XV. Que l'avalanche m'emporte
TW pour violence verbale et physique pour tout le chapitre, comme d'habitude signalez moi si vous avez besoin que je fasse un résumé si ces sujets vous sont sensibles !
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Dans le petit chalet de maintenance à l'arrivée du télésiège Diamant Noir, l'ambiance allait bon train. Il faisait encore bien cru en ce début de mois de mars, et les techniciens et les pisteurs étaient mieux à l'intérieur avec un bon vin chaud. On riait, on se réjouissait de la neige qui tenait malgré le printemps approchant et, parfois, on se moquait aussi des touristes inexpérimentés qui se cassaient la figure en descendant en chasse-neige du télésiège.
– Faut p'tet que t'ailles vraiment l'aider celui-là, il a emmêlé ses jambes comme du ficello.
– C'est à ton tour d'y aller Marianne, j'ai déjà donné avec les Parisiens aujourd'hui...
La pisteuse répondit non du doigt tout en buvant une gorgée de vin chaud.
– Ah nan, j'suis en pause, alors soit tu y vas, soit Kevin du 92 reste par terre et se fait skier dessus par le prochain gamin qui débarque.
Son collègue poussa un immense soupir et sortit de la cabane, tandis que Marianne restait à siroter sa boisson avec le technicien. Le moniteur réapparut peu de temps après, arguant que c'était la dernière fois qu'il s'emmerdait à relever un touriste même pas reconnaissant et qui, pour couronner le tout, avait failli lui planter son bâton dans le thorax parce qu'il ne savait pas aligner un ski à côté de l'autre. Marianne ricana. À presque cinquante ans et avec des années de cours de ski aux débutants derrière elle, elle en avait aussi eu à la pelle, des cas de comme ça.
Le calme revint mais fut de courte durée. Moins d'une minute plus tard, une jeune monitrice de ski faisait irruption dans le cabanon, toute paniquée.
– Il y a une fusée de détresse dans le ciel !
Marianne haussa un sourcil et jeta un coup d'œil sceptique à ses collègues qui devaient penser la même chose. La petite monitrice s'agita dans tous les sens, confondant ses mots et se reprenant à cause du stress, jusqu'à ce que l'histoire soit complètement incompréhensible.
– Clem, hé, l'interpella la pisteuse.
– Mais y'a peut-être des gens en danger, il faut vite aller voir !
– Clémence, répéta Marianne. Respire. Voilà, respire, et explique depuis le début.
– J'étais en train de donner cours aux Piou-Piou — ils sont toujours là, d'ailleurs, ils attendent dehors, il faudra pas que je tarde trop parce qu'ils vont s'impatienter, et les parents ne paient pas pour que je vous fasse la conversation...
Marianne jeta un coup d'œil à la fenêtre : des gosses entre six et huit ans étaient placés à la queue-leu-leu, les uns noyant la tête des autres dans la neige.
– Et là, Corentin — c'est le petit frisé adorable juste là — me dit : regardez Madame, il y a des feux d'artifice ! Donc forcément je regarde, et qu'est-ce que je vois ? Une fusée de détresse ! Vous savez, les jolies fusées un peu rosées, enfin un peu orange-saumon pour celle-ci, eh bien elle a brillé une dizaine- non, une vingtaine de secondes en l'air et puis elle est retombée avec un petit parachute et—
Bon sang, Clémence était une prof très douée et une gamine adorable, mais aussi sans aucun doute la pire narratrice que la Haute-Savoie ait jamais porté.
– Clem, l'interrompit Alain, l'autre mono de l'ESF, de vingt ans son aîné. On n'utilise pas de fusée de détresse comme ça en station. C'est pour la navigation, ton truc.
– Je sais bien ! s'agaça la jeune femme. J'en avais vu une il y a quelques années quand je faisais du pédalo au lac d'Annecy, je sais à quoi ça ressemble, c'est bien pour ça que je suis venue ! C'est pas normal que quelqu'un utilise ça ici, ça montre qu'il y a un problème !
Son collègue fit la moue, peu convaincu, mais finit par soupirer :
– Bon, elle venait d'où, ta fusée ?
– Derrière la butte et les derniers épicéas, côté Est, Nord-Est.
– Aah, mais y'a un vieux machin là-bas, le refuge abandonné, se souvint le technicien.
Clémence fronça les sourcils, visiblement pas au courant. Marianne enchaîna :
– C'était un tout petit refuge où les gens apportaient leur propre bouffe et pouvaient dormir pour pas cher. Mais il est inhabité depuis un bon bout de temps. À cause d'un scandale à la fin des années 90, quand un connard de touriste anglais complètement bourré s'était jeté de la falaise.
Tandis qu'Alain riait grassement à l'anecdote, Clémence eut une expression entre l'horreur et la compassion.
– Oh non, c'est terrible...
– Si ça vient de la cabane, tu peux laisser tomber, ça doit être des groupes de jeunes qui s'amusent avec ce qu'ils ont trouvé dans les tiroirs.
Mais Clémence n'était pas convaincue. Elle insista et insista encore jusqu'à ce que Marianne cède dans un soupir excédé. Ça lui ferait une sortie.
– Bon... Clem, avec moi. Tu voulais découvrir le quotidien des pisteurs, non ? Tu vas être servie.
Le sourire de la jeune femme s'élargit comme celui d'un enfant à qui on annonce qu'on l'emmène à DisneyLand, avant de s'arrêter brusquement :
– Et les Piou-Piou ?
Marianne poussa un nouveau soupir et désigna son collègue masculin.
– Alain, occupe-toi des gosses, on revient de tout de suite.
L'interpellé protesta mollement mais Marianne était déjà sortie, tirant par la manche une Clémence trépignant d'enthousiasme.
Assez vite, Marianne sortit des pistes pour entrer dans la forêt, suivie de près de Clémence qui prenait sa mission de secourisme très au sérieux.
Elles n'étaient pas les premières à passer là. Des traces toutes récentes se superposaient dans la neige profonde. Elles continuèrent d'avancer jusqu'à la lisière, d'où on apercevait le vieux refuge.
Là, à quelques pas de la falaise, se tenaient deux silhouettes humaines. En pleine conversation, elles gesticulaient dans tous les sens en criant, mais le vent portait leurs mots au loin. Marianne et Clémence s'arrêtèrent net, dissimulées par les troncs épais des épicéas.
Marianne releva sa visière et plissa les yeux. Clémence l'imita.
– On va les voir et on leur demande si c'est eux qui ont envoyé la fusée ?
La pisteuse hésita.
– Attends.
Au même moment, le premier homme poussa violemment le second, qui s'écrasa dans la neige en criant de douleur. Il ne réussit pas à se relever malgré ses efforts.
Après de longues secondes à le regarder ramper dans la neige, le premier en eut assez et le maintint au sol en lui écrasant sa chaussure de ski sur le torse.
Collée à Marianne, Clémence avait retenu un hoquet de peur.
La pisteuse s'apprêtait à intervenir quand Clem lui prit la manche.
– Il nous a vues, chuchota-t-elle.
– Qui ça ?
– Celui par terre, le rouquin. Enfin châtain-rouquin — à moins que ce soit blond ? Quoique, on voit pas bien les reflets depuis—
Marianne coupa court à la tirade de la monitrice en la faisant taire d'un gant sur la bouche.
Le rouquin-blond-châtain en question avait à nouveau tourné la tête vers elles et leurs regards se croisèrent le temps d'une seconde. Marianne y lut de la détresse, mais aussi de l'espoir derrière son visage tuméfié. Un nouveau coup l'obligea à se concentrer sur son agresseur.
– Mais putain Grégory, s'écria le jeune homme, aies au moins les couilles d'assumer que tu les as tuées ! Am' et Salomé sont mortes à cause de toi !
Marianne et Clémence échangèrent un regard inquiet : le rouquin avait fait exprès de parler plus fort pour qu'elles l'entendent, elles en étaient certaines.
Ledit Grégory répondit d'une voix plus basse, dont les mots furent grignotés par le vent. Marianne tendit l'oreille pour en saisir quelques bribes.
– Elles étaient cassées, Julien, tu comprends pas ? Elles auraient fini comme ça un jour ou l'autre de toute façon.
Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? pensa Marianne. Dans quel mauvais épisode de Plus Belle la Vie était-elle encore tombée ?
– Il y a quatre paires de skis près du cabanon, releva alors Clémence en chuchotant tout bas. Tu penses que les deux dernières paires pourraient appartenir aux filles dont ils parlent ? Ce serait pour ça, la fusée de détresse !
Marianne n'eut pas le temps de répondre que la dispute s'aggravait encore. Grégory asséna une série de coups de pieds hargneux dans le ventre du rouquin, qui réagit à peine, recroquevillé sur le sol. Avait-il perdu connaissance ?
La pisteuse elle-même se trouva paralysée quelques instants devant la violence de la scène, elle qui était d'ordinaire inébranlable.
– Marianne, qu'est-ce qu'on fait ? On intervient ?
– Non, surtout pas, répondit l'aînée quand elle eut reprit ses esprit, encore un peu sonnée. Ce type, le Grégory, s'il a vraiment tué ces femmes, c'est un grand malade. On sait pas s'il est armé. J'suis secouriste, pas CRS.
Clémence insista et insista encore, mais Marianne ne céda pas cette fois-ci. Leur sécurité était sa priorité. Elle vit du coin de l'œil que Clémence avait sorti son téléphone.
– T'appelles la police ?
– Non, je filme, répondit Clémence, qui s'empressa d'ajouter en voyant le regard de Marianne : hé, je suis pas stupide, c'est juste que je capte que dalle ici. C'est super chelou ce qui se passe, je préfère avoir des preuves au cas-où !
Marianne avait quand même du mal à comprendre les réflexes des jeunes générations.
– Et toi, t'arriverais à contacter la station avec ton talkie-walkie ?
– Peut-être. Il faudrait que je m'éloigne, mais je te laisse pas seule ici avec ces tarés.
Clémence fit la moue, sûrement agacée d'être maternée par tous ses collègues.
– Vas-y, insista la jeune monitrice. C'est en train de partir en couilles. J'ai pas envie de filmer un meurtre en direct — enfin, pas en direct comme j'ai pas de réseau, mais sur mon téléphone quoi — pas que je veuille la publier ou quoi après mais... (elle soupira, se rendant compte de son cafouillage) Bref, tu m'as comprise. Vas-y.
Marianne hocha la tête. Clémence était grande après tout, elle savait ce qu'elle faisait. Celle-ci lui rendit son hochement de tête, son visage innocent affichant un air grave.
La pisteuse s'éloigna, bâtons de ski dans une main et talkie-walkie dans l'autre.
☽ ☼ ☾
Julien avait peur. Jérémy avait certes réussi à s'enfuir, mais pour combien de temps ? Il avait peu d'avance, et David — envoyé par Grégory comme un bon chien de chasse — était bien plus athlétique. De longues minutes s'étaient écoulées dans le cabanon silencieux, Grégory retenant Julien plaqué au sol, tous deux aux aguets du moindre bruit.
Puis Julien avait vu par la lucarne la lueur diffuse de la fusée de détresse briser le ciel gris, et il n'avait pu s'empêcher de soupirer de soulagement. Peut-être que quelqu'un viendrait à leur secours, finalement. Et peut-être même que Jérémy avait réussi à les appeler, les secours.
Voir la fusée n'avait pas eu le même effet sur Grégory, qui avait pris Julien par le col et l'avait presque traîné dehors, cherchant du regard le retour de David pour « se barrer au plus vite d'ici et en finir avant que les flics rappliquent à cause de ce feu d'artifice de merde ».
Se tenant à quelques pas de la falaise, à l'endroit même où Julien et Jérémy s'étaient embrassés pour la première fois depuis leurs retrouvailles, Grégory ruminait dans sa barbe. Il retraçait nerveusement le chemin à prendre pour revenir à la station, s'arrêtait net dès qu'il percevait le moindre bruit, puis scrutait le ciel, sûrement soucieux de voir apparaître un hélicoptère de secours.
– Tu t'en sortiras pas, souffla Julien.
– Oh mais ta gueule, t'en veux encore une ? siffla l'autre en le menaçant de son poing.
– Réfléchis Grégory, tu pourras jamais nous ramener jusqu'à la bagnole de Jérémy, nous tuer et foutre nos cadavres dedans. C'est du grand délire ton plan, on n'est pas dans une série policière ! Les secours vont arriver, t'as meilleur temps de penser à comment atténuer ta peine devant le juge.
Le nerf de la paupière droite de Grégory se mit à tressauter violemment.
– Ton mec et toi, vous êtes épuisés, vous arriverez même pas à vous débattre une seconde quand la putain d'aiguille sera dans votre bras, tu visualises ou tu veux que je te montre déjà maintenant ?
– Tu réalises pas, en fait, fit Julien en feintant l'indifférence malgré les propos glaçants de Grégory.
– Ferme-la, ferme-la, ferme-la !
Grégory sortit de ses gonds et poussa violemment Julien qui tomba à la renverse. Il essaya de se relever, sans y parvenir, pestant contre lui-même et tout son corps tremblant. Son souffle se coupa d'un coup sec quand Grégory lui écrasa sa chaussure de ski sur la poitrine.
Au même moment, Julien entendit du mouvement derrière lui, non loin dans la forêt. Il se retourna discrètement, pensant à Jérémy qui serait revenu après s'être débarrassé de David. Mais aucune trace de son clochard préféré.
Il pensait avoir halluciné, jusqu'à ce que ses yeux aperçoivent des silhouettes humaines. Vestes rouges et blanches : des employées de la station. Une chance que Grégory soit trop obnubilé par lui casser la gueule pour les remarquer.
À partir de là, Julien changea de tactique. Il avait deux nouveaux témoins à disposition, quatre précieuses paires d'yeux qui pourraient l'aider devant la police. Tout ce qui lui fallait, c'était un moyen d'arracher les aveux à Grégory.
Cependant, les minutes s'écoulèrent, sans que les confessions ne viennent, sans que David et Jérémy ne réapparaissent, sans que les femmes n'interviennent. Sans que la violence ne diminue.
Julien avait arrêté de bouger et ne disait plus rien, tentant de conserver ses dernières forces. Il laissait Grégory se défouler, l'insulter de tous les noms et lui donner des coups de chaussures de ski. Cet abruti finirait bien par se lasser, non ?
M. Connard savait sa bouche et son nez sanguinolents. Il savait son genou gonflé et pulsant sous son pantalon et son épaisse combinaison semblait moins amortir les coups qu'au début. Mais il ne pouvait rien faire à moins de serrer les dents.
– Greg ! Tu peux arrêter ton cirque, je l'ai retrouvé, lança la voix de David.
Le cœur de Julien eut un sursaut de peur, puis de soulagement quand il constata que Jérémy n'avait pas l'air blessé. S'il en avait eu la force, Julien se serait précipité vers lui pour le prendre dans ses bras, et c'était sans doute réciproque. Mais ils étaient tout deux exténués. La preuve, David retenait les bras de Jérémy d'une seule main. De l'autre, il jeta à Grégory le portable d'Amandine. Un sourire immense se dessina sur les lèvres du meneur, qui examina l'objet sous tous ses angles.
– J'ai aussi récupéré son portable personnel.
– Il a contacté la police ?
David sourit.
– Il en aurait eu le temps. Mais pas de chance, plus tu t'éloignes du cabanon, plus la forêt fait des interférences sur le réseau.
Grégory sourit à son tour.
– Bien joué David, t'as fait un bon boulot.
Un peu plus et Grégory lui faisait un pat pat sur le crâne comme à un clébard.
– Je suis désolé, souffla Jérémy à l'attention de Julien, le visage rougi à cause de l'effort.
Julien aurait voulu lui dire qu'il n'avait pas à s'excuser, qu'il avait fait tout ce qui fallait et que regarde, tu as réussi, on n'est pas seuls, il y a des gens cachés dans la forêt qui ont tout vu ! mais il n'en avait pas la force. Il se contenta de lui sourire avec bienveillance.
Il jeta un coup d'œil furtif vers les arbres. L'une des femmes avait disparu. Julien serra les dents, pris par un doute soudain. Elles n'allaient quand même pas partir en laissant Julien et Jérémy aux mains de ces tarés ?
– Bon, on a tout, qu'est-ce qu'on attend pour en finir ? annonça Grégory sur un ton bien trop enjoué.
Jérémy adressa un regard paniqué à Julien tandis que ce dernier était remis sur pied de force par Grégory. Il tenait à peine debout.
– Oh, un peu de nerf Julien ! Tu devrais être fier, c'est grâce à toi que tout va s'arrêter ! Tous ces drames, toutes ces morts dont tu te plains tellement, tout va prendre fin.
– Ouais, génial. Tu vas pouvoir continuer à tuer avec la daube tu vends et continuer à buter ceux qui te dénoncent.
– Peut-être. Sûrement. Mais on s'en fout, parce que ce qui compte, c'est qu'officiellement, tout soit rentré dans l'ordre. Tu seras le tueur, je serai innocenté. Jérémy, une victime collatérale — ou ton complice, au choix. On sera tous tranquille : vous, six pieds sous terre, et moi, à six cents kilomètres d'ici pour savourer mon innocence au soleil.
David haussa un sourcil, visiblement vexé de ne pas faire partie des plans Vacances sur la côte d'Azur avec son acolyte.
Grégory prit alors le visage de Julien dans ses mains et le malmena dans tous les sens comme un enfant avec de la pâte Fimo.
– Et plus personne n'en aura rien à foutre que j'aie tué Amandine et Salomé.
Le rouquin se mit alors à sourire. Un sourire de soulagement.
– Je peux savoir ce qui te fait marrer ?
Grégory regarda autour de lui en se tournant et retournant frénétiquement, pressentant quelque chose. Jérémy et David l'imitèrent sans comprendre. Finalement, ils la virent tous en même temps, derrière les arbres : une tache rouge caractéristique de la combinaison des moniteurs de l'ESF.
Le poing de Grégory trembla un peu en se resserrant sur la veste de Julien.
– David, tu me ferais une faveur ?
L'autre haussa un sourcil.
– Va me chercher la connasse qui nous mate derrière le sapin. S'il te plaît.
– Greg, on va juste s'enfoncer dans les emmerdes si on—
– David. J'ai été poli, et je ne me répéterai pas.
L'homme obtempéra et se dirigea lentement vers l'orée de la forêt, traînant avec lui Jérémy. La femme s'était immobilisée, yeux écarquillés par la peur, comme un lapin pris dans les phares. David avança, et même si Jérémy faisait de son mieux pour le ralentir en gesticulant dans tous les sens, ils gagnaient du terrain sur la pauvre monitrice qui restait tétanisée.
– Tu t'approches de Clem', t'es un homme mort, lança alors une autre voix féminine.
Julien sourit à la vue de la deuxième femme, qui venait de réapparaître un peu plus haut dans la forêt. Elle tenait son talkie-walkie en évidence.
David s'immobilisa à son tour, déstabilisé, et regarda tour à tour les deux femmes, Jérémy qu'il peinait à contrôler, puis Grégory.
Celui-ci lui fit de gros yeux.
– David, je t'ai dit de—
– Tu veux que je fasse quoi, putain ? Je peux pas me dédoubler et j'ai pas six bras !
Grégory tapa frénétiquement du pied par terre.
– Tu me les chopes une à une, j'en ai rien à battre ! Tu devais me couvrir, alors couvre-toi ! couina-t-il, ne semblant pas saisir l'absurdité de la situation.
– T'aurais dû m'écouter et prendre plus de gens avec toi, ou te débarrasser d'eux dès le début. Mais y'en a que pour ta gueule, hein, rit cyniquement David. Regarde dans quelle merde tu nous as mis.
– David, écoute-moi bien—
– Garde ta salive, intervint la deuxième femme d'un ton autoritaire. Des renforts arrivent depuis la station, la police a été prévenue, on a tout vu et tout filmé. T'es mort.
Déjà, les échos de conversations se faisaient entendre : d'autres personnes approchaient. Jérémy et Julien s'échangèrent un regard plein d'espoir. Grégory était acculé. Même David avait abandonné et relâché les bras de JDay.
L'étau se resserrait. La fin était proche. Jérémy s'élança vers Julien pour le libérer de la poigne de Grégory. Celui-ci sentait le piège se refermer autour de lui et recula en retenant Julien.
Quand Jérémy arriva à quelques mètres d'eux, Grégory ne prononça qu'un seul mot :
– Non.
Il recula encore. Et, sans hésiter une seule seconde, il se jeta dans le vide, emportant Julien avec lui du haut de la falaise.
Julien n'eut pas le temps de voir Jérémy tendre sa main en vain pour le rattraper, ni de l'entendre hurler son nom que le vent et la vitesse de la chute effacèrent.
Il n'eut le temps de rien que déjà, le froid et les ténèbres l'engloutirent.
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c'est un peu le bordel krkrkrk
J'avais eu envie dès le début l'introduire les personnages des deux employées de la station. Elles sortent un peu de nulle part mais l'idée était trop gravée dans ma tête pour la changer x) N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez d'elles et de leur apparition !
Rendez-vous bientôt pour le dernier chapitre !
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