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le poison de son coeur

Mary haïssait le monde, ce monde qui n'a pas su voir.

Mary détestait le soleil, cette lumière qui lui rappelait ce qu'elle n'était plus : solaire, vivante et désormais le cœur brisé, les yeux comme deux trous noirs, hermétiques aux sourires qui avaient tant su les illuminer autrefois.

Dans ses yeux pourpres vibrait sa haine. Une haine glaciale, destructrice. Il fut un temps où Mary avait une vie, désormais , c'est comme si elle tenait encore debout avec cinq balles dans le cœur. L-U-C-C-A, 5 lettres et un déchaînement de larmes, de coups, l'anéantissement de tout espoir de pouvoir résister, une impuissance si grande. Elle aurait pu le laisser passer la porte, un grand sac de voyage à la main, le visage fermé après tout, c'était ce qu'elle voulait le plus au monde. Ça aurait pu se passer comme ça, passive et frêle, comme d'habitude, elle se serait recroquevillée au coin du canapé défoncé et aurait regardé la télé, comme pour effacer tous les bleus, tous les bleus de son corps. Il aurait disparu, fin de l'histoire, une sombre leçon de la vie, un bulldozer dans un champs de coquelicots. Cependant, il avait nourri un feu de vengeance, dévastateur. Mary allait tout lui rendre cicatrice pour cicatrice, brulure pour brulure. Ce fut au moment où il franchissait le seuil, dans un couloir crasseux seulement éclairé par une petite ampoule grésillante, que d'un mouvement souple et furtif , elle attrapa la lame d'un couteau sur la table de la cuisine qui croulait sous des lettres de factures. Blackout, son esprit se déconnecta de son corps. Mary ne reprit conscience d'elle-même que des heures plus tard. Rouge, du rouge partout, un gout de sel et de fer dans la bouche, et là- bas, une masse immobile. Son corps se mit à trembler de façon incontrôlable. Qui avait fait ça ? Elle eut en même temps envie de rire et de pleurer. L'ampoule éclata, le couloir sombra dans l'obscurité.

Des téléphones sonnaient dans tous les sens, on entendait pianoter sur des claviers. Des bruits de pistolets qu'on charge, des cris d'ivrognes n'ayant pas encore dégrisé qui exigeaient de sortir de leur cellule provisoire, lançant des injures à tout vas animaient l'ambiance grognon matinale du 17 rue Rousseau d'Albertville. Ça sentait la cigarette et le café. Aux fenêtres, le soleil n'éclairait pas encore tout à fait le sommet des montagnes de Savoie. Des photos de jeunes hommes étaient punaisées sur un mur jauni par le temps. Sur chacune était tracé, au marqueur noir, d'une écriture hésitante, un nom, un âge et une date. La plus à gauche affichait le portrait d'identité de Lucca Dubois, le visage dénué d'expression, un regard sombre, tué un 8 janvier 2001. Puis, la deuxième photo représentait Carl Durand, 25 ans, un grand sourire d'enfant, des lunettes en formes de cœurs, un gobelet à la main, il devait être à une fête étudiante, mort le 5 février 2001. Sur la troisième, on y voyait Gabriel MacMillan, des basket couvertes de boue, portant un dossard de course et arborant fièrement une médaille, mort le 12 mars 2001. Suivait le cliché de Nolan Faure, 25 ans, des allures d'adolescent, posant devant la statue de liberté en imitant sa posture, s'empêchant de rire, assassiné le 20 mai 2001. Et enfin, Simon Moreau, 25 ans, pris en selfie devant ce qui devait être une carpe de presque un mètre de long, décédé la veille, le 15 juillet 2001. Un homme regardait fixement le mur, comme paralysé. Des cernes pendaient sous ses yeux, il tapotait machinalement un critérium sur son genou. La mine du stylo allait se briser quand il déclara :

« -On a affaire au même profil d'hommes, cheveux blonds, yeux bleus, grands, athlétiques, même âge...

-T'as dit quelque chose Max ? dit sa voisine aux cheveux aussi rose que son chewing-gum. Lucca vendait de la drogue, il s'est fait buter par un gang; Carl a fait un coma éthylique ; ensuite Gabriel, sa tête a heurté une pierre en tombant dans une course ; Nolan a joué au petit malin avec un pickpocket, manque de bol, il avait un couteau ; et Simon a glissé sur une algue de rivière, s'est cogné, et noyé. C'est que des putains de hasards, mets-toi ça dans le crâne, mon vieux. Ils n'ont aucun lien ! Alors maintenant cesse de faire le zombie, t'es jeune, profite de la vie, bon dieu !

-Tu ne comprends pas, Anna...je ne peux pas rien faire.

-Je sais, mais va pleurer ailleurs, c'était le destin, je te dis ».

Max se leva soudainement avec la furieuse envie d'arracher tous ces portraits souriants. Il avait l'impression de les voir bouger, d'entendre leur voix, leurs projets. Un sentiment que ce n'était pas juste dû à un coup du sort isolé lui serrait la gorge, que malgré les apparences, les conclusions d'enquêtes, quelque chose ou quelqu'un restait dans l'ombre, un minuscule détail qui enflait de plus en plus dans son esprit. Ce Lucca Dubois... son regard le rendait mal-à l'aise, contrairement aux autres, personne n'était venu signaler sa disparition. Il avait vu des mères en pleurs, des copines hystériques qui sursautaient à la moindre sonnerie de téléphone, mais pour lui, rien... Max avait appelé à sa compagne, Mary Vermelin, laissé des dizaines de messages en vain, aucune réponse.

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