Il était là. Je crois que ça faisait bien dix minutes que je l'avais aperçu maintenant, mais je n'arrivais pas à me résoudre à aller lui parler. Je n'avais pas grand-chose à faire pourtant, il était à quelques mètres de moi. Je n'avais qu'à m'avancer un petit peu et il me verrait, on parlerait, on rigolerait et tout redeviendrait comme avant. Mais je ne bougeais pas, je ne sais pas trop ce qui m'en empêchait, mon cerveau ? Surement, ce petit con ne me laisse jamais faire ce dont j'ai envie. Mon corps? Peut-être, peut-être que mon corps lui-même ne voulait pas se j'y aille. Mon cœur ? Aucun doute.

Chan était là, devant moi. Il rigolait avec des gens qui m'étaient totalement inconnus, il avait l'air bien, à l'aise, heureux. Il semblait même assez proche de l'un d'entre eux. Était-ce un de ses amis proche ? Est-ce que ce garçon à la bouille de golden retriever était son meilleur ami de maintenant, celui qui a été présent lorsque son meilleur ami du passé s'est enfuit ? Ou peut-être que c'est plus qu'un simple ami ? Quelqu'un dont Chan n'avait surement as envie de parler avec moi.

C'est très certain que j'ai toujours eu une façon bien puéril de voir le monde, Chan n'est pas à moi. La notion de "meilleur ami" c'est pour les enfants, au pire les ados en manque d'affection. Je ne suis plus en âge de prendre ce genre de chose trop à cœur. Mais ça non plus je n'arrivais pas à m'y résoudre.

Mais est-ce que j'avais le droit d'arriver et de briser cette bulle de bonheur dans laquelle il se trouvait ? Et pour lui dire quoi ?

"Joyeux anniversaire Chan, je suis désolé d'avoir été un ami si médiocre. On se boit un café à l'occasion ?"

La bonne blague. Tout ça pour que l'on se regarde ensuite dans le blanc des yeux en espérant que ce moment se termine au plus vite.

En plus j'aime même pas le café...

Je m'apprêtais donc à partir, et au passage envoyer balader toutes les résolutions et promesses que je m'étais faites à moi-même en venant ici ce soir. Je n'avais qu'à retourner à ma petite vie minable de rat de laboratoire, et espérer que ce garçon fera du meilleur travail que moi aux coté de mon meilleur ami.

Mais même ça il semblait que mon corps ne voulait pas l'accepter, car une fois de plus, je suis resté figé.

Sans mentir, j'aurais pu rester là jusqu'à ce que ma fin ne sonne, jusqu'à ce que mes jambes ne lâchent et que mon corps ne s'écroule. J'aurais pu passer le reste de ma vie à cet endroit si cela me permettais de le voir sourire.

Je l'avais accepté, alors je pouvais bien rester là quelques instants de plus, juste profiter de cette vue. Après aujourd'hui que me restera-t-il de toute façon ? Ce soir je perdais Bang Christopher Chan, Chan, Channie, mon ami, mon meilleur ami...

Et mon cœur s'emballa, son sourire accompagné de deux fossettes, ses yeux en demi-lune, un regard pétillant. Soudainement tout s'arrêta, le monde se figea, comme ce sourire sur ce visage. Chan était là, à quelques mètres de moi, il y avait surement des dizaines de personnes entre nous, mais ils n'existaient plus. Le monde autour qui me semblait oppressant quelques secondes plus tôt n'était plus que flou, alors que lui ne m'étais jamais apparu aussi clair et réel.

Et ce sourire, c'est à moi qu'il l'adressait.

Là, à quelques enjambées, Chan m'offrait un cadeau le jour de son propre anniversaire. Et lorsqu'il se déplaça pour me rejoindre, je n'avais qu'une envie, c'était de crier.

Je voulais lui crier mes excuses, mes regrets, mais aussi mes rancœurs et mon mal-être. J'avais envie qu'il sache pourquoi, qu'il m'entende et me comprenne. J'avais envie qu'il m'accorde son pardon et qu'il me promette que cette histoire était derrière nous, que à partir de maintenant il serait là pour m'empêcher de l'abandonné. Ironique n'est-ce pas ?

Lorsque son corps percuta le mien, et que ses bras m'entourèrent, je repris ce qui fut surement la plus grande inspiration de ma vie, n'ayant même pas remarqué que je m'étais arrêté de respirer en attendant qu'il réduise lui-même la distance qui nous séparait.

- Minho...

Sa voix avait-elle toujours été aussi claire ? Ses épaules aussi larges et ses bras aussi forts autour de moi ? Depuis quand il sent la cannelle ? Depuis quand il aime la cannelle en fait ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête alors que mon corps lui ne bougeait pas d'un millimètre, enserré par celui bien plus imposant de mon ami.

- T'es venu.

Je senti comme une sorte de soulagement dans son intonation. Comme si lui aussi il avait parié sur le fait que je trouverais une énième excuses pour éviter cette soirée. Et même si ça avait failli être le cas, maintenant, entouré de ses bras, je ne regrettais aucunement d'être venu.

Lorsqu'il s'écarta finalement, laissant toujours ses mains sur mes épaules et m'affichant un sourire absolument rayonnant dans cette ambiance de boite de nuit, les regrets refirent rapidement surface, ne semblant pas vouloir me laisser tranquille plus longtemps que le temps d'une accolade.

- S-salut Chan...

Son sourire était lumineux, rendant surement jalouse la plus brillante des étoiles, et pendant un instant j'en oublia absolument tout. De ma vie de reclus à la distance que j'avais instauré entre lui et moi. J'en oublia même le beau-gosse dragueur bizarre qui m'avait permis de rentrer ce soir. Il n'y avait plus que Chan et son rire caractéristique, ses yeux en demi-lune et ses fossettes qui rendent son sourire que plus grand. Je n'écoutais même pas ce qu'il me racontait tant l'avoir à mes côtés me semblais déjà surréaliste, et malheureusement pour moi, j'aurais de l'être plus attentif et remarquer plus tôt dans quelle embuscade je venais de tomber.

- Viens je vais te présenter aux autres, je pense même que t'as déjà rencontré Jisung à l'époque non ?

Je du cligner plusieurs fois des yeux avant de me reconnecter à la réalité et remarquer que Chan me tirait exactement vers le groupe de personne avec qui il se trouvait avant de m'apercevoir. Tous mes sens réapparurent à cette constatation et les voyants rouges de ma phobie sociale auto-diagnostiquée se mirent en alerte.

- Qu... qui ? Heu je sais pas... les gens là ? T'es sûr ?

- Tu vas voir ils sont super chouette. Ajouta le jeune homme aux cheveux crollés en faisant glisser sa main de mon avant-bras à ma main, la tenant dans une poigne légère pour s'assurer de ne pas la perdre.

Il a toujours eu cette musculature ? Et ces veines sur ses bras.... Ressaisis toi Minho et prépare ta sociabilité c'est pas le moment de se foutre la honte.

- Les gars—

Pas de connerie, fais rien de bizarre.

–je vous présente Minho—

Nous fous pas la honte, nous fous pas la honte.

—c'est— »

- Lee Minho ! Criai-je presque en m'inclinant dans une souplesse que je ne me connaissais pas et faisant sursauter l'entièreté du petit groupe face à moi, coupant au passage la parole à Chan.

Et bien sûr l'étape « ne pas nous foutre la honte » on peut l'oublier...

J'avais toujours le regard rivé le sol, n'osant même pas me relever alors que je sentait le regard des amis de Chan sur moi. Même la tête à moitié en bas je pouvais deviner que tous me regardaient surement bizarrement, se demandant probablement qui se présente de cette manière.

C'est seulement lorsqu'un certain rire caractéristique que je reconnaitrait entre mille retenti que j'osa relever un œil pour voir Chan le sourire au lèvre déposer sa main dans mon dos, m'obligeant à me relever complètement.

- Et ben voilà vous l'aurez compris, c'est Minho. Ajouta-t-il en plantant son regard rieur dans le mien gêné.

Les autres m'offrirent des sourires discrets qui me donnèrent encore un peu plus envie de m'enterrer six pied sous terre. J'eu droit à la présentation de deux trois personnes, le fameux Jisung que en effet j'avais rencontré à l'époque où Chan avait laissé tomber ses études. Une jeune femme qui se trouvait être une productrice avec qui mon ami travaillait. Et enfin le fameux garçon à la bouille de chiot, qui s'avérait s'appeler Seungmin.

Je ne questionna pas vraiment Chan sur le genre de relation qu'ils entretenaient tous les deux, premièrement parce que ça ne me regarde pas, et ensuite car elle me semblait assez claire au vu des regards chargés que mon ami australien portait sur le jeune brun.

Une ou deux bières me passèrent dans les mains au fur et à mesure que la soirée avançait, je prenais le temps de les boire sachant que ma résistance à l'alcool était au plus bas. On ne peut pas vraiment dire que je participais aux conversations dans le groupe non plus, me contentant d'écouter et cette position me convenais très bien.

Jisung avait essayé de venir échanger quelques mots avec moi ce qui m'avait pris de court et fait bégayer plus que de raison. Heureusement pour moi Chan était arrivé de nul par et avait tenu la discussion à ma place. Ça avait quelque chose de rassurant de l'avoir à nouveau à ses côtés depuis des mois sans le voir en réel, de l'entendre parler autrement que par un appel rapide ou quelques messages échangés.

Plus la soirée avançait, et plus je me sentais partagé. La joie et le soulagement de le revoir. Et la déception de soi, accompagnée de son lot de honte de ne pas être à la hauteur de l'homme qu'il est devenu. Car croyez-moi, il est devenu exactement la personne extraordinaire qu'il était censé devenir, les dieux devaient avoir leurs favoris.

Aux alentours de minuit, heure à laquelle je ne pensais même pas être encore présent, certains du petit groupe décidèrent de se décaler vers la piste de danse ce qui fit naître un immense sourire sur les lèvres de mon ami qui se retourna à une vitesse impressionnante dans ma direction. Et pour la première fois de la soirée Bang Christopher Chan me terrorisa.

Il est hors de question que je danse.

Mais bien sûr ça ne loupa pas, Chan me proposa de danser et devinez quoi.... J'ai refusé.

Je prétexta une fatigue mécanique de mes cellules musculaires due à l'heure déjà avancée ce qui fit rire mon ami d'enfance malgré le visage déçu qu'il affichait. Je me contenta donc de rester sur le côté, ma bière en main sûrement chaude et plate avec le regard posé sur l'unique personne qui semblait en valoir la peine ce soir.

Je dois avouer qu'un brin de jalousie me traversa le corps. Moi aussi j'aurais aimé avoir l'audace de danser sans me soucier du regard que me porteraient les autres. Je me demande la sensation que ça fait de juste se laissé aller, juste profiter de la musique en n'en ayant rien à faire de si mes mouvements ont l'air débiles ou non. Chan était ce genre de personne, il s'amusait, riait, dansait et c'était la plus belle chose à voir ce soir. Il ne m'avait jamais paru aussi beau que ce soir, son sourire, ses cheveux...

Hop hop hop on dérive là, on se reprendre. Non mais qu'est ce qui m'arrive à moi ce soir ?

Je secoua la tête, plongeant mon regard dans ma bière plate en me demandant si c'était l'alcool qui me faisait délirer avant de sentir une présence se poster sur ma droite, m'obligeant à relever le regard. Quelle ne fut pas ma surprise d'y découvrir le mannequin beau-gosse du début de soirée, toujours accompagné de son sourire charmeur. Je dois l'avouer que j'avais très légèrement oublié son existence, mais il faut dire que pour quelqu'un qui ne sort jamais il se passait beaucoup de chose en une soirée et je n'étais pas vraiment habitué.

- Je suis déçu de ne pas t'avoir recroisé de la soirée, alors je me suis dit que j'allais aller à ta recherche. Me glissa-t-il en se penchant vers moi pour passer au-dessus de la musique.

- Heu je... oui.

Eloquence 10/10, félicitation Minho.

Mon bégayement sembla amusant car son sourire s'agrandi avant qui ne porte son regard sur ma boisson.

- Tu as laissé tomber le coca ?

Il ne semblait pas se moquer, mais je ne sais pas pourquoi son ton rieur me dérangea. Je regardais à mon tour la boisson ambrée avant de faire une petite grimace.

- J'aurais peut-être pas du. Je vois pas ce que les gens aime dans la bière, c'est pas dingue. Dis-je d'une mine dégouté, relevant le regard vers la piste de dance pour continuer d'observer le monde s'amuser, mais surtout parce que je ne voulais pas affronté monsieur le mannequin.

Ce dernier sembla suivre le chemin de mon regard et posa à son tour ses yeux sur les danseurs de cette nuit, il rigola en critiquant deux trois personnes ce qui me conforta dans le fait de ne pas avoir suivi Chan sur la piste. S'il y a bien une raison pour laquelle je ne m'abandonne pas à l'envie de me laisser aller à mon tour sur la piste, c'est bien parce qu'il y aura toujours quelqu'un pour critiquer. Je ne me voile pas la face, je suis un trouillard, et il n'y a rien qui me fait plus peur que la critique d'autrui.

- Je vois que t'as trouvé Chan finalement.

J'acquiesça parce que de toute façon, qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre. Il le voyait bien que j'avais trouvé Chan, et que Chan dansait avec les autres, pas obligé de le mentionner. Ça a du être à partir de ce moment-là que j'ai commencé à ne plus tant que ça apprécié la compagnie de monsieur mannequin. Il me mettait mal à l'aise, son assurance ne faisait que rendre mon anxiété plus visible au yeux du monde et son regard me laissait un effet sale sur le corps.

Il fallait soit que je parte, soit que je parte. Pas plus compliqué que cela.

Cependant les deux bières que je venaient de boires devaient surement faire plus que 6,2% d'alcool car à peine Chan eut-il passé son bras autour des épaule de ce Seungmin que je trouva un nouvel intérêt pour la publicité de parfum ambulante à mes côtés.

- Hum et où sinon vous vous connaissez comment avec Chan ?

- C'est mon ex.

Ah. Ben nickel.

- Et toi, vas-tu enfin me révéler ton identité ô mystérieux inconnu ?

- Moi ? Oh moi j'suis personne, juste... un vieil ami.

- Mhhh je vois, et ce vieil ami a sûrement un joli nom pour accorder à son joli visage n'est-ce pas ?

Est-ce que quelqu'un m'avait déjà dit que j'avais un joli visage ? Oui ma grand-mère surement. Et je peux jurer qu'elle ne l'a pas dit avec cette voix qui me fit frissonner du petit orteil au bout des cheveux.

Cependant je ne sut pas si c'était un frisson d'envie comme celui qui m'avait traversé le corps en début de soirée après qu'il m'ait officieusement proposé de me manger (hum hum), ou alors un frisson de gêne mélangé à un brin de honte en me rendant compte qu'il avait analysé mon visage.

- M- Minho.

Encore une fois, je le répète au cas où ça aurait échappé à certain, je ne suis pas quelqu'un de marrant. Alors il fut très clair que lorsqu'il éclata de rire après que l'on se soit fixé dans les yeux pendant quelques seconde me vexa légèrement, voir beaucoup.

- Non non le prend pas mal, ça te vas super bien. Juste une chose rassure moi, t'es pas Minho comme Lee Minho ?

- ... si ?

Il sembla comme casser durant quelques secondes de plus, s'arrêtant dans ses gestes pour me regarder avec des yeux que je ne réussirent pas à décrypter. Cependant il repris vite son sourire en se passant une main dans les cheveux.

- Bah c'est bien ma veine celle-là. Dit-il tout bas avant de reprendre plus haut. Je me disait bien que ton visage me disait quelque chose mais je savais pas d'où. C'est donc toi LE meilleur ami.

L'instance sur le pronom me fit froncer les sourcils et j'en oublia même le titre qu'il venait de m'attribuer.

- On- on s'est déjà vu ?

- Non, tu venais jamais quand Chan t'invitait. Mais il continuait de parler de toi... beaucoup.

Quel plaisir c'est de se faire rappeler ses exploits par un semi-inconnu. Je ne sais pas si c'est la très haute estime de moi, vous noterez l'ironie dans la phrase, ou juste mon talent pour n'écouter que la moitié de ce que les gens me raconte. Mais sur le moment je ne réussi pas à retenir les informations vraiment importantes dans ce qu'il me disait, me concentrant juste sur le fait que, encore une fois, je n'avais pas été la personne qu'il fallait pour Chan.

- Ah... ouais.

Il n'y avait pas grand-chose de plus à dire pour être honnête, je savais à présent qui il était et inversement, chose qui annula sans même y réfléchir les films que je m'étais fait dans la tête et les plans qu'il avait l'air d'avoir prévu dans la sienne.

On se retrouva donc dans le silence, regardant les danseurs téméraires.

- Tu sais quoi ? Interrompit-il le silence, me faisant légèrement sursauter au passage. Tu devrais aller le rejoindre au lieu de pourrir dans ton coin tout seul.

Cette phrase concernait-elle cette soirée spécifiquement, ou voulait-il parler en générale ? Encore maintenant je me pose la question.

- Quoi ? Oh non la dance c'est pas vraiment mon truc et puis il est déjà avec tous ses amis et Seungmin, je ferais tache au milieu.

Ses sourcils se froncèrent, lui faisant adopter une petite moue avant de se pencher vers moi et de pointer la piste de dance du menton.

- C'est pas ce que me dit son regard qui nous quitte pas depuis que je suis arrivé.

Et en effet, lorsque je tourna le regard c'est sur celui de Chan que je tomba. Mais pour sûr ça n'avait aucun rapport avec ma présence. Peut-être que revoir son ex lui rappelait des choses, ils avaient eut une longue histoire après tout.

- Hum ? Oh peut être qu'il veut te voir ?

Il eut l'air à la fois surpris et déçu de ma réponse.

- Woaw, t'es pire que ce que je m'étais imaginé.

- Heu ?

- Bon viens là.

La mine concerné qu'il fit en me prenant par les épaules pour me tourner complètement dans sa direction ne m'annonça rien qui vaille. Il passa rapidement une main dans mes cheveux, les ébouriffants légèrement, et entreprit de sortir mon t-shirt de mon pantalon sur l'arrière et de faire bouffer l'avant.

J'avais l'impression d'être dans les bras de ma mère lorsqu'elle me disait d'être un peu plus normal avant de me déposer à l'anniversaire d'un copain en primaire.

- Tu vas aller danser avec Chan. Et je t'en supplie, zéro pression, mais gâche pas tout. Ça fait longtemps qu'il t'attends...

- Heu... je suis pas sûr de comprendre.

- On s'en fou de la compréhension chéri, maintenant c'est place à l'action. Aller, en piste mon poulain.

Les choses se déroulèrent bien trop rapidement pour que mon cerveau, pourtant qualifié de génie, ne puisse enregistrer ce qu'il se passait. Et c'est comme ça qu'en un rien de temps, avec juste un coup de pouce dans le dos ainsi qu'une petite tape sur les fesses je me retrouva sur la piste de dance, avançant avec toute la gêne du monde vers mon meilleur ami.

- Hé ben mon p'tit Hyun, ce soir on va rentrer seul finalement.

Est-ce que je vous avait déjà dit que Chan était beau ? Parce qu'assurément il l'était. Ce qui ne devait pas être beau par contre, c'était mon visage rouge écrevisse lorsque j'atterri au milieu de la piste de danse en face de lui.

Il sembla d'abord surpris, ses sourcils à deux doigts de toucher le plafond, mais cette surprise se transforma rapidement en un sourire immense alors qu'il m'attrapait les mains pour me tirer un peu plus près de lui. Vous savez ce sourire dont je vous ai déjà parlé un petit peu plus tôt, celui qui est lumineux et qui fait ressortir ses fossettes, celui qui... enfin bref ce sourire-là. Je me serais damner pour ce sourire.

- Je savais que tu ne résisterais pas à l'appel de la piste de danse.

- Ha ha ouais, c'est ça.

Il nota bien sur mon mal aise – qui ne l'aurait pas fait ? – et je senti son pouce dessiner de lents petits cercles contre la peau de ma main. Il faisait déjà ça dans le temps, quand nous étions bien plus jeune et que le monde me semblait trop impressionnant. Il était celui qui me calmait d'un simple petit geste de la main, et il ne l'avait pas oublié.

- Tu veux qu'on parte ?

Vous voyez c'est de ça dont je parle quand je dit qu'il est devenu la personne qu'il était censé devenir. Parfois les gens son gentil quand ils sont jeunes et innocents, et puis l'âge des révélations arrive et les transformes. Parfois ils deviennent froid et distant, parfois aigris ou méchant. Mais Chan est resté Chan, le garçon gentil et attentionné qui n'hésitera pas à quitté sa propre fête d'anniversaire si quelqu'un le lui demande.

Mais je ne voulais pas être égoïste, alors comme toujours je refusa.

- Non, je veux danser.

Ce n'était pas faux, mais ce n'était pas totalement vrai non plus. De toute façon le nouveau sourire qu'il m'accorda me fit oublié que je venais de dire a chose la plus stupide de mon existence.

Il m'attira un peu plus au centre de la piste, et me lâcha les mains pour se remettre à danser sur la musique rythmée, m'invitant à faire comme lui.

C'est fou cette force qu'a votre esprit pour réussir à bloquer votre corps alors que la seule chose que vous souhaité c'est de vous lâcher. Le haut de mon corps bougeait, en de bizarres et désordonnés mouvements, mais mes pieds restaient encré au sol. Et je suis sûr que si j'avais fait le moindre pas ça aurait été pour fuir. Alors je continuais à rester à moitié statique.

Il ne sembla pas vraiment pour ma demi-immobilité car Chan revint assez vite en face de moi.

- Tu veux que je te montre comment on fait ?

Il n'y avait pas de condescendance ou de moquerie dans sa voix, uniquement de l'envie. Et c'est avec les joues rouges que j'accepta, car moi aussi l'envie elle me rongeait les entrailles.

Il prit à nouveau mes mains, tirant parfois sur la droits, parfois sur la gauche pour me faire bouger. Il me fit faire deux trois pas en avant, puis en arrière, nous n'étions absolument pas sur le rythme rapide de la musique, mais pour moi ça n'avait aucune espèce d'importance car j'étais seulement consacré à ses yeux et lui l'était aux miens.

Je me détacha de ses orbes seulement lorsque je senti sa main glisser de la mienne à ma hanche, me rapprochant de lui d'une pression légère.

Connaissez-vous la fréquence cardiaque d'un homme sain durant un effort physique ? Cela se situe entre 135 et 156 battements par minutes. Et je peux jurer que je venait l'atteindre les 200 bpm en une seconde.

Nous étions proche, tellement que je suis sur qu'il les sentait, les battements intempestifs de mon cœur, mais nous continuâmes de danser comme si de rien était. Parce qu'il n'y avait rien n'est-ce pas ? Nous étions juste deux meilleurs amis, de mon coté en tout cas, en train de s'amuser sur de la musique affreusement bruyante.

- Merci d'être venu cette fois.

Il ne l'avait pas fait exprès, mais c'était sortit tout seul, je le voyait dans ses yeux un peu plus nostalgiques qu'avant. Ses yeux étaient sincères, ses lèvres aussi, et cette petite phrase cachait bien plus.

Pardon de ne pas être venu plus tôt.

Mes lèvres à moi ne l'étaient jamais, sincères. Car elles ne me laissaient jamais la chance de dire ce que je voulait et restaient inlassablement closes. Mais il semblait comprendre le message et acquiesça avec son sourire singulier face à mon mutisme avant de relancer nos corps au rythme plus lent de la musique et moi je me perdait une nouvelle fois à la contemplation de son visage.

Chan.

Tu dansais et moi je me laissais juste porter pas tes mains, par ton sourire, je priais pour avoir droit à un nouveau regard. Et tu me l'offrais, tes yeux riaient et je ne savais même pas de quoi, car ça n'avait aucune importance tant que ça ne cessait pas.

Beaucoup de choses me passais par l'esprit lorsque que je te regardais de loin, mais à présent plus rien ne comptait si tes yeux m'offraient le cadeau de leur regard.

Avant de venir à cette soirée je me demandais « Qu'est-ce qu'on est devenu, l'un pour l'autre ? », à présent la seule chose dont j'étais certain c'était que je ne survivrais jamais si tes mains devaient quitter mon corps.

Tu as toujours été mon monde Chan, celui qui me faisait rire sur le chemin de l'école primaire et qui se battait contre les méchants de l'école secondaire. Tu étais celui qui m'accompagnait chez la psy parce que tu savais à quel point parler avec la secrétaire m'angoissais. Tu as été mon premier ami, mon premier ennemi, mon premier chez moi. Et à présent, ce soir, je souhaitais tellement que tu sois mon premier amour.

Ça ne date pas d'aujourd'hui, encore moins d'hier. Ma vie à toujours tourné autour de toi comme un astre autour de son soleil, et lorsque l'on s'est éloigné c'était pire que l'éclipse la plus longue jamais enregistrée. Plus rien n'avait de sens, plus rien ne brillait et moi j'avais trop peur de te demander un peu de ta lumière.

Je m'étais convaincu que tu devais être fait pour illuminer le monde de quelqu'un d'autre, et ma lâcheté m'a fait croire que j'acceptais cette situation, que ça me convenais.

Mais ce soir j'ai réalisé. Je suis venu parce que je voulais un meilleur ami, mais ça fait des années que tu es bien plus que cela. Alors la vrai question c'est...

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?