Chapitre 34. Andrew: Départ
Cher journal,
Tu as vu nous sommes seuls tous les deux maintenant. Bon il y a a aussi l'hôtesse. Stéphanie ou Sophie ou je sais pas comment elle s'appelle. Je m'en fiche. Elle me surveille et elle est pas très ... gentille. Peut être parce que Papa lui a pas fait de sourire.
De toute façon depuis hier, il fait plus de sourire. Sauf à moi et encore ils sont super tristes.
Je veux pas être seule chez Alana. Je veux pas laisser Papa et Livie seuls.
Elle est si triste. Elle aussi a tenté un petit sourire avant que je passe la porte dans l'aéroport...mais il m'a encore plus donné envie de pleurer. Franchement je comprends pas trop Papa mais j'ose pas lui demander pourquoi il est comme ça avec elle.
Il m'a donné un téléphone et m'a demandé de le cacher et de m'en servir si ca va pas. De l'appeler n'importe quand.
Je sais que je vais revenir ici. Vite Très vite. Il me l'a promis.
Mais est-ce que Livie sera toujours là ? Bon la fille qui me garde me dit d'arrêter et de mettre ma ceinture. Faut aussi que je me peignes et que je vérifie que mes habits n'ont pas de taches. Je demanderais à Sophie- Stella de m'emmener aux toilettes avant de retrouver Alana.
Samedi soir
Elles sont sorties depuis seulement une heure et curieusement je ne me sens pas bien. J'ai bien compris qu'il y a anguille sous roche et qu'elles me cachent un truc mais je ne peux m'empêcher d'être inquiet depuis la seconde où elles ont quittés l'appartement. Et cette inquiétude se transforme insensiblement en angoisse au fur et à mesure que les minutes s'écoulent.
Je vérifie ma montre : une heure et dix minutes depuis leur départ. Je secoue la tête et me lève de mon siège pour tourner en rond dans mon bureau. Rien à faire, je n'arrive pas à travailler.
Je descends prendre un verre d'eau fraîche. Luna se frotte contre mes mollets miaulant plaintivement.
Lorsque j'entend la porte s'ouvrir et reconnais les pas de Livie et Lisa, je sais que j'ai eu raison d'avoir peur. Elles avancent doucement, calmement, et je ne reconnais pas l'enthousiasme et la vivacité de ma fille.
– Vous allez bien ? je leur demande en me précipitant vers l'entrée.
Lisa se jette dans mes bras. À genoux devant elle, je parcours rapidement son corps puis son visage, inondé de larmes silencieuses. Pas de blessures apparentes, ni de plâtre ou autres pansements.
– Nous allons bien, Andrew. Mais...
La voix de Livie est tendue, comme brisée. Je n'ose la toucher. Pourtant l'envie de vérifier, comme pour Lisa, si elle est blessée, est là, bien présente.
– Allons dans le salon.
Je prend Lisa dans mes bras et l'installe contre moi, sur mes genoux.
– Tu vas bien ma princesse ? je lui redemande à mi voix contre ses cheveux en caressant sa joue.
– Ça va Papa, ça va, grâce à Livie .
– Que s'est-il passé ? dis-je, d'une voix plus dure que je ne le veux, sentant mon cœur cogner très fort dans ma poitrine.
Il me semble que Livie est restée debout loin devant nous.
– Peter .
Elle lâche ce prénom. Il explique tout et rien à la fois. Je deviens de glace et attends qu'elle poursuive, incapable de l'interroger plus. Une étrange paralysie me frappe.
– Peter ... a tenté d'enlever Lisa pour me convaincre de le suivre.
Un silence très long suit ses mots qui me percutent avec brutalité, ravivant des souvenirs et des craintes.
La fureur me dévaste. Je n'arrive pas à parler. Les mots qui se bousculent dans ma tête sont arrêtés, bloqués dans la gorge. Livie reprend alors d'une voix éteinte, presque en chuchotant. Totalement apeurée.
– Nous étions dans un magasin, ou plutôt Lisa était dans un magasin et moi juste devant mais un petit garçon s'était perdu et j'ai relâché mon attention une minute maximum. Il a profité de ce moment pour la faire sortir par derrière. J'ai pu le retrouver très vite, car il m'a appelé. Il n'a pas touché Lisa. Il ne lui a pas fait de mal, je te jure Andrew. Ils ne sont restés seuls tous les deux que 5 minutes pas plus.
Elle semble si angoissée de me raconter ceci, si anxieuse de me rassurer. Mais je ne suis sensible à rien. Je suis devenu une sorte de bloc de marbre ne contenant qu'une rage intense. Qu'une envie dévorante de tuer cet homme qui a osé poser ses mains sur elles. Je serre Lisa encore plus fort contre moi, à tel point qu'elle me caresse la joue et me dit doucement :
– Je vais bien Papa. Ne t'inquiète pas, Livie a pris soin de moi et Justin est venu aussi.
Je me retourne en direction de Livie voulant comprendre ce que vient de dire Lisa.
– J'ai appelé Justin Black discrètement avant de rejoindre Peter et j'ai laissé mon téléphone allumé. Il a compris et nous a rejoint. Il a, je crois, salement amoché Peter et a appelé la police. Je suis revenue tout de suite avec Lisa ici pour te parler, te prévenir avant même que la police arrive. Je suis tellement désolée Andrew.
Je secoue lentement la tête et on sonne à la porte. Je ne bouge pas. J'en suis incapable. Le moindre mouvement risque de me faire exploser. J'entends Livie se déplacer, des voix d'hommes, celle de Justin , et d'inconnus qui rentrent chez nous. Ils arrivent dans le salon et se présentent comme étant policiers. Une sorte d'interrogatoire commence. Ils posent des questions à Livie et un peu à Lisa. Je la tiens toujours contre moi. Elle est là, ca me rassure mais je me sens totalement étranger au reste du monde. Ces hommes pourraient être dans une autre ville. Je les entends, je comprends mais j'ai l'impression de ne pas être présent. Ils interrogent Livie. Longuement. Je me force à écouter. Silencieusement.
Peter a enlevé ma fille.
Peter a voulu « reprendre » Livie .
Elles ont été en danger.
Elles étaient seules avec ce fous qui les menaçaient.
Je ne peux plus respirer. Une pression de plus en plus forte m'en empêche. J'essaie de lutter et mes poumons enflent ma poitrine, cherchant désespérément à trouver ce satané oxygène qui me déserte. J'ai l'impression d'avoir parcouru un marathon. Le maelstrom d'émotions qui me consument ne me permet plus de réagir. Je ne bouge pas. Bloc de marbre qui étreint Lisa sans rien dire.
La conversation est de plus en plus lointaine
Elles ont été en danger.
Je n'étais pas avec elle. Peter. Livie. Lisa. Je secoue la tête cherchant à reprendre pied dans la réalité.
Je saisis des bribes de phrases. Justin a boxé le type. Peter a hurlé qu'il porterait plainte. Il est en garde à vue pour 48 heures. Temps nécessaire à l'instruction de l'enquête.
J'écoute. J'écoute l'enregistrement de la conversation téléphonique de Livie avec Justin, les petites indications discrètes, le courage de celle-ci contre ce fou.
Mes pensées me harcèlent, rouges, menaçantes, perturbantes et désordonnées. Agir. Je dois agir. Faire quelque chose. Mais je me sens prisonnier de ma peur. De ma rage.
Drake est entré dans la pièce, je ne saurais dire quand. Je comprend seulement que nous allions porter plainte. C'est ce qu'il dit. Rien n'est net par contre dans mes pensées. Il me faut du temps. Je prend la parole avec difficulté et réussis à articuler quelques mots.
- Non, nous ne porterons pas plainte immédiatement. Nous verrons cela lundi matin. Nous passerons au commissariat.
Incapable de supporter la tension qui monte en moi, la réprobation de Justin, la fureur de mon frère, l'angoisse de Livie, je m'enferme avec Lisa dans sa chambre. L'allongeant contre moi sur son lit, je lui fredonne une berceuse qui je l'espère, la calmera plus qu'elle n'a d'effet sur moi.
Dimanche après-midi
Nous avançons silencieusement dans l'aéroport. Je tiens la main de ma fille qui, je le sais, est accrochée à Livie de l'autre côté. Elle est calme, je la sens triste mais sereine, nous avons longuement discuté tous les deux le matin, juste avant qu'elle ne rejoigne Alice chez elle pour une « expertise » indispensable afin d'obtenir sa garde. Elle avait déjà pas mal parlé avec elle hier d'ailleurs. car Alice avait rappliqué en entendant la police à l'étage. Apparemment elles s'entendent bien et cela aide Lisa.
J'ai expliqué à ma fille que j'allais me battre pour qu'elle revienne vivre avec moi, mais qu'il était important qu'elle reparte cet après-midi à Los Angeles. Je lui avais promis de venir la chercher très bientôt. JEt je tiens toujours mes promesses. C'est d'ailleurs pour cela que j'en fais si peu.
Lorsque j'avais demandé à Lisa si elle voulait bien de discuter avec Alice de sa vie avec Alana afin qu'elle puisse donner son avis afin qu'elle puisse vivre avec moi, elle avait accepté immédiatement Contrairement à ce que je craignais, Lisa est prête. Cette petite a un courage extraordinaire.
– J'aime bien Alice, et comme ça je reviendrai ici très vite.
Ensuite Drake est venu nous chercher pour nous amener à l'aéroport. Déjà. L'atmosphère est tendue et je sais que j'en suis la cause.
– Dis la chipie, tu nous oublieras pas une fois dans la ville des stars ? lance mon frère.
– Sais pas... Ton vélo me manquera c'est sûr mais personne ne me piquera mes crêpes.
La chipie fait enrager son oncle et arrive presque à m'arracher un sourire. Puis elle lâche ma main et part en sautillant dans le hall, poursuivie par Drake qui râle et la menace. J'écoute leurs plaisanteries, remerciant mentalement mon frère de mettre un peu de gaité dans cette journée difficile.
J'entend l'annonce du vol de Lisa et une femme s'arrête devant nous, ses talons claquant sur le sol du hall.
– Bonjour Monsieur. Vous devez être Monsieur Follen et la jolie demoiselle que voilà, Lisa, votre fille ? dit-elle alors que Lisa accourt vers nous.
– Oui, Mademoiselle ?
– Je me présente, je suis Sophia. Je suis chargée de m'occuper de Lisa pendant le voyage comme vous l'avez demandé. Elle est magnifique votre petite fille. Elle vous ressemble vous savez.
Je serre les dents. Son ton séducteur ne me plait pas.
– Je vous demande de rester près d'elle et de ne la confier qu'à sa mère. Comme vous semblez être physionomiste, vous verrez elles se ressemblent aussi toutes les deux physiquement. Mais vérifiez quand même les papiers d'identité de mon ex-femme.
– Je connais mon métier, fait-elle vaguement refroidie par mon ton sec et ironique.
– Tant mieux. Laissez-moi une minute avec elle, mademoiselle.
Je déteste les adieux, les halls d'aéroports, et encore plus laisser ma fille repartir. Je hais cette situation et ma fatigue. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. J'entend la demoiselle s'éloigner, avec Drake et Livie.
Je m'assois sur un fauteuil, juste derrière moi et maintiens ma fille debout entre mes cuisses, lissant ses cheveux qui ont légèrement poussés en 15 jours.
– C'est dur de te laisser ma puce.
– Je sais Papa, c'est plus facile pour moi tu sais.
Je hausse un sourcil interrogateur.
- Oui. Livie va veiller sur toi. Et toi sur elle. Alice me l'a dit, il y a longtemps, mais je sais maintenant qu'elle a raison.
– Oui, sûrement. Alice sait beaucoup de choses.
– Peter ne reviendra pas ?
– Non ! Il ne reviendra pas. J'ai trouvé la solution pour lui. On s'en occupe dès demain avec ton oncle. Pars tranquille ma puce. Et très bientôt, je viens de rendre visite.
– Me chercher, tu viendras me chercher, me corrige-t-elle. Ça va aller Papa.
Elle m'embrasse et me serre très fort. Comme si elle me réconfortait. Cette gamine a plus de force et de courage que moi.
Quelques minutes plus tard, après avoir longuement embrassé Drake et Livie, elle disparaît derrière une porte battante et part pour l'autre côté du continent . Moi je reste avec ma tristesse, mes angoisses et ma rage.
– Bon sang Andrew, arrête de faire la tête, elle ne part pas pour longtemps vu ce que je concocte à la sorcière, je te le promets. Fais-nous un sourire ! Tu sais encore faire ?
Je grimace sans dire un mot. Pas envie de sourire. Drake est lourd parfois.
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