Mission 48 : atterrir
₍ᐢ..ᐢ₎ traumavertissement : agression sexuelle ₍ᐢ..ᐢ₎
Vincent est un lève tôt. Même si la nuit fut plus courte qu'à son habitude avec la fête d'hier soir, il n'a aucun mal à se lever aux aurores. C'est perdu dans ses pensées qu'il noue sa cravate en regardant par la fenêtre de sa chambre.
Sur le parking il remarque alors un étrange véhicule : une sorte de char, qui ressemble vaguement à une capsule, attelée à des ... lapins qui grignotent tranquillement un panier de carottes. Ses sourcils se froncent : qui est venu avec la Doloréapinus ?
Il sort et prend la direction de la chambre de Daniel, peut-être qu'il sait de qui il s'agit. Tournant dans un angle dans un mouvement sec, il bute son épaule contre Luan qui titube. Après s'être inquiété si elle n'a rien, il lui demande ce qu'elle fait dans cette partie de l'hôtel :
— Je cherche mon manager, j'ai une revanche à prendre pour ma bouée qu'il a crevé comme un assassin hier !
— Chambre 25, dit-il avec un sourire amusé.
Leurs regards se figent l'un sur l'autre. La jeune femme tend les mains, saisit sa cravate... et refait le nœud quand des employés arrivent dans le couloir.
— D'habitude ta cravate est impeccable, dit-elle avec un air espiègle, distrait en ce moment ?
— Plus que je ne le pensais visiblement, répond-il avec un sourire en coin.
La jeune femme repart, salut au passage les employés qui ont coupé son élan, malgré eux, avant de tambouriner à la porte de Mika.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Daniel ne s'attendait pas à être réveillé de si bonne heure. Encore moins par Al à sa porte, l'air content, mais qui lui montre ensuite les affreuses lacérations dans son dos, sans explication. Daniel est confus.
Assis en tailleur sur le lit Al laisse son ami, encore en pyjama et cheveu en épis, s'occuper de ses blessures à l'aide du contenu d'une trousse de secours.
— Je suis content de te voir ici, tu ne viens jamais au séminaire habituellement, dit-il en appliquant le désinfectant sur les plaies nettoyées.
Al grimace au contact froid du spray, et ne dit rien, Daniel continue :
— Tu es venu sur un coup de tête ? Ça ne te ressemble pas, il sourit en coin, elle te manquait à ce point ?
Al hoche la tête, le regard perdu sur le vaste paysage de la montagne encadré par la fenêtre. Sa tête penche sur le côté, et ses mains se frottent doucement. Daniel reconnait cette attitude : la même qu'il avait dans la voiture, après sa visite chez Cathy.
— Gehlal sait que tu es là ?
Al secoue lentement la tête, malgré la douleur lancinante, son esprit est totalement ailleurs.
— On dirait que tu as combattu un ours en arrivant, dit-il sur le ton de la plaisanterie, malgré la profondeur des marques qui le laisse blême.
— Ethan.
Daniel cherche dans sa mémoire, puis se souvient de qui il s'agit. Il fronce les sourcils, cela veut dire qu'une seule chose : son ami a affronté un traumatisme de la jeune femme. Même s'il meurt d'envie de connaitre les moindres détails, il ne le questionne pas plus.
— Tu as l'air content, j'imagine que tu as gagné ce combat ?
Al répond doucement :
— Il ne lui fera plus de mal... plus comme ça.
Daniel, avec sa maitrise en "sous-entendu de Al", couplé à son sens de l'empathie et sa discussion avec Cathy il y a un mois environ, frissonne en devinant dans quel enfer Al a pu être "invité".
— ... Elle sait que tu étais "là" ?
Il soupire et baisse la tête, l'ange devine que non.
L'envie de la revoir tiraille le grand homme : comment va-t-elle ? Comment a-t-elle vécu son réveil ? A-t-elle oubliée ? A-t-elle... aimé ? Il se surprend à rougir.
— Pas un mot à Gehlal de ça, l'ange grimace, il ne comprendrait pas pourquoi tu prends autant de risques.
Un silence interminable s'installe. Al se retourne vers lui : il exprime maintenant de la confusion.
— Daniel. Dans ma tête... tout est en désordre... dit-il penaud.
Un peu surpris par ce changement d'attitude, et sans avoir davantage de détail, l'ange fait de son mieux pour comprendre son ami. Le grand garçon cherche ses mots pendant de longues secondes, il le laisse les trouver, comme un grand.
— J'ai ressenti quelque chose... de nouveau.
— A quoi ça ressemblait ? Daniel lui passe une main affectueuse dans les cheveux.
— Une... vague... des couleurs comme un lever de soleil, ses yeux se perdent dans le vide, c'était très agréable mais vif, éclatant : je n'ai pas pu dormir.
Al sourit à ce souvenir, ce qui rassure Daniel, et son regard tendre met l'ange sur une piste, mais il n'en dira rien.
— J'ignore ce qu'il s'est passé Al, dit-il avec un sourire, je sais que je t'ai donné une définition sommaire de l'amitié, c'est pour que tu apprennes à ne pas tout mélanger et te protéger. Si c'est nouveau, laisses-toi le temps de l'éprouver.
Ça toque à la porte de la chambre. Daniel se lève et ouvre sur Vincent, les amis se saluent, quand le responsable SAV aperçoit la grande carrure de Al sur le lit :
— Bon, j'ai la réponse à ma question initiale, dit-il en soupirant, mais pas aux suivantes.
Daniel le laisse entrer.
— Pourquoi tu es venu ? Il croise les bras, as-tu pensé à venir avec ton "protocole de sécurité" ?
Vincent est content de le voir malgré son attitude, mais il ne peut s'empêcher d'agir comme un père protecteur, surtout en ce moment.
Devoir mentir à Vincent blesse Daniel. Un incident avec la Doloréapinus est l'excuse la plus simple qu'il trouvera pour expliquer l'état de Al et lui demander un vêtement pour remplacer sa chemise ensanglantée.
Des cris se lèvent depuis le couloir, on dirait la voix de Mika.
Intrigué, Daniel laisse Vincent faire la morale à Al, et se faufile vers l'entrée, ouvre sa porte et jette un œil. Devant lui passe à toute vitesse une Luan qui rit aux éclats, poursuivi par un oreiller lancé avec force, terminant sa course dans la tête du Hapinness Manager.
Le choc est suffisamment violent pour le faire tomber. Mika court à son chevet en s'excusant une bonne dizaine de fois. Mais il en faut plus pour entamer la bonne humeur de Daniel qui se met à rire. Le manager l'aide à se lever, quand il voit Al et Vincent sortir de sa chambre.
Un feu enflamme soudain ses poumons. La colère ? Non. Quand il voit Al : c'est de la jalousie. Il serre les dents. Mais tenant encore Daniel par la main, il n'explose pas.
Il feindra de ne pas avoir besoin d'explications. Toutefois son humeur massacrante ne passe pas inaperçue :
— T'approches pas de moi tocard... lance Mika avec un regard noir.
Al l'ignore et suit Vincent, le laissant seul dans le couloir avec Daniel. Le manager ressent une descente émotive, et se trouve soudain stupide.
— Tout va bien Mika ?
— J'ai envie de lui casser la gueule ... il serre les dents, je suis vraiment un pauvre con qui ne changera jamais !
Une douceur mouillée se pose sur le coin de sa bouche, avant qu'il ne réalise qu'il s'agisse des lèvres de Daniel. Ses yeux s'écarquillent, plus grand que des soucoupes, et son cœur est parti faire un marathon.
— Je t'ai déjà dit de ne plus te dévaluer je crois, dit l'ange avec un sourire, on se retrouve au petit déjeuner ?
Le manager hoche lentement la tête, encore en train d'atterrir. C'est le claquement de la porte de la chambre face à lui qui le ramène sur terre.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Cathy se redresse dans son lit, les yeux bouffis. Son esprit émerge, et les souvenirs se mélangent : elle ne sait plus si Al était vraiment là, à la piscine de l'hôtel, ou si c'était un rêve... Puis il y a eu Ethan, et ensuite... son sang ne fait qu'un tour, fardant son visage d'un rouge vif.
L'atterrissage est aussi brutal qu'un piano tombant sur la chaussée de sa raison, depuis le 10e étage de son inconscient.
Ce souvenir a totalement écrasé la présence de Ethan.
Après une bonne douche froide, Cathy prépare sa valise pour le retour avant de se rendre au buffet du petit déjeuner. Il est 9h30, et beaucoup d'employés sont là, discutant tranquillement autour de viennoiseries, cookies, et boissons aux fumets réconfortants.
Elle trouve Luan et Mika à une table et les rejoint avec un plateau. Après des salutations chaleureuses, Cathy tire une chaise et s'installe. Les regards de ses deux collègues sont rivés sur elle.
— Tu te sens bien Cathy ? Demande Mika.
— Oui, pourquoi ?
— Ben... ton plateau est vide, et t'as l'air super "détendue", remarque Luan.
Cathy oublier de manger ? Impossible, un truc cloche. L'inspectrice du Love sent les questions fourmiller dans sa tête.
— Oh ! Tu as raison. J'ai la tête ailleurs, Cathy se lève et va se servir.
Au retour entre le self-service et la table de ses collègues, elle croise la grande carrure du SPF. Son cœur rate plusieurs marches dans son rythme cardiaque :
"Il est là ! Il est vraiment là !", elle déglutit.
Al porte des lunettes de soleil, le parfum de Vincent, et un t-shirt une taille trop petite pour ses épaules. Un look inhabituel, mais tout lui va : le vêtement moule parfaitement sa carrure, évidement.
Par pur plaisir espiègle son cerveau se refait tout le film de cette nuit dans la tête, en accéléré, et Cathy bafouille une suite de mots qui n'ont aucun sens.
Soulagé de la revoir, l'homme la regarde affectueusement. Quelque chose a changé dans son regard, il ne saurait pas dire quoi. Penchant la tête sur le côté, il lui sourit pour aligner un petit bonjour.
Luan n'en rate pas une miette depuis son poste d'observation : ils sont trop mignons, se dit-elle, avant de percuter que Al est là, ici, à un séminaire. Alors qu'il a la réputation de ne jamais venir. Jamais.
"Il est là pour elle ! Il est IN LOVE c'est sûr !", elle analyse du regard son amie : teint rouge, respiration rapide, mains tremblantes : Cathy est en émoi devant le géant, trépignant même, d'émotion ? de Gêne ? D'excitation ? Tout ça à la fois. Les théories fusent comme une tempête sous le crâne de Luan, la plus croustillante, vous le devinez, est :
"Ils ont couché ensemble ?!" elle écarquille les yeux sous le regard blasé de son manager.
— Luan... tu veux des jumelles ? Sérieux, c'est gênant... soupire-t-il.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Malheureusement, leurs retrouvailles sont de courte durée car la journée démarre avec des ateliers inter équipes. Pendant des heures, Cathy a la tête complètement ailleurs, gribouillant des petites bouilles de Al sur son carnet.
Quant à lui, il s'occupe des lapins de la Doloréapinus, jouant avec eux toute la matinée. Il se sent bien, un sourire enjôleur sur les lèvres. Lorsqu'il se rend au buffet du midi, en ayant hâte de recroiser Cathy, une main le saisit par le t-shirt et le tire dans un coin.
Des lèvres empressées se collent sur les siennes en le plaquant contre un mur. Sa bouche se fait dévorer par la hardiesse d'une belle femme blonde, qui déboucle déjà sa ceinture. Al lui saisit les épaules et la recule. Elle se mord la lèvre inférieure.
— ça fait des mois que je ne t'ai pas croisé mon lapin, dit-elle avec une voix enfiévrée, des années que je ne t'ai pas touché !
En tirant à nouveau sur son t-shirt, elle se jette sur lui qui détourne la tête.
— Je ne veux pas.
La femme recule doucement, comme si sa raison essayait de refaire surface. Mais Al voit dans son regard qu'elle n'est pas dans son état normal. Retirer ses lunettes pour la fixer ne fonctionnera pas, elle est habituée à lui, trop même...
Obnubilée par le manque et la beauté de l'homme, son cerveau se fiche de ce qu'il vient d'entendre : il veut juste assouvir sa frustration, là, maintenant, dans cette impasse de l'hôtel et attrape l'entre-jambe de Al.
— Arrêtes ! Cri-il. Ne me touche pas...!
— Humm tu veux la jouer comme ça ? Très bien, je vais sorti ton gros jouet, elle se lèche les lèvres et plonge sa main dans le boxer de Al.
Il la repousse si violemment qu'elle en tombe. Hébétée, elle ne comprend pas ce qu'il se passe. La respiration difficile, tremblant, Al l'enjambe pour quitter l'impasse et disparait dans les couloirs.
Son cœur cogne d'anxiété dans sa grande carcasse. Des pensées noires, comme une nuée gluante, caressent son esprit, remontant des souvenirs glauques de sa mémoire. Chaque employé qu'il croise dans sa fuite lui donne l'impression de le dévorer du regard avec une lueur lubrique, comme des mains suintantes caressant son être avec avidité.
La nausée saisit son estomac. Il se sent mal. Il a besoin de calme, besoin de s'isoler, de partir, loin, de se cacher, de ...
— Al ? Cathy sort d'une salle avec d'autres employés.
Immédiatement, elle voit que quelque chose ne va pas sur son visage. Les traits déformés par la peur et le stress : il est en crise de panique. Sans attendre, elle lui prend la main et l'emmène loin des collègues.
Au calme dans un coin de l'hôtel, Cathy se retourne vers lui, se dresse sur la pointe des pieds, et lui attrape doucement le visage entre ses mains.
— Respire Al... respire.
— Je... une boule dans sa gorge l'empêche de parler.
— Tu es en sécurité avec moi. Tout va bien.
Il ferme les yeux pour se concentrer sur la douceur de ses mains. Cathy à un pincement au cœur, jamais elle ne l'a vu ainsi. Lui toujours si calme, doux, le voilà qui convulse en retenant un sanglot.
Cherchant à comprendre ce qui lui est arrivé, elle regarde s'il s'est blessé, puis observe du rouge à lèvres sur sa bouche et sa joue, comme des éraflures, ainsi que sa ceinture défaite, tout comme sa braguette.
Cathy se fige d'horreur.
Al la prend dans ses bras en s'agrippant à ses vêtements.
— Je... veux rentrer... dit-il d'une voix tremblante.
"Comment peut-on oser lui faire ça ?" sa mâchoire se crispe de colère, puis d'un geste doux, lui caresse les cheveux. L'homme se détend dans son étreinte crispée.
Lentement, Cathy ramène son visage face à elle, et glisse ses lunettes de soleil de son nez. Son cœur se soulève en voyant son regard étoilé, habituellement si merveilleux, éploré. N'arrivant pas à trouver les bons mots, elle l'enlace tendrement et dit simplement :
— Rentrons ensemble.
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Daniel reçoit un message sur son téléphone, le même que Vincent, disant "Je rentre. Avec Cathy." Les deux hommes lèvent la tête pour se regarder dans un profond silence.
Exactement comme Mika qui regarde Luan droit dans les yeux après avoir reçu "Cathy est rentrée, elle ne se sent pas bien" de la part de Daniel.
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Dans la Doloréapinus, à l'abri du tumulte de la vitesse, Cathy s'endort a plusieurs reprise. Doucement, Al la blotti contre lui pour sentir sa présence rassurante, posant sa tête contre sa poitrine. La jeune femme sombre paisiblement dans le sommeil, bercée par les battements de son cœur et du ronronnement de la capsule.
Les yeux de Al se perdent sur le paysage qui défile à toute allure.
Les attouchements le hantent encore : sales, poisseuses, dégoûtantes... lui rappelant le déni qu'il s'infligeait autrefois : comment avait-il pu faire semblant d'aimer ça ? Aujourd'hui, ces étreintes le terrifient et le rendent malade.
Mais lorsque que Cathy le prend dans ses bras, saisit ses mains, pose les siennes sur son visage, soupire, gémit, s'agrippe à lui et tremble de plaisir... tout cela ne lui procure que du bien-être, pourquoi ? Et... est-ce que ses lèvres lui feraient du bien aussi ?
Al balaye cette question, indécente, arrivée comme une comète éphémère dans sa tête... mais qui laisse une trace dans ses pensées.
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ça va vous ? Le récit est à fond dans la romance, j'espère que ça vous plait toujours ?
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