J'avais envie à présent de vous mettre en avant un roman qui est sorti assez récemment et qui vaut vraiment la peine d'être découvert. Je l'ai pris au hasard en bibliothèque car la couverture me plaisait assez et était colorée. Or, j'avais envie d'un livre léger pour accompagner ma lecture du troisième tome des "Salauds gentilhommes" (j'attends toujours la traduction du 4 d'ailleurs, les éditeurs !). Alors, je ne sais pas si c'était léger, mais dépaysant c'est clair. 

Allez, je n'en dit pas plus : découvrez-le ! 

Le sang de la Cité. T1 - Capitale du Sud par Guillaume Chamanadjian

Capitale du Sud, keskece? 

Enfermée derrière deux murailles immenses, la Cité est une mégalopole surpeuplée, constituée de multiples duchés. Commis d'épicerie sur le port, Nox est lié depuis son enfance à la maison de la Caouane, la tortue de mer. Il partage son temps entre livraisons de vins prestigieux et sessions de poésie avec ses amis. Suite à un coup d'éclat, il hérite d'un livre de poésie qui raconte l'origine de la Cité. Très vite, Nox se rend compte que le texte fait écho à sa propre histoire. Malgré lui, il se retrouve emporté dans des enjeux politiques qui le dépassent, et confronté à la part sombre de sa ville, une cité-miroir peuplée de monstres.

Pourquoi c'est bien ? 

J'ai adoré ce livre et je suis facinée par ce que les auteurs comptent en faire. Je dis bien "les" car a priori, cela fait partie de la saga des "Tours de garde" et deux auteurs se partagent l'histoire : une autrice va suivre l'histoire d'une capitale au nord tandis que le livre que je viens de lire est le premier tome d'une tribologie qui se concentre sur la cité du Sud "Gemina".

Nous ne sommes pas loin du coup de cœur et je ne sais pas où commencer. Sincèrement, la hype est à son comble à la fin du roman (j'écris à chaud, il est temps que je me dégourdisse pour me sortir un peu de l'effervescence tranquille où je suis). J'ai adoré l'univers sincèrement, tous ces clans, ces quartiers, tous ces personnages qui prédisent de grandes évolutions... On sent que toutes les prémisses sont en place, c'est un excellent romans d'introduction, car on ne se rend pas tout à fait compte que c'en est un.

La Cité a une ambiance du sud de la France savoureuse. Entre la gastronomie des plats du Sud, les pauvres cigales qui disparaissent, la météo, les oliviers... Je n'avais jamais lu une ville de Fantasy qui avait autant cette ambiance. J'avais découvert des romans plus inspirés des villes romaines, mais cette ambiance du centre de la France... Et en plus c'est un roman avec des hommes et des femmes qui vivent dans une société égalitaires ! Enfin ! J'en suis tellement heureuse ! Les femmes sont duchesses, maître de chais, grande combattante... Dame Lotharie est un des personnage qui m'a fait une grande impression, mais je pense que c'est surtout la jeune peintre rousse Aussilia (je crois que cela s'écrit ainsi), ami du héros, qui m'a le plus séduit. Pas d'histoire d'amour dans ce tome (ce qui me remplit de joie également), mais des liens sont tissés entre les deux et si je devais accepter une romance ce serait bien entre ces deux personnages que j'apprécie.

En effet, si je devais citer un personnage marquant, c'est le héros sans aucun doute. Il est fantastiquement attachant. Il n'a pas de physique avantageux, il frôle même la calvitie pour un jeune homme, mais ses talents sont multiples : un vrai couteau suisse ! Très sociables, il sait se rendre agréable, humain et attachant. Son rôle de commis l'amène à s'y connaître en bouffe et là forcément, moi on m'a séduit. Il sait faire visiter, il aime la poésie, jouer, boire... même ses entraînements pour devenir assassins ne lui enlèvent pas la vie qui est en lui et ne le transforme pas en un personnage sans sentiment.

Il a un passé terrible et les ennuis dans lequel il se retrouve plongé le dépasse. Il a toujours un présentiment que quelque chose va mal se passer et à chaque fois il a raison, mais il est toujours incapable de l'en empêcher. Un peu comme une Cassandre pour lui-même. Son maître Tyssant a raison sur ce point: essayer d'empêcher des décisions c'est comme se battre contre la marée avec une cuillère en bois.

En fait ce qui est le plus tragique c'est de voir ce qui aurait pu se passer : la gloire de la tortue, la vie de la jeune mariée à la fin, une relation père/fils entre Tyssant et Nox... Nox, le héros, aurait pu devenir un figure majeure du clan de la Caouane si les circonstances ne l'avaient pas fait retourner contre ceux qui l'ont élevé.

Tous le mystères autour du Souffleur est super bien mené. L'auteur ne s'embarrasse pas de garder le secret sur des choses qu'on devine dès le début, et tranche tout de suite, ce qui évite un faux suspense tout péter. J'ai l'impression qu'il manque encore un bout à l'histoire et on n'a pas encore la signification des mystérieuses paroles de Ethram, le duc fou. Il y a encore tellement à découvrir !

Je hais le personnage de Daphné soyons claire. C'est typiquement le genre de personnage féminin fou à la Harley Quinn ou Bellatrix qui ne m'intéressent pas, mais qui disons le font des antagonistes imprévisibles. Enfin, si ils feront tout ce qui est susceptible de faire le plus de mal. Et ça, c'est génial dans le déroulement d'une histoire.

J'aime aussi beaucoup le style. Encore une fois, c'est un livre à la première personne qui nous immerge complètement dans les pensées du héros principal et c'est si agréable que je suis en train de revoir ma position sur les livres à la première personne. En fait, j'apprécie cela. L'auteur fait beaucoup appel aux cinq sens, à des images très nets et précises si bien que se balader dans la ville est un plaisir, on l'impression d'y être ! En tout cas, moi, cela m'a marqué.

J'ai beaucoup aimé l'introduction du jeu "la tour de gardes". C'est très différents des échecs, des dames ou du jeu de go... On peut avoir différentes pièces, des personnages un peu collector... Je trouve cela génial, cela donne un vrai souffle aux jeux que j'ai l'habitude de croiser en roman.

Les manigances politiques sont super bien menées et Nox se trouve bringuebalé aux rythmes de ces dernières. Parlons-en du rythme d'ailleurs : il est simplement parfait. Je n'ai pas eu l'impression de langueur, cela allait suffisamment vite et le livre savait se poser quand il le fallait. Chaque scène a une utilité et permet de faire avancer l'intrigue, même quand ce n'est que pour introduire un personnage ou faire suivre son évolution. He suis vraiment curieuse d'ailleurs de voir ce qui va advenir de Symètre sincèrement. Il n'a pas le profil de simple faire valoir du héros ou de quota pour que le héros ne soit pas tout seul, bref le pote sans trop de personnalité qui ne sert à rien si ce n'est à mourir pour faire se ressaisir le héros. Il a un rôle à jouer, loin des clichés et j'adore. 

L'auteur a su insuffler de la vie, de la personnalité et une unicité dans les personnages et c'est je crois un énorme point fort du livre.

Je n'ai rien à reprocher à ce livre (ci ce n'est de se finir trop tôt). 

Le petit avis d'Alba. 

Cela fut une excellente découverte pour être franche et je vous invite à le lire. Il se trouve aisément en bibliothèque. Je vais pour ma part me procurer l'autre roman "Capitale du Nord". 

Et puis, c'est l'occasion de voir une Fantasy différente de d'habitude et des personnages pas banal ! Un roman d'introduction qu'on ne voit pas passer !