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IX. Jour blanc


j'espère vraiment que ce chapitre vous plaira !! bonne lecture ! ✩

☽ ☼ ☾

Les premiers jours dans le cabanon se firent dans l'attente de la venue de Jérémy et celle de la fin de la tempête. Ni l'un ni l'autre ne vinrent.

Deux jours après l'arrivée de Julien au refuge, la neige avait certes cessé, mais la météo ne s'était pas améliorée pour autant. Il faisait tout simplement trop froid pour neiger. Les flocons avaient été remplacés par des particules de glace soulevées par le vent qui secouait tout le cabanon. Entre les rafales glacées et le brouillard, il était toujours impossible de voir à plus de dix mètres. Julien était coincé sur une île déserte au milieu d'un océan de nacre.

Le troisième jour, il commença à rationner les conserves. Et le bois, aussi, dont les réserves s'amenuisaient trop vite au goût de l'apprenti survivaliste. Un instant, il avait pensé à sortir pour ramasser des branches, avant de se rappeler qu'il faisait -20°C et que les trois pauvres épicéas aux alentours étaient enfouis sous près d'un mètre cinquante de neige. Derniers rationnements qu'il s'imposait : le papier toilette — il ne remercierait jamais assez Jérémy d'y avoir pensé — et les clopes. Il ne lui restait déjà plus que la moitié d'un paquet.

Il dormait toujours recroquevillé au pied du poêle pour profiter de sa chaleur et de sa lumière. Comme un clébard à qui on aurait même pas donné de panier, pensait-il à chaque fois qu'il s'allongeait sur le sol.

Depuis qu'il était arrivé au cabanon, il ne passait pas une nuit sans rêver. C'étaient souvent des mélanges de souvenirs qui, assemblés les uns aux autres, lui laissaient une sensation de malaise au réveil. Il avait l'impression que son inconscient cherchait à le faire réagir en lui imposant ces cauchemars, un peu comme des électrochocs.
Il préférait encore les nuits agitées aux journées à ne rien faire, à lutter contre les attaques de son propre esprit. Les voix de la dévalorisation et de l'autodestruction ne dormaient jamais. Au moindre instant de doute, elles resurgissaient et le bombardaient avec violence. Il n'avait ni alcool, ni toute autre substance qui aurait pu les faire taire. Les cigarettes ne faisaient plus le même effet sur elles, et il ne pouvait pas griller ses dernières réserves au moindre doute. Combien il aurait donné pour avoir sa boîte d'allumettes...

– Bordel Jérém', qu'est-ce que tu branles ? marmonna-t-il pour la dixième fois ce jour-ci.

Peut-être qu'il est en garde à vue.
Peut-être qu'il a changé d'avis.
Peut-être que les flics ont trouvé des preuves de ma présence chez lui.
Peut-être qu'il t'a balancé aux flics.
Peut-être qu'il a des emmerdes.
Peut-être qu'il en a rien à foutre de toi.

— Non, réalisa Julien en balayant sa voix intérieure. Non, il n'en a pas rien à foutre.

Comment tu peux en être aussi sûr ?

Julien fixait son reflet dans la vitre comme s'il s'agissait d'une autre personne — dans un sens, ça l'était : il y voyait le connard qu'il abritait malgré lui, cette facette de sa personnalité si mauvaise envers les autres et lui-même, ce personnage qu'il avait façonné pour se protéger de ses propres émotions, et qui les avait enfermées jusqu'à ce qu'elles finissent par exploser. Il vit son visage se tordre de douleur, sa façade se fissurer à mesure qu'il prenait conscience que, depuis tout ce temps, il n'avait jamais été en guerre contre le monde extérieur, mais contre lui-même.

Comment tu peux en être aussi sûr ? lui répéta son reflet, tentant de le briser une fois de plus.

Mais Julien ne retomba pas dans son piège. Il poussa un long soupir douloureux et, avec un sourire tremblant, osa enfin s'avouer :

– Parce que Jérémy m'aime.

☽ ☼ ☾

La chaleur était étouffante en cette fin juillet, et l'air toujours aussi lourd malgré le soleil qui rougissait lentement à l'horizon, découpant en ombres chinoises les silhouettes des sapins sur les crêtes des montagnes voisines.
Jérémy et Julien n'avaient rien fait de leur après-midi à part larver sous le porche, rentrant de temps à autre dans le chalet pour se rafraîchir en se mettant la tête dans le lavabo.

– On aura bien été productifs, c'est cool en tout cas, ironisa JDay, se balançant dans une chaise dépliante sur la terrasse.

– En même temps t'es trop con, tu pensais vraiment qu'on allait pouvoir tourner à 35° ?

– Bah je sais pas, on aurait au moins pu écrire un peu.

– Ouais bah tant que t'installeras pas un ventilo dans le chalet, j'écrirai pas une ligne, mec. C'est pas des conditions de devoir taffer sur un canap' qui nous colle au cul tellement il fait chaud, déclara Julien depuis son hamac, une bière tiède à la main — parce que c'est bien connu, pour rester hydraté, consommer de l'alcool est une super idée.

– On pourrait même dire que je t'exploite, nan ? répliqua Jérémy avec un petit sourire.

– Voilà, tu m'ôtes les mots de la bouche, fit Julien sur le même ton.

Un petit silence les berça tandis qu'ils regardaient le soleil décroître, accompagné du chant des grillons.

– Faut que l'un de nous deux se lève pour allumer le feu si on veut pouvoir bouffer un truc ce soir.

– C'est mort, je bouge pas. T'es chez toi, fais-toi plais'.

Julien se reçut en pleine figure le magazine avec lequel Jérémy s'éventait. Un journal people qui datait du début des années 2000 — allez savoir comment ce genre d'archives s'était retrouvé là.

– Viens m'aider, gros branleur, insista JDay en passant devant lui avec les bras chargés de paquets de grillades.

M. Connard fit mine d'être plongé dans sa lecture sur le mariage d'une célébrité inconnue au bataillon avec un prince italien pour ne pas se lever. À un moment, alors qu'il commençait presque à s'intéresser à l'article, il sentit la silhouette de son ami au-dessus de lui. Il n'eut pas le temps de lui demander ce qu'il faisait que, la seconde d'après, il fut projeté hors du hamac et roula dans le gazon tout en insultant Jérémy de tous les noms. Celui-ci dissimulait un petit sourire fier derrière sa barbe.

– Ramène ton gros cul, je vais allumer le feu.

– Laisse mon cul en dehors de ça, s'te plaît.

Haussement de sourcils suggestif de Jérémy, et parfait lancer de journal people de la part de Julien, qui arriva en plein dans la figure de son meilleur ami tandis qu'ils partaient dans un fou rire.

Il faisait enfin un peu moins chaud, et se tenir près du feu était devenu plus supportable. Du soleil ne restaient que quelques traînées carmin dans le ciel clair, et les premières étoiles montraient le bout de leur nez. Alors qu'il remuait distraitement les grillades, Julien sentit le regard de Jérémy posé sur lui avec insistance. Ses propres yeux cachés sous ses lunettes de soleil, il se permit de l'observer en retour.

Les coups de soleil de JDay se confondaient avec les reflets du feu sur sa peau. Il avait l'air étonnamment apaisé, avec son demi-sourire presque niais et sa tête appuyée au creux de sa main. Ses cheveux noirs s'imprégnaient doucement de la lumière des flammes. Il était beau, comme ça, perdu dans sa contemplation.

– Je sais que je suis magnifique mais je vais commencer à rougir si tu continues de me mater, ricana M. Connard en brisant le silence.

Mais ce fut Jérémy qui rougit à ce moment-là.

– T'es con, pouffa-t-il en baissant les yeux. Ça me fait juste plaisir qu'on passe une soirée les deux. Comme t'es la plupart du temps avec ton nouveau groupe de potes, on se voit un peu moins, donc... enfin bref, voilà quoi.

– Désolé d'avoir une vie sociale ? grimaça Julien, ne voyant pas où son ami voulait en venir.

– T'es particulièrement con, ce soir. Je te demande pas de t'excuser ou de laisser tomber ta bande pour passer toutes tes soirées avec moi, je suis pas ta meuf.

Et il reprit avant que Julien ne puisse répliquer :

– Je suis content que t'aies trouvé Amandine, d'ailleurs. Elle a l'air vraiment sympa.

Julien hocha la tête lentement, sans savoir quoi ajouter. Pour occuper ses mains, il rangea ses lunettes de soleil en feignant la nonchalance — ce qui était une belle connerie puisqu'il se sentait bien plus vulnérable sans.
Quant à Jérémy, une brume étrange flottait dans ses iris, et il se rouvrit une bière avec un air triste.

– Pourquoi tu fais la gueule, tout à coup ?

– Je fais pas la gueule.

– Si, t'as ta tête de chien battu et abandonné par un clodo.

– Faudrait savoir, je suis un clodo ou un chien ?

M. Connard rit, et un petit silence prit place, ponctué par le crépitement du feu et le chant des grillons. Les deux amis n'avaient pas rompu leur contact visuel, et Julien cherchait toujours à identifier la nature du regard de Jérémy. Il y avait quelque chose derrière. Une émotion qu'il peinait à identifier, comme toujours. Pour une fois, il aurait aimé être un peu plus doué pour les reconnaître.

– T'es jaloux ? lança-t-il après son moment de réflexion.

– Quoi ? Mais pas du tout, de quoi tu parles ? s'offusqua le mi-clodo mi-chien.

– T'es jaloux.

– Ferme-la, tu dis n'importe quoi.

Mais sa voix oscillante le trahissait. Alors c'était ça, Julien avait vu juste, Jérémy était jaloux ?

– Te mets pas dans ces états, ricana M. Connard avec son rictus habituel. Tu peux venir aux soirées des potes d'Am', y'a plein de meufs assez bonnes qui attendent que ça.

– Tu t'entends parler des fois ? rétorqua Jérémy avec une mine pleine de dégoût.

Il n'avait pas tort. Et tout compte fait, ce n'était peut-être pas une si bonne idée de lui proposer de venir. Si Jérémy se pointait et le voyait complètement déchiré, Julien ne se le pardonnerait pas.

– Et je suis pas jaloux de toi mec, arrête avec ça, crut bon d'insister son meilleur ami.

– Bah je sais pas, t'es toujours chelou quand on parle d'Amandine.

Tout à coup, il y eut comme un déclic dans le cerveau de Julien. Ses deux neurones venaient de se réunir pour une assemblée extraordinaire dédiée au bon sens, et voilà que les rouages de son esprit se mettaient en marche.
Il se redressa, un peu perturbé par ce qu'il venait de comprendre. Sourcils froncés par l'incertitude, il soutint le regard de Jérémy :

– T'es pas jaloux de moi. T'es jaloux d'Amandine.

Les dernières lueurs du soleil venaient de s'éteindre, les étoiles d'apparaître. L'air était devenu lourd, rendant le suspense insupportable.

– Tu fais cramer les saucisses.

C'est tout ce que Jérémy trouvait à répondre ? Pourquoi ne démentait-il pas, pourquoi ne réagissait-il pas ?
Parle, putain. Tu peux pas me laisser comme ça avec cette info sur les bras.
Mais Jérémy se contenta de remuer les grillades, impassible, comme si rien ne s'était passé.

Ils mangèrent en discutant. Tout semblait être revenu à la normale, sans que rien n'ébranle l'idée qu'ils puissent se faire de l'autre. Enfin, théoriquement. Julien ne pouvait s'empêcher de se perdre dans ses pensées dès qu'une seconde de silence survenait, et il en venait à se demander si leur conversation avait véritablement eu lieu ou s'il l'avait imaginée.

Ils avaient bu encore quelques bières — pas assez pour être bourrés, mais juste suffisamment pour sentir un léger flottement autour d'eux. Le feu avait fini par s'étouffer et il n'en resta que les lueurs mourantes des braises. Avachis dans l'herbe comme deux hipsters, ils se racontaient des anecdotes en laissant leurs yeux vagabonder sur les étoiles. On voyait bien les constellations, depuis leur coin de montagne, un peu à l'écart du reste du monde. C'était aussi pour ça que Julien aimait tant les soirées avec Jérémy : lové sur les flancs de cette vallée, il se sentait à l'abri, protégé par une aura réconfortante qui le détachait de son quotidien. Il se sentait chez lui.

Il passa machinalement une main dans ses poches et manqua de peu de confondre son paquet de clopes avec sa boîte d'allumettes. Il n'avait pas vraiment envie de fumer à cet instant, mais c'était comme un réflexe. Son briquet crépita entre ses mains, et il se sut à nouveau observé. Après quelques expirations de fumée dans le ciel clair, il vit Jérémy se pencher au-dessus de lui, doucement, avant de lui voler sa cigarette.

– Nan mais quel crevard, j'y crois pas.

– Flemme d'aller chercher mon paquet, se justifia son ami après une bouffée, avant de grimacer : c'est assez dégueulasse, les mentholées.

– Mais nique ta mère, rends-la moi alors !

Jérémy lui adressa un sourire espiègle tout en continuant de tirer sur la cigarette, rejetant la tête en arrière quand il expirait la fumée. Julien soupira et se leva à contrecœur pour récupérer son bien, repoussé par son ami bien décidé à lui finir sa clope qu'il jugeait pourtant dégueulasse. Quand Julien attrapa le poignet de Jérémy, celui-ci n'eut pas meilleure idée que de balancer la cigarette dans les braises.

– Putain non, chouina M. Connard en se laissant tomber par terre dramatiquement.

– Tes poumons me remercient.

– T'es payé pour me faire de la prévention contre le tabagisme ou ça se passe comment ?

Il se laissa retomber en arrière dans l'herbe qui commençait à s'imprégner de la fraîcheur du crépuscule. Jérémy avait suivi le mouvement et ils revinrent à leur position initiale. Seul changement : Julien avait gardé — intentionnellement ou non ? — le poignet de Jérémy entre ses doigts. Aucun des deux ne fit de commentaire ou ne bougea.

Les minutes passèrent, les respirations des deux s'étaient calmées. Il faisait moins chaud et l'atmosphère était plus légère.

– Je me sens bien, comme ça.

Julien n'était pas sûr d'avoir vraiment prononcé ces mots. C'était trop paradoxal avec son état le reste du temps. Il y avait quelques jours à peine, il s'était encore rendu malade à une soirée, au point d'en avoir des black-out. Alors non, il n'allait pas bien. Mais à cet instant précis, avec Jérémy à ses côtés, l'immensité du ciel et la beauté du monde qui se montraient enfin à lui, il avait cette impression de pouvoir ressentir les choses telles qu'elles l'étaient vraiment.

Son ventre se retourna quand il sentit qu'il ne serrait plus le poignet de Jérémy mais sa main, qui s'était glissée dans la sienne en guise de réponse.

Jérémy se redressa doucement, assis le cul dans l'herbe et la tête dans les étoiles. Ses yeux étaient moins tristes qu'avant, c'était déjà ça, pensa Julien en l'imitant. Les iris sombres de Jérémy se confondaient avec ses pupilles dilatées par l'obscurité et l'envie.
Son ami tourna la tête vers lui avec une lenteur timide. Tout semblait aller au ralenti. Julien aurait pu jurer que le temps s'était arrêté et qu'ils étaient les seuls à encore se mouvoir.

Et quand Julien approcha son visage de celui de Jérémy, il ne pensa à rien, complètement assouvi à la tempête qui ravageait ses sens. Un sourire discret se dessina sous la barbe de Jérémy juste avant qu'il n'entrouvre la bouche.

L'instant suivant, leurs lèvres se rencontraient enfin, comme si elles n'avaient attendu que ça depuis des années. Elles se murent d'abord avec lenteur, puis la précipitation les emporta. Aussitôt que celles de l'un s'éloignaient pour reprendre son souffle, les autres les cherchaient avec fièvre.

Jérémy bascula sur Julien, passant une jambe de chaque côté de son bassin. Leurs mains liées se détachèrent pour passer dans la barbe, à travers les cheveux, sous le t-shirt. Les langues s'emmêlèrent, la chaleur revint comme s'ils étaient en plein soleil, brûlés à chacun de leurs contacts.

Une expiration profonde et tremblante s'échappa des lèvres de Julien quand il sentit celles de Jérémy plonger dans son cou. Le torse de son ami se soulevait lourdement à chaque bouffée d'air, et son bras qui le soutenait tremblait légèrement.

Mais quand les yeux brumeux de Julien croisèrent ceux de Jérémy, remplis de désir et d'espoir, il se réveilla brusquement de sa transe. En une fraction de seconde, il réalisa l'ampleur de ce qu'ils étaient en train de faire.
C'était son meilleur ami qui était penché au-dessus de lui, à califourchon sur ses hanches, les lèvres rougies quémandeuses de bien plus que tout ce qu'il pouvait lui offrir. C'était son ami d'enfance, avec qui il avait tout partagé, à qui il venait de rouler le meilleur patin du siècle.
Et c'était Amandine qu'il était en train de tromper.

Il se redressa soudainement et écarta Jérémy de lui avec une violence dans laquelle il ne se reconnaissait pas. Une fois debout, sa tête lui tourna et ses jambes manquèrent de lâcher.

– Ju'... ?

Il aurait voulu lui dire de fermer sa gueule, d'arrêter de le regarder comme ça, avec toute la déception et la peine du monde dans ses iris d'encre. Il aurait voulu le frapper, lui faire comprendre que ça n'aurait jamais dû arriver, quand bien même ils s'y attendaient tous deux depuis trop longtemps.

Au lieu de ça, tout courageux qu'il était, il ramassa ses clés de voiture qui traînaient dans l'herbe et tourna les talons. Jérémy, resté accroupi sur le sol sans savoir que faire, l'appela encore et encore, mais Julien ne daigna pas se retourner.

Quand sa voiture fut lancée à toute vitesse dans les routes de montagne, mesurant à peine les conséquences de son acte, Julien se promit de ne jamais revenir.









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Heyy ! On aura enfin su ce qui s'était passé à la fAMeUsE SoiRÉe dE jUilLeT avec laquelle je vous bassinais depuis le début de la fic x)

Par rapport au rythme de publication, je vais continuer à sortir un chapitre toutes les deux semaines dans la mesure du possible :)
J'espère que ça vous aura plu et je vous dis à la prochaine,

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