Mission 63 : le sexe des anges
TW : scène érotique (non explicite)
Tour à tour, chacun propose à Cathy de ne pas dormir seule ce soir, même Gehlal. Mais lui s'est vu poser un veto directement. Chose qu'il ne comprenait pas : en tant qu'asexuel il estimait être la personne la moins perverse du lot.
Avec politesse, Cathy refuse les invitations au grand regret de tout le monde. Elle n'a pas envie d'être seule, mais la peine des autres l'affecte trop. Et puis elle se connaît bien : si l'envie se fait sentir, jamais elle n'osera totalement ouvrir les vannes de ses pleurs devant autant de monde.
Et en ce moment, elle a vraiment envie de pleurer devant un Kdrama, avec Dowdo sur ses genoux, les fesses dans son kigurumi et sa crème glacée dans la main. Même si le ridicule ne tue pas, ce n'est pas quelque chose qu'elle a très envie de partager.
Vincent la dépose chez elle, ainsi que Gehlal devant la maison de Daniel. Le scientifique sort le double des clés que l'ange lui a confié, et s'installe sans gêne dans le salon.
Même s'il n'a rien dit, Gehlal sait que Daniel ne dormira pas chez lui ce soir.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Sur la route, l'ange serre son étreinte autour de la taille du conducteur. Ce moment lui fait du bien. L'anxiété ne l'a pas quitté depuis que Gehlal a débarqué chez lui.
Il a cru jusqu'au dernier moment que Al était mort.
En y repensant ses yeux s'embuent à nouveau de larmes. À la fois soulagé, et secoué par cette pensée qu'il a eue deux heures plus tôt, Daniel se sent mal.
Personne n'a rien vu, avec son sourire toujours présent, mais Mika commence à le connaitre. Même si l'empathie du manager n'est pas la plus performante, il avait senti que son compagnon n'était pas dans son état normal.
Mika accélère, la vitesse plaît beaucoup à Daniel qui y dissout toutes ses pensées : ça l'aide à se sentir mieux. Il voit que Mika prend des chemins de traverse, pour faire durer au maximum le trajet. Rouler vite défoule, lui aussi en a besoin. Moins touché que les autres par les malheurs de Al, savoir que ce dernier a peut-être frôlé la mort lui a tout de même remué les tripes.
Au bout d'un moment, Mika prend une petite route de campagne, nichée entre deux reliefs. Les secousses de la rocaille surprennent le passager qui s'agrippe plus fort à lui. Plus loin, la moto s'arrête devant un immense panorama, perché sur l'étang. Daniel descend, un sourire en coin.
— Toi aussi tu n'avais pas envie de rentrer, constate-t-il en le regardant retirer son casque.
— J'avais envie qu'on soit seul surtout.
L'attention le touche. Ensemble ils s'installent sur un vieux banc abandonné. Il n'y a pas âme qui vive autour d'eux. La ville est encore plongée dans le noir, ainsi que tous ses alentours et communes voisines. La tour Corporate scintille de cette étrange lumière pâle. Le paysage est magique. Jamais la lune n'a été aussi vive, et les étoiles scintillantes sur le ciel dégagé.
Daniel pense à Al en les voyants, soupire, et se serre contre Mika qui passe un bras par-dessus son épaule.
— Si on m'avait dit un jour que je serais ici, dans un endroit aussi calme, avec le tempétueux manager des archives, il sourit tendrement.
— J'ai la réputation que je mérite. Et puis ce n'est pas la première fois qu'on se retrouve dans un endroit comme ça.
Un petit rire échappe à Daniel.
— C'est quoi ton rapport avec Al aujourd'hui ? demande Mika avec sa délicatesse habituelle.
— Tu es jaloux ?
— Peut-être. Ou alors j'ai envie de lui casser la gueule parce qu'il te fait pleurer.
Daniel rit car il sait que cette deuxième option n'est pas sérieuse. C'est donc de la jalousie, il apprécie beaucoup d'être avec quelqu'un s'aussi franc, et qui sait s'exprimer. Avec Al, savoir ce qui n'allait pas pouvait prendre d'interminables minutes, si ce n'est des heures parfois. Daniel observe l'horizon, les eaux de l'étang reflètent la lune, paisible.
— C'est mon meilleur ami, rien de plus. J'ai tourné la page. Al est quelqu'un... hors du commun. Au sens large, il sent le regard de Mika se poser sur lui. Je sais que tu as longtemps pensé qu'il s'agissait d'un pervers, à cause des rumeurs et de son aura qui te mettait mal à l'aise.
— Ces derniers temps sa présence ne me fait plus rien. Mais je suis...
— Jaloux parce qu'il sait plus de choses sur moi que toi, Daniel tourne sa tête pour voir le visage gêné de Mika.
— Je crois bien, dit-il en n'arrivant pas à détourner son regard de ces yeux de biche.
— Ce n'est qu'une question de temps... murmure l'ange.
Daniel se redresse pour lui faire face, avant de l'embrasser avec gourmandise. Le cœur de Mika se gonfle un peu plus à chaque fois qu'il attrape les lèvres de l'ange avec les siennes. L'excitation le gagne rapidement, tout fonctionne au quart de tour avec lui.
Mais il a peur.
— J-J'en ai envie Daniel..., soupire-t-il entre deux assauts sur ses lèvres.
La réponse qu'il reçoit est éloquente : une main se pose délicatement entre ses jambes. Ça le fait frémir. Habituellement Mika est très entreprenant, mais cette peur qui ne le quitte pas le paralyse. Daniel sent que son compagnon n'est pas à l'aise.
— Toi aussi tu es terrifié ? demande l'ange en reculant mieux observer ses expressions.
Mika hoche la tête, complètement rougi par la gêne.
— Je n'ai jamais... avec un homme... Je ne sais pas quoi faire. J'ai peur de ne pas aimer ça... Mika essaie de contenir son trouble pour ne pas paraître trop puéril, et toi ? Ce n'est pas ta première fois pourtant.
D'un geste tendre, Daniel lui caresse la joue et baisse les yeux pour mieux déboutonner la veste, puis la chemise du manager. Il ne lui répond pas, souhaitant d'abord le mettre à l'aise. Que c'est excitant d'être avec lui ici, au milieu de nulle part avec pour seule lumière celle de la lune et ses étoiles.
Mika n'a jamais été aussi enclin à recevoir ce qu'on lui donne, appréciant de se laisser guider. Les baisers et les caresses sur son torse dévoilé lui font beaucoup de bien. Oubliant presque son stress, il laisse l'ange défaire sa ceinture, desserrer son pantalon. Mika se sent perdu "C'est comme avec une femme non?", il hésite. Daniel l'aide en lui prenant les mains, et lui fait déboutonner à son tour ses vêtements.
Le froid de novembre n'est rien à côté de la chaleur que dégage leur corps. Les mains de Mika découvrent la peau à nu de l'ange qui se mord la lèvre. De longues cicatrices sous chacun des pectoraux de Daniel attirent le regard du manager. Que lui est-il arrivé ? Mais son esprit est envahi de sensations excitantes, et ne veut pas briser l'ambiance qui se créer entre eux.
Baisers, langues, caresses, le manager se sent fondre dans le désir et en oublie totalement ce qui lui faisait peur. Confiant envers son partenaire qui sait ce qu'il fait.
L'ange quant à lui apprécie de noyer enfin sa frustration dans ses gestes langoureux. Depuis trop longtemps il avait envie de toucher à nu le tempétueux manager.
Mais quand il déboutonne à son tour son pantalon, ses mains hésitent. L'ange lève son regard vers son amant, le cœur battant.
— Mika... est-ce que tu as déjà vu le sexe des anges ?
Sous le regard curieux de Mika, il se dresse sur ses genoux et descend suffisamment ses vêtements pour dévoiler son entrecuisse.
Daniel tremble : il ne sait pas comment Mika va réagir et ce dernier est encore frappé de stupeur par ce qu'il voit.
— Ça te dégoûte... ? demande-t-il le cœur au bord du gouffre.
Mika arrive à détacher son regard pour plonger dans celui de Daniel. Qu'il aime ces yeux en amande, ce visage fin, ce petit sourire malgré la peur d'être rejeté, son corps svelte, ses cheveux de jais. Il sent son cœur battre la chamade. Il n'est pas dégoûté par une telle révélation. Il est touché, imaginant ce que traverse son compagnon à ce moment, le risque qu'il prend, la confiance qu'il a envers leurs sentiments.
Mika tend une main pour lui caresser le torse avec une tendresse qu'il veut lui faire sentir. Daniel sent une vague de chaleur rassurante se diffuser en lui. Rassuré par ce regard amoureux qui lui dit, sans un mot, que ça ne change rien. Mika sent son envie devenir plus intense. Daniel sort de sa poche un préservatif avec une œillade ardente.
Cette nuit, leur première fois, ils ne l'oublieront jamais. Sur ce banc perdu dans l'immensité nocturne, les amants se prennent, corps et âme. Pas de témoin, hormis les étoiles. Juste eux et leur plaisir charnel dans lequel ils se fondent avec allégresse malgré le froid.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Ça fait la une de tous les médias : "la tour Corporate brillante au milieu de la nuit". Que ce soit dans les journaux papiers, à la radio, aux bars, à la boulangerie et la télévision : on ne parle que de ça.
Les voisins, du quartier le plus proche de la tour, parlent entre eux de phénomènes étranges au Orter, dès le matin.
— C'est arrivé vers 19h j'crois bien : "pouf" plus rien comme ça ! T'in j'ai cru que j'avais pas payé ma facture, dit un vieux accoudé au bar avec son Ricard du matin.
— Mes avis qu'c'est la tour Corpo' qui a fait péter les plombs, ajoute un autre avec un café noir sans sucre sous le nez.
— Moi je pense que c'est un accident, propose la tenancière, les gens de Corpo' sont sympas. J'suis sûre que la lumière de la tour là, c'est un genre de système de sécurité si jamais y'a plus d'électricité, et le gouvernement veut faire porter le chapeau à l'entreprise.
— Ah ouai ? Tu penses ? demande le vieux au Ricard. Mais comment t'explique que j'ai vu un paysage digne du Seigneur des anneaux dans mon frigo hier soir ? Genre : des putains de Hobbits ! Dans mon putain de frigo !
— J'sais pas, tu l'as rouvert depuis ?
— Bah ouai et... bon il n'y avait plus rien. Mais j'sais ce que j'ai vu !
— Ma douche hier, pas d'eau mais des bulles ! Et ça sentait la barbe-à-papa... dit l'autre vieux au café.
— Moi j'ai vu... commence une femme à l'autre bout du comptoir. J'ai vu les voitures du parking de ma résidence se transformer en citrouilles roses... Et ce matin tout était redevenu normal !
Elle sort de sa poche son téléphone et montre des photos.
Des photos comme celle-ci mettent Twitter en sueur. Les internautes s'enflamment, "putain super cool l'allu collective, ils fument quoi à Vitrouble ?" sera le twitt le plus partagé du cosmos francophone.
Des témoignages qui portent à sourire, sauf ceux qui parlent d'horribles cauchemars dans la nuit, jusqu'à ce la tour s'éteigne enfin vers 1h du matin.
Sur les antennes, les journalistes y vont chacun de leurs théories en tout genre. Carl coupe la télévision et jette la télécommande sur son canapé. Il est épuisé, n'a pas dormi de la nuit et fait de son mieux pour gérer le harcèlement des actionnaires et des médias.
Par sécurité le PDG a imposé un RTT à tout le monde aujourd'hui, le temps de savoir si la situation s'est stabilisée ou non : ce matin il avait harcelé Gehlal au téléphone. Lorsqu'il lui avait demandé ce qu'il se passait, le scientifique a tiré sans sommation :
— Votre petit cerveau stupide n'a pas l'air de saisir l'importance de l'équation "Al" dans la gestion de la tour. Même si je vous expliquais comment il est important de ne pas dévisser le bouchon d'une bouteille pleine, tournée vers le bas : je ne suis pas sûr que vous saisissiez la métaphore.
— Arrêtez de me prendre pour un débile Gehlal.
— La tour est à 13% de stabilité, ça remonte. Si vous ne voulez pas d'ennui avec vos employés, je vous suggère d'attendre 24h. Sinon j'ai bien peur que certains d'entre eux croisent Marcel dans les couloirs. Ou se retrouvent pris dans des sables-moquettes. Et je doute que leurs affaires de bureau ait retrouvé la forme optimale pour leur usage d'origine.
— ... Très bien. Mais après ces 24h je vous veux dans mon bureau.
Carl raccroche sans rien ajouter. Gehlal hausse les épaules.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Cathy est agacée. Non seulement elle s'est déplacée pour rien à Corporate, en espérant noyer son anxiété dans le tri de joint de culasse, mais en plus de ça il commence à pleuvoir. Et elle n'a pas pris de parapluie évidement.
Ça lui rappelle Carl, le jour où il l'avait trouvée à la station de bus. Était-ce un hasard finalement ? Elle doute. Un désagréable relent d'amertume picote sa langue, elle déglutit et prend une grande inspiration pour ne plus penser à cet enfoiré.
Que voulait-il dire d'ailleurs ? "Ce qu'il nous a fait subir à moi et sa mère ? Notre mère..." Carl à l'air de détester viscéralement son frère pour ça. Mais quoi ? Impossible que Al ait pu faire de mal à quelqu'un. Mais le connait-elle si bien au fond ?
Déjà de retour chez elle, trempée, sa clé s'enfonce dans la serrure tout comme les théories qui se bousculent pour entrer dans la case "a valider". Machinalement, elle se fait un café, avant de prendre une douche, puis passer sa journée entre sa fenêtre et la télévision, sans vraiment regarder quoi que ce soit : Al obsède ses pensées, au point qu'elle oublie de manger.
Sa disparition, le chagrin, puis la joie de le revoir, son visage livide, ses lèvres froides, mais si douces, si...
"On n'est pas dans un Disney ma grande, le baiser sans consentement c'est pas top", se dit-elle en sortant une bière de son frigo pour refroidir ses neurones devenus très "hot" en une seconde. Cette dernière à un arrière-goût de barbe à papa tient.
Mais il lui a tellement manqué, tellement fait peur. Un monde sans lui ? Elle était prête à tout à ce moment-là, quitte à troquer son existence pour qu'il puisse revenir. Ça la bouleverse : Cathy ne pensait pas l'aimer à ce point.
Appuyée à la rambarde de sa fenêtre ouverte, canette à la main, ses neurones sont partagés entre pensées nostalgiques avec Al et théories en tous genres : deux salles, deux ambiances dans sa propre tête.
On toque discrètement à sa porte. Elle regarde machinalement l'heure : il est déjà 17h et se demande qui ça peut bien être. Luan sûrement : elle avait promis de passer ce soir lui proposer quelque chose. Que va-t-elle bien pouvoir lui dire ? Cathy réfléchit en se dirigeant vers la porte, ne se sentant pas prête à lui raconter ce dont elle a été témoin. Mais c'est son amie, alors ...
Ses pensées s'arrêtent quand elle ouvre.
D'abord parce que ses yeux tombent sur une cravate, alors que d'habitude le visage de Luan apparaît directement dans son champ de vision. Ensuite, parce qu'elle reconnaît ce costard. Celui qu'il portait avant d'être emmené.
Son cœur s'emballe, sa respiration est coupée.
Lentement, elle lève la tête pour découvrir le visage de Al, qui lui sourit affectueusement. Trempé par la pluie, lunette d'aviateur sur le nez et... roux. Incroyablement roux.
Flamboyant et majestueux. Vivant.
Elle n'était pas prête à le revoir maintenant.
₍ᐢᐢ₎--------------₍ᐢᐢ₎
Je me suis mit beaucoup de pression pour la scène de Daniel et Mika : la peur de dire n'importe quoi, que ça ne soit pas suffisamment bien aussi. J'espère que vous avez apprécié ?
Le retour de Al ! Vous êtes content(e)s j'espère :'3
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