nineteen
Après de longues journées de préparation, Black Cat est enfin prête pour combattre le Caïd.
Bien que Spider-Man a souvent montré sa réticence à collaborer avec le gang russe de la ville, elle a réussi à le convaincre qu'ils sont d'une aide nécessaire. Même s'ils ne seront que tous les deux sur le terrain, les informations offertes par Nikolai ont été précieuses. Ils auront même quelques hommes à l'extérieur du repère de Fisk pour leur apporter main forte ainsi que des gadgets, sans compter que Felicia est à présent libérée du contrat que le Caïd a posé sur elle. Elle ne pourrait jamais autant remercier Nikolai de son aide après ce qu'elle fait.
Le plus dur n'a pas été de mémoriser le plan, mais de se faire à l'idée qu'elle va devoir faire face à l'homme qui a changé sa vie et l'affronter une bonne fois pour toute. La peur l'envahit rien que d'y penser, mais elle est étonnée de voir que le courage emporte sur la terreur lorsqu'elle se trouve en face de son repère.
― On entre discrètement, on pose les bombes, on se barre au plus vite, répète Peter qui semble moins confiant qu'elle.
Il resserre les lanières de son sac à dos contenant les quelques bombes. Même s'il ne voulait pas faire exploser ces bâtiments avec les criminels à l'intérieur - car il se doit de protéger la vie de tout le monde ne tant que super-héros, quel que soit la personne -, il doit bien admettre que c'est le seul moyen d'arrêter un gang d'une si grande ampleur. Si jamais ils ne s'occupent que d'une partie, le reste va s'étendre encore. De toute façon, s'il souhaitait déposer son potentiel droit de veto, il s'agissait du plan de Nikolai que personne ne peut refuser, et même Felicia trouvait que c'est la meilleure solution - elle qui est au bout de ses forces et qui ne veut plus devoir être le jouet de Fisk.
Les deux amis observent le bâtiment - éclairé par la seule lumière de la lune - à deux doigts d'être abandonné du Caïd du haut d'un immeuble placé plus loin. Situé à la limite de la ville, il s'agit d'une place parfaite pour le repère d'un gang. Pas de passants, au calme, mais tout de même relié à une route pour se rendre rapidement au centre de New York. Ils peuvent ainsi tester leurs armes en toute sécurité pour ne pas se faire dénoncer par n'importe qui.
Le bâtiment se trouve à côté d'un hangar protégé par des hommes qui font des rondes tout autour de leur territoire. L'immeuble semble presque en ruine, il est moins bien soigné que celui du gang russe. Quelques fissures sont visibles sur la façade, les fenêtres semblent dater d'au moins une vingtaine d'années d'après l'encrassement en bois qui tombe peu à peu en miette, et il manque quelques ardoises sur le toit. Felicia s'imagine l'intérieur froid, sombre, repoussant. Cela l'étonne, elle s'attendait au moins à un peu plus de luxe, comme chez Nikolai. Avec tout ce que Fisk gagne en vendant ses armes et en détournant l'argent, il pourrait au moins payer un peu plus de confort à ses hommes que de garder tout pour lui.
― Ça sera comme au bon vieux temps, le retour du duo de Spider-Man et Black Cat, répond-elle d'un air nostalgique.
Le jeune homme la regarde tandis qu'elle soulève affectueusement son menton, puis, il enfile son masque rouge, montrant qu'il est temps qu'ils se bougent. Cela fait une demi-heure qu'ils sont postés à cet endroit, parfait pour observer l'immeuble et le hangar et pour ne pas être vus. Ils doivent à présent y aller, peu importe si les hommes postés à l'extérieur sont encore là ou non.
Felicia prend une grande inspiration. Elle remet bien sa perruque blonde platine et secoue la tête lorsqu'elle est bien accrochée. Peter l'observe faire avec un léger sourire dissimulé sous le tissu de son masque. Bien qu'il a toujours connu la Felicia avec sa perruque blonde, il doit avouer qu'il la trouve bien plus charmante avec sa chevelure naturelle de couleur brune. Cela la rend moins superficielle, elle semble vraiment être elle-même, et non cacher sa véritable nature comme elle faisait auparavant en sa présence.
Les deux amis s'élancent sans perdre plus de temps. En ce moment, chaque seconde est comptée. Spider-Man attrape la jeune femme par la taille avant de tisser une toile au loin et se balancer au plus près des hommes, tout en faisant attention à ne pas se faire repérer, ce qui n'est pas une tâche facile. Allant chacun de leur côté autour du hangar, Felicia lâche le brun et pose le pied par terre à quelques mètres du plus baraqué des mafieux - la jeune femme pourrait se plaindre de devoir l'arrêter, lui qui fait deux fois sa taille et son poids, mais son coéquipier doit s'occuper de trois gardes, ce qui rend finalement leur affaire équitable.
Felicia grimace lorsque ses talons frappent le sol. Heureusement, la montagne à qui elle a à faire semble sourde comme un pot. Elle en profite donc pour l'attaquer de derrière, et ce fut bien plus rapide de l'intercepter que ce dont elle s'imaginait. En deux coups, l'homme est inconscient au sol, des griffures au niveau des mains. Ravie, elle jette un coup d'œil vers Spider-Man qui a figé les trois hommes contre le mur avec une toile sur leur bouche pour les empêcher d'appeler au secours. Ses actions ont été menées plus rapidement que la brune, il s'agit presque d'un duel entre eux, avec celui qui fera le plus d'arrestations le plus rapidement, mais ils ne doivent pas oublier leur but principal.
Ainsi, ils rentrent discrètement dans l'immeuble alors qu'ils entendent du bruit provenant du hangar. Des personnes vont bientôt sortir et voir leurs coéquipiers interceptés à l'extérieur, ils doivent donc agir dès à présent. Ils se cachent immédiatement en se mettant à genoux dans l'entrée. Aussitôt, Spider-Man retire le sac de son dos et l'ouvre devant lui. Il en sort deux explosifs, gardant les derniers pour lui. Très attentif, il les tient précieusement dans sa main de peur de faire un mauvais mouvement, avant que l'anti-héroïne les attrape comme un objet banal.
― Tu les pose au sous-sol, moi je m'occupe de leur garage et du hangar, rappelle Peter.
Celui-ci sort l'appareil pour enclencher l'explosion et le garde dans sa main. Comme attristé par ce qu'il va faire pendant cette mission, il se mord la lèvre inférieure.
― Garde le, affirme Felicia. On reste en contact avec l'oreillette.
― A tout de suite !
Comme réponse, Felicia lui envoie un baiser. Cela fait rire le héros qui s'élance par la suite de son côté. Dès qu'il est sorti de son champ de vision, le cœur de la jeune femme se serre. Elle a caché son mauvais pressentiment depuis le début de cette dernière mission à son ami, ne voulant pas l'inquiéter, mais sa peur s'intensifie peu à peu.
Felicia part ensuite du côté inverse, se dirigeant vers le sous-sol d'après ce qu'elle se rappelle des plans de Nikolai, tout en serrant les deux dispositifs de bombes dans ses mains. Un escalier l'attend au fond du bâtiment, près de la cuisine où elle entend du bruit. Par prudence, elle s'arrête, mais elle poursuit alors qu'ils semblent ne pas faire attention au couloir. En passant devant la porte entre-ouverte, elle les attend ricaner à propos de leurs femmes, ce qui agace la jeune femme - qui d'ordinaire, aurait été leur donner un coup de poing pour leur irrespect à propos de la gente féminine -, mais elle poursuit son chemin.
Elle descend en trottinant les escaliers sombres dignes d'un film d'horreur pour rejoindre l'étage inférieur. Entendant un bruit provenant d'en bas, elle se penche légèrement pour observer une femme au téléphone, elle aussi employée de Fisk. Cependant, cette dernière entend aussi quelqu'un car la cage d'escaliers résonne au moindre pas. Et ce ne sont pas les hauts talons du costume de Black Cat qui vont l'aider à être discrète.
N'ayant plus de choix, Felicia pose les deux explosifs sur une marche et saute par dessus la rambarde pour atterrir au niveau de la femme, qui tente de s'éloigner mais n'y arrive pas à temps. La brune la plaque violemment au sol, avant d'écraser l'écran de son téléphone avec son talon. Collant sa main sur la bouche de la femme afin qu'elle se taise, elle tire en arrière ses cheveux. La femme se débat mais Felicia la pousse avec autant de force dans les marches. Elle déboule toutes les marches avant de cogner contre le mur en gémissant, tandis que la brune récupère son matériel, sans vérifier si la femme peut prévenir quelqu'un ou non.
Accélérant la cadence, Felicia rejoint le bon niveau et, à son plus grand soulagement, remarque que la voie pour se rendre à un pilier d'un mur porteur de la maison est libre. Il s'agit d'une intersection de petits couloirs menant en face à un grand espace qui contient plusieurs bureaux dont des armes sont posées dessus. Elle y court instantanément, attentive à ce qui se passe autour d'elle. Quelques voix portent au loin, mais personne à moins de vingts mètres.
Arrivant devant le pilier, elle se laisse glisser de l'autre côté afin de ne pas être aperçue, et ainsi poser la bombe dessus. Ses mains tremblent, elle s'y prend de nombreuses fois pour bien le placer et ne pas appuyer n'importe où. C'est en prenant une grande inspiration qu'elle réussit enfin à bien le coller et à appuyer sur le bouton enclenchant le dispositif, le reliant ainsi à l'appareil qui sert à faire exploser toutes les bombes en même temps.
― Premier explosif posé, indique Peter dans l'oreillette.
― Pareil. Je m'avance vers le second niveau inférieur.
Felicia se relève et jette un coup d'œil des deux côtés du couloir pour rejoindre à nouveau les escaliers, et descendre plus bas. Personne en vue, elle court pour s'y rendre mais elle entend au même moment des bruits se rapprochant. Alors que des hommes sortent d'une pièce, elle pousse bruyamment la porte des escaliers pour s'y engouffrer, avant qu'ils voient que c'est Black Cat.
Après son passage, elle ne reconnaît aucun son suspect. Seulement une personne qui cri un nom, sûrement la femme qu'elle a poussé des escaliers, alors qu'il doit croire que c'est elle qui est allée dans les escaliers. Pouvant continuer en plus ou moins tranquillité son travail, elle descend encore d'un niveau, en tenant toujours le deuxième et dernier dispositif.
Son oreillette commence à grésiller de plus en plus en fonction qu'elle descend bas. Grimaçant de ces sons qui la font se déconcentrer, elle tourne l'appareil pour tenter de la reconnecter correctement, bien que ça ne marche pas. L'ultime chose qu'elle entend est le message d'alerte de son coéquipier.
― Ça s'active... en haut... Ils savent... on... là !
Felicia marmonne des jurons alors qu'en étant si bas sous terre, elle ne pourra pas rester en relation avec son coéquipier. Mais soudainement, elle s'arrête en arrivant au niveau souhaité.
La jeune femme regarde de tous les côtés en poussant la porte de la cage d'escalier. Cela débouche sur une nouvelle série de couloirs, mais ici différent d'en haut. Les ampoules éclairent encore moins le niveau en plus de l'ambiance morbide qui règne et qui donne la chair de poule à la brune, en particulier lorsque celle-ci reconnaît l'atmosphère de cet endroit où elle a été enfermée de longs jours par le Caïd.
Ce qui frappe Felicia, est cette odeur de renfermé et de moisi qui a persisté pendant tout ce temps. Elle se frotte le bout du nez en déambulant dans les couloirs vides, oubliant presque son but principal. Le souvenir de son kidnapping et de ce qu'elle a vécu durant ces douloureux jours lui remontent en tête, et les moindres détails lui reviennent lorsqu'elle redécouvre cet endroit. Elle n'avait pas vu où est-ce qu'elle se trouvait, elle n'avait aucun souvenir de ce lieu mais maintenant qu'elle s'y trouve, c'est comme si elle connaissait ce lieu - et cet étage macabre - depuis des années.
Marchant sur la pointe des pieds, elle déglutit difficilement tandis qu'elle regarde à travers les portes pour observer l'intérieur de toutes les pièces adjacentes. Toutes identiques, elle ne possèdent qu'un lit et une table, comme où elle a été enfermée. Elle ne pourrait dire dans laquelle de ces pièces elle se trouvait, elles sont toutes aussi insalubres et terrifiantes. De plus, dans quelques unes de ces salles, les hommes de main du Caïd n'ont même pas prit le temps de nettoyer le sang séché au sang.
Felicia poursuit son chemin, gardant précieusement le dernier explosif entre ses mains. Elle ne pense plus à où le poser, ni même à Spider-Man et au temps qui est compté. Perdu dans ce lieu qui lui fait remonter toute la peur qu'elle a essayé d'enfuir en elle, elle pousse une nouvelle porte qui débouche sur un lieu qu'elle n'a jamais visité - ou dont elle ne se souvient pas directement. Il s'agit d'un mélange entre une salle de chirurgie provenant d'une période apocalyptique et une salle de consultation de médecin tout à fait normal. Tout s'oppose ici : le lit est soigné pour accueillir les patients mais les ustensiles de chirurgie sont tachées de sang, les nombreuses étagères contiennent des vaccins et médicaments de tout types mais certains sérums sont brisés au sol.
La jeune femme traverse cette longue salle qui contient un laboratoire derrière un rideau sali. Elle s'arrête devant le lit, s'imaginant dessus lorsqu'ils ont fait les expériences sur son corps et sans son consentement. Elle a toujours désiré savoir comment elle a reçue ses pouvoirs, malgré la peur de cette révélation, mais elle ne le saura sûrement jamais. Quelques flacons sont posés sur une table, avec des restes de liquide coloré au fond avec une seringue contenant ce même produit qui dégage une odeur qui repousse Felicia. Cette dernière se demande si c'est avec ce genre de produit qu'ils ont pu lui injecter dans le sang, car elle ne possède aucune cicatrice. La chose chose qu'elle se rappellera éternellement, est la douleur et la fatigue qu'elle a ressenti par la suite.
Poursuivant ses recherches, elle avance vers le laboratoire en tirant brusquement le rideau. Tout à coup, elle eu comme réflexe de bondir en arrière en reconnaissant l'imposante carrure de Wilson Fisk.
― Bonjour, mademoiselle Hardy.
Merde... songe la jeune femme. Ses griffes s'allongent dans un grincement parmi le silence entre les deux ennemis. Debout face à Felicia, le visage de Fisk est fermé. Il remarque évidemment l'explosif qu'elle tente de cacher dans son dos, mais elle devine d'après ses expressions du visage qu'il est déjà au courant et qu'il a envoyé ses hommes chercher les bombes.
― C'est une erreur de votre part d'être venue ici.
― Mais je ne suis pas seule, répond-elle avec une fausse confiance.
Son coup part tout seul. Sans le moindre contrôle de son corps, la colère prend part de Felicia qui donne un coup de poing à Fisk. Malheureusement, il n'est pas comme le premier garde qu'elle a mit à terre dehors, le Caïd porte bien son nom et est impossible à arrêter seul - et surtout pas par une pauvre fille comme elle qui ne sait contrôler ni ses émotions, ni ses mutations.
Fisk attrape le poing de Felicia sans difficulté et le sert avec une telle force que la jeune femme retient un hurlement de douleur. Puis, il la relâche au même moment où il lui rend sa frappe. Cependant, avec sa force minime face à lui, elle ne parvient pas à rester sur ses deux pieds et cogne violemment contre une étagère. De nombreux flacons éclatent au sol dû au choc mais elle se protège des bouts de verres en roulant sur le côté. C'est dans un bond qu'elle se relève afin d'éviter que le Caïd lui brise des os en la frappant des deux poings de toutes ses forces. Celui-ci tape donc le sol, et avec sa force gargantuesque, le béton se fissure dans un léger tremblement qui atteint l'entièreté du bâtiment.
Felicia reste bouchée par sa puissance bien plus important que ce qu'elle s'imaginait. Il n'est même pas coupé par les milliers de petit bouts de verres cassés au sol. Avant de sortir de la pièce en trombe, elle fait glisser le dernier explosif sur une table dans le dos de Fisk. Bien que le dispositif cogne contre des béchers dans un son aigu, le patron de la pègre n'y prête pas attention et préfère poursuivre la jeune femme qui déboule dans le couloir.
Cette dernière sursaute alors en faisant soudainement attention à l'agitation en dehors de la pièce. Elle entend des gens courir dans tous les sens pour protéger leur repère. Pourtant, elle ne s'arrête pas une seule seconde et se dirige vers la cage d'escaliers en portant ses jambes à son cou.
― Elle est là ! hurle un des hommes.
Elle tombe brutalement sur deux criminels armés. Sans une seule pointe d'hésitation, elle saute sur eux et désarme celui qui est le plus proche d'elle. Grâce à sa grande agilité, elle esquive leurs coups donnés au hasard et frappe la crosse du pistolet sur la tête de l'un avant de tirer dans la jambe de l'autre. Ce dernier s'effondre au sol, criant au secours au Caïd qui arrive et garde la tête rivée sur Felicia, et non ses hommes qu'elle blesse sur son chemin.
Le voyant se rapprocher d'elle, Black Cat pousse avec son épaule la porte des escaliers et court pour monter le plus vite possible. Derrière elle, le Caïd fait trembler le sol entier à chaque pas posé par terre à cause sa masse énorme. Terrifiée par sa force inimaginable, elle remue ciel et terre pour repousser chaque homme et femme qui tente de l'empêcher de remonter. Lui bloquant la porte pour accéder le rez-de-chaussé, un petit groupe de mafieux ne tient pas longtemps face à l'anti-héroïne qui voit ses forces doublées par l'adrénaline.
Peter ! pense-t-elle soudainement, comme un flash. Son oreillette - qui s'est totalement éteinte à cause de la distance entre elle et lui, et à cause de la profondeur trop importante où elle est -, se remet à grésiller lorsqu'elle monte les marches d'escaliers deux à deux.
― Spidey ! Fisk est là !
― Q... oi ? répète-il alors que le signal reste toujours faible.
― Il est derrière moi ! Fisk est derrière moi !
Felicia pousse derrière elle l'ouverture des escaliers en arrivant au rez-de-chaussé. Pour tenter de la retenir ne serait-ce qu'une seconde de plus, elle fait tomber une fébrile étagère de son côté, bloquant ainsi l'accès. Cependant, dès qu'elle tourne le dos pour s'enfuir, Wilson Fisk frappe si violemment la porte que celle-ci se projette vers Felicia, qui n'a pas le temps d'assez se décaler. Bien qu'elle se plaque au sol pour minimiser les dégâts, toute la partie inférieure de son corps est bloqué par la porte, ce qui lui fait déchirer un cri de douleur.
Cette souffrance fait apparaître en elle ses mutations qui daignent enfin pointer le bout de leur nez alors qu'elle aurait bien voulu les utiliser contre lui plus tôt. Afin de se délivrer, elle rampe lentement et réussit à libérer sa jambe droite, puis quelques secondes plus tard, la gauche. Et c'est juste à ce moment que Fisk soulève d'une main la porte et la balance derrière lui pour avoir à faire avec la brune.
― Dis moi quand tu... dehors, que j'actionne... plosifs ! affirme Peter.
― Pas maintenant !
Felicia ressent d'après sa voix que lui aussi doit faire face à des groupes armés. Mais au moins, ce n'est pas le Caïd...
Elle gémit de douleur en tentant de se relever. Elle bascule en avant mais arrive à se rattraper alors qu'elle ne se sent plus aussi stable qu'avant. Ses jambes lui procurent un supplice comme si quelqu'un les avait broyer. Elle se sent si faible qu'elle croit chuter en se mettant droite, toute la partie inférieure de son corps tremble de douleur - mais aussi de peur.
Tout à coup, elle sent une main tirer agressivement l'arrière de ses cheveux - et heureusement sa perruque. Celle-ci se décroche et se retrouve dans la main du Caïd, qui l'expose devant lui tel un trophée.
― Montre moi ton vrai visage ! hurle Fisk. Prouve moi qui tu es, sale idiote !
Il suffisait de le demander, pense-t-elle.
Felicia recule d'un pas tandis que le Caïd s'avance dangereusement vers elle. Soudain, elle fait monter en elle ses pouvoirs qui lui redonnent un peu de force, et qui lui permettent au moins de tenir sur ses deux jambes bien que la souffrance persiste. Elle fixe avec haine son ennemi, lui qui ne comprend pas immédiatement ce qu'il se passe. Il se fige même quelques instants pour se questionner, avant de comprendre qu'elle va utiliser les mutations qu'il lui a offert.
Sachant les catastrophes qu'elle peut causer avec - surtout si elle ne les contrôle pas entièrement -, il fonce sur elle avant qu'elle ne puisse l'atteindre de cette façon. Ils ont comprit tous les deux qu'elle ne pourra jamais le battre à mains nues, ni même Spider-Man ou les deux héros réunis, la force du Caïd est inégalable. Néanmoins, avec des pouvoirs de cette puissance, l'équité revient. Il ne faut donc qu'une seconde à Felicia pour qu'elle fasse sortir d'elle l'onde de malchance qui percute le Caïd.
Celui-ci arrivant en face de la jeune femme, n'a pas le temps de la toucher que les probabilités de gagner tournent en faveur de Black Cat. Il trébuche brutalement par terre, et se cogne la tête contre la poignée de porte par terre. Bien qu'il soit toujours conscient, il reste de longues secondes au sol pour reprendre ses esprits, du sang coulant de son front.
― Vous n'aurez jamais dû me donner des pouvoirs ! hurle-t-elle. C'est la pire erreur de votre vie...
Felicia tire sur son gant pour qu'il s'adapte entièrement à la morphologie de sa main, puis fait sortir de plus longues griffes dans le seul but de profiter de cet instant d'absence du Caïd pour le blesser.
― Maintenant que je les ai en moi et que je les ai accepté, ils ne peuvent que se retourner contre vous.
Elle lève sa main en l'air afin de prendre de l'élan pour enfoncer ses griffes dans sa peau, mais Fisk tire sauvagement sur ses jambes, ayant remarquer auparavant sa faiblesse. La brune hurle de douleur en frappant contre le sol, bien qu'elle ralentit la chute en plaçant ses bras devant elle.
― Espèce de garce...
Le Caïd l'attrape par les jambes et balance son corps tel une piètre peluche à l'autre bout de la pièce, prêt de la sortie. Elle cogne le mur avant de pouvoir se rattraper, mais le supplice que lui procure ses jambes l'en empêche. Elle gémit à nouveau de douleur, puis grogne tandis qu'elle tente de se relever.
Son cœur bat à mille allure. L'effroi la fige au sol alors qu'une nouvelle vague de ses pouvoirs remontent. Basculant entre la peur et le courage, elle souhaite affronter le Caïd pour en finir une bonne fois pour toute, cependant, elle ne se sent actuellement pas capable. Elle hésite à s'enfuir et abandonner la mission, aux risques et périls de Spider-Man qui doit toujours se battre lui aussi contre des centaines de mafieux armés, d'après les détonations qu'elle entend au loin.
Elle aperçoit alors la porte de sortie à une dizaine de mètres de sa position. A cette distance, elle peut facilement sortir en esquivant Fisk et ses hommes si les bombes s'enclenchent maintenant, mais elle reste tout de même trop proche. Elle risquerait fortement d'être blessée, mais c'est un danger qu'elle est prête à prendre, si c'est pour arrêter le Caïd et ses actions.
― Maintenant, Spidey ! lui indique-t-elle dans l'oreillette. Active les bombes !
― Mais tu es où ? s'inquiète-il.
― Fais le !
En l'entendant crier ces dernière paroles, Fisk plonge sur la jeune femme et lui arrache son oreillette avant de la balancer à l'autre bout de la pièce. Celui-ci grogne, comprenant ce qu'elle compte faire, et redouble ses forces pour tenter de s'enfuir lui aussi, mais que Felicia soit tuée.
La jeune femme ne se préoccupe plus du Caïd et du coup qu'il s'apprête à lui donner. Elle se concentre essentiellement sur ses pouvoirs et ferme les yeux, essayant d'oublier tous les bruits environnants, afin de multiplier les chances qu'ils ont à faire tomber le Caïd. Ses mutations doublent en elle, ils triplent et bien plus, Felicia n'a jamais ressenti une puissance si énorme en elle. Elle se sent forte, invulnérable.
Elle ouvre juste les yeux au moment où Wilson Fisk approche dangereusement son poing pour la frapper aux côtes. N'ayant plus peur de lui - ses pouvoirs qui lui ont redonné tout le courage dont elle nécessitait -, elle lève dignement sa tête face à son air stupéfait.
― On se retrouve aux Enfers... murmure-t-elle.
Aussitôt, Felicia relâche toute la pression. Son pouvoir se déchaîne sur tout ce qui se trouve autour d'elle, d'une puissance dont elle n'a jamais fait preuve mais sur un espace bien plus réduit, le seul qui lui importe, comme si elle commence à se contrôler. Cette sensation lui procure un bien phénoménal, elle se sent être la personne la plus puissante au monde. Cependant, ce ressenti s'estompe rapidement, remplacé par un trou noir.
Fisk recule d'un pas lorsqu'elle utilise une dernière fois ses mutations, cette onde si puissante qui repousse le colosse de Felicia malgré son invisibilité. C'est en reposant son pied par terre qu'un trou énorme se forme dans le sol. Le béton se fissure à une vitesse incroyable, les fondations s'écroulent sur le niveau inférieur qui se brise à son tour avec le poids des dizaines de briques. La Caïd chute en arrière et dévale les niveaux pour frapper le sol dans un hurlement de haine qui résonne dans tout le bâtiment. Il atterrit en faisant trembler le sous-sol sous son poids juste à côté d'un explosif placé plus tôt par Felicia, par pure malchance.
Et c'est à ce moment que tout explose.
Felicia n'a pas le temps de se sauver que toutes les bombes se mettent en marche. Un dernier regard vers la sortie qui n'est qu'à quelques mètres d'elle - mais trop loin pour s'enfuir en si peu de temps -, son cœur se serre lorsqu'elle se rend compte qu'il est bien trop tard pour elle. L'entièreté du sol du rez-de-chaussé - où se situe la brune - s'effondre en moins d'une seconde par l'impressionnante déflagration et recouvre la totalité du dernier niveau inférieur. Aucun son sort de la bouche de Felicia lorsqu'elle sent son corps chuter, avant de ne plus rien voir, de ne plus rien entendre, de ne plus rien sentir.
Spider-Man, qui arrête les derniers mafieux désirant s'enfuir, regarde d'un air ahuri le territoire de Fisk s'effondrer et partir en fumée. Terrifié par le sort de la jeune femme, dont il n'a plus aucune nouvelle, il fige les criminels avec des toiles et court vers le bâtiment dès que plus aucune bombe explose.
Les fondations restent debout, enfin pour la plupart, mais elles sont sur le point de s'écrouler à leur tour. La porte est remplacée par un énorme trou dans la façade qui menace de faire écrouler les étages d'un instant à l'autre. Peter ne peut même pas poser le pied au sol car tout le rez-de-chaussé s'est effondré pour ne rester qu'un colossal cratère descendant à presque dix mètres. Il décide de tisser une toile au plafond pour s'accrocher, bien que l'étage est bien trop faible pour retenir un quelconque poids. Heureusement, il change souvent de toile d'araignée au fur et à mesure il se déplace à tous les étages - enfin, ce qu'il en reste.
― Black Cat ! Felicia ! s'écrie-t-il dans l'espoir qu'elle réponde.
Le jeune homme se laisse tomber sur les milliers de débris au niveau du sous-sol, à présent ouvert sur l'extérieur par le plafond écroulé. ne cessant de crier son nom, il continue de rôder, de plus en plus inquiet de ne pas voir son amie. Et si jamais elle est sous ces tonnes de gravats ? Il espère au plus profond de lui que c'est plutôt elle qui s'inquiète pour lui en ne le voyant pas à l'extérieur, au moins il saura qu'elle est saine et sauve.
Tournant la tête, son regard s'arrête sur la silhouette colossale d'un homme. Même pas besoin d'approcher qu'il reconnaît Wilson Fisk, allongé entre plusieurs briques, sans plus aucun mouvement. Une marre de sang l'entoure mais ce n'est pas la chose qui marque Spider-Man, lui qui a l'habitude de voir des horreurs avec ses activités de héros. Etant au plus prêt d'une bombe, la Caïd est durement marqué par l'explosion, malgré son corps bien plus résistant que celui d'un humain normal. Sa peau en est profondément ravagée, déchiquetée, à tel point que le brun en est répugné, jusqu'à ressentir une nausée. La peur prend le dessus en pensant à ce que la déflagration aurait donc fait de pire à un humain, tel que Black Cat ?
Il se retourne brutalement pour ne plus avoir cette vision d'horreur. C'est alors que parmi les quelques corps ensevelis, il remarque sa silhouette.
― Felicia ! hurle-t-il.
Spider-Man tisse une toile vers le restant de plafond fragile, sans se soucier du plafond qui s'effondre par endroits. Il se laisse tomber quelques mètres à côté des autres corps sans vie et enjambe les nombreux morceaux de briques qui se sont écroulées autour d'eux pour la rejoindre.
Arrivé devant elle, il se laisse tomber à genoux. Ses mains tremblent alors qu'il les rapproche de sa peau froide. Du sang coule de son visage, ses cheveux sont détachés et quelques mèches sont ensanglantées, son corps est recouvert de poussière et débris plus ou moins gros. Pour vérifier si elle est vivante, Peter vérifie son pouls. Ses battements de cœur sont très faibles, irréguliers, mais il en distingue. Il expire tout l'air de son corps, soulagé, bien qu'il reste inquiet par son état critique. Une goutte coule sur sa joue, puis une deuxième, il tente de ravaler ses larmes mais celles-ci persistent. Le jeune homme la soulève avec délicatesse, passant un bras derrière son dos puis l'autre sur sa taille afin de la serrer doucement contre lui.
― Pourquoi tu m'as dis de tout faire exploser si tu étais à l'intérieur... murmure-t-il dans un sanglot.
Des sirènes retentissent à l'extérieur et son de plus en plus proches. Alertés par cette explosion, toutes les forces de police présentent pendant la nuit se dirigent vers le territoire du Caïd, à présent libre d'accès et sécurisé.
Peter ne bouge pas pour autant. Sachant qu'ils vont le découvrir ici avec le corps de Felicia, ils vont appeler une ambulance d'urgence, bien que ce soit pour une criminelle qu'ils souhaitent depuis des années mettre derrière des barreaux. Le jeune homme ne pense même pas à cet aspect, tout ce qui lui importe, c'est qu'elle respire à nouveau.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro