Mission 46 : Fast and fierce
(note : la partie kidnapping n'existe plus dans la version réécrite de Corporate)
Là où toute personne sensée appellerait la police, et alerterait ses collègues, l'archiviste a une tout autre réaction. Une réaction qui illustre bien que ses neurones sont grillés par la folie de Corporate : poursuivre seule les kidnappeurs.
Sans attendre, Cathy court vers la voiture. L'homme s'engouffre à l'intérieur et le véhicule démarre.
Le conducteur roule doucement vers la sortie du parking, espérant être discret. Mais quand son acolyte regarde derrière et voit une forcenée en train courir droit sur eux, aussi vite qu'un train lancé à pleine vitesse : il est en sueur.
Propulsée par sa nouvelle prothèse, Cathy n'a pas vraiment le temps de s'étonner de sa prouesse sportive et saute en prenant appuie dessus : un clic, un mécanisme qui se tend, et la voilà catapultée sur le toit de la voiture.
— Mais c'est quoi cette meuf ?! Hurle le kidnappeur.
Le conducteur tourne le volant pour tenter un virage sec et la faire glisser. Cathy tombe sur la carlingue du coffre. Son regard fulminant croise celui du ravisseur qui tient la cage contre lui. Il se sent très mal à l'aise.
— Rendez-moi ce lapin immédiatement ! Hurle-t-elle cramponnée aux bords.
Le véhicule sort du parking et s'engage sur la petite route de montagne en prenant de la vitesse.
— Mais merde balance cette folle dans le vide ! Crie à nouveau l'homme.
— T'es marrant toi ! J'ai pas envie de mourir avec elle !
Cathy remonte comme elle peut vers la vitre arrière et fixe droit dans les yeux l'inconnu qui tient la cage. Sans sommation elle cogne dans le carreau et le brise. Tant pis pour les bris de verre qui se coincent dans sa peau, la douleur, ou pour la note de frai Carglass.
Un virage en tête d'épingle arrive, et le conducteur négocie un dérapage suffisamment brusque pour ne pas tomber dans le vide et désarçonner la jeune femme qui se retrouve à rouler sur le bitume.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Alors que les employés attendent Mister Meh dans la salle commune, Natasha apparaît et vient glisser deux mots aux creux de l'oreille de Daniel qui se lève de sa chaise, l'air totalement paniqué. Il la suit dans un couloir.
Mika l'a vu, et ne peut se retenir de les rejoindre. Il les surprend en pleine discussion :
— J'ai appelé la sécurité, le personnel de l'hôtel : il est nulle part ! Panique Natasha.
— Il s'est caché tu penses ?
— Non ce n'est pas son genre, il ne fait ça que pour le toilettage.
Son téléphone vibre, elle décroche et fait quelques pas à l'écart, pendant que le manager des archives s'approche timidement.
— Je peux aider ?
Daniel se tourne vers lui, surprit de le voir.
— Mister Meh a disparu...
Le regard affolé de l'ange poignarde Mika : il est prêt à tout pour le lui ramener, là maintenant. Natasha se tourne vers eux :
— Une voiture suspecte a été vue quittant le parking il y a 5 minutes. Ils vont appeler la po...
— Trop long, coupe Mika, vous avez une moto ?
Natasha fronce les sourcils, hésites, puis lui tend des clés :
— Prenez la mienne, je n'ai pas vraiment l'habitude de conduire en montagne.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Clopinant sur la route, Cathy a mal à son genou valide et ses bras, mais pas de blessure grave. Sa prothèse semble être à toute épreuve : aucune éraflure, on ne peut pas en dire autant de son téléphone qui s'est brisé sur l'asphalte. Ne sachant pas quoi faire, la peau à vif sur ses coudes, les yeux humides, elle reste hagard quand une moto arrive, et s'arrête à son niveau.
Cathy regarde Mika. Mika la regarde. Ils se fixent. Et sans en dire plus à travers le regard, elle grimpe à l'arrière.
La moto avale la route avec une agilité déconcertante : Mika à l'habitude de conduire vite sur des reliefs, ce qui ne semble pas être le cas des kidnappeurs qu'il rattrape en quelques minutes.
— Ils sont tenaces ces employés ! Vocifère le conducteur en les voyants arriver dans le rétroviseur.
La voiture gêne la moto, l'empêchant de la doubler en tournant dans les mêmes directions. Mais Mika n'a pas dit son dernier mot et attend le prochain virage où il accélère côté falaise, dérape et se place à côté la voiture.
Les archivistes fixent les ravisseurs, ces derniers se demandent ce que prennent les employés de Corporate pour être aussi fous furieux, surtout sur une route de montagne avec des virages en tête d'épingle.
Tout ça pour un lapin.
Un lapin à plusieurs millions d'euros, certes.
Cathy donne des coups de pied dans la portière qui résiste à ses assauts. Chaque mouvement déséquilibre Mika qui tente de rester le plus concentré possible pour éviter l'accident.
Jamais elle n'aurait imaginé un jour regretter qu'il n'ai pas sa batte avec lui.
La voiture tente de donner un coup dans la moto en braquant dans sa direction. Le manager serre les dents, évite l'impact, puis amène Cathy au niveau de la fenêtre du conducteur qui donne un coup de poing dans la vitre et l'explose.
— Ayez l'amabilité d'arrêter votre voiture s'il vous plait !
Éberlué, le conducteur tente une dernière fois de tamponner la moto. Mika est obligé de se déplacer pour éviter le pire. Cathy bondit alors sur la voiture et s'accroche à cette dernière, tandis que son manager s'éloigne en la traitant de cinglée.
— J'ai prévenu ! Hurle Cathy.
Ignorant si c'est à cause de la prothèse, mais Cathy se sent invincible aujourd'hui. Sa main agrippe le volant. Sa poigne est beaucoup trop forte pour que le conducteur arrive à la retirer.
Sur le siège arrière, le kidnappeur blêmit : nauséeux à cause des mouvements aléatoires de la voiture, mais aussi effrayé par autant de déterministe, et se demande si vraiment ces millions en valent autant la peine.
Paniqué, le conducteur demande pitié et s'arrête au milieu de la route. Le kidnappeur sort avec la cage, et cours dans les bois. Laissant le pilote au bon vouloir de Mika, Cathy le poursuit.
Il détale à en perdre haleine, son cerveau se demande à partir de quel moment tout a dérapé : ah oui, quand il a croisé cette folle dans le couloir. On lui avait dit de se méfier des employés de Corporate, qu'ils étaient bizarres, mais il n'imaginait pas à ce point !
Lui, il voulait juste marchander ce pauvre lapin sans défense contre quelques millions et partir aux Bahamas avec sa femme et ses gosses. C'était du tout cuit normalement. Visiblement non. Et le voilà en train de fuir une tarée qu'il croit être à moitié bionique : une sorte de Robocop de Corporate.
Ça le fait encore plus flipper.
Et quand elle surgit devant lui, ruisselante de sueur, les cheveux en pagaille et l'air furieux : il ne peut retenir un cri aigu de terreur qui résonne dans toute la montagne.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
— Vous auriez dû la voir ! Elle a sauté, comme ça, sur la voiture ! Une vraie Xena !
Raconte Mika, beaucoup trop fier de sa collègue pour ne pas raconter cette aventure à qui veut l'entendre, avec quelques paillettes en plus. Bien sûr à aucun moment il ne mentionne qu'il était furieux contre elle, et ses prises de risque inconsidérées.
Daniel le regarde, amusé de le voir aussi enthousiaste.
— ça se voit à des kilomètres qu'il te plait, lui dit la voix taquine de Vincent qui vient de le rejoindre.
Il hausse les épaules en souriant. Mister Meh est en sécurité et se repose dans sa chambre. Cathy s'est fait soigner ses éraflures, et n'a rien de cassé : tout va bien. Daniel peut donc bien se détendre en reluquant les fesses rebondies de Mika et son sourire joyeux.
Non loin, les deux ravisseurs sont saucissonnés dans une couette, sous l'œil alerte de Luan, en attendant que la police atteigne l'hôtel perdu dans les montagnes.
— Ces archivistes... murmure Vincent, c'est une drôle d'équipe.
— Ils me rappelle nous, à l'époque. Toi, moi, Gehlal et Al à vivre des aventures folles dans Corporate, avant d'avoir toujours plus de responsabilités...
— C'est vrai, soupire Vincent pétri de nostalgie.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
Ce soir, la fête bat son plein. Grillades, cocktails, piscine et musique : les employés se lâchent pour cette dernière soirée. Daniel a troqué son costume contre un short et une chemise longue ouverte, tout en blanc bien sûr. Noix de coco remplie d'un mojito, et coiffée d'un parapluie en papier coloré. Il contraste avec Vincent, toujours cintré dans son costard bleu, alors que la majorité des employés sont en tenue décontractée. Même les pingouins de la compta ont laissé tomber leurs liquettes pour des maillots de bain.
Luan s'amuse dans la piscine, à sa façon : défendant sa bouée lapin géante contre l'agresseur Mika qui ne cesse de vouloir la retourner comme une crêpe. La jeune femme est très agressive et n'hésite pas à démontrer ses talents martiaux sur son propre manager, sous les yeux amusés de Daniel et Vincent.
Mais Vincent a peur.
Peur que ces moments de bonheur disparaissent à tout jamais, par sa faute. Rien n'échappe à l'ange :
— Vincent. Ça fait plusieurs semaines que je vois que ça ne va pas, Daniel fronce les sourcils.
— Je crois que je suis raide dingue de la petite archiviste blonde.
Ce n'est pas un mensonge, mais ce n'est pas non plus ce que Daniel pensait entendre. Peut-être se fait-il des idées ? Vincent inspire pour chasser ses sombres pensées et se concentrer sur le petit bout de femme qui fait une prise de soumission à son manager pour le couler.
— Et bien, qu'est-ce que tu fais encore en costard cravate ? Va te changer et rejoint-les.
Vincent sourit en coin, son ami a raison : il doit penser à s'amuser un peu. C'est quelques minutes plus tard qu'il revient en short de bain pour profiter des batailles aquatiques : archivistes et lui, contre Karim et ses sbires du commerce. Un petit filet de volley est étiré entre les deux équipes.
— Ah ah ah! Vous avez pris cette contrefaçon de tuile en lycra avec vous ! Karim pointe Vincent du doigt.
— T'es jaloux face de Biniou ?! Contre-attaque Mika.
— Surement pas, tête de tracteur ! Vocifère son adversaire.
— Vous n'être qu'une bande d'andouilles décapsuleurs de hamster, dit calmement Vincent au commerciaux, barbares.
C'est ainsi qu'un combat de volley épique démarre, où les échanges fusent avec autant de violence que les kaloumox qui s'enchainent.
Cathy regarde tout ce beau monde s'amuser depuis un transat, cocktail à la main. En short et débardeur, assumant d'afficher sa superbe demi-jambe artificielle. Elle ne souhaite toutefois pas se baigner, prétextant préférer se goinfrer au barbecue, plutôt que de prendre le risque d'abimer sa prothèse : sachant qu'elle est connectée et équipée de micromoteurs, Cathy ignore si elle peut se baigner avec.
Et la retirer pour profiter de la baignade avec les autres, lui est juste... insurmontable.
₍⑅ᐢ..ᐢ₎
La nuit est déjà bien avancée quand la silhouette discrète de Cathy se glisse sur la terrasse de l'hôtel, désertée de ses fêtards depuis une bonne heure. Une nouvelle lune diffuse sa lueur argentée depuis le ciel parsemé d'étoiles. Les ombres découpées des arbres sont immobiles, les formes abruptes des montagnes semblent s'élever encore plus haut vers les astres. Pas de vent, pas de bruit.
Cathy s'avance, faisant attention à ne pas briser ce silence reposant, puis laisse son regard profiter de ce paysage totalement endormit.
L'air est encore doux, son pied nu savoure le contact avec le parquet encore chaud. Une douce odeur de bois et de braise plane dans l'air. Malgré la fatigue, elle se sent bien. La terrasse donne sur une magnifique vue des montagnes aux couleurs de la nuit. Au milieu trône la piscine, ses eaux noires placides reflètent les rayons de lune.
Marchant autour du bassin d'un pas flâneur, Cathy profite du calme dans ses pensées, avant de sentir une présence dans son dos. Son cœur s'affole.
Soudain, une main se pose sur son épaule. Dans un reflexe éclair, la jeune femme saisit le bras de l'intrus, se penche vers l'avant et le balance dans la piscine comme un vulgaire sac.
Haletante, Cathy fixe les eaux tumultueuses qui se calment au fil des secondes. Personne ne refait surface.
Craintive, elle s'approche en priant pour que ça ne soit pas le gardien de l'hôtel, qu'elle aurait malencontreusement jeté si fort que sa tête aurait très bien pu cogner le fond. Sa voix tremblante lance un appel, évidemment sans réponse. "Merde, qu'est-ce que j'ai fait ?" peste l'archiviste qui s'agenouille sur le bord.
Soudain, une masse sort de l'eau et l'attrape pour la serrer dans ses bras.
Le cœur que Cathy demande s'il peut se remettre à battre, ou pas, tétanisée par la surprise... avant de reconnaitre cette étreinte. Puis ce rire un peu timide.
Il recule, la laissant respirer. Très amusé, son regard pétille. Immergé jusqu'à la taille, ses grandes mains sont posées sur ses épaules. Cathy ouvre la bouche, la referme, la rouvre pour former un "A" mais rien ne sort, totalement ahuri de le voir ici. Son cœur prend cette découverte comme un top départ pour un sprint.
— Pardon, j'ai dû te faire peur, dit-il tout penaud, excuses m...
Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, les bras de la jeune femme s'élancent pour le saisir et le ramener contre elle. Il entend le cœur de Cathy battre aussi vite qu'une étoile à neutrons.
La jeune femme réalise à quel point ça lui a manqué de ne pas le sentir contre elle. Malgré l'eau fraiche dans laquelle l'homme a baigné, il se dégage de lui cette chaleur réconfortante.
— Que... qu'est-ce que tu fais là ? Demande-t-elle en desserrant son étreinte. On m'a dit que tu ne venais jamais aux séminaires, je ne t'ai pas vu du séjour.
— J'ai changé d'avis et... me suis dit que ça te ferait plaisir.
Al penche la tête sur le côté, la regardant rougir sous le clair de lune.
— Je suis arrivé en Doloréapinus il y a une demi-heure et... pensais te voir le matin, continu-t-il, puis je t'ai vu flâner sur la terrasse.
Cathy bat des paupières.
En vérité qu'importe sa raison, qu'importe comment : il est là et c'est tout ce qui compte. Puis, il recule un peu plus, s'éloignant du bord de la piscine, un sourire taquin au coin de ses lèvres. Al, vêtements trempés et cheveux ruisselants, sous les rayons argentés de la lune, parait comme une créature surnaturelle venant des eaux.
— Tu me rejoins ?
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Sacré course poursuite hein ? xD
A votre avis, il va se passer quoi au prochain chapitre ?
Spoiler : vous n'être pas prêt(e)s, si si, je vous assure :') (j'ai à la fois méga peur et méga hâte de vous le poster)
Ps : merci, vous êtes géniaux, géniales <3
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