Désolation
La neige. Toujours et encore. Ce n'est plus qu'une étendue blanche perdue dans un blizzard épais, impénétrable et glacé qui se dresse devant moi. Cela n'a pas toujours été ainsi. Avant, une plaine immense étendait sa majestueuse verdure à perte de vue. Il faisait chaud, il faisait beau, le soleil brillait haut dans le ciel, les oiseaux babillaient joyeusement, tous les animaux couraient librement où ils voulaient. Au nord, soit sur ma droite, une forêt s'étendait jusqu'aux confins du monde. Au sud, un canyon et un désert se partageait la place. À l'ouest, la plaine se déroulait jusqu'à l'océan, cette étendue d'eau si belle, brillante, rafraichissante et pleine de promesses. N'oublions pas l'est, dans mon dos, rempli de montagnes, de crêtes, de sommets tous plus hauts les uns que les autres, rivalisant de beauté avec leur parure de sapin, d'épicéas, de sequoias, de pins et, par-dessus le reste, couronnés de neige.
Oui, maintenant, perchée sur un des nombreux promontoires rocheux qui semblent surplomber l'univers, je comprends ce qu'est la nostalgie, ce sentiment si fort. Intensément, je regrette mon geste. Je vous ne l'ai pas dit ? C'est moi qui ai plongé le monde dans cet hiver perpétuel, éternel, immuable. Alors que je voulais juste m'amuser, j'ai tué tous ceux à qui je tenais, et je n'arrive même pas à mourir, la seule alternative pour moi dans ce lieu si triste, morne, sans vie. Les jours sont devenus gris, monotones, semblables, et même la lumière fuit cette contrée désormais désolée. Plus de rire, de gazouillis joyeux, de bruissements de feuilles, de vagues s'échouant sur le rivage. Oh, j'ai oublié de vous préciser que l'océan aussi a changé. Il est devenu une longue étendue de glace, reliant tragiquement et solidement les continents. Si tant est qu'il en reste. L'envie même de savoir, la curiosité qui m'a poussée inconsciemment à détruire cette planète m'a à présent abandonnée. Je ne sais plus ce que je veux faire, ni ce que je peux faire. Maintenant, il ne me reste que mes sentiments, si déprimants. La tristesse, la perte, l'abandon, le dégoût, le tourment, la nostalgie, la peur aussi, c'est tout ce qui me permet d'affirmer être encore en vie. Sans cela, je serais morte que la différence ne se remarquerait pas.
Si vous le voulez bien, remontons de trois semaines dans le passé. Je vais tout vous raconter, alors découvrez l'histoire de ma malheureuse existence...
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