5 - Dès le matin
Sirius voulait bien essayer d'expliquer à Sean mais par quoi commencer ?
Voyons...
« Et bien Sean, dans un autre vie, j'étais un sorcier mais j'ai été assassiné, je suis passé au travers d'un voile magique, je me suis retrouvé dans un lieu hors du temps. Là, j'ai revu un double de l'Au-delà qui m'a parlé... Enfin, je n'en sais rien, je ne suis pas versé dans ce genre d'Arts, je suis pas non plus un nécromancien. Bon, finalement, je me suis réveillé à l'hôpital, ici à Londres, dans ton temps, ah oui, parce que tu vois, amnésique, sous une autre identité et pas non plus âgé comme je devrais l'être. Ah, oui, parce que, normalement, je devrais avoir la soixantaine, hum... et au fait, la magie existe-t'elle ?'
Ah, ah. Bien sûr.
Il allait passer pour un zinzin. Un lunatique. L'équivalent qui se disait à cette époque dans ce monde.
Et il n'avait ni les codes, ni le vocabulaire. S'il voulait essayer de découvrir des indices, il devait tenter de faire profil bas. Pas de commencer à jouer à l'andouille. Même si Sirius savait qu'il avait une grande habileté en la matière.
Non, il allait devoir se montrer malin. Devenir un autre. Se cacher, en quelque sorte.
D'ailleurs, il lui semblait avoir déjà connu cette situation, par le passé, ou quelque chose de similaire. Mais le cours de son ancienne vie lui échappait encore. Ses souvenirs étaient des miettes, décidément. Pourtant, Sirius était certain de ne pas avoir inventé tout cet univers : Poudlard, les élèves, la salle commune de Gryffondor. Cela avait existé.
Ou pas ?
Alors, il écouta Sean qui lui détaillait les exemples de personnes ayant connu des problèmes avec ce qu'il s'obstinait à nommer les « pirates » ou bien plus obscurément les « hackers ». Il ne l'interrompit pas, hochant la tête dans le vide. Il devait sortir, trouver l'équivalent du Square Grimmaurd. Peu lui importait si ce lieu n'existait pas, il le savait. Il était certain de s'être tant ennuyé, alors... Les rues étaient pleines de soleil, à portée de main.
Au dehors. Et lui, les devinait, les espérait. Quel âge avait-il ? Quinze, peut-être seize ans, tout au plus ? Sa famille qui jamais ne s'amusait car rire semblait indécent dans cette maison lugubre. Sa mère paraissait porter le poids de la tradition sur ses épaules : un poids énorme. Le deuil, les soucis, la tragédie.
Un drame survenu.
Oui, mais lequel ?
Son esprit s'envolait tandis que Sean continuait à parler.
Pourtant, il n'avait pas arrangé la réalité. Non. Tout ce dont il se souvenait, les sons au bord de son oreille, les sensations et le temps, qui passait, toutes ces bribes avaient la saveur du réel.
Il y avait eu une fois et puis une autre fois encore. Il avait vécu plusieurs vies en une seule.
— Heu, ça va ? Tu as l'air ailleurs, fit Sean.
— Désolé, marmonna Sirius. Je crois que la mémoire me revient par moments. Je ne contrôle pas grand-chose.
— Bonne nouvelle ! S'exclama Sean en souriant. J'arrête de te saouler avec mes anecdotes !
Thé ? Café ?
Il se leva et se dirigea vers la petite cuisine.
— Heu oui, fit Sirius évasivement.
— Ah d'accord, les deux ! Lui répondit Sean en riant.
Un autre frisson titillait son cerveau, une autre sensation. Un autre souvenir. Il était plus âgé. Et il avait froid. Un grand vide allait le submerger. Un tourbillon de désespoir l'aspirait et il allait succomber. Il sentait sur sa peau, sous nerfs, dans ses entrailles la douleur sans fin. Il se raccrocha au présent. C'était atroce ! Il mit debout en frissonnant encore. Où avait-il connu une telle horreur ? En prison ? C'était pire : un lieu pour périr. Enfin, il n'avait pas de point de comparaison ; après tout, c'était peut-être l'effet que lui aurait fait la privation de liberté, s'il avait été certain d'avoir été incarcéré chez les Moldus.
Non, chez les sorciers, alors. Fichue tête qui ne fonctionnait pas ! Des images, des émotions, quelques paroles, des impressions. Comme un vide dans sa vie. Pourtant, il y avait sûrement une prison pour les sorciers. Dans son « autre vie », il avait vécu là-bas, non : survécu, dans cette prison de sorciers. Existait-elle quelque part ? Non qu'il désirât y faire un tour en souvenir du bon vieux temps ! Il espérait sincèrement que cet enfer avait été démantelé. Mais pourquoi y aurait-il été enfermé ? Avait-il commis un crime ?
Il lui manquait trop d'éléments, trop de pièces au puzzle qu'était devenue sa mémoire. Il aurait aimé que cela finisse. Que sa vie ne soit pas disloquée. Mais c'était impossible. Au point où il en était, il ne pouvait qu'avancer, encore et encore, aller de l'avant ; tenter de découvrir le reste ! Il n'allait pas reculer.
Il ne le pouvait pas et d'ailleurs, il n'en avait pas envie. Sean semblait connaître des tas de choses, avec sa technologie moldue avec ces « pirates ».
Il se décida. Il allait lui demander de lui expliquer tout. Comme s'il était un gosse. Peu importe ce qu'il découvrait. Il ferait face.
Il avança vers la cuisine. Sean faisait cuire des œufs. Shirley sortit de sa chambre au même moment. Elle lui lança un grand sourire.
— Alors, beau brun, bien dormi ? c'est l'odeur du petit déj' qui te fait sortir du bois, toi aussi ?
Sirius comprit qu'elle plaisantait. Il lui dit bonjour.
— J'ai dormi comme un loir, pour une fois, bailla Shirley. On va prendre le thé dans le salon ?
— Heu...oui. Mais j'ai des tas de questions pour Sean, je le crains.
Shirley lui glissa un regard en coin.
— Perso, les questions ? Dit-elle, soudain sérieuse.
Il hésita.
— Professionnelles, je crois.
Il vit que le coin de sa bouche se relevait. Elle se moquait de lui, mais gentiment.
— Oh, fit-il. Non, je...
Elle lui donna une petite tape sur le bras.
— Je t'embête dès le matin. Viens manger, et notre ami va t'aider. N'est-ce pas, chéri ? Tu es d'attaque ?
Sean arriva, plateau en main, les yeux écarquillés.
— De quoi ? Faites gaffe, c'est chaud !
Shirley lui prit la théière des mains.
— Ce sera du café pour moi. Notre ami a des questions sérieuses, mon chou.
— Oh ! Sean hocha ma tête. On s'assied, mon petit déjeune et je réponds.
Sirius soupira.
— Je te préviens : je ne sais rien mais rien du tout. Pour la technologie, articula-t'il avec soin.
— Pas grave. Je fais de la formation, parfois et j'ai de sacrés boulets.
— Sean ne perd jamais patience, lui souffla Shirley.
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