Chapitre deux
Pdv Louis
Je dormis très mal le premier soir -l y avait quelqu'un dans l'eau, j'en étais certain-. Et quand je descendis dans la cuisine au petit matin, je me rendis compte qu'il n'était que six heures vingt et que ma mère dormait encore. Je me dirigeai donc, encore endormi, à la cuisine puis au salon, jusqu'à arriver devant les portes vitrées menant à notre plage privée.
Je réussis à me rendre jusqu'au sable doux sans tomber, puis à m'y asseoir. Profitant du silence, je me mis à contempler la mer encore calme. De petits crabes se déplaçaient rapidement, laissant des pointillés dans le sable. Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi, mais suffisamment pour que ma mère me rejoigne dehors et me crie de rentrer, insistant sur le fait que j'allais tomber malade à rester dehors. Comment, je n'en avais aucune idée.
« Alors...Je pensais à aller en ville. Tu veux sans doute te faire de nouveaux amis étant donné que tu vas rejoindre le lycée la fin de l'été, » tenta ma mère dans l'espoir de créer la conversation. Je haussai simplement les épaules et pris une bouchée de mes céréales. Ma mère laissa tomber sa cuillère sur la table, créant un petit bruit métallique. Elle me toisa en soufflant.
« Ecoute, Louis. Je sais que ce n'est pas l'idéal, mais je ne retournerai pas dans une ville où tu as fini à l'hôpital. Alors ce serait bien que lorsque tu arrives au lycée tu connaisses déjà quelques personnes, tu comprends ? » Je la regardai, puis hochai la tête.
« Je vois ce que tu veux dire, » marmonnais-je. Elle acquiesça et se remit à manger. Le silence habituel accompagna le reste de notre repas.
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Je pensais que les choses seraient différentes ici, mais pas vraiment en fait. Je jetai un coup d'œil aux personnes à l'allure snob marchant aux alentours. Je soupirai alors puis remarquai qu'une librairie faisait partie des nombreuses boutiques de la rue. J'entrai donc et souris lorsque l'odeur du papier et de l'encre me monta au nez.
J'adressai un petit signe de main en lançant un petit « bonjour » au cassier, avant de partir explorer. L'endroit était rempli de tonne de livres qui allaient jusqu'aux rayons les plus hauts des étagères.
« Besoin d'aide ? » Je fis volte-face et tombai nez à nez avec un blond à l'allure guillerette.
« Oh, euh, non. Merci. » Je lui adressai un petit sourire et me remis à fouiner. Cependant je savais qu'il était toujours derrière moi.
« Tu es nouveau en ville non ? » demanda-t-il soudainement. Je me retournai alors à nouveau et hochai la tête.
« Ouais, j'ai emménagé hier. » Le garçon me sourit jusqu'aux oreilles en me tendant la main.
« Je m'appelle Niall, ton futur meilleur ami car je n'ai personne d'autre qui me parle ! »
D'accord, ce n'était habituellement pas quelque chose dont on pouvait se vanter, mais bon. Je lui serrai la main. « Louis. C'est plaisant de voir qu'il y a des personnes amicales, ici. » Niall se mit à rire et me suivit dans la librairie.
« Tu m'étonnes. Tous ces fichus snobs me rendent malade. » Je hochai la tête. « Tu veux que je te raconte un peu l'histoire de la ville dans laquelle tu viens d'arriver ? » Demanda-t-il un peu plus tard. J'acquiesçai à nouveau, intéressé. « Eh bien, c'est un peu idiot, en vrai, mais il y a longtemps, dans les années 1800 je crois ? Ce mec, Charles Welsh, est tombé sur cette plage. On raconte qu'après deux mois à y rester il est devenu fou, rabâchant sans cesse qu'il y avait des personnes dans l'eau. Genre avec la queue de poisson et tout le bordel. Bref, il est devenu si dingue qu'il est allé dans l'eau pour rejoindre ces « gens » et il n'est jamais revenu. Et ce n'est seulement à l'arrivée de son frère que la ville fut réellement établie. »
Je me sentis pâlir. « Genre, comme des sirènes ? » Niall hocha la tête en riant.
« Ouais, mais franchement on pense tous qu'il était un peu malade dans sa tête. Ne t'en fait pas, ce ne sont que des histoires. »
Je haussai les épaules et murmurai. « Ce n'est pas possible que ce soit vrai, mais est-ce que tu aurais des livres sur l'histoire de la ville, pour que je comprenne mieux ? »
Niall y réfléchit quelques instants avant d'acquiescer. « Ouep ! C'est à l'étage cependant donc je reviens ! » Il disparut dans des escaliers que je n'avais même pas remarqué. Niall semblait être une bonne personne et avait définitivement attiré mon attention, c'était certain. Je jetai un regard circulaire dans la boutique et remarquai qu'il n'y avait que des personnes âgées. Je me remis ensuite à regarder les noms des livres sur les tranches, mais mon esprit était toujours focalisé sur Charles Welsh. Il n'était pas fou, je les avais aussi vu. Ou du moins vu quelque chose. Merde, on était tous les deux dingues. J'étais sûr que c'était la faute de Zayn. Il avait dû me frapper tellement fort que je me mettais à avoir des hallucinations avec des gens et des nageoires.
« Et voilà ! » Je sursautai à la voix de Niall. Il me tendait un vieux livre dont la couverture était en cuir. Il semblait avoir été entre de nombreuses mains vu les égratignures.
« Merci, euh. Je paye où ? » Niall regarda à sa gauche, puis à sa droite, avant de se mettre à me pousser en direction de la porte.
« Nulle part. » Il me fit un clin d'œil et fourra quelque chose dans ma poche, puis me poussa hors de la librairie et accrocha le signe « fermé » sur la porte avant de fermer celle-ci. Je clignai des yeux, intrigué, mais finis tout de même par me mettre sur le chemin du retour. La ville se réduisait lentement derrière moi tandis que je marchai le long des maisons possédant leur propre portion de plage.
Je réussis avec succès à repérer ma maison et en fit le tour pour me rendre vers les rochers. Je m'assis sur celui plat qui était au bout, et me mis à fixer l'eau scintillante en me rongeant les ongles. J'inhalai l'air marin avant d'ouvrir le livre et de jeter un œil à son sommaire. Page 47...Charles Welsh.
Je me rendis avec impatience à la page et tombai sur une écriture en italique indiquant les mots Charles Welsh. Je regardai combien de pages il faisait, puis me mis à lire.
« Charles Welsh, né en 1816, était un aventurier depuis son plus jeune âge. Ce fut alors sans surprise qu'il quitta son chez-soi pour aller découvrir les plages de Sea Grove. Malheureusement, en 1838, il commença à développer une malade mentale assez rare lors de son séjour là-bas. Il prétendait voir des hommes à queue de poisson, ou comme nous les appelons maintenant, des sirènes. La composante la plus inédite de sa maladie était qu'il ne 'voyait' que des sirènes mâles, aucune femelle. Mais la sexualité de Charles expliquerait peut-être ce phénomène. Selon l'un des hommes de celui-ci, il pouvait « rester assis sur la plage et regarder les vagues comme si elles étaient mues par magie. Des fois il chantonnait à voix basse, et son esprit lui faisait apparaître ces créatures à queue de poisson ». Et durant la nuit du 12 mai, Charles se volatilisa. Beaucoup de ses hommes pensaient qu'il était allé dans la mer et s'était noyé, d'autres qu'il était parti à cause de sa maladie qu'il voulait fuir, et enfin quelques uns d'entre eux pensaient que Charles n'était pas si fou que ça et qu'il s'était rendu dans le royaume des sirènes et formait un couple avec l'un d'entre eux. Quelques mois plus tard, Davis Welsh, le frère de Charles, est venu établir la ville pour de bon. Beaucoup d'hommes de Davis disaient qu'il gardait précieusement le carnet de son frère et qu'il ne s'en séparait jamais. Malheureusement, ce journal ne fut jamais retrouvé et l'on en vient même à se demander s'il a un jour existé. Après trois ans, les gens commencèrent à s'installer à Sea Grove et le business était florissant. De nombreuses personnes pensent que la raison pour laquelle personne n'a développé la maladie de voir des sirènes ou n'a vu de sirènes tout court était que la population ne cessait de croitre. Pourtant, personne ne savait réellement. Etait-ce une maladie, ou Sea Grove était-il un lieu où la magie régnait? »
Après avoir lu la dernière page je me mis à observer l'océan. Charles chantait, comme moi. Etait-ce vrai ? Louis, tu rigoles ou quoi ? Tu as l'air ridicule. Après être resté quelques instants silencieux, je me décidai à chanter à nouveau. Je doutais avoir vu une sirène la dernière fois, c'était probablement un dauphin ou un autre poisson. Peut-être même un requin. Je me mis alors à chanter.
« It's nine o'clock on a Saturday
The regular crowd shuffles in
There's an old man sitting next to me
Making love to his tonic and gin
He says, "Son can you play me a memory
I'm not really sure how it goes
But it's sad and it's sweet
And I knew it complete
When I wore a younger man's clothes."
Sing us a song you're the piano man
Sing us a song tonight
Well we're all in the mood for a melody
And you've got us feeling alright »
Je m'arrêtai de chanter et regardai avec attention autour de moi. Il n'y eut ni gerbe d'eau, ni nageoire, ni absolument personne. Je secouai la tête. Je te l'avais dit que tu te montais le bourrichon. Je me relevai et m'apprêtai à faire volte-face pour retourner chez moi lorsqu'une voix dit. « Ne t'arrête pas ! » Je tournai ma tête ainsi que mon corps d'un seul coup, tremblant tandis que je cherchais des yeux la source de cette voix grave.
« Qui est là ? » dis-je. L'eau était toujours terrifiquement calme. Et puisque personne ne me répondit, j'essayai de laisser tomber et me dépêchai de rentrer chez moi.
« Je t'ai dit de continuer à chanter, » dit à nouveau la voix.
Je me tournai à nouveau mais ne vis absolument rien. Je revins alors lentement sur les rochers et me rassis. Il y eut quelques petites vagues.
« Que veux-tu que je chante, alors, qui que tu sois ? » Les vagues se firent un peu plus fortes, comme si elles me demandaient simplement de chanter, peut importait quoi.
Je me mis à chercher des musiques. Une fois la bonne trouvée, je souris puis me mis à parler aux vagues qui entouraient certainement la voix mystérieuse. « Je chante un truc court. C'est déjà assez étrange que je parle à quelqu'un ou à quelque chose qui n'existe probablement pas. » Les vagues montèrent jusqu'au sable, maintenant illuminé par la lumière du soleil.
"He says I smell like safety and home
I named both of her eyes "Forever" and "Please don't go"
I could be a morning sunrise all the time, all the time yeah
This could be good, this could be good
And I can't change, even if I tried
Even if I wanted to
And I can't change, even if I tried
Even if I wanted to
My love, my love, my love, my love
He keeps me warm, he keeps me warm
What's your middle name?
Do you hate your job?
Do you fall in love too easily?
What's your favorite word?
Do you like kissing ? You make me so nervous when you look at me.
He says that people stare, because we look so gold together.
And I can't change, even if I tried
Even if I wanted to »
J'ouvris les yeux, n'ayant même pas réalisé que je les avais fermé, et observai une nouvelle fois les alentours. Le soleil était maintenant pratiquement couché et les vagues étaient calmes. Je contemplai l'écume au sommet de certaines vagues. Et au milieu d'une vague où le soleil se réfléchissait, je pus voir quelque chose ressemblant à une queue. « T'es réel ? » demandais-je sans préambule. L'océan sembla comme s'arrêter. Les vagues avaient pratiquement disparues, touchant à peine le sable. « Parce que si tu l'es, j'aimerais le savoir. Histoire de ne pas penser que je suis fou. » Les vagues reprirent.
Je fermai les yeux et étais sur le point de m'allonger lorsque j'entendis un « plop ». Je me rassis sans perdre de temps et me rendis compte que le livre venait de tomber dans l'eau. « Merde ! » Je me relevai et regardai derrière moi afin d'essayer de le récuperer. Mais quand je le fis, le livre était à nouveau sur le rocher. « Ah ! » criais-je en reuclant. Avec mon regard fixé sur l'océan à présent noir, je poussai à nouveau le livre dans l'eau et me retournai, comme pour confirmer ce que je pensais.
Et quand je me retournai encore, le livre était de retour sur le rocher. Je faillis pratiquement m'évanouir mais au lieu de cela, et pour une dernière fois, je jetai le livre au milieu de l'océan et fis volte-face. Cependant je ne perdis pas de temps à me retourner, et faillis encore une fois m'évanouir losque je surpris une main posant le livre sur le rocher.
Je couinai et courus jusqu'à l'intérieur de ma maison. Tanpis pour le livre, je n'étais définitivement pas fou.
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Le lendemain matin je me réveillai et sautai le petit déjeuner, puis embrassai ma mère sur la tête sans lui lancer un regard ou lui dire un mot. A la place je courus à l'extérieur pour voir les rayons du soleil sécher les pages du livre qui s'était ouvert, et dont les pages remuaient avec le vent. Je marchai jusqu'au rocher où je pris place, encore sous le choc de ce que j'avais vu hier.
Les vagues me paraissaient normales et j'écoutais avec attention leurs bruits, celui des petits animaux de mer et celui du sable. Puis je me mis à scruter les vagues s'écrasant sur le sable au pieds des rochers. Je plissai alors les yeux quand je vis des vagues soudainement plus fortes et à un endroit différent. Je me mis debout et partis mener l'enquête en m'assurant de prendre le livre avec moi.
On aurait dit que quelqu'un avait dessiné un truc dans le sable. Je m'en approchai afin de voir ce que c'était lorsque je réalisai que la personne n'avait pas dessiné quelque chose, mais écrit. Je lis attentivement les mots et sentis une vague de malaise et d'inquiétude monter en moi. « Tu n'es pas fou ». Quelqu'un était là, alors pourquoi ne se montrait-il pas ? Un bruit de plongeon attira mon attention.
Tout en fixant les vagues, je décidai que si il ne voulait pas se montrer, eh bien j'allais le faire à sa place. J'allais aller faire du surf.
NOTES :
Comme annoncé, ce chapitre est plus long que le premier.
Je crois que le premier chapitre faisait aussi guise de prologue, en fait. Mais bon !
Mais sinon, qu'en avez-vous pensé? C'est super original, non? (:
Pour ceux que ça intéresse, voici les musiques : Piano Man de Billy Joel et She keeps me warm de Mary Lambert.
La suite prochainement !
xx
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