Chapitre 25 : Sur les dents
En rentrant au 36, Naïla et Sylvain comprennent qu'ils venaient de rentrer dans un autre monde. Leur voiture est fouillée rapidement, mais tous les sacs, boites à gant et bas de caisses sont observés ou fouillés. D'autres gorilles de sécurités armés les accueillent dans le parking du sous-sol, palpation, vérification des papiers, scan palmaire, pour avoir le droit prendre l'ascenseur. Là encore, un autre garde armé fait le métier insolite de groom. Arrivé à leurs étages, ils y a moins de ces nouveaux collègues, ils ont passé le plus gros. Mais l'atmosphère n'y était pas moins électrique : ça court à droite à gauche, les téléphones chauffent comme les esprits, ça parle français, anglais, et même russe. Toute cette pagaille... à cause d'un assassinat, de l'assassinat du président. Ils restent ainsi, quelques instant, à se demander s'ils ne s'était pas trompé de d'étage, de bâtiment, de ville ou de pays même.
« Naïla, Sylvain, venait tout de suite dans mon bureau ! »
Roman Deloiseau, leur nouveau supérieur depuis la mort d'Arthur, les convoque déjà. Les deux suivent leurs commandant à son bureau. Naïla se doute que ce n'est pas pour les engueuler, plutôt pour les réaffecter. Et la logique est respectée.
« La situation est très grave, s'alarme déjà Roman. Beaucoup de nos effectifs seront affectés à la surveillance de points stratégiques, vous n'en faite pas exception. Je vous laisse une heure pour debrieffer sur papier votre planque, et après vous commencerez les patrouilles, jusqu'à nouvelle ordre.
- On commence par où, demande Sylvain, dans un mélange de déception et de scepticisme.
- Gare du Nord, ensuite vous saurez.
- Très bien commandant, on y va tout de suite, rassure Naïla. »
Roman ne dit plus un mot de plus, les deux partent alors du bureau sans un mot aussi. Ils ne savant pas dans quel misère ils se sont fourrés, les longues marchent inutiles, le stress permanent d'un attentat, les interventions pour des sucettes volées ou un bagage oublié...
...
Je me retrouve coincé dans mon étage. Tout avait parfaitement fonctionné, j'étais descendu de mon perchoir sans encombre, et retrouvé ma chambre avec ma belle au bois dormant. J'ai jeté mon fusil dans la cage d'ascenseur, il leurs faudra un petit moment pour le retrouver en mille morceaux. Maintenant, je suis coincé par mon propre scénario. Sortir sans la comtesse serait le meilleur moyen d'attirer tous les soupçons sur moi. Sortir par les airs seraient aussi le meilleur moyen de me faire prendre en chasse. Attendre aussi est un grand risque de me faire chopper. Mais je dois attendre, regarder par la fenêtre et voir de loin le carnage que j'ai contribué, le corps sans vie qui gisait sur l'estrade il y a quelques minutes a peine et qui a été dissimulé rapidement, le public et les journalistes, invités à sortir, remplacé par des policiers. Le périmètre de vide ainsi créé n'était rempli que d'effets personnels de ceux qui étaient là il y a peu et qui sont partis pour sauver leurs vies, après s'être reçu un peu de président sur le visage pour certains. Et aussi cette nuée d'hélicoptères qui viennent surveiller le moindre élément suspect, survolant la zone et élargissant leurs périmètres. J'étais dans ce périmètre.
J'étais tellement obnubilé par cette scènes de chaos que les russes essayaient de contenir et de maitriser que je n'entend que trop tard qu'une personne arrive. Heureusement, cette dernière à la politesse de frapper à la porte. D'habitude, je n'aurai eu aucun mal à me mettre à couvert et à attendre mon visiteur, mais la comtesse est un élément qui me handicape plus maintenant qu'avant. Cette dernière se réveille par ces coups :
« Oui que... qui est-ce ? »
La porte s'ouvre sur un garde du corps qui ne me calcule même pas et qui se précipite sur la comtesse, celle qui doit protéger je devine.
« Comtesse, nous devons partir immédiatement, un hélicoptère nous attends sur le toit.
- Mais Nick pourquoi.... »
La pauvre femme en plus de ne rien savoir se retrouve dans le brouillard. C'est à moi d'intervenir pour ne pas qu'elle m'oublie, ce handicap se transforme encore une fois en magnifique opportunité que je ne dois pas lâcher.
« Madame, Le président Français s'est fait tuer, nous devons partir immédiatement. »
Maintenant que j'ai pris la parole, Nick se retourne et devient suspicieux.
« Monsieur, qui êtes-vous, que faites-vous ici ?
- Nick, c'est une personne très "charmante", répond la comtesse soudainement embarrassée.
- Oh... »
Un silence vient conclure l'onomatopée de Nick. Mais ce dernier se ressaisit :
« Il faut partir de suite comtesse.
- D'accord, partons vite alors, prévoyez de la place pour Mr Chablere. »
Nick hésite. Ramener des inconnus dans l'hélicoptère d'extraction n'est pas dans le protocole, mais la comtesse est telle qu'on ne peut rien lui refuser. Nous nous dirigeons donc tous vers les trois avec nos bagages, prendre l'ascenseur, suivre des escaliers en spiral dans une pièce dépourvu de chauffage, jusqu'à arriver à une porte métallique, et le soleil. L'hélicoptère se trouve là, hélices tournantes pour être prêt à décoller le cockpit. Je rencontre un deuxième garde du corps, qui lui aussi me fixe d'un regard noir de suspicion, mais qui doit se plier au ordre de Madame. Nous décollons dans la foulée, survolant le ciel endeuillé de St-Petersburg. Nous croisons beaucoup de nos congénères volants, j'entends le pilote parler constamment à la radio pour justifier de son vol. À part le bruit des pales et les communications ininterrompues du pilote, le silence côtoie la tension dans l'habitacle. Mais je suis tranquille. J'ai la meilleures couverture, je suis au meilleur endroit, du moins pendant quelques minutes. Nous sommes à l'approche de l'aéroport de St-Petersburg quand je remarque d'étranges véhicules tout autour des pistes et aux sorties. Je commence à fouiller dans mes affaires. Les deux gardes réagissent déjà, à cran du moindre mouvement suspect. J'essaye de me justifier :
« Du calme, je cherche mon passeport c'est tout, je pense qu'on en aura besoin, même si la comtesse est une personne de marque.
- Vous avez sans doute raison, les russes vont nous tomber dessus, je vais chercher le mien aussi. »
L'explication et l'approbation par la comtesse fait redescende d'un cran l'insécurité de l'habitacle, sans enlever le doute des deux gardes du corps. Tout ce passe alors en deux secondes : Je me saisis de mes deux pistolets silencieux, que j'ai préparé sous le couvert du bruit infernal que fait l'hélicoptère, et ce même bruit étouffe encore plus mes tirs à la tête des deux gardes du corps et de la comtesse juste après. Elle n'a pas le temps de comprendre ce qui s'est passé, elle n'a pas le temps de crier aussi, c'est mieux pour elle de ne pas savoir qu'elle a été la complice involontaire d'un tueur. Maintenant, je dois faire vite. Je colle mon pistolet sur la tempe du pilote et je menace :
« Fais demi-tour, tout de suite ! »
Une annonce radio vient nous interrompre, nous intimant de nous poser. Le pilote commence à prendre le micro mais je l'en empêche par une tape sur les doigts, tel un enfant qui aurait fait une connerie.
« Pas de communication, demi-tour et vite !
- Mais... si je ne réponds pas...
- Tu fais ce que je te dis, point ! »
Je me fais de plus en plus menaçant, lui signifiant par quelques pousses de mon canon sur son crâne que je peux tapisser la cabine de sa cervelle. Il s'exécute enfin, et je recule en continuant :
« Je te vise encore, continu tout droit ! »
Je cherche du regard un parachute, facile à trouvé dans un tiroir sous le siège du pilote. Il comprend ce que je fais, mais continu tout droit. Je continu à le viser pendant que j'enfile mon parachute. Une fois ce précieux sésame sur les épaules, je me précipite sur la porte latérale pour l'ouvrir, et sauter. Je laisse le pilote partir avec son engin, sa vie s'est joué sur le faite qu'il n'a pas pu me voir, il pourra bien raconter ce qu'il veut. Loin dans le ciel, pendant que je me rapproche doucement des habitations rustiques des bordures de la ville, ralenti par la voilure grise de mon parachute déployé. J'atterris avec panache dans un petit jardin, allant même écraser quelques légumes. Je pense que beaucoup de monde m'a vu atterrir, je me presse donc d'enlever cet encombrant tissu et de partir d'ici très vite. Maintenant, le monde entier doit avoir les yeux rivés sur ce parachutiste urbain. Une bonne partie de la planète regardent ou regarderont ce que j'ai fais, et bons nombres de pays seront en alerte à cause de ce contrat. Maintenant, je dois avoir des explications de l'Organisation, s'ils sont encore de mon côté, si je n'ai pas été découvert encore, si je ne me fais pas attrapé entre-temps.
Ma vie est suspendu à ces "si".
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