Chapitre 27 Livie. Avoir besoin de lui.
Jeudi Soir
C'était super bon. J'ai presque mal au ventre tellement j'ai mangé. Justin était content quand je lui ai apporté les cookies tout chaud.
Il était super fier de moi aussi quand je lui ai dit que je les avais fait toute seule. Enfin presque. Il l'a compris. Et il m'a fait un clin d'oeil quand j'ai avoué que Livie m'avait aidé...un peu.
Papa me manque. Je viens de l'entendre rentrer. Il est monté avec Livie.
Bizarre, je suis contente. Finalement c'est une bonne journée. Mais il en reste plus beaucoup.
ooOOOoo
Quelques heures plus tôt
- Pourquoi il y a des mamans qui aiment leur bébé et les bébés meurent et pourquoi d'autres ne les aiment pas et veulent les garder quand même avec elles ?
Une petite larme glisse silencieuse sur une joue de la petite accompagnant sa petite voix tremblante. Que lui répondre ?
Je regarde la courageuse petite fille qui me fixe de ses beaux yeux verts embués par les larmes et, sans réfléchir, je caresse sa joue. Je soupire , sa question appelle une réponse franche. C'est la première fois qu'elle me pose une question personnelle, et tellement intime. Elle traduit tellement de douleurs.
Malgré mes doutes sur Alana, l'ex femme d'Andrew, je ne peux me permettre d'éteindre l'espoir de Lisa : elle souhaite que sa mère l'aime. Cette femme me paraît très sombre, peu aimante et très égoïste. Mais ma vision est déformée et est surement très... partiale. Lisa n'a que huit ans et elle a besoin de croire en l'amour ses deux parents.
Un petit sourire triste précède mes paroles.
- C'est une question difficile. Je ne sais pas vraiment. Je pense juste que... mon Alec est où il doit être et que cette épreuve est censée me rendre plus forte... mais tu dois savoir que toutes les mamans, comme les papas, ressentent quelque chose pour leur enfant. Toutes. Même si certaines ne savent pas le dire ou le montrer. Même si elles font les mauvais choix, pour de mauvaises raisons.
- Tu crois ? Ma maman me dit toujours que je ne suis pas assez bien. Que je ne sais pas faire ça ou ça. Tous les jours elle me dis que je suis agaçante et qu'elle aurait... voulu que je sois plus belle, plus sage et plus intelligente. Tu crois qu'elle m'aime quand même ? Même si je ne le mérite pas ?
Sa voix est tremblante d'espoir malgré sa détresse. Elle souhaite penser que sa mère l'aime malgré sa soi-disant ... imperfection. La nausée qui me vient en comprenant ce que vit Lisa auprès de sa mère me fait grimacer mais je dois la rassurer et ne pas laisser ma colère prendre le dessus.
- Je sais que ta maman t'aime, mais qu'elle te le dit pas. Peut-être qu'elle ne sait pas faire les choses aussi bien que ton papa. Un jour peut-être. Elle t'aime. Elle ne peut pas faire autrement. C'est évident. Tu mérites d'être aimée. Tu es une merveilleuse petite fille. Tu le vois dans chacun des gestes de ton père. Il t'adore... Mais surtout tu le mérites pour toi-même. Tu es bien jolie et agaçante aussi parfois. Mais tu es toi. Une adorable Lisa.
Elle renifle et je lui donne un mouchoir en papier.
- Merci.
Elle hausse les épaules.
- De toute façon, je préfère rester avec mon Papa.
La gorge serrée, impuissante à aider cette courageuse enfant, j'essuie les larmes qu'elle a oubliées.
- Tu as un papa extraordinaire, comme des milliers de fillettes en voudraient, mais il n'y en a qu'un. : le tien. Et il t'aime pour mille. Et puis tu as un oncle ogre, qui va bientôt arriver et à qui j'ai promis une tarte aux pommes. Tu veux bien m'aider encore ?
Je dois absolument la consoler, faire revenir son sourire et je veux surtout conserver ce début de complicité entre nous.
- Oh oui ! J'adore les batailles de farine. La dernière à la cuisine est un ours en peluche !
Elle me plante là, avec la vitalité des enfants, elle est passée à autre chose, courant de toute la puissance de ses petites jambes. Pour le fun, je me lève rapidement, faisant mine de la poursuivre, mais courir dans un escalier, je ne le ferai pour rien au monde.
Je suis donc un... Ours en peluche !
Nous sortons dans la cuisine les ingrédients nécessaire pour la tarte aux pommes sans trop nous préoccuper du rangement habituel nécessaire lorsque Andrew est là.
-Livie ?
Lisa , sur la pointe des pied, me parle en me tournant le dos, elle a le nez et même le buste enfoui dans le placard d'épicerie sucrée.
-Oui ?
-Il y a du chocolat et oh.... il y a même des amandes. On peut faire aussi des cookies ?
La voix est pleine d'espoir. La petite frimousse sort du placard et se retourne vers moi. La grimace gourmande qui s'affiche me fait rire.
-Mouais...
Je fais semblant d'hésiter quelques secondes.
-Tu sais Papa adore les cookies aux amandes, et moi c'est les cookies aux chocolat. Avant j'en faisais avec Papa et je les partageais en cachette avec Justin. Lui, il est comme moi il les préfère avec des groooosses pépites de chocolat.
Elle écarte les bras le plus possible pour bien me faire comprendre la taille de ces pépites. J'éclate de rire.
-OK on est d'accord : deux fournées de cookies une grosse pour toi et ton partenaire, une pour Andrew et une immense tarte aux pommes pour ce soir pour Drake. Ca te convient ? Mais on range toutes les deux ensemble la cuisine après ?
Elle s'approche pour checker et je commence à préparer la pâte feuilletée de la tarte aux pommes avec le beurre que j'avais sorti au préalable du réfrigérateur. Lisa grimpe à genoux sur le tabouret pour observer ma technique avec attention.
Je la trouve adorable avec cette petite tache de farine sur le bout du nez. Elle a percé mes défenses et je sais qu'elle a trouvé sa place dans mon coeur.
La première fournée de cookies - aux grosses pépites de chocolat- est dans le four lorsque mon téléphone sonne.
Je m'essuie rapidement les mains en reconnaissant la sonnerie que j'ai dédié à Andrew et décroche en rougissant légèrement. Pourquoi suis-je si heureuse à l'idée d'entendre sa voix?
- Livie ?
-Oui Andrew ? Tu vas bien ?
Je ne peux m'empêcher d'être inquiète. Jusqu'ici il ne m'avait jamais appelé. Bon d'accord, je l'ai rarement quitté depuis que j'ai emménagé ici.
-Ca va. C'est plutôt à toi que je veux poser la question. Comment ça se passe avec Lisa ? Elle n'est pas ...trop... enfin tu comprends ?
-Tout va bien, ne t'inquiètes pas. On s'occupe dans la cuisine et tout se passe à merveille entre nous maintenant.
Je l'entends soupirer à l'autre bout de la ligne. La conversation qu'il a entendu la veille l'a perturbé.
-Tant mieux. Je craignais ..un peu ce matin de te laisser seule avec elle. Je..
-Ne t'inquiètes pas, je t'ai dit. Ta fille est adorable et on s'entend bien.
Je fais un clin d'oeil à la petite qui ne perd pas un mot de ce que je dis.
-Ok. Je te crois. je t'appelle car nous ne rentrerons pas aussi tôt que prévu. Je dois voir James à son bureau à 15 heures et ensuite Drake me rappellera quand il sortira du tribunal. je rentrerais donc tard, seul ce soir. Ca ne te pose pas de problèmes ?
Je me sens bizarre, triste. Comme si son absence toute la journée allait provoquer un manque. je secoue la tête pour oublier cette sensation curieuse.
-Non ..pas de problème. Je... Et toi ? Ca va ? C'est pas trop ...compliqué ?
Je l'imagine gérer ces déplacements dans la ville seul. Il est autonome mais je sais que ca exige beaucoup de concentration de sa part. Il sera épuisé ce soir. Je voudrais pouvoir l'accompagner, le guider. Etre certaine qu'il ne lui arrive rien. Je retiens un peu un soupir discret.
-Non, je ...j'ai pris un taxi qui me suivra toute la journée et avec mon guide vocal, je gère. C'est toi qui t'inquiètes maintenant. Tu ... Livie ?
J'entends son hésitation.
-Oui Andrew ?
-Tu me manques. J'essaies de rentrer tôt et nous achèverons cette discussion que tu m'as promis chez Macy.
Je ne sais que répondre. Je sais mes joues s'échauffer et j'entends son petit rire au bout de la ligne. Il reprend avant que je réponde.
-Tu me passes Lisa, s'il te plait ? Je voudrais lui parler un peu aussi.
-Bien sur. A ce soir Andrew.
Je passe le combiné à Lisa qui attend impatiemment juste devant moi, me fixant avec attention.
Papa ? Tu sais.... avec Livie on prépare une surprise pour ce soir.
Andrew n'a pas le temps de placer un mot que la petite brune, avec enthousiasme commence à lui expliquer nos tentatives pâtissières. Je la regarde l'écouter ensuite et son sourire se fane un peu. Je comprends qu'il lui explique qu'il rentrera tard.
Je décide d'être un peu discrète et m'éloigne. De toute façon l'odeur s'échappant du four m'appelle. La première fournée est cuite.
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En fin de journée, la cuisine est dans un état désastreux mais la tarte aux pommes, dégustée avec Lisa est un délice. J'ai range précieusement la seconde au réfrigérateur avant de rejoindre Lisa dans sa chambre pour lui lire une histoire à sa demande. Les miracles existent. J'en ai eu la preuve aujourd'hui.
Il est 21h30 maintenant. Lisa dort et je décide d'attendre Andrew. Je m'assois sur le canapé du salon face à la porte d'entrée. Il me manque. Cela fait presque dix heures que je ne l'ai pas vu.
En quelques semaines, cet homme si attentif à moi, si adorable avec sa fille, si fort malgré son handicap m'a séduite. Je n'ai pas besoin des paroles de James ou de celles d'Alice pour me dégourdir de mon long sommeil affectif, non, par ses gestes, par ses baisers Andrew me réveille. Il me voit, telle que je suis et non pas telle que je parais aux autres.
Son face à face avec Peter m'a ouvert les yeux : jamais Andrew ne sera comme lui. Jamais Andrew ne me blessera, ne m'anéantira comme Peter a tenté de le faire.
Et j'ai eu si peur pour lui dans le parc. J'en tremble encore.
J'aime Andrew Follen.
Oser me le dire est un grand pas en avant. Je me sens apaisée, enfin. Ce n'est qu'un début. Je l'aime et j'ignore totalement ce qu'il ressent pour moi si ce n'est cette tendresse qui nous rapproche parfois nous faisant chavirer vers autre chose de plus... sensuel.
Il m'est indispensable. Il m'apporte tant par sa présence, par ses mots. Mais j'aime surtout ce qu'il est. Un homme fier et intègre, prêt à se battre pour ceux qu'il aime. Fort et fragile. Je veux pouvoir l'aider. Je le ferai. Peu à peu. À son rythme. Mais il faut d'abord que je lui parle de ce que j'ai compris aujourd'hui.
Grâce à lui, je suis mieux, j'espère pouvoir apporter mon aide, pour lui, pour Lisa.
Un baiser sur le front me réveille. Son odeur m'enveloppe avant même que j'ouvre les yeux.
- Bonsoir Belle au bois dormant, chuchote Andrew.
- Bonsoir Andrew.
J'ai l'impression d'avoir ronronné ces mots. Encore endormie, je souris dans la pénombre. Andrew me surprend toujours. Je distingue dans la pénombre, la chemise blanche, il a dû ôter sa veste dans l'entrée. Il est à genoux devant moi et je me délecte de la vision de son visage dont les traits altiers sont mis en valeur par le clair-obscur.
-Comment sais-tu toujours où je suis ? C'est surprenant.
Il m'a manqué. Sans réfléchir, je remets en place une mèche cuivrée qui a glissée sur son front, permettant à mes doigts d'errer dans sa chevelure soyeuse. Il a l'air épuisé.
- Je ne sais pas exactement Livie, je le sais, c'est tout. Je sens ta présence, ton parfum parfois, mais c'est plus impalpable que cela. Je savais que tu étais là. Je n'y ai pas vraiment réfléchi.
Il semble aussi surpris que moi de sa réponse. Gêné presque de ne pouvoir expliquer ce lien entre nous. Je décide de changer de sujet.
- La journée a été longue sans toi.
La vérité a surgi de ma bouche sans que je réfléchisse. Je le sens rire plus que je ne le vois. Il n'a bien entendu pas allumé la lumière en pénétrant dans la pièce.
- Pour moi aussi ma belle. Je vois que tu es entière, Lisa ne t'a pas blessé ? je peux vérifier ?
Il commence à frôler mon visage de ses doigts, je me souviens instantanément de ce que j'ai ressenti dans l'ascenseur il y a quelques jours et j'immobilise sa main. Je ne dois pas perdre la tête. J'ai des choses à lui dire mais pas dans le salon.
- Je voudrais te parler. Mais pas ici. Tu as mangé ?
- Oui avec Drake .
Il se frotte la nuque, à la fois pour se détendre mais aussi comme à chaque fois qu'il se pose des questions.
- Bien on monte à l'étage ? Ta chambre ou la mienne ?
Soudain hésitante, je faillis renoncer.
- La tienne, tu as besoin de te reposer je pense, tu pourras t'allonger pendant que je parle.
- Uniquement si tu es allongée contre moi.
Il est d'humeur plaisante et je m'en veux de lui gâcher cette fin de journée.
- Devant moi gente dame, que je t'admire quand tu montes l'escalier.
- Idiot ! Soufflé-je souriant de sa plaisanterie.
- Je ne mens pas, je te vois dans ma tête gravir avec charme ces quelques marches et si tu étais gentille, tu me laisserais poser une main sur ta hanche, comme cela, pour m'aider, stimuler mon imagination.
Il a encore une fois joint le geste à la parole et je me laisse faire, je passe devant lui et il me suit dans l'escalier, sa grande main tiède posée sur ma hanche, réchauffant ma peau à travers le tissu de ma jupe. Arrivés devant sa chambre, il passe un bras devant moi pour abaisser la poignée de la porte. Je n'y suis pas entrée depuis le premier jour.
L'heure de la discussion a sonnée.
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