota prestement sur son écran pour répondre
"T'es plus belle comme ça, je te préfère au naturel, mais pourquoi tu pleures? "
Emilia reçut comme un choc en lisant la réponse, elle n'avait pas fait attention à la photo qu'elle avait envoyée en vitesse, et s'aperçut qu'effectivement ses yeux etaient brillants rouges et gonflés, les traces humide sur ses joues ne pouvaient tromper personne... des larmes avaient salement coulé sur son visage pâle.
Elle ne sut quoi répondre au début, elle était perdue dans ce putain de monde et seule, si seule, sa solitude bouillonnante finit par exploser et elle céda mentalement, elle se confiât a Flo.
Tapant message après message à cet inconnu qui devait être à l'autre bout du monde, déversant un flot de messages qui s'écoulent d'elle comme les larmes de ses yeux c'était si souvent écoulées, inarrêtable, incontrôlable, catharsis involontaire seulement mue par l'aura de bienveillance qu'elle percevait chez son nouvel ami.
Tous deux allongés dans le noir de leurs chambres séparées par des kilomètres de champs, des kilomètres de foret, de routes, de rivières, se mirent a échangé ce qu'ils avaient sur le cœur, le déferlement de leur conversation était fluide et venait naturellement.
Emilia confia à Flo ses problèmes, il fit de son mieux pour essayer de la rassurer, elle était si jeune et si fragile, son cœur était simple à comprendre, mais sans faire d'elle une personne simple, il décortiquait ses tribulations de jeune fille et essayait de lui donner des réponses fiables et cohérentes, sans détour.
Une sorte de magie s'était instaurée entre ces deux âmes perdues dans l'espace et le temps, une connexion singulière initiée seulement par des lettres et des mots qui arrivaient pourtant à véhiculer un ressenti et des émotions.
Seulement reliés par des milliers de mètres de fibre optique et de câbles en tout genre ils avaient liés leurs deux âmes et crée une sorte de clairière refuge dans le cyber espace ou ils étaient en sécurité et Émilia trouva enfin une oreille attentive et attentionnée.
Impossible de dire comment cette alchimie avait éclos, mais comme la naissance d'une étoile, c'était quelque chose de brillant et pur qui avait naquit en un clin d'œil dans le néant de la nuit éternelle.
Il discutèrent jusqu'à tard dans la nuit, impossible de dire qui d'endormi le premier, mais ils avaient tout deux leur téléphone entre les mains lorsque le sommeil les emporta.
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