Mission 65 : fêter ça
La peur se lit dans les yeux de Cathy : ce qu'elle craignait le plus lui saute au visage.
— Q-Quoi ?! sa voix tremble. Pourquoi ? elle agrippe sa chemise.
Cathy sent que son cœur va sortir de sa poitrine et partir escalader l'Everest.
Quant à lui, se sachant maladroit, il a peur de faire les choses mal et réalise qu'il vient de jeter un Antonov An-225 dans la marre.
Comment lui dire qu'il a une envie, irrépressible, d'exprimer ce qu'il ressent ? Que s'il ne le fait pas maintenant il craint ne de plus pouvoir y arriver ensuite ? Que cette amitié ne lui suffît plus, à lui comme à elle.
Al l'a vu, à travers son baiser à l'hôpital, ce sentiment qui la ronge, si fort qu'il l'a appelé depuis l'autre bout de l'Immensité. Cet amour brillant qu'un soleil, phare de ses ténèbres. Et lui... il l'aime depuis que sa main a frôlée son visage, depuis que ses mots ont caressé son cœur abîmé. Mais il était resté ignorant de ses propres sentiments, trop longtemps, pour un tas de raison.
Son regard glisse sur sa bouche, attisant en lui les braises d'un désir lentement apparu en lui, depuis qu'il a entendu sa douce voix gémir de plaisir au creux de son oreille. Lentement, il approche son visage du sien, le cœur pulsant avec vigueur.
— j'ai... tellement envie de t'embrasser , dit-il dans souffle murmuré.
La voix de Al pénètre son cœur comme une flèche. Cathy observe ses lèvres généreuses s'entrouvrir. Une vision érotique qui la rend fébrile, "J'en crève d'envie" rêve-t-elle de lui dire. Il entend cet écho dans ses pensées remplies d'étoiles.
Craintif, son nez vient effleurer le sien. Ce contact, nouveau pour eux, fait frissonner leur peau dans un doux picotement. Al, clos son regard. Sa bouche pleine d'envie se dépose délicatement sur la sienne, tel un manteau de douceur, recouvrant amoureusement ce qu'il convoitait en secret.
La rencontre de leurs lèvres explose le monde de Cathy, mettant le feu à toutes ses pensées, détruisant sur son passage la frustration accumulée pendant des mois. Le filtre du déni éclate en mille morceaux, la libérant de ses chaines mentales.
Avec timidité, les lèvres de Al attrapent délicatement les siennes. Lui a le goût de son fruit préféré. Elle a le goût sucré du thé à la vanille qu'ils viennent de savourer. Même dans ses fantasmes les plus érotiques, Cathy n'imaginait par bouche aussi fondante.
Dans un désir se montrant de plus en plus lascif, il veut lui faire ressentir ses sentiments dans son baiser. Son amour est ardent, ses pensées sont aveuglantes. Al rayonne, ses sentiments se diffusent en elle : une vague chaude traverse le corps de Cathy, de sa bouche jusqu'à sa poitrine, avalant cette bouffée de passion pure.
C'est le plus beau baiser de leur vie.
Leurs souffles se mélangent, se séparent et se rencontrent à nouveau jusqu'à ce que l'air finisse par leur manquer. Lorsqu'il recule pour admirer son visage, Cathy est resplendissante. Les galaxies de Al luisent de bonheur, son esprit est un champ d'étoiles qui scintillent dans des teintes roses et blanches.
— Cathy, murmure-t-il, c'est ton amour pour moi qui m'a ramené, il prend sa main qu'il pose sur son cœur. Je... suis réel.
Cathy sent sous sa paume un cœur palpitant aussi fort que le sien. Son aura est si douce, ça l'enveloppe tel un cocon. L'amour de Al déborde, cherchant à l'étreinte par delà la réalité. Quand ses yeux regardent ce corps flamboyant, elle se laisse porter par ses sentiments.
Irrésistiblement attirée, elle écrase sa bouche à la sienne. Son souffle se brise sur les falaise de ses lèvres. Cathy se laisse porter par son envie étourdissante, et se montre passionnée dans sa façon de le savourer. Al pose délicatement ses mains sur ses hanches. Cathy accroche les siennes à ses larges épaules.
Soudain fébrile, emporté par les élans de sa partenaire, il sent sa conscience se noyer dans ce baiser. Leurs langues se fondent, ça les excite. Cathy glisse une main sur sa nuque et soupire, transformant les pensées de Al en un tourbillon qui emporte tout : son esprit, son cœur, son corps. Dans un bref répit, entre deux goulées d'air, le grand homme est enfin prêt à se mettre totalement à nu :
— Cathy je... il essaie de respirer, je t'aime.
Al ne fait qu'attiser le feu dans le ventre de sa partenaire, tremblante à ces mots. Il n'a pas besoin de réponse éloquente car il ressent exactement ce qui la traverse : lui qui n'est fait que d'amour il sent son essence flamboyer. Cathy prend sa main dans la sienne, dans un glissement très évocateur du plaisir qui monte en son sein. Ça le fait frissonner du bas de l'échine jusqu'à sa tête qui s'engourdit d'ivresse.
Mais l'angoisse s'invite en lui, chuchotant ses craintes "tu n'es pas à la hauteur", "ça va trop vite", "tu vas lui faire mal", "et si tu t'es trompé ?", "tu ne sais pas comment t'y prendre avec elle", "tu ne sais pas faire l'amour, tu sais juste te faire baiser".
Al se montre plus hésitant, ses mains assurées se mettent à trembler et lorsque Cathy remarque son trouble on sonne à la porte d'entrée.
Puis ça insiste, avant de tambouriner : quelqu'un semble beaucoup s'inquiéter pour son amie, qui est censée être seule à se morfondre ce soir. Cathy se confond en excuse.
— Luan devait passer, je ... D-Désolée.
Il secoue la tête pour lui dire que tout va bien, sans lui avouer que cette interruption lui évite une confrontation avec ses angoisses. Sentant qu'elle culpabilise, il glisse une main dans ses cheveux et l'embrasse sur le front.
Sur le palier Luan a les sourcils plus froncés que jamais. Derrière se tient Vincent, Daniel et Mika. Décidément c'est tout la confrérie de Corporate qui s'est déplacée, ça la touche, même si leur visite ne tombe pas à pic.
— Ne me fait plus jamais flipper comme ça ! la sermonne Luan en la serrant contre elle.
Tout ce beau monde entre dans le salon. Al se lève en reboutonnant sa chemise sous les yeux interloqués de la troupe. Le silence qui s'en vient est très gênant. Le grand SPF a le regard fuyant, les joues roses.
— On dérange de ce que je vois, dit Luan la bouche en cœur.
Daniel se rue sur Al et le prend dans ses bras. L'ange se retient de pleurer de joie, sinon Mika risque de passer en mode Berserker. Ce dernier reste en retrait et observe, tandis que Vincent s'approche et pose une main sur l'épaule de Al, son regard trahissant une grande émotion.
— Je crois que nous sommes tous très heureux, et surpris, de te voir ici, dit-il.
— Je... suis venu directement ici, dès que le juge m'a autorisé à sortir. Pardon de ne pas vous avoir prévenu.
Vincent glisse un regard sur Cathy, qui se fait harceler de questions indiscrètes par Luan, puis il sourit.
— Je comprends, ne t'inquiète pas.
— Tu aurais pu envoyer un petit message, boude Daniel, en échange je veux tout savoir.
— Ça suffit Daniel : laisse-lui un peu d'intimité, soupire Vincent.
Mika pendant ce temps est en duel de regard avec Dowdo. Deux Grumpy Cat dans la même pièce : il y en a un de trop. Le téléphone de Cathy sonne : c'est Gehlal.
— Bonsoir ma douce, j'aimerais parler à Alexanders.
Elle reste interdite : comment sait il qu'il est ici ? Se demande la jeune femme en passant son smartphone au principal concerné.
— Intégrité de la tour : 35%, commence le scientifique. Primo, je déteste ton frère. Deuxio : je déteste également d'être privé de mon laboratoire. Quand-est-ce que tu te décides de revenir ?
— Je ...
Daniel lui prend le téléphone des mains.
— Ed, pas ce soir, et il raccroche.
— On doit absolument fêter ton retour, suggère Luan, et si on sortait ?
Vincent, Daniel et Al croisent leurs regards : un endroit où la présence de Al ne poserait aucun problème ? Ils n'en ont aucune idée. Cathy devine très bien de quoi ils discutent sans se parler.
Elle a une idée, et sourit.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Gehlal roule des yeux : comment s'est-il retrouvé ici, dans cette salle de Karaoké ? Ah oui : Daniel l'a menacé de tartiner, incognito, du beurre d'arachide dans ses burritos s'il n'acceptait pas de venir.
Luan et Vincent débutent les hostilités : commande de bières, et chansons de Rammstein. Les deux ténors impressionnent l'assemblée. Décidément ces deux-là aussi se sont bien trouvé.
Daniel sourit en coin en observant tout ce beau monde : une théorie de Gehlal se valide. Les proches de Al voient leurs rêves se réaliser peu à peu. Le sien était de devenir un homme pouvant apaiser les autres. Mika rêvait de trouver un moyen de se canaliser. Vincent lui, rêvait de croire à nouveau en l'amour. Gehlal quant à lui rêvait de trouver une occupation stimulante pour le reste de sa vie, et le voilà à essayer d'élucider le mystère de Al et la faille. Luan ? Il la connait peu, peut-être rêvait-elle de vivre sa propre romance, tout simplement.
Le bras de Mika passe par-dessus son épaule et le tire de ses pensées. À côté d'eux Al et Cathy se montrent très timides, et n'osent pas afficher leur très récent rapprochement. "Trop frais", se dit Daniel avec un petit sourire. Mais il est confiant, connaissant Al : quand il se sent à l'aise, il peu se montrer très... démonstratif de son affection. Est-ce que Cathy s'y attend ? Ça l'amuse rien que d'y penser.
Après deux duos de Luan et Vincent, et un solo du responsable SAV, c'est Daniel qui pousse la chansonnette avec "Everybody need somebody", avant de tendre le micro à Mika. Ce dernier râle, puis accepte finalement de tenter une chanson de Orelsan "Ils sont cool", applaudit malgré son manque flagrant de pratique. Gehlal refuse poliment de prendre part à ces enfantillages, même s'il doit avouer que le spectacle est... intéressant.
Cathy a les pensées obsédées par ce qu'il s'est produit une heure plus tôt. Le besoin de penser à autre chose se fait urgent. C'est donc avec empressement qu'elle saisit le micro qu'on lui tend pour se lancer dans une prestation de "Mizerable" de Gackt. Elle bat le record de Vincent. Ce dernier plisse les yeux, on peut y lire "défi accepté".
Elle tend ensuite l'appareil vers Al, surpris qu'on l'invite à participer. Il demande du regard s'ils sont sûrs d'eux.
— On est entre nous petite sirène, lui dit Luan avec un coup de coude.
Un peu grisé par la bière, tout le monde rit à cette boutade. Al, qui n'a pas bu une seule goutte d'alcool, hoche la tête et prend le micro. Hésitant, il choisit finalement "Young and Beautyfull" de Lana Del Rey.
Oui, Al chante trop bien. Est-ce étonnant ? De sa voix grave, légèrement rauque quand il pousse ses cordes vocales, de ses gestes et mimiques, la chanson entre dans une autre dimension. Le public se tait, fait des bulles dans la bière et rougit.
Sauf Gehlal, à vrai dire il l'a déjà vu faire mieux.
La soirée bat son plein, c'est la guerre entre Cathy et Vincent qui se disputent la première place du podium. Al a insisté pour ne pas participer au score, prétextant que son talent est de la triche.
Daniel a besoin de se reposer les cordes vocales après des heures de chant et propose à Al de sortir prendre l'air.
Il est tard, autour du minuit, quand ils sortent à l'extérieur. Le froid mordille, mais fait du bien. Al s'y attendait quand Daniel lui demande ce qui s'est passé à l'hôpital. Sans filtre, il lui raconte tout, y comprit comment s'est passé son retour chez Cathy.
— Tu ne me croyais pas, dit l'ange en fixant le ciel, quand je disais que je n'étais pas fait pour toi. Je suis vraiment heureux, que tu l'aies rencontrée.
Al baisse la tête, son ami devine ce qui ne va pas et lui demande s'il a peur. Timidement il hoche la tête. Ça ne doit pas être facile pour lui, se dit Daniel, d'avoir vécu un enfer pendant pratiquement deux semaines et, ensuite, parler à Cathy, suivit d'une déclaration d'amour à deux doigts de s'être conclue : une sacré montagne russe émotive. Et maintenant qu'il prend du recul, la crainte d'aller trop vite, de se tromper, le saisit. Al est perdu. Cathy compte pour lui, mais il ne sait pas comment s'y prendre car cette fois ce n'est pas juste une histoire de sexe.
— Al... Daniel pose une main sur son épaule. Tu devrais te faire confiance, pour une fois. Et puis, tu n'es pas n'importe qui. Est-ce possible que "Eros" se trompe ?
Al le regarde avec de grands yeux, comme si son ami venait de mettre le doigt dans une vérité électrisante. Mika sort à son tour de l'établissement, les toise du regard silencieusement, avant de râler :
— Qu'est-ce tu fous ? il pointe Al du menton. Ta copine t'attend en bas. Si tu la rends malheureuse : t'auras affaire à moi. PDG ou pas, alors ramène ton derche.
Sans discuter, Al redescend dans le sous-sol du Karaoké. Daniel lève un sourcil :
— C'était vrai ce mensonge ? Il est amusé, le manager est comme un livre ouvert pour lui.
— C'est surement vrai : vu comment il a l'air de lui manquer au bout de seulement 5 minutes.
— Oh. Moi qui pensais que tu avais peur que je te fasse une infidélité, il rit.
— ... Possible que j'avais envie d'un moment tranquille, avec toi, répond le manager en approchant le corps de Daniel du sien.
Amusés, ils rient ensemble avant de s'embrasser longuement.
— Un jour tu me diras le secret sur cette fichue tour hein ? demande Mika entre deux respirations.
— Ça se mérite... répond Daniel d'un air coquin.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Durant tout le trajet en voiture avec Luan et Vincent, Al se montre silencieux, le regard perdu dans le décor. Cathy le laisse dans son monde, après tout ce qu'il a vécu en moins de 24h, il est normal qu'il ait besoin de respirer se dit-elle. Discrètement, la main de Cathy cherche la sienne, et quand elle la trouve, Al la serre doucement sans quitter du regard le paysage qui défile.
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J'ai eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre, à me demander si c'était le bon moment, si c'était trop "facile", si c'était "bancal", quel "niveau de détail" apporter, avec la crainte de vous décevoir/choquer. J'ai du le réécrire 3 fois. Et le moment karaoké m'a beaucoup aidé à décompresser, désolée si vous avez le sentiment qu'il ne sert à rien ? J'espère que ce chapitre vous a plu ^^'
Sachez que dans la réécriture, le Karaoke arrive APRES le chapitre 66 (j'ai switcher, vous allez vite comprendre pourquoi x) )
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