4 - Un souci d'identité
Les basses résonnaient fort.
Boum, boum, comme le rythme cardiaque. Des flashes de couleur s'attardaient sur les visages, sur les corps qui dansaient, s'agitaient. Paillettes, rouge à lèvres pastel, parfums sucrés, il faisait si chaud dans cette discothèque. La musique envahissait les esprits, les cœurs, des bras se levaient. Une fête avait pris d'assaut cette nuit d'été. Et au beau milieu des danseurs et des danseuses, un chignon se dénoua, d'un châtain auburn, dégringola, un, deux trois, les partenaires réalisèrent un cercle laissant la place à la femme grande et mince qui envoya valser chapeau, lunettes et épingles à cheveux. On frappait dans ses mains pour l'encourager, sous les projecteurs rouges et orangés. On l'acclamait et elle ondulait, de plus en plus vite, à en tournoyer comme le génie de la lampe. La musique accéléra encore, les sons de plus en plus aigus, quasi inaudibles. Presque des miaulements. La dame se retourna. Il la reconnut et... Sirius s'éveilla en sursaut en murmurant : — Minerva.
Le cœur battant la chamade, il s'appuya dans un lit qu'il ne connaissait pas. Quelqu'un ronflotait non loin.
— Oh, ce n'était qu'un songe, marmonna-t-il pour lui-même.
Sirius se mit lentement en position assise. Il se frotta les yeux dans la clarté douceâtre de la pièce. Il n'avait pas tout oublié, cette fois. Il avait rêvé de Minerva McGonagall, dansant dans une discothèque qu'il était sûr d'avoir fréquentée un jour. N'était-elle pas une professeure, cette dame ? Mais elle n' avait sans doute jamais mis les pieds, dans un tel lieu. Et certainement ne s'y était-elle pas transformée en chat, comme dans son rêve !
En s'asseyant doucement au bord du lit, il chercha des yeux la salle d'eau. Le soleil était déjà levé. On le voyait percer au travers des rideaux.
« Il est temps, Patmol », se motiva-t-il intérieurement. À la mention de son ancien sobriquet, les souvenirs revinrent à nouveau, mais sans sens précis.
Sirius se leva, réalisa qu'il avait dormi dans le lit de Sean et que celui-ci occupait un matelas non loin. Presque avec soulagement, il se rappela qu'il ne s'était rien passé entre eux, en fin de soirée, malgré une bouteille de vin vidée.
« Et je sais que je n'ai pas ou plus l'habitude de l'alcool, oh ma tête ! », se dit-il en titubant vers la salle d'eau. Il s'y enferma et ouvrit le robinet du lavabo. Il releva la tête et derrière les gouttes d'eau qui s'égouttaient de ses cils encore très noirs, il crut soudain les deviner, les ombres qui revenaient le hanter.
James, encore lui ! Maudit !
Et Rémus ! Il se souvenait !
Le Square Grimmaurd. 12.
Mais ce n'était pas possible. Personne n'existait, pas dans ce monde, pas dans cette vie. Avait-il au moins été réel un jour, cet univers ?
Il allait devenir dingue. La réponse devait sûrement se trouver quelque part. Il devait partir d'ici, aller la chercher. Il fut pris d'une envie folle de se sauver tout de suite. Mais Sean...
Rapidement, il ressortit une fois douché et récolta ses habits, jetés çà et là.
— Tu fais quoi ? Ce n'est pas la peine de se lever tôt, tu sais. C'est samedi aujourd'hui, je ne travaille pas...
Sirius frémit en entendant la voix si agréable de Sean. Il se secoua. Il allait se reprendre, partir en quête d'indices, tout de suite. Et pour cela, il avait une piste : retourner sur les lieux de son enfance. Bien entendu, il devait en avoir le cœur net. Il devait savoir si oui ou non il existait un 12, place Grimmaurd dans ce monde. Il boucla la ceinture de son jean, tenta de défroisser son polo gris.
— Mais tu ne vas pas remettre tes vêtements sales !? Les habits de l'ex de Shirley sont entassés encore par ici, je suis certain. Oh, il ne viendra jamais les rechercher. Il était à peu près de la même taille que toi, je pense.
— Oh, tu crois que...
Il ne voulait pas le blesser. Ni lui ni Shirley qui l'avait accueilli chez elle, sans chercher à en savoir plus.
— Bien sûr. Attends, je vais me lever.
Sean. Mince.
Sirius ignorait comment se comporter vis-à-vis de lui. « Je ne change pas, je suis toujours aussi crétin dans mes relations amoureuses, ça, je m'en souviens ! Enfin, il n'y a pas grand-chose, avec Sean, mais...j'ai l'impression... », se dit-il.
Un frémissement le parcourut. Le passé le rattrapait par le cœur, par les mots. Ces bribes allaient-elles reformer un puzzle complet à la fin ?
Les guérisseurs moldus l'avaient pourtant prévenu. Ce serait très long. La mémoire est fragile.
— Tu vas bien ? Veux-tu te recoucher un peu ? Tu sais, tu n'as pas à te presser...
Sean le regardait avec une sorte de tendresse. Il lui sourit.
— C'est que... Je ne dois pas tarder, dit Sirius en douceur. Ce n'est pas que je ne souhaite pas rester, crois-moi. J'ai réellement des choses à faire.
Non, il ne voulait pas lui faire du mal. Il ne pouvait pas lui expliquer — mais expliquer quoi, finalement ?
. — Mais tu as déclaré que... oh, je ne vais pas jouer le pot de colle. Je ne cherche pas à te retenir ici, avec nous. Seulement, ton histoire m'a donné l'impression que tu avais vraiment des ennuis.
Il soupira. Une fois de plus, il était tombé sur une personne clairvoyante, car il était certain que ce n'était pas la première fois. Lentement, il se tourna vers lui et annonça :
— On peut dire ça. Des préoccupations d'identité, comme je t'ai dit.
Le double sens était ironique à un point !
— Tu as évoqué ça, mais vite fait, dit Sean en souriant, sans exprimer de peur.
— Hum. Je ne voulais pas t'embêter avec mes problèmes. Ni Shirley, grommela Sirius.
— Bah, pas de soucis, je m'en doutais. Tu dois prouver que tu es bien toi, c'est ça ? Tu n'as plus tes papiers, car quelqu'un s'en sert ? Je connais, affirma Sean.
Usurpation d'identité. En quelque sorte, cela ressemblait à son histoire. Sauf que c'était plutôt lui, Sirius qui utilisait celle d'un autre, en ce moment, faute de mieux. Mais il avait bien tout à prouver.
— Exact. Je suis dans de sales draps, admit Sirius.
Sean se leva en bâillant.
— Bien, en quoi puis-je t'aider ?
— Tu as déjà vécu ça ? s'exclama Sirius, surpris.
Sean attrapa son t-shirt et son pantalon de jogging sur la chaise à côté du lit.
— Non, pas personnellement. Mais dans mon métier, j'en vois de belles.
Ouh la, il n'était pas dans la police, quand même ? Qu'avait-il dit, hier soir, déjà ? Il avait oublié. Mais il ne pensait pas qu'il avait parlé de « policier » moldu.
Sean passait rapidement ses habits.
— Je ne suis pas entré dans les détails, question boulot, hier, dit Sean, très à propos. En fait, je travaille pour une entreprise digitale. Je traque les hackers.
Sirius resta sans rien dire. Figé au milieu de la pièce. Sean se retourna et dit en riant :
— Et bah, j'aurais parlé en langue extra-terrestre, tu n'aurais pas réagi autrement ! Tu as des soucis avec la technologie, c'est ça ? C'est compliqué pour toi ?
Sirius prit une profonde respiration.
— Oui, sans doute. Et je souffre réellement d'amnésie partielle. Je sors de l'hôpital, en fait.
— Oh, putain, mec ! Laisse-moi t'aider !
Portraits de Sirius
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