Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 35 Andrew : Coupables


Jeudi matin...

7h28. Elle allait sortir de l'ascenseur. Je guettai de la loge.

Ding. La porte s'ouvre. La voilà ! Ponctuelle. Comme tous les matins depuis qu'elle a repris le travail. L'air triste, et ce, depuis dimanche. Ça empire même. Je me demande ce qu'il se passe entre eux deux. Je sais que cela ne me regarde pas mais ça me met en rage de les voir aussi mal tous les deux. Quand je dis « les voir » je me comprends, il n'a pas mis les pieds en dehors de son appart depuis qu'ils ont accompagné Lisa à l'aéroport. Mais je sais que l'enlèvement de sa fille par ce connard, lui en a fichu un coup. Quand je suis monté à l'appart avec les flics le soir, il était assis sur le canapé, Lisa collée contre lui, tous les deux, comme en transe. Il était blême et muet comme une tombe. Il écoutait tout ce qui se disait, mais n'a pas décroché un mot. Sauf quand son frère a confirmé qu'ils allaient porter plainte. Il a juste dit bizarrement « attends Lundi. On en reparlera. » Livie se tordait les mains de douleur à quelques mètres de lui, pâle et tremblante, alors qu'elle avait été si forte contre Peter . Une vraie tigresse défendant sa progéniture, Peter n'avait aucune chance de réussir contre elle, même si je n'étais pas intervenu. Il n'avait pas la motivation.

Mais même après avoir entendu l'enregistrement de l'appel qu'elle m'avait fait, Follen n'avait pas bronché. À peine quelques tapotements nerveux des doigts sur ses genoux, il l'avait ignorée. Puis il s'est enfermé dans la chambre de la petite. Ce type est dingue.

Finalement il ne la méritait pas.

– Bonjour Justin .

– Salut Livie . Euh... ça va le travail ?

– Oui, ça va, laissa-t-elle tomber laconique.

– Tu rentres toujours tôt cet après-midi ?

- Comme d'habitude, je finis à 15h. Pourquoi ?

– J'suis en congé, je pourrais t'accompagner quelque part. Si tu as besoin de... t'aérer.

Elle eut un vague sourire crispé de pure politesse.

– Merci Justin mais, je préfère rentrer à l'appartement.

À veiller sur lui... Pff ! Je la regardai s'éloigner, cherchant comment je pourrais l'aider.

Jeudi matin.

La porte d'entrée vient de se refermer. Livie est partie travailler. Je lève alors le nez de mon bureau où j'ai passé la nuit à écrire. J'effectue quelques mouvements de la nuque afin de détendre mes muscles.

Je vais exploser ! Cela bouillonne en moi depuis plusieurs jours sans interruption.

Je saisis un objet devant moi qui rebondit sur le mur avant de se briser sur le sol.

C'est idiot.

Je suis idiot.

Je ne lui ai pas parlé quand elle est passée à côté de moi. Même si j'ai entendu son pas ralentir et hésiter.

Je l'ai grossièrement ignorée une fois de plus.

Ma mère serait furieuse de mon comportement.

Ne pas contrôler ses émotions, manifester sa fureur en brisant des objets et pire blesser nos proches, ce sont des comportements qu'elle n'a pas appris à ses enfants.

Depuis dimanche, les journées s'écoulent affreusement, lentement. Détestablement. Je suis détestable. Elle part tôt le matin. Elle revient à l'appartement et reste en bas pour ranger ou préparer des plats cuisinés. Elle monte de temps en temps me voir à l'étage, mais comme un imbécile, je l'ignore ou répond par monosyllabes à ses invitations à me reposer. Elle doit m'entendre parler dans mon dictaphone toute la nuit. C'est une drôle de crise d'écriture qui me prend. Écrire est beaucoup plus facile que parler.

Nous partageons le dîner, assis face à face, mais je n'arrive pas à communiquer.

Pour lui dire quoi ?

Que j'entends ses pleurs la nuit ? Que je ne suis pas capable de mettre au clair mes propres sentiments ?

Je sais que je ne peux plus l'affronter ou même la toucher depuis ce jour. Je me fais horreur de ne pouvoir apaiser sa douleur. Surtout, je ne comprend pas vraiment pourquoi elle reste avec moi. Peut-être qu'elle n'a pas d'autres endroits où aller ?

Je sais que je me cache la réalité. Livie est au-dessus de cela. Elle reste... pour moi. Par amitié ? Pitié ? Compassion ? Je n'ai pas la réponse et cela me ronge. Je me sens prisonnier dans mon corps et incapable d'avancer.

Cela ne peut pas continuer.

Tapant sur mon bureau, je me lève et descend à la cuisine.

Je ne dois pas continuer à la blesser ainsi. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Je n'arrive pas à mettre des mots sur mes sentiments depuis l'enlèvement dont elles ont été l'objet. Fureur ? Terreur ? Impuissance ? Culpabilité ? L'ensemble tourbillonne en moi sans relâche, m'empêchant de dormir depuis l'instant où elles sont rentrées et m'ont parlé. Alors j'écris. Nuit et jour !

Lisa semble très bien s'en remettre. C'est mon rayon de soleil. Je l'appelle matin et soir, parce que je sens que cela la rassure mais aussi parce que j'en ai besoin. Nous parlons longuement. Surtout le soir. Elle a repris l'école et me parle de ses camarades, de la rédaction sur ses vacances qu'elle est fière d'avoir réussie. Elle me demande des nouvelles de Livie qui semble lui manquer beaucoup. Hier, une fois encore, elle a voulu savoir si Peter peut faire du mal à Livie et ma réponse a provoqué un énorme soupir de soulagement.

J'ai pris la décision de ne pas porter plainte contre Peter en échange d'un accord : Il ne doit jamais reprendre contact avec Livie. D'abord furieux de ma décision, Drake a fini par admettre que c'était un compromis judicieux qui garantit la tranquillité pour Livie et Lisa. Il a accepté de négocier cet arrangement juridique complexe avec l'avocat commis d'office de Peter. Évidemment cet avocat a clairement fait comprendre à son client qu'il ne doit pas s'entêter non plus à porter plainte contre Black pour coups et blessures.

Nous avons appris hier que l'ex-mari de Livie est sorti de sa garde-à-vue et a immédiatement pris l'avion pour le Texas où un de ses amis, avocat, s'est engagé à lui trouver un travail et un logement et à signaler au cabinet de Drake tout départ de Peter de la ville de Houston. Tout est paré de ce côté-là, J'espère avoir réussi à la débarrasser de ce sale type, même si je n'oublierai jamais la peur qu'il nous a causée. Jamais.

Mais je dois maintenant résoudre mon problème avec Livie. Le problème que j'ai causé. Nos discussions et notre complicité me manquent terriblement. J'espère pouvoir lui expliquer, trouver les mots pour lui dire ce dont j'avais envie, ce que je crains

Bon Follen tu en es capable. Fais-le !

Je vais le faire.

Ma décision prise, je me sens plus léger.

Je fais un tour dans la chambre désertée de Lisa et en sors rapidement. Son parfum de petite fille flotte encore ici et cela me rend à nouveau maussade.

Je rejoins la cuisine et passe doucement ma mains sur le comptoir. Vide. Propre La cuisine est nickel comme toujours. Livie pense à moi et jamais je n'ai eu à chercher un verre ou une boisson mal rangés. C'est une fille extraordinaire et je ne fais rien pour elle. Sauf la blesser par mon silence.

Une idée me vient. Je me retrousse les manches et allume mon iphone à la recherche d'une application précise. Je récupère dans le tiroir le tablier offert par Drake et me met au travail.

Lorsque la sonnette de l'appartement retentit un peu plus tard, cela m'agace. Je n'ai pas envie de recevoir qui que ce soit. D'ailleurs Black ne m'a pas prévenu, comme il aurait dû le faire, que quelqu'un montait me voir.

En râlant je vais vers la porte, m'essuyant les mains sur le tablier avant de l'ôter.

–Qui est là ?

– Black.

Je fronce les sourcils en ouvrant.

– Salut ! Il y a un problème ? fais-je d'un ton peu avenant. Je me mords les lèvres

Il a quand même sauver Lisa et Livie, je dois faire un effort.

– Je peux entrer, dit-il d'un ton aussi aimable que le mien.

À regret, je recule un peu et le laisse passer. Je sentis sa large silhouette me bousculer. Intentionnellement. Je retiens la remarque désagréable qui me chatouille la langue. Je lui suis redevable.

– Installe-toi, dis-je en le suivant vers le salon.

Un fauteuil couine sous son poids.

Je réalise que je lui en veux toujours. Et je sens que je n'allais pas aimer sa visite.

– Tu as quelque chose à me dire ?

– Oui, aboie-t-il.

Ok. Black m'en veut aussi. Je cherche à discerner la raison de sa venue et soupire.

– Dois-je deviner ?

– Oh non ! Ça me priverait du plaisir de t'engueuler Follen.

– Alors vas-y, ne te prive pas !

Je m'assois en face de lui, tapotant mon jean de mes doigts. Prêt à affronter ses reproches, je dois tant à ce type. Il a sauvé ma fille et ma Livie d'une catastrophe.

– Tu joues à quoi avec Livie ? Et avec Lisa ? Tu vas les laisser partir ? Toutes les deux ?

Soudain je panique.

– Livie t'a dit qu'elle veut partir ?

Il rit peu discrètement, vaguement amer.

– Tu as la frousse qu'elle te quitte Follen ? Tu le mériterais vu la tête qu'elle fait en ce moment, mais même pas. Elle préfère, Dieu sait pourquoi, rester ici avec toi.

Soulagé, je desserre mes poings sur mes genoux, me laissant aller en arrière sur le dossier. Il reprend.

– Tu peux être soulagé si tu veux, mais franchement, si tu n'étais pas... aveugle, je me ferais un plaisir de te mettre dans le même état que j'ai mis Peter . Il lui a fait du mal. À elle et à ta fille mais moins que celui que toi, tu lui fais maintenant.

Je reçois ses mots en plein visage. Durs, mérités.

– Ça ne te regarde pas. Je...Je fais ce que je peux.

– Et bien ce n'est pas assez !crie-t-il soudain,

Je laisse rarement les gens me parler sur ce ton et je serre les dents, il n'est pas loin de la limite de ma tolérance, pourquoi assez élevée dans son cas. Je préfère le prévenir.

– Tu es chez moi et quelle que soit ma dette envers toi pour avoir sauvé ma fille, je te prie de baisser d'un ton ! Cela ne te regarde pas, fais-je aussitôt en me levant et me plantant devant lui.

En me cognant contre lui je compris que de son côté, il a fait de même et sa colère heurte la mienne. Aussi grand que moi ou presque, nous nous trouvon épaule contre épaule. J'ai tellement de fureur à évacuer qu'il tombe à pic ce Justin avec ses reproches mal placés et indiscrets. De quoi se mêle-t-il ? S'il se permet une autre remarque déplacée sur Livie, je ne résisterai plus et libérerai la colère que j'ai contre lui depuis si longtemps.

– Ça me regarde ! Livie est mon amie !

Je secoue la tête.

– Ton amie ? Tu la connais depuis quand ? Que sais-tu d'elle et de ce qu'elle pense ? lui soufflé-je au visage.

– Plus que tu ne penses. Je VOIS ce qu'elle ressent. Je VOIS sa tristesse et sa douleur. J'ai vu ses larmes quand tu l'as ignoré, gronde-t-il sous mon nez.

Chaque phrase est un coup de poignard adroitement planté dans ma poitrine. Il vise bien ce chien. Je secoue la tête. Impossible que je rentre dans son jeu. Ses provocations blessantes n'ont d'autre but que de m'agacer.

– Mais elle a choisi de rester avec moi ! Tu viens de le dire.

– Oui bien sûr... crache-t-il amer. Ce matin encore je lui ai proposé de...

Il se tait et je serre les poings le long de mon corps, ne voulant pas imaginer ce qu'il a proposé à ma Livie .

Qui suis-je pour m'approprier Livie ? Que puis-je lui apporter ? Ma colère retombe comme un soufflé trop vite refroidi.

Je me rassois sur le champ sans rien ajouter, découragé. Justin semble hésiter sur l'attitude à adopter, puis il se met à tourner en rond devant moi avant de reprendre la parole.

– La voir si triste tous les matins en quittant ton domicile me fait mal. Si tu veux qu'elle parte, si tu lui en veux, dis-lui les choses franchement mon vieux ! Tu la tortures égoïstement. J'ai toujours su que t'étais qu'un putain d'égoïste !

- J'ai décidé de lui parler. Dès qu'elle rentre, avoué-je avec difficulté.

Justin ne nous veut pas de mal. Il est collant, il s'exprime maladroitement et agressivement mais il se soucie de ma fille et de Livie.

- Tu vas lui parler ? Et de quoi ?

Il semble incrédule. Je déglutis avec difficulté. Comme un chien avec son os, il ne lâche pas le morceau.

- De ce que je peux lui apporter. Je vais être franc et lui demander ce qu'elle attend de moi. Je ne comprends pas trop ce qu'elle fiche encore ici. Je n'ai pas pu la protéger comme j'aurais dû le faire.

- Tu es un idiot, me coupe Justin . Quand une femme décide de rester, ne cherche pas ce qu'elle veut, ne réfléchit pas davantage. Elle t'a choisi, tu lui conviens malgré tes défauts, alors débrouille-toi pour la rendre heureuse.

Le discours est sympa et me surprend. Il semble penser que Livie m'a choisi. Cela paraît si facile, énoncé ainsi mais, je ne raisonne pas comme Black, malheureusement pour moi et mon entourage. Je lui souris un peu.

- Si seulement... Je voulais aussi te remercier pour ce que tu as fait samedi à Peter. J'aurais voulu pouvoir le faire.

Les mots franchissent difficilement mes lèvres après l'affrontement qui vient d'être évité, mais je lui dois au moins cela.

- Je sais. C'est pour cela que les trois derniers coups de poings, je les ai donnés de ta part.

Étonné, je lève un sourcil.

- Je lui ai dit à ce connard: « De la part du père de la gamine, tu sais c'est aussi celui qui t'as piqué ton ex... » Et je lui ai donné trois coups judicieusement placés.

- Où ? demandai-je soudain curieux.

- Dans l'ordre ? Le nez d'abord, un bon droit, il est cassé, le ventre ensuite, ça l'a plié en deux, et... un coup de genou un peu plus bas. Très fort.

J'entends le sourire dans les derniers mots de Justin , et je me sentis curieusement mieux à ses paroles.

- J'aurais adoré lui donné ce dernier ! Merci d'avoir pensé à moi.

Maudite fierté masculine. J'ai enfin l'impression d'avoir participé au massacre de Peter .

Justin est décidément impayable !

- De rien, ça fait un bien fou de se soulager, même contre un lâche qui s'attaque aux femmes. Je peux compter sur toi pour voir un sourire sur les lèvres de Livie demain ?

- Je vais essayer. Si c'est en mon pouvoir, je ferai tout pour.

- Ça marche. Sinon, je reviens t'appliquer ce que j'étais prêt à faire en venant ce matin. Et Lisa ? Des nouvelles ?

- Elle est avec sa mère et elle semble aller bien. Drake a mis le paquet, il est aussi hargneux professionnellement que toi avec tes poings et ses efforts ont portés rapidement leurs fruits. Au vu du dossier monté en quelques jours, le juge a accepté d'avancer la date de l'audience à lundi prochain. Si tout va, comme nous l'espérons, Lisa nous reviendra la semaine prochaine.

- Bonne nouvelle. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux m'appeler. Mais uniquement si Livie sourit demain !

J'esquisse moi-même un petit sourire un peu triste : j'aimerais tant voir son sourire.

- Bon, je me sauve. On m'attend à la loge. Et puis... toi et moi, on pourrait finir par devenir amis si je restais là un peu plus.

- On va attendre un peu pour cela, ça en traumatiserait certains, plaisanté-je.

Je me lève et il me tape « amicalement » sur l'épaule avant de sortir. Dès j'entend la porte se refermer derrière lui, je masse le point d'impact de sa main sur mon dos en me disant que je devais reprendre rapidement les entraînements avec Drake .

Putain Peter a du les sentir passer les coups.

C'est en souriant comme un imbécile que je retourne dans ma cuisine pour éviter que les légumes qui rissolent doucement dans une poêle ne brûlent. J'ai décidé de cuisiner italien pour Livie . Même si nous n'avons jamais évoqué ses origines, ce prénom « Olivia» me suggérait la douceur de la Toscane. Cuisiner pour elle, que je réussisse ou non mes pâtes, sera ma façon de tendre la main vers elle. De commencer à me faire pardonner.

Lorsque sa clé tourne dans la serrure, tout est prêt : la table mise, mon plat tiédissant doucement sur le feu. Nerveusement, je remet en place une mèche de mes cheveux indomptables, et depuis la cuisine, me tourne vers la porte d'entrée.

Elle s'est arrêtée. Silencieuse.

- Bonjour Livie, commencé-je.

- Andrew ?

Sa voix est hésitante, visiblement elle ne sait que penser. Je fais quelques pas vers elle. Avec prudence. ne voulant pas m'approcher trop près.

- Bon, je recommence. Bonjour Livie, je m'appelle Andrew et je suis un idiot... J'espère que tu accepteras de partager mon repas pour que nous discutons ensuite.

Je souris nerveusement et tend la main vers elle.

Lorsque ses doigts me touchent, je comprend qu'elle accepte mon offre et mon coeur se gonfle d'espoir.

- J'aime les idiots comme toi Andrew. Et j'ai très faim.

Nous nous asseyons autour de mon comptoir et je lui sers mon premier essai de cuisine italienne.

En silence, nous dégustons cette tentative pas trop mauvaise. C'est délicieux de passer à nouveau un moment avec elle. Le silence ne nous pèse nullement. Il nous faut cet instant pour que les derniers jours si froids, à cause de moi, s'effacent peu à peu. Enfin je l'espère.

- Je vais ranger, fait-elle dès la dernière bouchée avalée.

- Non, imagine, c'est un peu comme au restaurant. Tu es mon invitée, et tu ne mets pas les mains dans l'eau de vaisselle.

Elle rit. Cela aussi ça m'a manqué ! Terriblement.

- Bien. Je monte me changer et te laisse en cuisine Andrew mais, ne compte pas échapper à une grande explication.

- Oh non, je n'ai que trop tardé. Prends ton temps, je t'attend ici.

Elle saisit ma main en passant à côté de moi et je la serre légèrement, sans rien comme nous le faisions ... avant samedi .

Je suis distraitement son pas léger dans l'escalier, puis j'entend un cri de surprise. Je fronce les sourcils.

- Andrew ? Qu'est-il arrivé à ton presse-papier en cristal ? s'écrie Livie depuis la mezzanine.

Zut, quel imbécile, j'ai oublié de ramasser le gâchis.

- Disons qu'il a subi les humeurs d'un idiot. Ça te suffit comme explication ?

Je me sens un peu penaud en lui répondant.

- Pour l'instant oui. Je ne te savais pas coléreux.

Je me souviens que Peter l'est lui, et soupire.

- Je devrais me faire pardonner ceci aussi Livie . Laisse le bazar, je nettoierais plus tard en montant.

- Sûrement pas ! Fais la vaisselle du restaurant et prépare tes arguments. Je m'occupe de l'étage.

Quinze minutes plus tard elle me rejoint au salon. Je la laisse s'asseoir et après une légère hésitation, je choisis de me mettre sur le fauteuil en face du sien, même s'il est légèrement éloigné. Envahir son espace personnel après l'avoir ignorée, ne serait pas forcément apprécié.

- Tu ne crois pas que nous avons suffisamment tenu nos distances depuis 4 jours Andrew? Si tu m'en veux vraiment, je peux comprendre ce besoin de rester loin de moi mais...

Elle n'a pas besoin d'en dire plus, je me déplace pour m'installer sur l'accoudoir de son fauteuil. Elle pose sa joue sur mon côté. Je me retiens de la toucher même si, instinctivement, mes mains se sont déplacées en direction de son corps

- Avant de t'écouter, je voudrais te dire que je suis désolée... tellement désolée, de n'avoir pas su protéger ta fille. C'est de ma faute ! J'aurais dû t'écouter et ne pas sortir avec elle ou au moins, ne pas la quitter des yeux. Je connais Peter j'aurais dû me douter que...

Elle commence si vite, et ce qu'elle dit me paraît si aberrant, que je n'ai pas le réflexe de la faire taire immédiatement. Lorsque je comprends ce que signifie ses paroles, je pose ma main sur son épaules puis sur sa joue afin de placer un doigt sur ses lèvres et rompre enfin le flot de paroles qui sortent de sa bouche.

- Livie, tu dis n'importe quoi ! Tu n'as pas à être désolée. Tu n'es coupable de rien, au contraire, tu as réussi à éviter le pire grâce à tes réflexes et ta vivacité.

Un long silence suit mes paroles. Je sens sa respiration se stopper puis reprendre.

- Tu ne m'en veux donc pas ? dit-elle d'une petite voix qui me fait réaliser à quel point mon attitude froide et lointaine l'a blessée parce que mal interprétée.

- Absolument pas ! À aucun moment je ne t'en ai voulu ! Il faut que je t'explique... quand vous êtes rentrées toutes les deux, Lisa et toi, tremblantes et que tu m'as expliqué ce qui s'était passé, j'ai imaginé ce qui aurait pu arriver, ce que tu nous as évité, ce qu'il aurait pu faire à ma fille et à toi. J'étais tellement en fureur contre lui que je ne pouvais parler. Puis j'ai réalisé mon incapacité à vous protéger de lui. Et ma rage contre lui a décuplé ma colère contre ma propre impuissance. Vous êtes ce que j'ai de plus précieux, il aurait pu détruire tout cela sans que je m'en aperçoive, sans que je ne puisse rien y faire. Je ... comment dire...Je devais tout d'abord trouver une solution pour l'éloigner à vie de vous deux. C'est ma façon à moi d'être utile, de vous protéger.

- Et cela nécessitait ce silence ? Cette attitude si froide ?

- Probablement pas mais, j'ai l'habitude de résoudre mes problèmes seul depuis longtemps, je n'aime pas demander de l'aide. Je déteste l'idée d'être responsable de votre quasi enlèvement.

- Responsable ?

Elle crie presque ce mot . Je la sens s'écarter de moi. Peut être cherche-t-elle à voir mon visage.

- Oui ! J'aurais pu vous dire non, ou vous accompagner, ou lui faire peur d'une façon ou d'une autre avant qu'il ne s'en prenne à toi. J'aurai dû...

- Andrew ! Arrête !

À son tour elle a posé ses doigts sur mes lèvres et à son frémissement contre moi, je saisis qu'elle est furieuse.

- Tu me reproches de m'être sentie coupable et tu fais de même. Peter était mon mari. Lisa était avec moi. Tu n'y es pour rien ! C'est... idiot ! Oui, « idiot » est le mot. Tu as raison de te traiter de ce mot, et j'ai vraiment du mal à accepter d'avoir eu à souffrir de ton attitude juste parce que tu te rends responsable de SES agissements.

Dis comme cela, il est vrai qu'elle n'avait pas entièrement tort. Que lui répondre ? Que la vérité était plus complexe. Elle n'a pas tous les éléments et je ne suis pas prêt à parler.

- Je m'excuse de t'avoir fait du mal. Je ne suis pas doué pour les véritables relations apparemment. Le papier, ou du moins le virtuel, est plus simple.

Je me sens soudain vidé, épuisé, mais aussi déçu de moi-même. Cela doit se voir car Livie se rapproche de moi.

- Nous formons une sacrée paire tous les deux. Je ne t'en veux pas, à condition que tu fasses un effort pour m'expliquer à chaque fois qu'il y a un problème. Je ne peux pas toujours deviner ce qui se passe dans ta tête et la mienne est assez... tordue aussi parfois.

Son doux sourire doit étirer ses lèvres, je ne peux me retenir de les frôler du revers de mes doigts, comme pour retenir à jamais cet instant.

Nous sommes proches. Physiquement et mentalement. J'ai l'impression de la comprendre et cela me fait peur.

Je me lève.

- Je vais nous faire un café.

Je me dirige vers la cuisine en me frottant la nuque, sentant son regard étonné sur moi. Machinalement, je démarre la cafetière quand je sens mon portable vibrer dans la poche de mon jean.

Je reconnais la sonnerie et grimace. Je n'ai vraiment pas besoin de cela maintenant. Je dois cependant décrocher, esquissant un sourire d'excuse en direction de Livie .

- Bonjour mon chéri.

Je ferme les yeux.

- Bonjour Alana .

Elle veut quelque chose et j'ai une petite idée de ce que c'est . J'entend le pas de Livie s'éloignant dans l'escalier, alors que Alana susurre à mon oreille.

- J'espère que tu vas bien, mon chéri. La petite m'a dit qu'il y avait eu un « problème » la veille de son départ avec la fille que tu as recueillie.

Je grimace une première fois au surnom qu'elle me donne puis au mot « problème » et le mépris qu'elle réussit à mettre dans la fin de sa phrase faillit me faire raccrocher.

- Un problème parfaitement résolu. Lisa le sait. Elle va bien depuis ce matin ? Elle est à côté de toi ?

- Elle est dans sa chambre. Je voulais te parler. Tu me manques tu sais. Je... J'envisage de faire un voyage à New York bientôt. Je passerai à la maison.

Je n'en crois pas mes oreilles. Elle n'a pas changé ! Moi, si. Si elle ne le sait pas encore, cela ne va pas tarder...

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro