twelve
Peter ne s'est jamais autant senti perturbé qu'en ce moment. Ne sachant plus que croire, ses pensées s'emmêlent les unes aux autres en créant de fausses informations ou en déformant la réalité. Le vrai devient le faux, et inversement. Même pour les choses les plus simples, il commence à croire que ce qu'il pensait réel n'était qu'en fait une illusion.
Ce sentiment est apparu lorsqu'il a trouvé le cadavre d'un homme, tué par Black Cat. Non, Peter a même ressenti cette perturbation plus tôt, lorsqu'il est tombé dans le vide. Ou peut-être dès que Felicia a été portée disparue ?
Le jeune homme ne comprend plus rien. Lui qui croyait que Felicia ne pouvait pas tuer, voici qu'elle a assassiné un homme. Il commence à se demander s'il connaît réellement l'anti-héroïne - cet acte lui faisant comprendre que ses idées sur elle étaient totalement fausses. Est-ce peut-être simplement suite à ce qui lui est arrivé ? Peter admet que tout ce que Felicia a vécu dernièrement est difficile, il l'a bien remarqué l'autre soir. Cependant, il ne pensait pas qu'elle aurait autant changé...
En rentrant à son appartement, Peter débute ses recherches personnelles sur l'homme assassiné. Très vite, son ordinateur est inondé d'onglets sur des articles à propos de ce meurtre mystérieux. Les journaux accusent déjà Black Cat de ce meurtre à cause des marques de griffures sur le cadavre, cela ne peut être qu'elle. Bien qu'elle n'est pas portée le coup final, la blonde a sûrement poussé l'homme par la fenêtre. Pour l'instant, Peter ne découvre que des hypothèses sur la cause de la mort et du meurtrier. Les journaux semblent même oublier que la victime est un criminel, ils se basent pour la plupart sur les circonstances du meurtre.
En précisant ses recherches sur la victime, Peter trouve facilement ses réponses. Il s'agit d'un membre d'une famille connue à New York, à cause de leur gang qui prend beaucoup d'ampleur ces temps-ci. En concurrence avec le groupe du Caïd, Peter ne tarde à comprendre que ce clan souhaite obtenir le pouvoir dans la ville en éliminant le patron de la pègre.
― En effet, Fisk a du soucis à se faire... réfléchit le jeune homme à haute voix.
Soudain, la sonnerie de son téléphone le fait sursauter. Il décroche sans attendre, répondant à la secrétaire de son patron.
― Monsieur Jameson demande à ce que tu lui apporte les photographies de Spider-Man, lui dit la blonde avec une voix douce.
Peter se cogne le front en se levant de sa chaise. Merde, ces photos. En gardant son téléphone, il tisse une toile vers un dossier contenant des images pour faire parvenir l'objet jusqu'à lui.
― Effectivement, je les ai oubliées ! J'ai... beaucoup de travail, se justifie-t-il.
La secrétaire du directeur du Daily Bugle rigole légèrement, non sensible au charme du jeune homme. Mais son rire est rapidement coupé par les acclamations de Jameson au loin.
― Immédiatement ! Je les veux immédiatement ! entend hurler Peter.
― Tu as entendu... glousse la jeune femme.
Peter attrape en vitesse ses affaires et se prépare déjà à s'en aller.
― J'arrive.
Quelques minutes plus tard, le photographe fait son entrée dans les bureaux du Daily Bugle, essoufflé. Il traverse les étages en courant, saluant d'un sourire la secrétaire qui vient de l'appeler. Puis, il entre dans le bureau de Jameson, qui semble en colère, comme à ses habitudes.
― Enfin ici, Parker. J'étais à deux doigts de signer votre licenciement !
Le jeune homme dispose les photographies du héros de la ville sur une table, montrant ses clichés à son supérieur. Ils restent longtemps à trouver la meilleure, mais sont soudainement coupés par une entrée inattendue.
Les sens d'araignée de Peter le préviennent d'une chose, mais non pas d'un danger. Il se met à regarder autour de lui, sous le regard intrigué de Jameson, mais rien en vue. C'est lorsque l'ascenseur parvient à leur étage et que les portes ouvrent sur les bureaux qu'il aperçoit le potentiel danger. Est-ce réellement un danger ?
Black Cat traverse le couloir, sous le regard de tous les employés qui stoppent leurs actions. Certains posent leur main sur le téléphone pour contacter la police, mais elle leur fait signe d'arrêter, en les menaçant de ses griffes. Un sourire aux lèvres, elle parvient jusqu'au bureau de Jameson et frappe à la porte ouverte.
― Toc toc, je vous dérange peut-être ?
La jeune femme entre dans le bureau et passe devant Peter, sans reconnaître le héros, ce qui est un vérité le soulagement pour lui. Elle caresse simplement son menton, en utilisant son charme comme tout le temps, puis rejoint Jameson. Un peu à l'écart, Peter reste figé. Mais... qu'est-ce qu'elle... fait ici...? se demande-il. Il avale difficilement sa salive, ne reconnaissant plus la personne qu'il a en face de lui.
Jameson, qui a toujours du répondant, est à ce moment sans voix. Ne sachant que dire, il reste la bouche ouverte, avant de se reprendre.
― Sortez tout de suite de mes locaux ou j'appelle la police, menace-t-il.
― Vous ne les appellerez pas. N'est-ce pas ?
La jeune femme plante violemment ses griffes dans le bureau de Jameson, en déchirant au passage une image de Spider-Man. Elle ne le quitte pas des yeux, insistant sur son regard.
― Que voulez-vous ? Tuer un pauvre vieillard à la tête du Daily Bugle ? se moque-t-il.
― Oh non, pas ça, bien que ça m'aurait bien plu... Je suis ici à la demande de Wilson Fisk.
Le patron lève les yeux au ciel. Comme fatigué par des enfantillages, il s'assied sur son fauteuil.
― Il veut quoi, Le Caïd ? demande-il d'un air blasé, ne souciant pas des potentielles conséquences de son ton irrespectueux.
― Qu'un article soit publié à destination du gang russe de la ville.
Jameson lâche soudainement un rire forcé qu'il arrête presque aussitôt.
― C'est un non direct ! s'écrie-t-il. Et à quoi cela lui servira ?
― Il veut montrer que le Daily Bugle lui appartient, afin de prouver son pouvoir. Vous savez, ce journal est très important... Si le groupe voit qu'il est aux commandes de plusieurs grandes entreprises, cela peut en dissuader plus d'un.
Felicia se rapproche de Jameson qui refuse toujours la proposition. Elle attrape son col puis le tire violemment, afin de le mettre à terre. Lorsqu'il est en position d'infériorité face à elle, Black Cat le lâche et s'assied sur son fauteuil. À cet instant, Peter s'empresse d'aller aider son patron pour se relever, mais celui-ci le repousse d'un geste colérique.
― Les hommes d'affaire marchent comme ça, rajoute la jeune femme. C'est donc un oui ?
Jameson attrape un dossier sur son bureau et le balance dans la pièce, mais ce geste ne calme pas sa colère. Il poursuit en criant.
― Jamais ! Jamais je ne céderai à des criminels !
La blonde se lève brusquement du fauteuil et pousse le directeur contre un mur. Cette violence laisse entendre des cris d'effroi dans la pièce d'à côté, où tous les regards traversent la vitre en verre qui les sépare de Black Cat qui menace Jameson. En effet, elle passe sa main autour de son cou tandis qu'il ne peut bouger - voire même respirer. Peter, qui assiste à la scène en silence depuis le début, n'ose pas intervenir. Il serre du poing, se retenant d'hurler sur son amie, ou sur ce qui reste d'elle.
― Vous allez tout de suite ordonner d'écrire cet article ou la prochaine une des journaux sera celle de votre mort, agresse Black Cat.
Soudainement terrifié par la femme qui le tient littéralement entre ses griffes, Jameson accepte d'un hochement de tête. Ainsi, Felicia le relâche avec un sourire de fierté sur les lèvres.
― Voilà. Ce n'est pas bien compliqué.
Aussitôt, le directeur du Daily Bugle ordonne à ses meilleurs journalistes d'écrire l'article à la convenance de l'anti-héroïne. Ils recommencent à de nombreuses reprises, afin de plaire entièrement à Felicia et à ce que lui a demandé le Caïd. Cette tâche - comme toutes celles qu'il lui impose - sont quitte ou double. Soit elle accepte de les réaliser, ainsi elle sera récompensée et laissée en tranquillité, ou au contraire, elle paiera de la vie de son cher père. Son choix est rapidement réalisé.
Pendant tout, Peter n'arrête pas de fixer la jeune femme. Il ne l'a reconnaît plus, il ne sait plus si c'est Felicia qu'il a en face de lui ou une autre personne. Remarquant son regard, elle le regarde intriguée, sans voir qu'il s'agit de son bien aimé. Au final, elle laisse tomber. Tout le monde l'observe depuis le début, une personne en plus n'est pas dangereux.
À la fin de la journée, Black Cat s'assure que l'article sera bien oublié le lendemain en première page. Elle sait à l'avance quelle réaction les habitants de la ville auront en la lisant, ils seront tous apeurés du pouvoir de Wilson Fisk qui s'étend et devient dangereux pour tous. De plus, une possibilité de guerre de gang est annoncée de manière indirecte à l'intérieur, ce qui ne peut qu'inquiéter la population à propos de leur sécurité.
Et Spider-Man dans tout ça ? L'article laisse comprendre que ce n'est qu'un insecte parmi des bêtes qui ne veulent que le dévorer. Autrement dit, les habitants peuvent tout de suite l'oublier.
― Je vous jure que je ne vais pas vous laisser indemne suite à ça... menace Jameson à son tour. Je vais tout faire pour qu'on vous mette derrière les barreaux !
― Vous êtes aussi sur ma liste noire, Jameson, rigole Felicia.
La jeune femme tourne les talons pour s'en aller. Cependant, avant de dépasser la porte du bureau de Jameson, elle s'arrête devant les photographies du héros en costume bleu et rouge.
― J'aime beaucoup cette photo de Spider-Man, dit-elle en pointant de ses griffes un cliché de Peter. Ses formes sont plutôt mises en valeur...
Le sourire de la jeune femme ne quitte pas son visage. En passant devant Peter, elle lui fait un clin d'oeil romantique tandis qu'il détourne le regard. Felicia se dépêche ensuite de sortir du bâtiment.
Alors qu'elle allait quitter l'immeuble, une tête rousse attire son attention. Au fond d'un couloir, une employée correspond exactement à la description que son père lui a faite à propos de la femme qui est venue l'interroger. Mary Jane Watson... Ne voulant avoir d'autres problèmes, Felicia ne lui lance qu'un regard noir en passant devant elle. Cette haine semble partagée, la blonde se retient de ne pas frapper la jeune femme lorsque celle-ci la fixe intensément. Elles ne se connaissent pas réellement, mais tout les oppose déjà.
En partant, Felicia comprend immédiatement que leurs chemins se croiseront de nouvelles fois.
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