
38. Only cigarettes to breath
Mai.
M-2.
L'échéance se rapprochait, pas à pas. Lentement, elle s'insinuait en nous, dans nos esprits à Jimin, moi et les autres, et elle ne nous quittait plus.
Deux mois. Trois, selon les médecins parisiens.
Il flottait tout autour de moi un sentiment de bien-être étrange durant ces derniers mois. Depuis notre départ à Paris, c'est comme si je vivais dans une espèce de flou total, comme si tout ce qui se passait autour de moi n'était pas réel. Bien sûr, j'avais eu des rappelle à l'ordre comme mon malaise à l'Opéra Garnier, ou bien ma crise d'épilepsie, mais je ne les voyais que comme des incidents de parcours, des petits désagréments à côté de tout le reste.
Paris, le Kenya, les soirées, Yeondaebong...
Pourquoi, alors que je commençais à vivre, devais-je mourir ?
Il y avait encore tellement à faire, tant à accomplir...
La liste des rêves de Jimin commençait à être complète, et pourtant je mourrais d'envie de lui demander d'en rajouter. Je crevais de lui faire vivre encore et encore les plus grandes folies de ce monde. Je pensais avoir encore un peu le temps. La liste était presque finie, et je pensais vraiment pouvoir la rallonger encore un peu.
Et puis, il y a eu ce jour du 5 Mai.
Il faisait beau, pourtant. Nous avions décidé de sortir le chien avec Jimin pour le balader le long du fleuve Han. Les rives étaient bondées de passants, de touristes, d'enfants et de parents, et le doux air de Mai nous offrait comme une dernière heure de sérénité avant la tempête.
Il paraît que rien ne peut prévoir un AVC, c'est bien pour ça qu'on l'appelle « accident vasculaire cérébrale ». C'était un accident, rien de plus. Je m'étais effondré au beau milieu des quais en hurlant, avec la sensation que l'on avait déchiré mon cerveau en fines lamelles, par accident.
En réalité, il n'y avait rien d'accidentel à ça. J'avais une tumeur, et il ne me restait que deux mois. Logique que mon corps fasse des siennes.
Contrairement au malaise ou à la crise d'épilepsie, j'étais toujours alerte de ce qu'il se passait autour de moi, je ne m'évanouissais pas malgré la douleur insurmontable. Je pu donc distinctement entendre après mon hurlement celui de Jimin, encore plus déchirant que le cirque qui obstruait ma cervelle.
Et une nouvelle fois, hôpital. Examens sur examens, comme si cela pouvait encore changer quelque chose. Comme si un médecin allait débarquer dans ma chambre et me dire « Mr Jeon, on s'est trompé sur les scans ! Vous n'avez pas de cancer, y'avait juste une poussière sur votre radio. Tout va bien ! » Rien de tout cela n'est arrivé, et il n'y a pas eu de bonnes nouvelles. Seulement des mauvaises.
50 % de perte de vision.
J'avais cru cela normale, en me réveillant dans mon lit d'hôpital, de voir les choses autour de moi de façon floue mais ce n'était pas le cas. J'avais bien perdu une grande partie de mes capacités visuelles.
Cela aurait pu être pire, m'avait dit mon médecin. J'aurais pu perdre l'usage de mes jambes, la mémoire, j'aurais pu être incapable de parler.
J'aurais pu mourir, aussi. Un peu en avance, certes, ce qui aurait été très fâcheux.
Il allait sans dire que, pour Jimin, la décision avait été prise : Nous partions à Jeju dans deux semaines, le temps de dire au revoir – ou adieu – aux garçons.
Nous avions convenu de ça quelques mois plus tôt, tous les deux. Bien que je me plaisais à Séoul, j'étais loin de mes parents et la ville n'était pas des plus relaxantes pour le pauvre cancéreux en phase terminale que j'étais. Alors, nous avions prévu de partir pour vivre mes vieux jours dans la maison de mes parents sur l'île avec ceux-ci. Le départ était initialement prévu mi-Juin, mais l'échéance avait dû être avancée.
Et, comme si la situation n'avait pas été assez humiliante comme ça, j'avais pu être reconduit chez moi avec en ma possession un fauteuil roulant dernière génération. Le genre d'engin rutilant, une vraie bête de course.
Jimin avait tenté de m'y mettre quand nous étions sortis de la voiture, mais j'avais bien entendu catégoriquement refusé. Je n'y voyais plus clair, mais j'arrivais encore à marcher alors j'avais emprunté l'escalier, comme d'habitude. Comme une journée normale dans ma vie normale.
Cette fois-ci, j'avais supplié Jimin de ne pas prévenir les autres. Je ne souhaitais pas d'une nouvelle fête surprise de bienvenue, je ne voulais pas de leur sourire et de leur compassion. Je voulais être seul avec mon chien, mon mec, et attendre.
Ça a fonctionné. J'avais simplement dit aux autres que je n'étais pas au top cette semaine, et que je voulais profiter un peu de Jimin. Ils m'avaient cru et avaient accepté, même Taehyung qui pourtant me rendait visite au minimum tous les deux jours auparavant. Il fût le plus dur à convaincre, mais accepta malgré tout. Je savais que je faisais une connerie, que si une semaine passait, cela voudrait dire qu'il ne m'en resterait plus qu'une à passer avec eux avant mon départ mais je n'arrivais pas à les voir. C'était trop dur pour moi de réaliser que, déjà, je passais pour de bon mes derniers instants avec eux.
Jimin avait accepté également ma décision, sans me dire si c'était une bonne ou une mauvaise idée. Il était comme un zombie depuis mon AVC, errant dans l'appartement comme s'il n'appartenait plus au monde des vivants. Cela dura trois jours. Trois longs jours où nous ne sommes pas sortis, où nous n'avons pas vu la lumière du jour. Juste lui et moi, dans notre appartement, à s'aimer de toutes les manières possibles et inimaginables avant de quitter ce cocon que nous avions créé, et qui depuis presque 3 ans abritait le coeur de notre couple.
Et puis, le quatrième jour, Jimin se leva en furie. Je ne savais pas quelle heure il était, les volets étaient fermés en permanence et mon petit ami eu l'air d'en avoir marre puisqu'il se mit à tout ouvrir dans l'appartement. La lumière soudaine m'aveuglait, tandis que Jimin se mit à ranger frénétiquement nos vêtements sur le sol, la vaisselle entassée un peu partout, et le bordel de trois jours consécutifs sans réellement vivre.
J'étais assis en tailleur sur le lit, la couverture autour de mes épaules et je le regardais aller et venir dans la chambre sans jamais me jeter un regard, les yeux rivés tantôt sur l'aspirateur, tantôt sur la corbeille à linge sale qu'il remplissait avec énergie. J'étais encore dans les vapes d'une nuit agitée, et je me frottais les yeux en marmonnant dans ma barbe comme un enfant capricieux.
- Bébé, reviens te coucher...
- Non, me répondit-il d'un ton sec sans cesser ses activités.
- Jimin... Ais-je grogné en lui tendant les bras. Câlin.
Devant moi, Jimin avait soupiré, lâchant enfin la serpillière du regard pour se tourner vers moi, et à la vue de l'air dessiné sur son visage, je regrettais de l'avoir sorti de sa folie ménagère.
- Non Jungkook. Ça fait trois jours que je ne dis rien, que je fais exactement tout ce que tu veux sans te contredire mais là, stop. Il est 15 heures, bordel, et on vient juste de se réveiller. Regarde, regarde dehors ! Il fait beau, il y a du soleil, les gens vivent et nous aussi, on doit vivre. Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir de te lever, de te bouger et d'aller faire couler un putain de bain pour toi et moi, parce que je te jure qu'on sent le fauve.
Et, sur ces mots tranchants, Jimin me tourna à nouveau le dos, astiquant le sol d'une manière furieuse. J'étais comme un con. Évidemment, j'aurais dû le voir arriver. Jimin était une vraie pile électrique qui normalement ne pouvais pas rester en place, mais je pensais que lui aussi avais eu besoin de se couper du monde avec moi. J'avais dû me tromper.
- Je ne t'entend pas te lever, m'avait lancé Jimin sans même me regarder alors que j'étais toujours en pleine réflexion.
Message reçu. Un peu sous le choc, je me levais alors du lit en grimaçant, triste de quitter mon cocon, et je me dirigeais vers la salle de bain avec l'impression de m'être fais grandement victimisé. Je fis couler l'eau, évitant à tout prix mon reflet dans la glace, puis j'ajoutai du bain moussant et des huiles parce que, Jimin avait raison, on puait grave. J'enlevai ensuite le seul boxer que je portais avant de me glisser dans l'eau chaude, couinant de satisfaction.
Jimin ne tarda pas à me rejoindre. Quelques minutes après, il fit son entrée dans la salle de bain, toujours sans un regard pour moi. Il se déshabilla, puis me rejoignit dans l'eau en venant s'installer en face de moi. Enfin, ses yeux rencontrèrent les miens et automatiquement, je lui souris.
- Ça y est, tu vas me dire pourquoi tu boudes ?
Mon petit ami leva les yeux au ciel en secouant la tête.
- Je ne boude pas. Juste, je peux plus supporter qu'on soit en mode loque. J'dis pas qu'on doit aller se faire des randonnées hein, mais juste pas resté enfermer à l'appart. On a passé trois jours à faire selon tes règles, maintenant on va passer aux miennes.
Je ne pus m'empêcher d'étouffer un rire, ramenant la mousse contre mon corps en le taquinant du bout de mon pied.
- Tu parles comme dans l'émission où ils échangent leur maman là.
Enfin, Jimin m'offrit son premier sourire de la journée et m'éclaboussa gentiment.
- J'suis sérieux Kook ! Dit-il avec un air qui disait tout le contraire.
- D'accord bébé, on fait comme ça, concédais-je avant d'ouvrir les bras à nouveau. Mais viens par-là, t'es trop loin là...
Jimin leva à nouveau les yeux au ciel, sans cesser de sourire cette fois-ci, et il vint se caler entre mes bras, son dos contre mon torse en laissant l'arrière de sa tête reposer contre mon épaule.
- On a passé trois jours à faire l'amour et à dormir l'un sur l'autre. Tu n'en as pas marre que je te colle ?
Je secouais la tête, enfouissant mon nez dans son cou en fermant les yeux, mes doigts caressant lentement la courbe de ses hanches.
- Jamais, je ne me lasserai jamais.
Je sentis Jimin sourire contre moi, et ses doigts vinrent trouver les miens sur son corps pour les entrelacer ensemble.
- Moi non plus. Je veux de ça, je ne veux que ça...
Mon soupire s'échoua dans le cou de Jimin, alors que j'éteignis du bout de mon pied le robinet. Je serrais les doigts de Jimin entre les miens, embrassant délicatement sa peau à ma portée en lui soufflant.
- Mon coeur, tu sais, on en a jamais parlé mais d'un côté, tout est parti de là... Je ne veux pas que tu restes seul toute ta vie. Quand j'ai essayé de te trouver quelqu'un, quand j'ai rencontré Seokjin, quand j'ai fait la connerie de vouloir te pousser dans les bras de Yoongi c'était vraiment parce que ça me faisait peur de te laisser. Maintenant, je sais qu'il y aura les autres mais si... Si un jour, tu retombes amoureux...
- Jungkook... Me supplia Jimin.
Je le fis taire d'un baiser en me redressant légèrement, gardant mes lèvres tout près des siennes.
- Si un jour tu retombes amoureux continuais-je non sans douleur dans la voix, je ne veux que pas que tu te mettes de barrière. Je ne veux pas que tu te sentes coupable vis à vis de moi, ou de ce qu'on a pu vivre... D'accord ?
Le corps entier de Jimin fût pris d'un frisson, malgré la température élevée du bain, et il secoua la tête vivement.
- Ça n'arrivera pas...
- On ne sait pas, le coupais-je doucement. Tu ne peux pas savoir.
- Je n'en ai pas envie...
- Alors si tu en as pas l'envie, ce n'est pas grave. Mais si ça arrive, vis-le mon ange. Je ne t'en voudrais jamais d'être heureux, tu comprends ?
Comme un enfant, Jimin hocha sagement la tête alors que son corps se retourna pour se retrouver face à moi, ses grands yeux brillants s'ancrant dans les miens.
- Je n'aimerai jamais quelqu'un comme je t'ai aimé. Jamais Jungkook. Tu es mon premier amour, et encore plus que ça. Tu es l'histoire de ma vie, l'aventure de ma vie, l'amour de ma vie...
- Tu te trompes, le coupais-je à nouveau en lui souriant difficilement. Des aventures, tu en as des tonnes à vivre. Et c'est évident que tu n'aimerais pas quelqu'un comme moi, on aime jamais deux fois pareil. Ce sera différent, mais ça sera bien aussi mon chat. Tu me fais confiance ?
- Oui... Souffla Jimin à demi-mot en se mordillant la lèvre.
- Bien, souris-je en emmêlant mes doigts dans ses cheveux roux. Et tu sais que Jeon Jungkook a toujours raison.
A ces derniers mots, Jimin pouffa et je lui donnais une petite tape avec l'air faussement outré alors que mon petit ami me vola un baiser.
- T'es du genre à ne jamais avoir raison.
- Ah oui ? Tu crois ça ?
- Absolument, affirma Jimin qui avait maintenant retrouvé un vrai sourire.
- Remarque, ce n'est pas faux... Dis-je en faisant mine de réfléchir. Quand je t'ai embrassé pour la première fois, j'étais persuadé que tu me foutrais un vent phénoménal. Et heureusement, j'ai eu tort.
- Franchement, j'étais trop choqué pour être capable de quoi que ce soit ! Pour moi, il y avait plus de chance que je devienne prêtre plutôt que de me faire embrasser par toi.
Je ris doucement, jouant avec les mèches de Jimin en m'amusant à l'embrasser à divers endroits du visage.
- Ta tête était tellement drôle ! Tu m'as regardé après pendant super longtemps, et je me souviendrais toujours de ce que tu m'as dit.
- « Mais tu fous quoi ?! » Récita Jimin en gloussant.
- Avec ta tronche de premier de la classe et tes lunettes à triple foyer... C'était comique !
- Et toi, tu te souviens ce que tu m'as répondu ? Me demanda Jimin.
Doucement, je hochais la tête, un tendre sourire sur mes lèvres.
- « J'en ai aucune foutre idée, mais je meurs d'envie de recommencer ».
- Et tu l'as fait.
- Et je n'ai jamais arrêté de le faire depuis, tous les jours, jusqu'à aujourd'hui.
Le sourire de Jimin s'agrandit alors davantage, malgré mon air niais et mes mots qui l'étaient encore plus. C'était un souvenir douloureux pour lui et pour moi, je le savais bien mais il était quand même agréable de se le remémorer de nouveau. Comme pour être sûr que tout ça avait bien été réel, comme pour s'assurer qu'il existerait toujours.
Nous avons continué de barboter dans le bain pendant près d'une heure, jusqu'à ce que l'eau soit froide et que Jimin me sermonne quand à ma fâcheuse habitude de faire couler de l'eau chaude en continu. Nous nous sommes donc lavés, enfin Jimin le fit pour moi car j'étais toujours faible, et puis parce qu'il aimait ça, puis nous sommes sortis. Encore une fois, il dû m'aider à me rendre jusqu'au canapé, et il m'y installa en se penchant pour embrasser mon front.
- Met toi un film bébé, je finis de ranger et après on se bouge, d'accord ?
J'ai acquiescé, et Jimin fila à nouveau pour remettre de l'ordre dans l'appartement tandis que j'attrapai Dobby et mis un film au hasard sur Netflix. Le chien contre moi, je me mis plus à somnoler devant l'écran qu'autre chose. Depuis ma sortie de l'hôpital, et même un peu avant, je passais le plus clair de mon temps à dormir. De plus, les instants torrides de ces derniers jours avec Jimin m'avaient un peu foutu sur le dos, alors je m'octroyais le luxe de laisser mon petit ami faire le ménage.
Le son du film en fond me berçait, et j'étais au bord du sommeil quand Jimin, qui avait visiblement fini de jouer à Cendrillon, revint à mes côtés sur le canapé, m'obligeant à ouvrir un œil.
- Bon, j'ai fait la vaisselle, j'ai lancé une machine, j'ai changé les draps donc je t'annonce que nous vivons désormais dans un lieu de vie sain !
- J'en suis ravie, grognais-je en venant automatiquement poser ma tête comateuse contre son bras.
- Et, maintenant y'a un truc dont il faut qu'on parle, et je veux qu'on en parle maintenant au moins on est fixé, on y revient plus dessus et on pourra enfin aller s'aérer la tête.
- Mh ? Lui répondis-je seulement, peu enclin à continuer la discussion.
- Ton enterrement.
Silence de ma part. Jimin m'avait sorti ça de façon... Lointaine, comme s'il me parlait de quelque chose de quelconque. Je savais que ce n'était qu'une apparence, mais après tout on y était préparé, le sujet avait déjà été abordé et je préférai qu'il m'en parle de cette façon, avec du recul et de façon lointaine, justement.
- On se débarrasse de ça, continua Jimin, et on y pensera plus au moins. Ok ?
Je retrouvais là mon Jimin si confiant qui savait prendre les choses en main, et cela me rappelai le moment où nous nous étions rendus chez le médecin pour la première fois ensemble, et où il avait été d'un calme et d'une écoute sans pareil, sans faille. Je m'obligeais alors à me redresser afin de m'asseoir à côté de lui, et je hochais la tête en inspirant à fond pour m'insuffler un peu de confiance à moi aussi.
- Ok, qu'est-ce qu'on doit voir ?
- Toi et moi, on a juste à voir la musique et le lieu. Ta mère m'a dit qu'elle s'occupait du reste, on s'est eu au téléphone pour déjà discuter de ça.
J'ignorai que les deux s'étaient appelé, et je devinais que cela devait être quand j'étais retourné à l'hôpital. Je compris alors qu'en ne nous occupant seulement du lieu et de la musique, ma mère gérait le reste, à savoir le cercueil, la pierre tombale, les invités, la « fête » après l'enterrement, et tous ces côtés plutôt sympathiques. Je la connaissais, elle avait dû prévoir que nous ne serions pas capable Jimin et moi d'assurer ces choses-là.
- Pour le lieu, dis-je en haussant les épaules, je m'en fou un peu. Mais vaut mieux le faire à Séoul, non ?
- Mh, ça va être galère pour toute ta famille de venir de Busan. Peut-être le faire là-bas plutôt ? Au moins, on pourra aller chez tes parents après.
- Tu as raison, acquiesçais-je. Puis ce sera plus pratique pour mes cendres, parce que j'ai réfléchis-
Jimin soupira en caressant distraitement ma cuisse.
- Je t'ai déjà dit Jungkook, c'est illégal maintenant de récupérer des cendres et de les disperser.
- A l'enterrement de mon grand-père, le gars du funérarium était vachement sympa et nous en avais donné un peu en douce !
- Oui, mais c'est glauque !
- J'demanderai à Taehyung et Namjoon, ils arriveront à en subtiliser...
- Ok ok, je m'en chargerai ! Répliqua rapidement Jimin. Et tu voudras qu'on les disperse où ?
Je souris doucement, sachant évidemment que Jimin ne laisserait jamais une mission aussi périlleuse à mes deux meilleurs amis, et je secouais la tête à sa question, comme une évidence.
- Yeondaebong.
La main de Jimin se resserra sur ma cuisse, comme un accord silencieux, puis il attrapa un papier qui traînait sur la table pour noter tout ça.
- Ok, alors... Busan, puis... Yeondaebong... C'est bon. Et la musique ?
- Je ne sais pas, lui répondis-je en haussant les épaules. Je ne vois pas ce qui peut être bien pour ce genre... D'événement.
- J'ai une idée, moi.
Sans répondre, je levais les yeux vers lui pour l'interroger du regard.
- Forever young, me souffla-t-il en écrivant le titre du morceau d'Alphaville sur la feuille, comme s'il n'avait pas besoin de mon accord.
- Tu vas faire chialer tout le monde si tu mets ça.
- On chialera tous de toutes façons, Jungkook.
Je n'avais pas su quoi répondre, ne relevant pas la main de Jimin qui tremblait en écrivant sur le papier, et je me contentais de me coller à lui en l'étreignant doucement. Nous n'avons pas pleuré. A vrai dire, nous ne pleurions plus depuis un moment. La douleur du quotidien était telle qu'elle était devenue une habitude, comme une vieille amie. Et, maintenant, ma mort avait été accepté par nous deux, non sans difficulté mais malgré tout, il devenait parfois plus simple d'en parler, et c'était libérateur pour lui comme pour moi, à l'image de cet instant. La préparation de l'enterrement aurait pu être un moment terrible à passer mais la chose était si désacralisée qu'elle semblait juste être une précaution. De plus, je savais que ce serait moins douloureux pour Jimin et ma mère de le préparer de mon vivant, plutôt qu'à ma mort, dans la précipitation et dans l'émotion.
A côté de moi, Jimin finit d'écrire ce que nous avions convenu sur la feuille avant de la plier soigneusement.
- Ça, c'est fait ! Dit-il en la rangeant dans le tiroir de la table basse. Maintenant, on va s'habiller.
- On sort ? Lui demandais-je en suivant son corps se lever du canapé.
- Pire. On va voir Taehyung, parce qu'on part dans une semaine, et qu'il est temps de lui dire.
Et une boule monstrueuse se forma au creux de mon ventre.
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J'ai jamais autant update depuis le début de cette fiction putain, j'suis à fond.
Il est 4 heures du matin, je suis rentré un peu bourré vers 2 heure et j'ai écris ce chapitre en un temps record. Peut être l'alcool m'aide à être créative... Enfin, le chapitre n'est pas super long non plus en comparaison avec les précédents mais il est un peu transitoire pour la suite. Il est pas méga joyeux non plus mais malheureusement à ce stade ça devient compliqué. J'essaye malgré tout d'y mettre un peu des touches d'humours alors dites-moi s'il vous a plus!
Je vous aime, prenez soin de vous, et l'alcool est dangereux pour la santé. <3
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