Chapitre 24 Andrew : Confidences
Cher journal
Papa vient de monter dans sa chambre. Il croit que je dors. Mais c'est pas vrai. Je voulais juste... Je sais pas. J'avais pas envie de lui parler. Le cinéma c'était bien. La promenade dans le parc aussi. Sauf le Monsieur à la fin. je l'ai pas bien vu mais il a fait peur à Livie, je l'ai entendu. Il criait fort sur elle. Comme maman avec moi. C'est pour ca que j'ai tenu la main de Livie après. Elle tremblait comme si elle avait encore peur. Et puis papa et lui se sont disputés très fort. Mon papa est très fort mais il est aveugle alors je veux pas qu'il se batte.
Il a pas peur lui mais il était triste après. Et tout ça c'est ma faute.
C'est moi qui ai voulu aller au parc aujourd'hui. Et l'an dernier c'est moi qui ai voulu cette glace. juste avant l'accident.
Et puis bientôt je retourne chez Alana.
J'ai envie de pleurer.
ooOOoo
Nous mangeons tous les trois rapidement et malgré mes quelques tentatives pour rendre l'atmosphère plus légère et les efforts de Livie, Lisa sent, j'en suis certain qu'un problème pointe le nez à l'horizon. Je l'entends gratter avec sa fourchette dans son assiette et elle est quasi silencieuse. Le repas s'étire en longueur. Soudain le tabouret de Livie en face de moi racle le sol.
-Je suis...fatiguée. Je monte me coucher. Désolée de vous laisser si tôt.
Sa voix hésitante me convainc de ne rien lui demander de plus.
-Bonne nuit Livie.
Mes paroles sonnent creuses, je le sais mais comment l'aider ? Pour une fois, je voudrais qu'elle reste. Qu'elle me tienne compagnie pendant quelques instants. D'ordinaire, malgré mes protestations, elle insiste pour débarrasser avec moi et faire la vaisselle pendant que je bavarde avec Lisa. Ce soir tout semble différent. J'envoie ma fille se préparer pour se coucher et elle ne proteste même pas un peu et rejoint sa chambre.
Ranger la cuisine ne me prend que quelques minutes et je réfléchis aux options qui s'offrent à moi. En soupirant, je m'essuie les mains et sors mon téléphone de la poche arrière de mon jean. Je cherche rapidement mon contact et m'adosse au plan de travail en attendant qu'il réponde. Il n'est plus dans sa loge mais il répond toujours à mes rares appels.
-Justin ?
-Oui M Follen, c'est bien moi. En principe c'est moi qui décroche mon portable.
Je devine son sourire moqueur. Dieu qu'il est fatiguant. Je soupire.
-Tant mieux mais moi c'est Andrew je crois te l'avoir déjà dit. Trêve de plaisanterie. Un type est venu demander si Livie habitait ici aujourd'hui ?
-Ouep d'ailleurs je voulais vous en parler.
Il se tait et je me demande ce qu'il attend. La patience, c'est pas mon fort. Surtout ce soir. Surtout avec Black.
-Tu peux développer ?
-Il avait ...une sale tête. Enfin je sais pas comment dire. Il ne m'inspirait pas confiance. Je l'ai renvoyé balader sans lui donner les renseignements souhaités et l'ai vu s'éloigner de l'immeuble. J'ai vérifié. Pourquoi ces questions ? C'est qui ?
- D'abord merci de l'avoir refoulé. C'était la meilleure chose à faire. C'est un type dangereux. Je ne veux plus qu'il tourne autour de l'immeuble et encore moins qu'il y rentre. Si tu le vois.... tu me préviens. OK ?
- Ça marche, Andy.
Andy ? Je déteste ce surnom et mettrais ma main à couper qu'il le sait. Je laisse tomber. J'ai besoin de lui. Je serre les dents et hésite avant de lui demander quelques précisions.
-Physiquement il est comment ? Décris le moi s'il te plait.
J'ai pas demandé ça à qui que ce soit ....à part à ma mère. Mais curieusement je veux savoir.
- Une petite trentaine. Blond. Yeux gris. Musclé.... mais pas autant que moi évidemment. Une belle gueule mais... fourbe. Il peut plaire aux filles, je pense, pour celles qui aime le type bad boy et blondinet à la fois. Mais à mon avis c'est un bon à rien.
-Merci Justin. Je te laisse. A demain.
J'ai pas envie de discuter de l'ex-mari de Livie plus longtemps. Je raccroche et entre dans la chambre de Lisa. Par miracle seule sa respiration calme et régulière rompt le silence de la pièce. Elle dort. Je remonte la couette sur ses épaules fragiles et embrasse son front doucement. Aurais-je à surveiller ses fréquentations plus tard ? Surement. Mais beaucoup plus tard. D'ordinaire sa présence me calme et fait disparaître la plupart de mes soucis. C'est ma fille. le centre de ma vie depuis le jour de sa naissance. Et même avant. Mais ce soir j'ai besoin d'autre chose et le petit corps endormi dans cette pièce n'est pas la seule personne pour laquelle je m'inquiète. Je ferme la porte de sa chambre doucement et monte l'escalier.
Devant la porte de la chambre de Livie, j'hésite à frapper. Je passe la main dans mes cheveux en me demandant si je peux entrer. J'en ai envie. Je veux la protéger, lui apporter le réconfort nécessaire. Mais en suis-je capable ? James est sûrement plus au fait de la situation de notre amie. Dois–je l'appeler et lui expliquer ce qu'il s'est passé ? Je pose mon front sur la surface fraîche de la porte. Un bruit de sanglot traverse alors le bois. Sans plus réfléchir, je toque brièvement et ouvre la porte.
- Livie ?
- Laisse-moi Andrew, s'il te plaît, laisse-moi.
La voix brisée de Livie me parvient étouffée, sûrement par la couette. Refermant la porte derrière moi, je me dirige vers le lit sur lequel je m'assois, faisant fléchir le matelas sous mon poids. Je tâtonne et trouve rapidement le corps de Livie. Elle est allongée sur le côté, recroquevillée sous la couverture, ma main remonte le long de sa hanche effleurant ses côtes, son épaule puis sa joue. Elle tremble de tous ses membres. Son visage est trempé de larmes et sa respiration hachée. Oubliant mes propres sentiments, je pose mes doigts sur la peau fine de sa nuque, l'enveloppant de ma main et fait pivoter mon corps de façon à être assis face à elle. De mon pouce je commence de petits mouvements de va-et-vient sur son cou. Je me contente, de lui sourire doucement.
- Je ne partirai pas ma douce, chuchoté-je, les amis sont là pour s'aider. Je ne te quitterai pas.
Je chuchote calmement.
- Tu ne seras plus seule. Plus maintenant. Laisse-toi aider. Laisse-moi t'aider.
Mes mots, ma voix agissent comme une berceuse et je sens la tension se relâcher peu à peu dans sa nuque. De mon autre main, j'ôte les mèches de cheveux trempées de larmes de son visage, les replaçant une à une vers l'arrière de sa tête, les lissant doucement. Elle renifle un peu, puis les sanglots convulsifs s'apaisent aussi, comme domptés par les mouvements de mon pouce dans son cou. Elle soupire plusieurs fois.
Nous restons ainsi un moment. Elle se calme lentement mais je n'ose bouger, m'écarter.
- Je reste avec toi. Tant que tu auras besoin de ma présence je serai là.
- S'il te plaît...
Elle parle si bas que je dois me pencher vers elle pour l'entendre.
- ... prends-moi dans tes bras et serre-moi fort.
Ma gorge se serre et sans réfléchir je lui obéis. J'ôte mes chaussures et m'allonge à son côté. Restant au-dessus de la couette, je passe mon bras droit sous sa tête pour l'enrouler autour de ses épaules tandis que mon autre main se pose sur sa hanche, l'invitant à se blottir contre moi. Ce qu'elle fait.
Dans un dernier hoquet, elle niche sa tête dans mon cou et je sens ses lèvres sur ma peau. Une de ses mains s'agrippe à ma chemise tandis que l'autre remonte sur mon épaule et s'y attache comme si j'allais partir. Elle frissonne toujours convulsivement et son corps reste extrêmement tendu.
Du bout des orteils, je donne un petit coup sur son tibia afin qu'elle me laisse m'approcher et j'entremêle mes jambes aux siennes autant que le permet sa couverture. Elle fait comme moi. Nous sommes liés, attachés. Il serait très compliqué pour quiconque de nous séparer.
- Tu as le droit de pleurer encore tu sais. Parfois cela fait du bien.
Seul un petit sursaut me répond. Ma main gauche reprend le rythme lent sur sa hanche. À travers la couette, je la caresse doucement.
- Si... si je me laisse pleurer à nouveau, je vais inonder ta chemise.
- Oh ! C'est ça le problème ? Je peux l'enlever si tu veux ? Mais pour cela, il faudrait que tu me lâches une seconde.
Je fais l'esquisse d'un geste pour me reculer et ses mains serrent ma chemise et mon épaule plus fort encore. Je souris dans ses cheveux.
- Alors je vais sacrifier ma chemise, tu le vaux bien ma douce. Pleure autant que tu veux.
- Oh Andrew... fait-elle de sa voix cassée.
Elle commence un embryon de rire et pleure, les digues de chagrin qu'elle semble retenir depuis une éternité se rompent enfin.
Elle pleure longtemps. Je me contente de la serrer contre moi, de balader ma main contre son dos. Sans rien dire. Il y a des qualités de silence que l'on ne peut rompre. Elle vide son corps de toute la détresse, de toutes les rancœurs de son passé contre ma chemise qui est effectivement inondée. Puis peu à peu elle s'apaise.
- C'est la première fois.
Sa petite voix assourdie vibre dans mon cou, me chatouillant un peu.
- Oui ma belle ?
Je l'encourage à poursuivre.
- La première fois que je me laisse aller devant quelqu'un.
Mon cœur se serre. Sa solitude me bouleverse. Touchant un point obscure au centre de mon être que je ne connaissais pas jusqu'ici. Quoi qu'elle ait dû traverser avec ce type, elle avait été seule.
- Profite de moi, libère-toi. Parle-moi de toi, de lui. Si tu le souhaites.
- Peter ... je l'ai connu au lycée. Il était populaire. J'étais timide. Le grand classique. Nous avions 17 ans tous les deux. Je venais d'arriver à Newark, une petite ville dans la banlieue de Columbus pour vivre chez mon père. Ma mère venait de mourir. Je devais m'adapter à plein de choses et quand il s'intéressa à moi, je n'en revenais pas. J'étais bêtement flattée. C'était un mec cool, sportif, bien bâti. Il... Je le trouvais très beau, comme toutes les filles du lycée d'ailleurs. Il avait un côté « Bad-boy » avec ses cheveux trop longs, qui ravissaient toutes les idiotes que nous étions. Nous sommes sortis ensemble de plus en plus souvent. J'avais enfin une vie sociale. Je le trouvais gentil. Il ne me pressait pas. Nous travaillions nos cours ensemble.
Elle commence à revivre son histoire. Je ne suis pas sûr que se soit véritablement à moi qu'elle parle, qu'elle se confie Mais reprendre le fil des événements depuis le départ lui permettra, nous permettra de comprendre.
Elle reprend son souffle avant de poursuivre.
- Après le lycée, il m'a suivi à Colombus. Nous avions commencé les mêmes études de kinésithérapie. Il avait voulu faire les même études que moi, même si ça ne l'intéressait pas vraiment je pense. Puis un soir, c'était à Thanksgiving je crois, j'avais un peu trop bu. Je me suis laissée convaincre. J'avais 18 ans. J'étais majeure disait-il, libre de mon corps. Il disait qu'il avait été patient. Qu'il me voulait. C'était... bien, je crois. Je ne me souviens guère de cette première fois.
Je soupire en même temps qu'elle. Je n'avais pas prévu que ses confidences me seraient aussi désagréables à entendre.
- Le lendemain, il a emménagé dans ma chambre d'étudiante. J'ai rien dit. Je devais m'estimer heureuse. Un type convoité me voulait, moi la petite Livie, exilée et sans amis. Après, tout s'est enchaîné.
Elle hésite un peu avant de poursuivre.
- Après deux ans, on a dû chercher un logement plus grand. On a déménagé à New York. C'est comme cela que j'ai connu James . Il nous a loué l'appartement mitoyen du sien. On s'est marié. J'ai alors dû bifurquer sur des études d'infirmière et j'ai validé mon diplôme rapidement. J'ai alors pu trouver du travail pendant qu'il terminait ses études de Kiné.
J'écoute sans rien dire. Stupéfait de ce qu'elle m'apprend, c'était si loin de Livie , de ma Livie . Celle qui prend ses décisions, celle qui a tenu tête à Lisa et à Peter aussi aujourd'hui.
- J'étais bête n'est-ce pas ? Tu es déçu ?
- Mon dieu , non ma Livie! répliqué-je immédiatement à la petite voix triste et résignée qui m'interpelle, tu ne peux pas me décevoir. Chacun commet des erreurs et tu ne connais pas les miennes. Tu as fait à l'époque, ce qui te semblait bon. Tu avances depuis et tu tiens compte des leçons du passé.
Elle appuie à nouveau sa tête contre moi, contre ma poitrine et je la serre sur mon cœur.
- Peter est un... dominateur, un manipulateur. Je le sais maintenant. Je me suis laissée faire. J'ai tout accepté, tout ce que je t'ai dit et le reste aussi. Pendant 8 ans.
- Que s'est-il passé alors ?
- On... on s'est éloigné peu à peu, commence-t-elle en hésitant sur le choix des mots pour la première fois depuis le début de son récit. J'ai changé. J'ai toujours « obéi » comme il dit... mais je suis devenue indifférente. À sa violence, à sa fureur, à ses écarts. Il en a eu marre je pense, de ma passivité, de mon inertie, de ma culpabilité aussi. Alors un soir, après une grosse dispute, il y a deux ans, il est parti. On s'est revu lorsque j'ai demandé le divorce, il y a quelques mois. C'était en présence de nos avocats. Puis le lien a été rompu définitivement. Je ne me suis pas sentie mieux pour autant mais, je pensais être débarrassée de lui.
- Tu vas l'être, je te le jure. Demain, à la première heure, je mets Drake sur le coup et tu verras, il ne lâche rien. C'est un des meilleurs avocats de N.Y., le meilleur peut-être. Je ne dis pas cela parce que c'est mon frère. Il peut être totalement loufoque dans la vie. Mais dans le boulot, c'est un pitbull croisé grizzly, sans aucune pitié. Entre lui et moi, Peter n'a aucune chance.
Je me délecte déjà de ce nous allions faire subir à ce type.
- Je ne mérite pas ton aide Andrew. Tu ne devrais pas perdre ton temps avec moi.
Contredisant ses paroles, elle se serre davantage contre moi, comme si elle voulait entrer en moi, sous ma peau, l'idée m'est très agréable. La barrière de la couette devient de plus en plus pénible et indispensable et je m'efforce de garder dans un coin de mon esprit qu'il est surement préférable de rester ainsi.
- Chut... c'est là que tu dis n'importe quoi !
- Mais tu ne sais pas ! Tu ne sais pas ce que je suis ! Ce que j'ai fait ou pas fait plutôt...
Si elle veut entrer dans le mode « je regrette ce que je n'ai pas fait » elle est loin de pouvoir m'égaler. J'embrasse son front et fais naviguer ma main sur son épaule. Elle remue la tête, voulant éloigner certaines pensées.
- Je l'ai laissé me rendre esclave. Je l'ai servi. Jour après jour. Je l'ai laissé me prendre mon travail et mes rêves. Je l'ai laissé me parler comme si je n'étais... rien. Je n'étais pas grand-chose en effet. J'ai toujours été lâche face à lui et pourtant je n'avais même pas l'excuse de l'aimer. Je me suis aperçue très vite que tout n'était qu'illusions. Lui et mes sentiments pour lui. Un an de mariage a suffit. Mais je suis restée. Puis j'ai été piégée. Je suis lâche et cela me rend malade.
Elle est amère et de plus en plus désespérée. La crise menace de reprendre, je l'entend à sa voix tremblante et furieuse à la fois. Je glisse mes doigts sous la couette pour toucher sa peau tiède, que je pince un peu, au niveau de l'épaule. J'ai soudain toute son attention.
- Stop. Tu sais ce que tu as fait aujourd'hui ? je lui demande.
- Euh... non.
- Tu l'as affronté. Tu lui as dit d'aller se faire voir.
- Je lui ai dit cela moi ?
Elle semble extrêmement étonnée.
- Pas exactement dans ces termes, certes. Mais tu l'as menacé. Et je suis très heureux que tu ne me parles jamais sur ce ton. Tu étais... impressionnante. Et je te certifie que ça l'a bousculé dans ses certitudes.
Elle ne répond que quelques secondes plus tard.
- Ce serait bien la première fois. Je ne me souviens pas de ce que j'ai dit, mais juste de ma colère, de la peur qu'il ne vous fasse du mal, à toi ou à Lisa. J'ai oublié le reste.
- T'as rien loupé, mais je te jure que ta voix est terriblement effrayante quand tu es en colère ma douce.
- Merci. J'essaierai de m'en souvenir. Tu...
Elle se tait comme si elle n'osait pas poursuivre.
- Livie ? Dis-moi... Explique-moi ce que tu veux.
- Lisa dort ?
- Oui.
- J'espère que je ne l'ai pas trop perturbée. Je ne voulais pas quitter le parc sans toi.
- Elle va bien. Ne t'inquiète pas.
Je caresses cheveux parfumés, je pourrais faire cela pendant des heures, ils sont tellement doux, soyeux. Ils libèrent encore ce même parfum fruité qu'elle a répandu partout dans l'appartement de façon subtile.
- Tu voulais me demander autre chose, je le sais.
Elle soulève sa tête de ma poitrine et bouge un peu . je suppose qu'elle m'observe.
- Tu lis dans mes pensées ?
- Parfois j'aimerais beaucoup, mais non, malheureusement.
Ma main retourne vers son cou, vers l'encolure de son tee-shirt. Je pose mon pouce sur sa carotide qui palpite rapidement.
- Je... Je t'en demande beaucoup mais je... tu... Andrew, est-ce que tu voudrais bien rester avec moi cette nuit ?
Elle a terminé sa phrase très vite, comme si elle avait peur de changer d'avis en cours de route. Mon pouce s'immobilise sur sa peau. Je dois réfléchir rapidement .
- Je t'ai déjà dit que je restais près de toi tant que tu auras besoin de moi.
Je retrouve alors la douce sensation de sa tête sur ma poitrine. D'accord, je vais rester allongé contre elle toute la nuit. Il me faudra dompter mes rêves alors. Parce que rêver de cette femme, comme les nuits précédentes, alors qu'elle est dans mes bras, pourrait être périlleux. Je ne veux en aucun cas lui faire peur, je suis là, dans ce lit, pour la rassurer. Uniquement pour cela. Je soupire doucement et ôte mes doigts fureteurs pour les poser sagement sur son épaule. Immobiles.
Les minutes passent et je sens son souffle s'apaiser. Livie s'endort. J'aimerais pouvoir faire de même avec ce petit corps blotti contre le mien.
- Je peux te demander autre chose ? fait-elle d'une voix ensommeillée, me surprenant.
- Oui.
Bien sûr, je crois même qu'elle aurait pu me demander de lui décrocher la lune.
- Passe sous la couette, tu seras plus à l'aise et moi aussi.
Ou plus difficile encore que de décrocher la Lune.
Secouant la tête, je m'exécute. Je m'assois une seconde et ôte ma chemise trempée, gardant juste mon jean, je rabats la fameuse couverture et me glissai dessous. Elle se tourne et love son dos contre ma poitrine nue. Nous sommes encore une fois collés l'un à l'autre. J'entoure cette femme devenue si précieuse de mes bras, la ceinturant doucement au niveau de son ventre, juste sous la rondeur de sa poitrine.
- Merci Andrew. Je suis bien, grâce à toi.
Les doigts de Livie se nouent par-dessus les miens. Comme pour m'interdire de m'éloigner.
- Moi aussi je suis bien, ma Livie. Dors maintenant, soufflé-je en caressant ses cheveux de mon menton.
Je ne mens pas. Je suis loin d'être « plus à l'aise » que sur la couverture. Mais je suis bien.
Je me sens enfin à ma place, quelques secondes avant de sombrer à mon tour dans un profond sommeil.
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