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Mission 10 : faire des photocopies

— Tu n'as pas d'offrande pour moi ce matin ?

Demande Vincent en levant un sourcil circonspect. Assis derrière son bureau, il toise l'homme en face de lui et croise les mains.

— Si tu t'habitues, ça ne te fera plus plaisir. Répond Al.

Vincent affiche un rictus, puis ouvre son tiroir.

— Voici tes affectations de la semaine.

Les yeux de Al glissent sur le papier, sa tête se penche sur le côté en continuant sa lecture. Pendant ces longues secondes, son collègue l'observe.

— Où en es-tu de ton objectif annuel ?

Al hausse les épaules et continue de lire. Cette attitude désinvolte agace quelque peu Vincent.

— Alors comme ça, tu envoies des photos de toi nu, avec Mister Meh, à Mademoiselle Niss ?

Les pupilles de Al se dilatent et ses traits trahissent la surprise. Une expression assez rare chez lui et Vincent s'en délecte. Al cesse de lire, voit que son collègue a l'air amusé par sa réaction et attend une réponse de sa part.

— Tu es jaloux ?

Dit-il sans chercher à se justifier, ni contredire la nudité de la photo. De toute façon il sait que tout le monde a l'impression de le voir nu, tout le temps. Vincent se met à rire.

— Non Al, juste amusé et curieux : comment ça se fait ? Elle n'a pas l'air du genre à te courir après pour te mettre dans son lit, contrairement à certains.

— Un concours de circonstances.

— Vraiment ? Vincent tente de le déstabiliser.

— Elle est... Surprenante. J'ai voulu lui faire plaisir. Je n'aurais pas dû ?

— Je n'ai pas dit ça. C'est ... Mignon. Il sourit et Al fronce les sourcils.

— Comment l'as-tu su ?

— Disons que c'est un "concours de circonstances". Dit-il amusé. En-tout-cas, ça a l'air de lui plaire vu qu'elle l'avait en fond d'écran samedi.

Al analyse cette information, il ne sait pas quoi en faire, mais sent qu'il est content de l'entendre. Vincent saisit sa tasse de café encore fumante.

— Pour t'en faire une amie, c'est plutôt bien parti. Je suis content que tu prennes des initiatives comme celle-ci. Continue.

A vrai dire, Al n'a aucune idée de ce qu'il est censé faire.

₍⑅ᐢ..ᐢ₎

Les jours passent, Cathy commence à s'habituer à la vie dans Corporate. Elle quitte peu les archives, mais s'y sent très bien. La jeune femme prend ses aises et surprend ses collègues avec sa logique de classement, ainsi qu'avec sa force. Elle soulève des cartons et piles de dossiers que même Mika a du mal à porter.

Mais elle a encore beaucoup de choses à apprendre sur l'entreprise et son fonctionnement. Elle a appris des petites choses, par exemple, le robot de sécurité dans la remise s'appelle "Romus" et qu'il en existe beaucoup d'autres caché dans les murs. Elle a également appris que la dame de l'accueil se nomme Marguerite, que des poubelles autonomes circulent dans les opens espaces avalants quiconque jette un papier par terre, et qu'il faut toujours tourner à droite quand on croise un burrito dans un couloir.

Ce matin, Mika a une mission spéciale pour elle :

— On a un problème avec notre imprimante. J'ai appelé les Mandes-toners, mais ils sont occupés à préparer une expédition au 13e étage. Il soupire. J'aimerais que tu ailles au 24e pour utiliser une imprimante.

Il lui tend un papier avec des indications, et un dossier à photocopier. Cathy se demande vraiment s'il n'y a pas plus proche que de devoir aller au 24e.

— J'ai remarqué que tu aimes te débrouiller comme une grande, mais je t'ai noté le chemin à prendre, même si je préfèrerais t'accompagner.

Cathy saisit le papier.

— Si je me fais continuellement escorter partout, je n'apprendrai jamais à m'en sortir seule.

Elle sourit et Mika lui tend sa batte de base-ball.

— Au cas où tu croiserais le cinglé.

Poliment elle décline la suggestion : la violence ce n'est pas son truc.

Cathy lit le chemin indiqué par Mika. Elle prend un ascenseur qu'elle ne connaît pas et qui semble faire uniquement les étages pairs, sans passer par le rez-de-chaussée. Une fois au 24e, elle tombe sur une statue verte de lapin, prend la deuxième à gauche, arrive devant une porte, tape deux fois dans ses mains et cri "Pingouin !" : un bip se fait entendre et la porte s'ouvre.

Derrière, se trouve un immense open space et une fumée lui agresse les yeux et les narines : tout au fond une pile de papier de deux mètres est en train de brûler. Quelqu'un à côté d'elle hurle :

— La balise de détresse est allumée ! Le Marketing appelle à l'aide !

Aussitôt, une dizaine de personnes quittent leur poste pour se ruer vers le brasier. Cathy cligne des yeux et relit la note de Mika "ignorer le marketing, et prendre la porte immédiatement à droite".

Difficile d'ignorer un incendie, mais elle décide de se fier à son manager et prend la porte à droite. Pour l'instant, tout se passe bien. Elle longe un couloir et atterrit dans une alcôve où trône un photocopieur.

Il est énorme. Même à la bibliothèque municipale elle n'a pas vu un engin pareil. La machine est pourvue d'une multitude de boutons, de plusieurs écrans et scanners. Le tout en un seul bloc de 4 mètres de large pour 1m50 de haut.

— C'est un vaisseau spatial... ? Murmure-t-elle.

Elle s'approche et inspecte l'engin sur tous les angles. Avec tout ce qu'elle a vécu, elle s'attend à ce que ça lui parle, ou joue de la musique, lui demande de faire un karaoké ou la danse des canards pour faire une photocopie : elle en est sûre.

Motivée à utiliser une imprimante de l'espace, Cathy dépose les feuilles du dossier dans le compartiment fait pour ça, habituellement, puis cherche à allumer l'engin. Elle trouve un bouton, mais ça ne fait rien. Elle en tente un autre et soudain, la machine se met à tressauter, faire une musique à base de "bip" et produire de la lumière dans tous les sens.

— Un mode discothèque... ?

Elle sourit. Mais ce n'est pas ce qu'elle veut. Le tintamarre cesse au bout de cinq interminables minutes. Et c'est au bout des dix suivantes qu'elle trouve un bouton qui allume les 4 écrans et scanners du photocopieur.

Sur le premier écran elle tente de comprendre l'interface qui n'est pas très claire. Elle pense avoir trouvé, appuie, mais un message lui dit "vous n'avez pas activé le bon mode". Ses yeux se posent sur les 36 autres boutons de la machine.

Cela fait vingt minutes maintenant, la pauvre Cathy se sent humiliée de ne pas arriver à utiliser une imprimante. Ici, son téléphone ne capte pas : impossible d'appeler son équipe à l'aide. Les bras tendus, appuyés contre la machine, les yeux rivés sur un écran, la jeune femme est au bord de la crise de nerf. Elle est au point de se dire que la batte de baseball de Mika lui servirait au moins à se défouler. À condition de trouver quelque chose sur quoi taper.

Elle a tout essayé : les boutons, chanter, parler à l'imprimante, sautiller, taper dans les mains. Rien. Un profond sentiment d'impuissance la saisit.

Quand soudain, quelqu'un derrière elle tend le bras et appuie sur un bouton. Avant même qu'il ne parle, elle reconnaît son odeur. Cathy déglutit. Elle sent sa présence, il est très proche, trop. Presque contre elle,  sa chaleur corporelle l'enveloppe.

Bizarrement elle se sent comme dans un doux cocon.

— Pour allumer en mode impression, c'est celui-ci, dit-il doucement.

Sa voix est toujours aussi agréable à écouter. Ses oreilles en redemandent. Cathy contrôle sa respiration pour gérer une agitation hormonale imminente. Toujours calmement, Al continue :

— Ensuite, tu sélectionnes cette icône.

Les oreilles de Cathy deviennent aussi brûlantes que l'anse d'une théière. Elle se sent pathétique. Déconnectée de son corps depuis des années, il lui est impossible de comprendre pourquoi elle n'a aucun contrôle sur ses réactions.

— Tu dois aussi en faire une copie par email ?

— Oui, dit-elle fière de ne pas avoir bégayé.

— Je te montre.

Son odeur est vraiment, vraiment divine : elle ne l'écoute plus. Ou plutôt entend uniquement "bla blabla blablabla et blabla" . 

"Bon sang ! Contrôle-toi merde ! T'es vraiment nulle !" Hurle-t-elle à l'intention de ses neurones en sueurs.

— ... et là, tu appuies ici.

La machine se met à ronronner et lance la photocopie du dossier au complet. Al recule. Les neurones de Cathy prennent une goulée d'air frais à la surface de la réalité. Elle n'ose pas se retourner.

— Tu... te sens mal ?

— Non je... ça va. Merci pour ton aide.

Al l'observe, il voit bien qu'elle tremble et que ses oreilles ont la couleur du dossier N°47 de Clémence, du secteur commercial, avec écrit dessus "défense de traiter !"  écrit en majuscules.

— Je... suis désolé. Je vais m'en aller, dit-il honteux.

Al pivote pour revenir sur ses pas. Cathy se retourne vivement : elle n'a pas envie qu'il se vexe, c'est à elle de s'excuser, il n'a rien fait de mal.

— Attends !

Soudain, l'équilibre de sa jambe devient approximatif. Elle entend le bruit d'un cliquetis : une vis qui s'échappe. Sa cheville artificielle n'a pas suivi son mouvement. Cathy se rattrape au photocopieur pour ne pas tomber, tout se maudissant de ne pas avoir vu le prothésiste ce week-end.

— Ce... ça va ! Je me suis juste tordue la cheville : ça va passer. Elle fixe ses jambes, mal à l'aise.

"Bien sûr que non, une vis ça ne repousse pas", se dit-elle. Al se retourne, marche droit vers elle sans dire un mot et s'agenouille à son pied. Il tend ses mains vers le pantalon avant de se raviser :

— Je... peux regarder ? demande-t-il hésitant, ayant peur de sa réaction.

Le cœur de Cathy rate un battement. Lui attend patiemment une réponse, sans la regarder.

— D-D'accord.

Al porte sa main sur une sacoche accrochée à l'arrière de sa ceinture, il la détache et la pose à côté du pied. Puis, sous les yeux écarquillés d'une Cathy dont le souffle est toujours coupé, il se met à inspecter la cheville.

Elle ne sait plus quoi dire, plus quoi faire. Il n'a pas l'air surpris ni dégoûté. Normalement, la honte devrait la saisir, mais la stupeur de le voir s'affairer sur son articulation de métal est plus forte. Son rythme cardiaque se relance en tapant fort de sa poitrine jusqu'aux tempes.

— Comment tu... ?

— À ta démarche depuis que tu es arrivée.

Al constate qu'elle porte un modèle ancien. Il fouille dans sa sacoche, trouve une vis et remplace celle qui est tombée.

— Tu voulais me dire quelque chose ? dit-il pour combler le silence et la mettre à l'aise pendant qu'il bricole.

Cathy le fixe. Il ne porte pas son casque mais elle ne voit que son dos et sa chevelure. Elle détourne la tête et respire profondément pour se calmer.

— Je tenais à te dire 2 choses. Premièrement : je ne sais pas comment tu as fait pour entrer dans mon téléphone, mais ce n'est pas très... ça ne se fait pas. Deuxièmement : merci pour la photo. Je l'adore. Voilà.

L'homme est surpris, Vincent ne lui a pas menti : elle l'a gardé. Il ne sait pas quoi répondre, d'habitude soit on le fuit, soit on le drague ouvertement, soit on se montre violent envers lui.

Rarement les gens font l'effort de se comporter normalement. Il se souvient que Vincent et Daniel ont mis environ un an pour avoir ce niveau de complicité avec lui. La jeune femme grimpe dans son estime.

Peut-être veut-elle être son amie ? Al affiche un large sourire qu'elle ne peut apprécier depuis son point de vue. 

Il soulève doucement son pied mécanique et teste la mobilité de l'articulation avant de le reposer. Al a des gestes délicats et assurés, une maitrise de ce qu'il fait s'en ressent. Cathy le remercie, touchée par ce qu'il vient de faire sans aucun jugement.

— Est-ce que tu en voudrais d'autres ?

Le pouls de la jeune femme réagit comme un pauvre lapin dans une navette lancée à une vitesse de 4G. Un neurone appuie sur le bouton d'alerte en imaginant toutes les possibilités du calendrier "les Dieux du stade". Bien sûr qu'elle aimerait, mais c'est honteux de l'assumer et ne dit rien.

Satisfait de son œuvre, Al défait l'ourlet et se redresse. Proche de Cathy il voit qu'elle fixe le mur et que son visage est encore plus écarlate, comme si sa peau teste si elle peut aller toujours plus loin sur l'échelle de la couleur rouge.

Lui qui a proposé gentiment, sans arrière-pensée, se retrouve malgré tout à déclencher la panique hormonale de sa collègue. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs : il est loin d'avoir pensé à des photos de nus. Son cœur se serre : il se sent stupide d'avoir pensé pouvoir se faire facilement une amie.

— Je vais y aller. Dit-il en voyant qu'il a empiré la situation.

Cathy inspire et se mord la joue pour se reprendre.

— Ça doit être infernal... pour toi. Non ? Elle baisse la tête. À ne pas pouvoir approcher les gens sans que ça ne dégénère.

Il est pris de court. Jamais on ne s'est intéressé à ce que lui peut ressentir dans ces situations.

— Ça me rend triste. Mais je n'en veux à personne.

Dans un mouvement qui lui demande de rassembler à la fois du sang-froid, et une volonté devenue aussi lourde que du plomb face à la gravité : Cathy essaye de relever son regard, mais ne parvient pas à dépasser le stade de la ceinture.

— Cathy... ne te force pas. Je n'en vaut pas la peine. Dit-il en remettant ses lunettes.

Elle sent son cœur se compacter dans sa poitrine comme s'il voulait se mettre en boule. Ce qu'il vient de dire est trop triste.

Al s'approche d'une fenêtre et l'ouvre. Cathy glisse son regard du coin de l'œil, très prudemment. L'homme saute.

Elle se précipite à la lucarne : ce mec est fou ! En contrebas, en pleine chute, elle le voit tendre un pistolet et tirer : un grappin muni d'une ventouse qui se colle à une vitre. Elle lui hurle en espérant qu'il entend :

— Eh ! Je ne suis pas d'accord avec toi ! Et envoie-moi des photos que je m'entraine !

Puis elle le voit traverser une fenêtre, entre le 15 et 20e étage. Cathy reste interdite : ce type n'est pas croyable.

Un éclair de lucidité la frappe soudain et elle comprend enfin pourquoi il se déplace ainsi : c'est plus rapide que l'ascenseur. L'idée de l'imiter la tente...

Derrière elle une petite musique retentit : l'imprimante a terminé. 

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Cathy et son cerveau qui a sa volonté propre x)
ça vous a plu ? J'espère que ce chapitre à permit d'humaniser l'étrange "Mr Al"

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