chapitre 22 Andrews : Dans les bras d'Alice
Cher Journal
Aujourd'hui c'est dimanche.
Je viens de passer un super moment au parc avec Papa. Je suis assez grande maintenant pour monter toute seule sur les genoux d'Alice. C'était très excitant. Et amusant même quand Olivia a eu peur que je tombe au moment de partir. Je ferai très attention à ne plus les laisser tout seuls tous les deux. Je n'aime pas les voir se murmurer des choses. C'est mon Papa et elle je ne la connais pas. Ça fait une semaine que je suis là. Ça a passé très vite. J'ai peur de repartir chez Alana . Je voudrais rester ici pour toujours.
Je dois aller me doucher. Love
ooOOoo
Dimanche après-midi
Nous avons rapidement traversé la 5ème avenue pour nous retrouver le long du mur qui longe le parc. D'un côté Manhattan et la fureur des klaxons en ce dimanche après-midi ensoleillé et de l'autre la bouffée d'oxygène de Central Park. Le choix est vite fait. Lisa sautille à ma gauche alors que Livie a choisi de marcher juste devant moi. Sur les trottoirs encombrés et dans le bruit de la circulation j'apprécie ma canne blanche. Elle est le guide que j'ai appris à manipuler, contraint et forcé, mais je sais qu'elle me permettait d'aller où je veux, d'être quasiment autonome.
Central Park est à 5 minutes de l'appartement et j'ai lâché avec bonheur mon ordinateur inutile, puisque je n'arrive à rien, pour faire prendre l'air aux deux « L » avant que l'une ne blesse l'autre. Je sais parfaitement laquelle serait responsable des hostilités. La guerre incompréhensible déclenchée par Lisa continue. J'ai cru un moment que le comportement de sa mère a incité Lisa à détester les femmes mais, me souvenant de son attitude enjouée avec Alice tout au long de la soirée de lundi, je sais que je fais fausse route.
Livie prend les choses calmement, elle se contente de répondre gentiment et fermement à ma fille, avec une sorte de détachement qui semble agacer Lisa. Elle a encore insisté auprès de moi pour que je laisse du temps à ma fille. Je suis conscient qu'une semaine était passée et que dans quinze jours elle devra repartir avec Alana pour finir l'année scolaire. Sauf, si je demande et obtient sa garde exclusive.
Me concentrant à nouveau sur la dense circulation dominicale, je me laisse guider par Livie . Entrant dans Central Park, nous obliquons vers l'est, laissant le réservoir Jackie Onassis derrière nous. Livie , obéit à la consigne secrète de Lisa qui lui a chuchoté à l'oreille de nous emmener dans les allées pédestres du parc. Il n'y a maintenant plus de voitures, mais des joggers, des vélos, des enfants et des animaux. Pas très rassurant tout cela pour moi. Je suis assez tendu malgré l'ambiance apaisante, le gazouillement des oiseaux, et autres balivernes romantiques.
- Allez les filles, soyez gentilles cela fait quinze minutes, que l'on marche comme cela et je ne sais plus où je suis. Vous n'envisagez pas par hasard de me perdre comme les parents du petit Poucet ?
Elles gloussent toutes les deux. Complices pour la première fois, à mes dépens.
- Nous sommes derrière le MET * Andrew, lâcha enfin la voix de Livie .
- Merci d'avoir pitié de moi, soupiré-je d'un ton théâtralement soulagé.
Je fais travailler ma mémoire, peut-être pour l'impressionner un peu.
- Nous sommes juste derrière le musée ? On voit les verrières ?
- Difficile de louper ces formations pyramidales, sourit-elle. La lumière doit être superbe à l'intérieur.
Je songe aux nombreuses heures passées dans ce musée lorsque je fuyais l'appartement et Alana il y a quelques années. C'était un lieu où mon inspiration galopait de collection en collection et de siècle en siècle.
- Andrew, je suis désolée, dit soudain Livie d'un ton si triste qu'il me fait revenir au présent.
- Euh ? Pourquoi ?
- Je suis parfois très maladroite.
Soudain je comprends et lui souris.
- T'inquiètes pas, je connais le MET par cœur, je pourrais te le faire visiter les yeux fermés. Il est mémorisé, scanné, stocké là-dedans. On fera cela un jour je te le promets, fais-je en me tapant la tempe de mon index. Elle est naturelle avec moi et ne surveille pas ses mots. J'aime cela. Je reprends ne laissant pas le silence s'installer
- Le musée est donc à gauche donc...
Je me tourne vers ma droite pour continuer.
- ... quelque part par ici, plus de 3500 ans nous contemplent.
Lisa lâche ma main gauche et s'éloigne en courant. J'espère ne pas m'être trompé. Cela fait un an que je ne suis pas passé par ici et à l'époque, je n'avais guère fait attention à mes repères actuels, inclinaison du terrain, position du soleil, nature du sol. Livie se rapproche de moi, nous sommes coude à coude. J'aime cela. j'aime son parfum.
- Oui Papa, on est presque devant. C'est l'obélissse que t'aimes bien, crie Lisa surement plantée à quelques mètres de nous, la voix pleine d'excitation.
- L'obélisque**, corrigé-je machinalement, oui Lisa. Il est toujours là ma fille ?
- Toujours. Donc tu sais où je veux aller ? T'as deviné ?
Elle est à nouveau à côté de nous, s'insinuant très vite entre Livie et moi.
- Je pense que oui. Nous verrons bien.
- T'es pas amusant. Je voulais que ça soit une surprise.
Elle semble déçue et j'ai l'impression de voir son petit nez se plisser de mécontentement.
- Arrête de faire la grimace Lisa, sinon tu ne seras pas aussi jolie que Cléopâtre plus tard.
- M'en fiche. Je ne fais pas la grimace en plus ! Même pas vrai !
Puis elle éclate de rire. Haussant les épaules, je refuse de prendre Livie à témoin.
- Allez, on reprend, si je me souviens bien, il nous reste 10 minutes pour arriver à destination. Livie , viens près de moi, s'il te plaît. Lisa tu peux aller en éclaireur mais ne t'éloigne pas de nous.
Lorsque je sentis Livie à mon côté, je pose ma main gauche sur son épaule, comme si elle était là pour me guider encore.
- Tu surveilles la petite n'est-ce pas ? chuchoté-je.
- Tu n'as pas besoin de me le dire. Tu as vraiment deviné où elle voulait aller ?
- Oui, c'est son coin préféré de tout Central Park, ce n'était pas très compliqué. Tu connaissais ?
- De nom uniquement. C'est la première fois que je viens ici. C'est beau et calme.
- C'est toujours ainsi. Ou presque. Je me souviens d'un jour de tournage dans ce coin, c'était effrayant. Quelque soit la saison, il y a du monde, mais c'est tellement grand qu'on a l'impression de respirer mieux qu'ailleurs.
Je me tais et nous avançons tranquillement côte à côte. Je savoure l'instant. C'est la première fois depuis l'arrivée de Lisa que nous retrouvons un peu d'intimité. Cette dernière prend un malin plaisir à ne pas nous laisser seuls.
- Tu as revu Justin depuis lundi ?
La question m'a échappé. Ma curiosité est trop forte. Elle stoppe un instant sa marche avant de revenir à mon côté.
- Humm, oui.
- Ah !
Je suis déçu. Et encore plus surpris de cette déception. Je n 'ai pas envie qu'elle voit Justin. J'ôte la main de son épaule et la place dans ma poche. Je ne sais pas qui je punis par cette réaction infantile. Elle soupire et attrape mon coude. Curieusement je me sens mieux. Elle a vu Black et alors ? C'est avec moi qu'elle se promène maintenant.
- Justin est un gentil garçon, je ne comprends pas pourquoi tu ne l'apprécies pas. Quand je dis que je l'ai vu, il était en effet à son poste, on se dit bonjour ou bonsoir. C'est tout. Depuis que tu as sous-entendu devant témoins, que l'entraînement de judo pour aveugle que tu avais suivi, te permettrait de casser la figure à celui qui s'approchait trop près de Lisa, ou ceux que tu protégeais dans ton appartement, il y a comme un froid entre lui et moi, rigole Livie.
- Tu te moques encore de moi ? Il dansait cette danse de gamins en te serrant contre lui, comme si c'était un slow. J'ai dit ce qui me passait par la tête et si ça lui a fait peur, tant mieux.
- Tu as quel âge Andrew ? commence-t-elle en riant, avant de s'interrompre une seconde. Comment as-tu pu voir cela ?
Elle semble surprise.
- J'ai mes sources, je consens un peu gêné.
J'ai demandé à Drake de les surveiller et je n'en étais pas très fier.
- Drake ?
Je me gratte la nuque de plus en plus mal à l'aise.
- Je comprends, fait-elle soudain.
Elle accélère le pas. Comme elle s'accroche toujours à mon bras, je suis obligé de suivre le rythme.
- S'il te plaît, on n'est pas si pressés, fais-je après quelques secondes.
- Excuse-moi. Je... tu me perturbes.
- Tant mieux. Au moins c'est réciproque.
Nous nous arrêtons alors complètement, pour nous faire face. L'ambiance a changé. Le monde alentour et la conscience aiguë des promeneurs, des enfants, des vélos et des animaux que j'ai eue auparavant a disparu. Seule, Livie reste face à moi accrochée à mon coude. Je lève ma main droite pour effleurer son bras, puis sa joue lisse et fraîche.
- Tu n'as pas le droit de dire cela Andrew, commence-t-elle suppliante, alors que son visage se love dans ma main, contredisant ses paroles.
- Pourquoi ? C'est la vérité. Nous le savons tous les deux.
- Mais nous savons aussi que nous ne pouvons pas.
Elle secoue la tête, alors je saisis une mèche de cheveux pour garder le contact, la lissant entre mes doigts, imaginant la chaude couleur brune que ma mère m'a décrite. Drake m'a dit que les cheveux de Livie brillaient dans l'éclairage de mon appartement, je peux voir les reflets du soleil jouant dans ses cheveux presque aussi clairement que je sens l'odeur de jasmin de son shampoing lorsque j'amène le bout d'une de ses mèches vers mon visage.
- Andrew...
Sa voix est une sorte de plainte douce qui me fait frissonner. Je la sens haleter contre moi, sa poitrine frôlant la mienne. Qui de nous s'est encore rapproché de l'autre ? Mon menton effleurant son front, je n'ai qu'à baisser un peu la tête pour pouvoir passer mes lèvres sur sa peau parfumée et tentante. Juste un peu. L'air crépite entre nous, je me penche, guidé par une force irrépressible vers elle.
Un vélo klaxonne en faisant vibrer l'air à côté de nous. Nous sommes au milieu de l'allée.
Je suis parti très loin dans un monde de sensualité, rien qu'en caressant une mèche de ses cheveux, je n'ose imaginer ce qui se passerait entre nous, en moi, si j'ai la chance d'aller plus loin. Je recule brutalement, m'éloignant d'elle.
Nous ne pouvons pas. Pour un tas de bonnes raisons que nous avons listées et que j'ai absolument oublié à cet instant. Mais elles doivent forcément être bonnes. Je me racle la gorge.
- Lisa est toujours dans le coin ?
- Oui, elle est à genoux dans la pelouse et scrute avec attention les brins d'herbe de la pelouse... à environ cinquante mètres.
Cette fois-ci, le silence entre nous est gêné. Je n'ai pas envie de parler de ce qui vient de se passer, de mon absence totale de contrôle.
- De quoi parlions-nous avant d'oublier que nous étions dans un lieu public ? demandé-je pour rompre ce maudit silence tout en continuant de marcher.
- De Justin , du fait que tu me fais surveiller par ton frère et que... Dis-moi que ce n'est pas vrai ? Tu n'as pas suivi d'entraînement de Judo ?
Je ris un peu.
- Franchement ? Non. C'était une des activités proposées au centre. Mais le sport, je laisse ça à Drake , qui a bien rigolé quand j'en ai parlé à la soirée, il me connaît. Déjà avant l'accident, je ne faisais que le strict minimum, un footing par semaine avec lui. Alors maintenant...
Je hausse les épaules.
- Tu ne fais plus aucun sport ? Même pour éloigner les futurs prétendants de ta fille, tu ne ferais pas d'efforts ? demande Livie à qui le sujet plait décidément trop.
- Quoi ? Tu penses que j'ai besoin d'entraînement ? Je ne te plais pas comme cela ?
Je ne plaisante qu'à moitié. Nous avons repris notre lente marche vers l'objectif de Lisa mais, j'étais agacé que Livie sous-entende que je n'étais pas en bonne forme. Lorsque je suis sorti du coma, la rééducation physique indispensable pour reprendre la masse musculaire perdue a été difficile et douloureuse, mais j'estime être parvenu à un bon résultat... jusqu'à ce que Livie critique ma condition.
- Là n'est pas la question, répond-elle après un petit silence, mais ce pourrait être bien pour toi. Pour t'aérer un peu de ton bureau et prendre encore plus confiance en tes possibilités. Cela fait partie des options que je voulais te proposer. J'ai lu sur le net, que les non-voyants pouvaient faire plein de choses, il suffit de réfléchir à ce que tu souhaites développer.
Je faillis nous arrêter encore une fois sous l'effet de la surprise.
- Tu t'es renseignée sur ce que j'étais capable de faire ? Tu crois que courir est possible ?
- Sans aucun doute ! Alice pense même que cela peut être très bénéfique, non pas à ta musculature qui est très bien comme elle est, mais à ton moral.
- Évidemment, si Alice dit cela, dis-je stupéfait. Tu es surprenante. Je ne sais pas, je n'ai jamais réfléchi à tout ça. J'ai pris, ou pas, ce qu'on me proposait. Je suis un peu perdu dans toutes tes infos, tu te renseignes pour moi, tu parles de moi avec Alice, tu me dis que ma musculature est parfaite.
Elle me bouscule légèrement de son épaule droite contre mon bras, pas assez pour que je perde l'équilibre mais assez pour me faire sourire.
- Eh ! J'ai pas dit « parfaite »... juste « très bien ».
- Bien sûr, je vais te croire ! En tous cas, elle est bien meilleure que celle de Black.
Je pousse un peu plus loin dans cette direction car, j'ai le souvenir d'un type super baraqué qui aurait pu être engagé comme le « Monsieur Musclor » de n'importe quel acteur en manque de garde-du-corps.
- Je ne vous compare pas, il est juste... un ami.
Je préfère ne pas m'aventurer à lui demander ce que moi je suis pour elle, si je suis « juste un ami ».
- En parlant de lui, je n'aime pas que tu le fréquentes, je n'ai pas confiance en lui. Je t'ai déjà dit qu'il était amoureux de toi et je n'aime pas ça.
- Moi j'aime bien Justin et lui t'aime bien aussi, même s'il ne le dira jamais. J'ai...
Elle s'arrête soudainement de parler.
- Oui ?
Dans un soupir, elle reprend.
- J'ai discuté avec lui un soir avant la soirée. Il est gentil. Il est persuadé qu'il y a quelque chose entre nous et donc il m'a avoué qu'il ne voulait pas marcher sur « tes plates-bandes » comme il dit. Je ne devrais pas te parler de cela, mais ça à l'air de tellement t'agacer. Je ne suis pas prête à avoir la moindre relation avec qui que ce soit, mais si un jour je pouvais... je n'irais pas vers Justin Black .
Pourquoi ai-je la sensation soudain que le ciel est devenu bleu autour de nous ? Pourquoi est-ce que soudain, je me sentais si bien et en même temps perturbé de ce demi-aveu ?
- Lisa ? Reviens par ici, tu es trop loin, appelle tout à coup Livie .
- Elle est très loin ?
Je panique presque.
- Non, elle a juste dépassé un peu la limite que je m'étais accordée et en plus, elle fait l'équilibriste sur les bancs.
- L'équilibriste ? Tu vas voir pire bientôt.
- D'ailleurs nous sommes arrivés Andrew. Alice est devant nous, dit Livie .
Lisa se jete alors dans mes jambes et je la saisis par la taille pour la soulever.
- Alors la miss, nous sommes bien où tu le souhaitais ?
- Oui Papa ! Lâche-moi je veux grimper !
Elle gigote dans tous les sens. Je la repose sur le sol en gardant une main sur le fameux pompon de sa veste. Je gravis avec précaution les deux marches qui entouraient la statue de José de Creeft.
- Je t'aide ?
- Non, je suis grande maintenant ! Je veux y arriver toute seule.
En effet le pompon commença à grimper un peu, puis un peu plus. Je me souviens que la sculpture d'Alice in Wonderland*** comporte plusieurs étages de champignons qui sont comme des marchepieds permettant de rejoindre le gros champignon, puis les genoux d'Alice. Je caressai le bronze lisse du champignon tandis que Lisa m'échappe.
- Ça y est Papa ! Je suis dans les bras d'Alice ! Toute seule ! Viens avec moi !
- Non, je t'attends ici, souris-je, vaguement tenté de la rejoindre comme avant.
- Vas-y Andrew, rejoins-la. Je descends jusqu'au bassin du Conservatoire cinq minutes et je reviens m'asseoir sur un banc.
- Tu... tu es sûre qu'elle ne risque rien ?
- Andrew, elle est grande et tu es à côté d'elle. Prends-lui la main et relaxe-toi un peu, fait Livie d'un ton légèrement grondeur.
Sa main caresse ma joue et disparaît presque immédiatement, comme si elle regrette son geste.
- Je reviens très vite.
J'entends ses pas s'éloigner sur l'asphalte de la petite place ronde. Je suis étonnamment conscient de son absence.
- Alors Papa, tu grimpes avec moi ? reprend la voix pleine de joie et d'espoir de ma fille.
- Ok je viens ! Je suis vieux alors, laisse-moi un peu de temps.
Saisissant le rebord du champignon le plus élevé, je me retrouve à genoux sur celui-ci. La technique n'est sûrement pas très élégante mais, entre cela et me rompre le cou devant Lisa et Livie, je n'ai pas le choix. Avançant un peu en me guidant grâce à la montre à gousset du Lapin blanc, je retrouve assez aisément mon ancienne place sur la droite d'Alice, me servant de son bras comme d'un dossier. Me décontractant, suivant les conseils de Livie , je recherche la main de Lisa sur ma gauche. Elle me la confie et je lui souris. Je suppose qu'elle était assise sur les genoux d'Alice, légèrement plus haut que moi.
- Tu te souviens ? C'est là que tu me racontais tes petits malheurs d'école.
- Oui je sais. Et c'est là que tu me lisais Alice aux pays des Merveilles, tous les dimanches.
- Je n'ai pas le livre avec moi, je ne savais pas que l'on venait ici et je ne le connais pas par cœur celui-là.
- C'est pas grave.
Un moment passe sereinement. Tenir la main de ma fillette, assis sur une monstrueuse sculpture au milieu de Central Park, doit aussi ressembler au Paradis. Je suis finalement assez chanceux. Je l'écoute babiller posément. Elle est heureuse elle aussi. Sa voix légère et ses propos sans fin, sur Luna, sur sa maîtresse de Los Angeles, et sur ses livres favoris me ravissent. Le temps passe et je sais qu'on aurait dû descendre rejoindre Livie depuis un moment.
- Lisa ? où est Livie ? Tu la vois ?
- Oui, elle est sur un banc. Pas loin. Elle...
Lisa se tait et immédiatement je m'inquiète ?
- Quoi ? Que se passe-t-il ?
- Elle parle avec un monsieur. Il a l'air en colère.
Je me laisse glisser souplement au bas de la statue, tout en intimant à Lisa de ne pas bouger.
- Tu restes ici ! Interdiction de descendre et de nous rejoindre ! Dis-moi juste dans quelle direction ils sont.
- Derrière toi, en direction du lac... Il est très grand le monsieur Papa. Te fâche pas avec lui.
- Ne t'inquiète pas.
Je récupère ma canne blanche et suis les indications de Lisa jusqu'à entendre la voix furieuse de Livie .
- Tu n'as rien à faire ici, rien à m'ordonner.
- Tss Tss... Ma Livie , si j'ai envie de te parler, je le ferai maintenant que je t'ai retrouvée, et tu obéiras comme tu l'as toujours fait.
Immédiatement, je déteste cette voix, rude et insidieusement moqueuse. Je déteste cet inconnu. Je hais ses mots avec une force que je n'ai que rarement ressentie.
ooOOoo
Ndla : Pour la visite touristique de Central Park.
*MET : Metropolitan Museum of Art (1872) qui longe Central Park.
** L'obélisque de Central Park ou Aiguille de Cléopâtre, donné par les Turcs à Champollion en 1830 qui préféra les Obélisques de Louxor. Un mécène américain (Vanderbilt) passait dans le coin, il embarqua la chose qui arriva à Central Park en 1881- (bon j'ai fait un raccourci de l'histoire). Les obélisques allant par paires : l'autre si ça vous intéresse est à... Londres (donnée en 1815 et arrivé en 1878)
*** Alice in Wonderland (1959), œuvre en bronze de José de Creeft... vous connaissez, je vous fais pas un dessin si vous avez-vu Remember Me.
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