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Believe

Le sac de Cassandre martelait sa hanche alors que ses talons claquaient contre le bitume. Voilà les seuls bruits qui résonnaient dans la ruelle déserte que la jeune femme empruntait pour rentrer chez elle. Elle sursauta quand la sonnerie de son téléphone retentit. Alors qu'elle composait son code, elle se maudit intérieurement, elle, son imagination débordante, ses peurs irréalistes et ses sursauts au moindre bruit.

Enfin, au moment de décrocher, elle fut bien obligée de se concentrer sur autre chose. Qui pouvait bien être ce numéro masqué ? Ses muscles se tendirent, alors que ses pensées s'emballaient et imaginaient des histoires abracadabrantes sur un inconnu qui voulait l'attirer dans une impasse et l'enlever. Elle secoua la tête et regarda à nouveau son portable. Cassandre soupira et décrocha, c'était sûrement une blague de ses amies. Elle eut néanmoins du mal à empêcher sa voix de trembler, quand elle dit :

—Allo ?

—Bonjour, magnifique jeune femme qui traverse la rue. Pouvez-vous vous diriger vers l'impasse à votre gauche ? Je vous y attends.

Cassandre se tourna vers ladite impasse et vit un homme blond, vêtu d'un simple pagne, appuyé nonchalamment contre le mur, un téléphone à l'oreille. Il lui sourit et dévoila des dents éclatantes. Paralysée, la jeune femme raccrocha et observa la ruelle déserte, constatant encore une fois qu'il n'y avait personne pour l'aider.

Elle prit une grande inspiration, et sans quitter l'inconnu des yeux, agrippa son téléphone, prête à composer le numéro des secours, et retira ses escarpins.

Ignorant les graviers qui lui irritaient la plante des pieds, elle se mit à courir comme si sa vie en dépendait, ce qui était le cas, en l'occurrence. La jeune femme repoussa ses pensées envahissantes et se concentra sur sa course. Donc, sur son point de côté naissant, les dictionnaires qui cognaient sa hanche à travers le tissu du sac et ses boucles brunes qui volaient devant ses yeux. Elle aurait dû se coiffer, prendre un sac plus petit et moins chargé et faire plus de sport. Si seulement elle avait su qu'elle devrait fuir un homme habillé comme à l'antiquité...

Cassandre retint les bulles de rire qui lui remontait au cerveau, devant l'absurdité de sa situation, se somma de se reconcentrer, s'étonna de se parler à elle-même et repoussa une fois pour toute ses pensées vagabondes. Quel désastre, elle se désespérait elle-même.

Avant qu'elle ne le réalise, elle se trouva face à son portail. Avec un soupir de soulagement elle glissa la clef dans la serrure, et la fit tourner avec ravissement. La traversée de son jardin, le chatouillis de l'herbe qui frottait ses orteils, l'ombre fraîche des oliviers, la mélodie des cigales et le chant des oiseaux la rassurèrent et l'espace d'un instant, elle oublia sa mésaventure.

La jeune femme ouvrit la porte de sa maison, la « Villa Troie », salua son frère et leur gouvernante, posa son sac sur le canapé et s'enferma dans sa chambre. Elle se laissa tomber sur son lit, et commençait à s'endormir, bercée par le silence, quand un bruit retentit :

—Salut !

Cassandre se releva vivement et croisa le regard de l'homme en pagne. Sans prendre le temps de se demander comment il était arrivé là, elle lui jeta son oreiller à la figure et se précipita vers la porte, qui se révéla bloquée. Alors qu'elle s'énervait contre la poignée, elle cria :

—Pâris ! Pâris ! A l'aide ! Pâris !

—C'est inutile, il ne t'entendra pas. J'ai insonorisé ta chambre, personne ne peut nous déranger, fit l'inconnu qui s'était débarrassé de l'oreiller et se prélassait désormais sur son lit.

—Qui êtes-vous ? Et comment êtes-vous arrivé ici ? Comment pouvez-vous insonorisé ma chambre ? Et surtout, pour qui vous prenez-vous ? Peu importe comment vous avez fait, on ne rentre pas chez les gens sans prévenir, sans demander ! Eh puis, on a au moins la décence de s'habiller !

—Pour qui je me prends ? Mais pour Apollon, dieu de la musique, de la poésie et des arts, gardiens des oracles, et maître du soleil, bien sûr. Je pense que cela répond à toutes tes questions.

—Et moi, je suis la reine d'Angleterre. Sachez qu'il ne suffit par de mettre un pagne pour ressembler à Apollon. Alors maintenant, vous sortez de chez moi ou j'appelle l'hôpital psychiatrique le plus proche !

—Tu me traites de fou ? Hum, un esprit cartésien, à ce que je vois. Tu veux que je te prouve mes dires ? Aurais-tu un instrument, par hasard ? Je peux te montrer mes talents.

—Si tous ceux qui savaient jouer de la guitare étaient Apollon, ce pauvre dieu aurait mille sosie. Je ne me répèterais pas, sortez d'ici.

—Hum, un poil revêche. Et rebelle. Autoritaire, aussi. Pour oser donner des ordres à un dieu, il faut du culot. Mais j'aime ça.

Il s'approcha et la prit par la taille.

—Je te montrerais bien la vue depuis mon char solaire, mais il faudrait que tu sois un déesse pour y monter. Quel dommage ! Crois-tu que je pourrais te diviniser ? Tu pourrais devenir ma femme, souffla-t-il, alors que ses lèvres frôlaient les siennes.

Et il l'embrassa à pleine bouche. Cassandre le repoussa, il heurta le sommier du lit et tomba dessus dans une chute particulièrement ridicule. La jeune femme se réjouit de le voir ainsi humilié, mais regretta qu'il ne soit pas tomber sur quelque chose d'un peu plus dur qu'un matelas. On ne sait jamais, peut-être que ça lui aurait remis les idées en place.

—Sortez de chez moi, Apollon de pacotille. Et ne me touchez, ni ne m'approchez plus jamais.

Apollon se releva et se drapant dans ses derniers lambeaux de fierté, il déclara :

—Très bien, tu ne me crois pas ? Tu ne crois pas que je suis Apollon, le grand dieu de l'Olympe ? Eh bien, à partir d'aujourd'hui, plus personnes ne te croiras, comme tu ne m'as toi-même pas cru ! Tu verras le futur, tu sauras tout ce qui va arriver, tous les désastres, tu le diras à tes proches, et ils ne te croiront pas. Ils penseront que tu es folle, paranoïaque, ou autre. Peut-être qu'ils t'enverront à l'hôpital où tu as voulu m'emmener, qui sait ?

Il colla son visage contre le sien, une lueur dangereuse dans le regard et disparut.

Cassandre cligna des yeux plusieurs fois pour essayer de faire de l'ordre dans ses pensées, et peut-être essayer de voir ce qui n'existait pas. Car l'inconnu s'était volatilisé, comme ça, sans laisser de trace. A part un coussin toujours par terre.

Ce coussin lui prouvait que tous ça était bien réel. A moins que, en proie à une hallucination, elle l'a jeté dans le vide, croyant atteindre un homme qui n'existait pas ? Parce qu'un humain qui apparaissait et disparaissait brusquement, ça n'existait pas. Voilà où son imagination débordante la menait, elle avait des hallucinations maintenant. Elle soupira et récupéra un cahier, en espérant que travailler lui changerait les idées.

Le reste de la soirée se passa normalement, elle dîna avec son frère et son père, lut et dormit. La semaine qui suivit n'eut rien d'inhabituel non plus, ses professeurs lui reprochèrent de rêvasser, de n'être pas assez concentrée, ses amies la réconfortèrent, l'invitèrent à une soirée, son père lui interdit d'y aller et lui ordonna de se concentrer sur son travail. La semaine la plus banale de la vie de Cassandre Troie. Et vu qu'elle n'avait pas eu de nouvelles hallucinations, elle cessa même de s'inquiéter pour sa santé mentale.

Cependant, c'est d'autres frayeurs qui tracèrent leur chemin dans son esprit, le lundi suivant, alors qu'elle sortait de l'université pour rentrer chez elle. Ses amies plaisantaient sur les aventures de Pâris, son frère, qui prétendait avoir séduit une femme mariée. Cassandre les écoutait à peine, les histoires de cœur de son cadet ne l'intéressait pas. Aussi, quand la sonnerie de son portable retentit, elle sauta sur la notification. 

Son cœur rata un battement quand elle lut le message, envoyé par un numéro masqué :

« Ton amie, qui marche à ta gauche va mourir renversée par une voiture au prochain passage piéton.

Apollon »

Elle inspira profondément et éteint son téléphone. C'était impossible, on lui faisait une farce, forcément. Elle tenta de repousser les pensées angoissantes et se basa sur sa raison : un dieu ne pouvait pas l'avoir maudit et lui envoyer des messages aussi alarmants. Non, soit quelqu'un se moquait d'elle, soit elle était la cible d'un malade, auquel cas, il fallait qu'elle prévienne les policiers.

Pour se détendre, elle essaya de décrire le lieu où elle se trouvait. C'était une technique de relaxation toute simple, qu'elle avait apprise quelques années plus tôt. Se concentrer sur le paysage empêchait ses pensées de vagabonder, chose très utile pour une jeune femme à l'imagination aussi débordante. Elle observa alors le trottoir, les hommes et les femmes qui marchaient, plus ou moins pressés, et ceux qui traversaient. Car oui, elles se trouvaient devant un passage piéton. 

Le message du soi-disant Apollon lui revint brusquement en tête et elle retint ses copines par la manche, avant qu'elles ne traversent.

—On devrait faire plus attention. Le feu va bientôt passer au rouge.

—Cass, on croirait entendre ma mère ! Ne t'inquiète pas, on ne risque rien !

Avant que la jeune femme ait pu s'expliquer, son amie, celle qui marchait à sa gauche, s'engagea sur le passage. Son autre amie hésita un instant, ce qui lui sauva la vie.

Une voiture grilla le feu et renversa l'étudiante, dont le corps vola par-dessus le capot, avant de retomber, inerte et sanguinolent sur la route. Le véhicule, la vitre brisée après avoir heurté la jeune femme, tourna au coin de la rue à toute vitesse.

Cassandre n'eut pas peur, elle fut juste choquée. Plus que choquée. Elle ne réalisait pas ce qui c'était passé, elle ne croyait pas ce qu'elle voyait. Le corps de son amie, étendu sur la route, les cris des passants, la sirène du camion de pompier, le verdict des médecins... tout était flou, brouillé, assourdi... ses cinq sens fonctionnaient, mais son cerveau refusait d'enregistrer les informations qu'ils lui envoyaient. Il refusait de les accepter. De les prendre pour vraies.

Elle n'y croyait pas. Comme elle n'avait pas cru Apollon.

Son père envoya leur chauffeur la récupérer à l'hôpital et elle monta dans la voiture à moitié consciente. Elle resta dans cet état de semi-conscience durant près d'une semaine. Elle entendait, sentait et voyait ce qu'il se passait autour d'elle, mais son esprit rejouait sans cesse d'autres scènes, devant ses yeux. Elle se voyait en train de repousser le dieu, puis lire le message, et puis, enfin, le corps de son amie, sur la route.

L'université leur avait accordé, à elle et à son amie, quelques jours de congé, pour se remettre du choc. Mais quand elle retourna en classe, elle fut incapable de se concentrer. La jeune femme ne cessait de regarder son téléphone, dans la hantise de voir un nouveau message du numéro masqué.

Ce qui arriva, deux semaines plus tard.

« Le chien de ton amie va s'empoisonner avec du chocolat.

Apollon »

Ce jour-là, lorsqu'elle renta chez elle, accompagnée de son amie, pour avancer sur un travail commun, elle fit attention de ne sortir aucun biscuit chocolaté du placard. Les deux filles se contentèrent de fruits, pour le goûter. Mais Pâris arriva et engouffra rapidement un gros moelleux, en laissant tomber des miettes partout.

—Pâris, fait attention, il y a un chien, le gronda sa sœur.

—Rooh, Cass, tu vires parano, râla son cadet en s'éloignant.

Evidemment, le chien dévora les miettes et fut malade le lendemain. Un vétérinaire réussit à le soigner, mais Cassandre n'oublia pas que la prédiction de l'inconnu s'était encore une fois révélée exacte.

Durant les mois qui suivirent, Apollon prédit la mort de sa tante lors du crash d'un avion, la chute de sa gouvernante dans les escaliers, ce qui lui valut un plâtre, la disparition de la carte bleue de son frère, le dérapage de son chauffeur sur une plaque de verglas, et l'échec de son amie aux examens. Elle avait dit à sa tante de reporter son voyage et de ne pas monter dans l'avion, elle avait prévenu sa gouvernante qu'elle se faisait vieille et qu'il fallait faire attention dans l'escaliers, elle avait ordonné à Pâris de ne pas aller à cette soirée où il s'était fait voler sa carte bleue, elle lui avait d'ailleurs demander de faire attention à ses affaires, elle avait aussi souffler au chauffeur que les routes étaient glissantes et qu'il valait mieux ralentir et enfin elle avait fait réviser son amie durant des heures. Mais tous lui avaient répondu qu'elle était parano, qu'il fallait qu'elle se relaxe, que l'angoisse ce n'était pas bon pour la digestion et autres gentillesses.

Aussi, quand son téléphone sonna et que la notification : « nouveau message de numéro masqué » s'afficha, elle le jeta contre le mur et l'écrasa sous son talon aiguille. Elle regarda les ruines de son appareil, et pour la première fois depuis près d'un an, désormais, elle se sentit détendue.

Le soir, quand Cassandre mangea avec sa famille, elle arriva à se concentrer sur la conversation, et même à rire avec son idiot de frère, maintenant qu'elle n'était plus hantée par les messages prémonitoires. Elle profita d'une soirée parfaite, merveilleusement normale. Ce soir-là elle dormit sur ses deux oreilles et le matin venu, elle partit pour l'université d'un pas sautillant.

C'est là-bas que cette miraculeuse normalité prit fin. Comme tous les jours, elle ouvrit son ordinateur et se connecta à Internet, mais dès qu'elle ouvrit son navigateur, de nombreux messages étranges apparurent :

« L'entreprise de ton père va faire faillite à cause de ton frère. »

« Pâris va mener ta famille à la ruine »

« Ulysse va mener ton père en bateau. »

« Ménélas va apprendre »

Tous les sites qui montraient ses messages étaient baptisés : « Apollon », « Apollon-le-meilleur », « Apollon-le-grand-dieu » ou encore « Chantez-à-la-gloire-d'Apollon ».

Cassandre soupira, se dit que les dieux devraient calmer leur ego et décida d'ignorer les messages. Après tout, elle ne connaissait ni d'Ulysse, ni de Ménélas, alors qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, si Ménélas apprenait ? Et puis, apprenait quoi au juste ? Elle ne voyait pas du tout en quoi cette affaire la concernait.

La jeune femme essaya de faire différentes recherches mais chaque fois ces messages s'affichaient, au lieu de ses résultats. Elle crispa les poings et se retint de faire subir à son ordinateur la colère emmagasinée durant un an contre Apollon. A la place, elle demanda à son professeur de l'aider et lui montra ce qui s'affichait quand elle faisait une recherche.

—Oui, les résultats, répondit son aîné. Tout me paraît normal.

Cassandre se tourna vers son ordinateur et constata qu'effectivement, les résultats de la recherche s'affichaient.

—Ah, ce devait être un problème temporaire... murmura-t-elle piteusement.

Evidemment, dès que le professeur s'éloigna, les messages réapparurent. La jeune femme soupira, éteint son ordi et sorti de l'université. Elle n'arrivait plus à se concentrer.

Alors qu'elle marchait dans la rue, elle ne cessait de se demander qui était Ménélas, et Ulysse. Elle voulu chercher sur son portable mais se rappela qu'elle n'en avait plus et rentra donc dans une médiathèque, en espérant que sa malédiction ne la suivrait pas jusqu'aux ordinateurs publics. Peine perdue, impossible de faire une recherche.

Elle passa donc la journée chez elle, à perdre son temps et ressasser sa haine contre Apollon. Quand le soir arriva enfin, elle partit se coucher, déjà démoralisée à l'idée du lendemain. Incapable de s'endormir, elle voulu regarder une série, mais à peine l'épisode eut-il commencé que des visages bien connus remplacèrent les acteurs.

Elle se vit laisser traîner sa main contre un olivier, dans une caresse d'adieu, alors que son père fermait la maison et que son frère se plaçait au volant d'une voiture sans chauffeur. Devant leur villa, un panneau « à vendre », trônait fièrement. Sur la scène suivante, sa gouvernante élevait d'autres enfants, alors que son ancien contrat avec eux restait oublié sur une table, résilié. Elle vit un homme signer un document avec son père, un grand sourire aux lèvres, alors que son géniteur semblait désespéré. On le voyait ensuite rendre les clefs, et sortir du siège de son entreprise, la mort dans l'âme. Enfin, dans l'ancien bureau de son paternel, trois hommes faisaient la fête, celui qui avait signé le contrat, un grand blond qui tenait une femme par la taille et un géant barbu, qui renversé sur sa chaise, avait posé ses pieds sur le pupitre où Priam avait travaillé durant tant d'années.

Cassandre éteint sa tablette et enfoui la tête dans son oreiller, pour étouffer ses sanglots.

—Je ne veux pas savoir, hoqueta-t-elle. Je vous en prie, Apollon, arrêtez. Arrêtez. Je vous en prie. Je vous croie. Arrêtez, maintenant ! finit-elle par crier, en levant le visage vers les cieux.

—Tu n'as pas retenu la leçon ? On ne donne pas d'ordre à un dieu, susurra une petite voix, tout près de son oreille.

Elle retourna dans un envol de boucles d'ébènes mais n'aperçu rien. Encore une fois, Apollon se jouait d'elle.

—Je vous en supplies... je ferais n'importe quoi, je passerais ma vie à vous vénérer, je serais votre serviteur le plus dévoué... mais cessez-ça, par pitié, cessez-ça, murmura-t-elle, sachant très bien qu'il l'entendait.

—Fallait y réfléchir, avant d'offenser un dieu, petite, fit la voix, alors que son propriétaire était toujours absent.

La jeune femme serra son oreiller contre elle, en quête de réconfort, et pleura toute la nuit jusqu'à épuiser ses larmes, jusqu'à sentir ses joues asséchées par le sel, jusqu'à perdre la voix à force de sanglots. Elle fut incapable de dormir et, le matin venu, elle dut essuyer pleins de questions sur ses yeux gonflés.

Finalement, la jeune femme décida de retourner à l'université. Durant toute sa vie, elle serait condamnée à voir ces messages et ces images, il fallait qu'elle apprenne à vivre avec.

Forte de ses nouvelles résolutions, Cassandre reprit le travail. Elle ne pouvait plus se connecter à Internet à cause des messages, son visage avait été déserté par toute trace de joie, et elle faisait d'horribles crises d'angoisse à l'idée d'allumer un ordinateur. Ses amis la croyaient folle, ils lui conseillèrent plusieurs fois d'aller consulter un médecin ou de prendre des médicaments. Mais, sûre de ce qu'elle voyait, elle ne les écouta pas, et dû renoncer à sa vie sociale. L'étudiante se concentra alors uniquement sur le travail, et les livres, en espérant y noyer ses peurs, malheurs et peines.

La jeune femme vécu ainsi durant deux longs mois, et en l'absence de nouveaux messages, images, ou autres, elle commençait enfin à se détendre, quand au détour d'une conversation, son père annonça :

—Au fait, je viens de conclure une merveilleuse affaire. J'ai un nouvel associé, du nom d'Ulysse, un homme très intelligent, et respectable et désormais, il m'aide dans les affaires. C'est une véritable bénédiction, je commence à me faire vieux et je n'arrivais plus à gérer l'entreprise tout seul.

La gorge de Cassandre se noua, quand elle entendit le nom d'Ulysse. Elle se rappela brusquement les nombreux messages d'Apollon et espérant pouvoir empêcher la faillite de son paternel, elle intervint :

—Père, vous devriez vous méfiez de cet Ulysse. Les gens trop rusés ne sont pas fiables.

—Cassandre, je t'assure que cet homme est honnête, et charmant.

—J'ai un très mauvais pressentiment, vous devriez vraiment faire attention.

—Cass, tu as toujours un mauvais pressentiment, rétorqua Pâris en roulant des yeux.

—Mais je... je... écoutez, vous devez me croire. Je sais que cet Ulysse n'est pas un véritable ami, je l'ai vu vous conduire à la ruine, père.

—Tu vois le futur, maintenant ? Ridicule, commenta son frère.

—Je...

—Cassandre, cela suffit. Monte dans ta chambre, tu dois être fatiguée, pour tenir de tels propos.

—Pâris ! Père ! Croyez-moi, je vous en prie ! 

—Assez ! Cesse de te ridiculiser ! Je ne veux plus entendre un mot de la soirée, tu m'entends, Cassandre ? Plus un mot !

La jeune femme se leva et sortit de table, piteuse.

Personne ne la croyait. Comme l'avait prédit Apollon.

Il ne fallut pas un mois avant que l'entreprise de son père ne soit rachetée par Ulysse. Elle tomba dans les mains de l'homme qu'il servait, un certain Agamemnon, qui aidait lui-même son frère, Ménélas. Ce dernier voulait se venger de Pâris, qui avait eu une aventure avec sa femme.

Pâris les avait menés à la ruine, Ménélas avait appris et Ulysse avait dupé son père. Comme l'avait prédit Apollon.

Ils durent vendre la maison et renvoyer la gouvernante et le chauffeur. Avant de quitter la villa où elle avait grandi, Cassandre s'appuya une dernière foi contre les oliviers et profita du chant des oiseaux. L'espace d'un instant, alors que les larmes dévalaient ses joues, elle eut l'impression que les branches de l'arbre s'enroulaient autour de ses épaules dans un geste de réconfort.

Mais elle dut vite s'arracher à cette étreinte, pour rejoindre sa famille, et leur nouveau logis, un appartement miteux.

Elle n'y vécut pas plus d'un an. A peine une semaine après leur arrivée, son père déclara :

—Dans son immense bonté, Agamemnon veut bien nous aider à refaire fortune, si je lui accorde ta main. Il est même prêt à pardonner l'erreur de ton frère.

—Père, vous ne pouvez pas me demander d'épouser cet homme ! Ce n'est pas à moi de payer pour la bêtise de Pâris !

—Parce que c'est à moi, peut-être ? Ecoute, Cassandre, je sais que c'est difficile, mais si tu acceptes, tu rendrais un énorme service à la famille. Nous t'en serions éternellement reconnaissants.

—Non, père. Je n'accepte pas. Je suis désolée, mais je ne peux m'y résoudre.

—Tant pis, Cassandre, je croyais que tu saurais entendre raison, mais si tu t'obstines... le mariage est prévu dans un an. Cela te laisse largement le temps pour t'y résoudre et préparer ta nouvelle vie.

—Père ! Vous ne pouvez pas faire ça ! Je vous en prie !

Elle l'avait supplié à genoux mais son paternel s'était montré inflexible. Et la voilà désormais en robe de mariée.

Cassandre regarda les vagues, qui s'écrasaient contre la falaise dans de grands remous blancs et cotonneux, qui lui faisaient penser à des nuages. Comme il serait simple de se laisser tomber, poussée par le vent et rejoindre le ciel. Le ciel aqueux, qui ondulai,t vingt mètres plus bas.

La jeune femme fit quelques pas, et arriva au bord du plateau. Là, elle observa l'eau sombre, où une image lui apparut. Elle se vit elle-même y plonger et s'y noyer, battant vainement des mains et des pieds. L'étudiante se laissa tomber à genoux, sans se préoccuper de salir sa robe blanche, et laissa les larmes couler sur ses joues.

 La jeune femme avait beau se voir plonger dans les profondeurs, elle n'y croyait pas, elle s'en savait incapable. Oui, elle avait souffert, souffrait toujours et souffrirait toute sa vie, à cause de la malédiction d'Apollon, mais elle n'était pas désespérée au point de se suicider. Elle voulait vivre, non, elle devait vivre. Pour épouser Agamemnon, et ainsi avoir l'argent pour payer ses études, qu'elle avait dû mettre en pause, durant un an.

Cassandre se voyait sombrer dans l'onde glacée, mais n'y croyait pas, ne se croyait pas elle-même. Comme elle l'avait fait durant deux ans. Elle avait exigé, tempêter pour qu'on la croie, alors qu'elle ne se croyait pas. S'y elle se croyait, elle aurait davantage insisté pour que son amie ne traverse pas la route, pour que Pâris cesse de manger du chocolat, pour qu'il n'aille pas à cette soirée, pour que sa tante ne monte pas dans cet avion, et surtout pour que son père cesse de faire confiance à Ulysse. Mais elle n'avait pas lutté, ne s'était pas battue, pour ses convictions. Parce que, là était le problème, ce n'étaient pas ses convictions, elle n'y croyait pas. Tout était sa faute.

Peut-être, que si elle plongeait, les malheurs cesseraient enfin ? Peut-être que c'était elle qui apportait le malheur à sa famille ? Non. Peut-être qu'elle était égoïste, mais elle ne voulait pas renoncer à la vie. La jeune femme en était sûre, aujourd'hui ne verrait pas son âme s'éteindre.

Cassandre se releva, regretta sa robe chiffonnée, et se dirigea vers l'église, en contrebas de la falaise. Alors que ses escarpins se frayaient un chemin dans l'herbe haute, une voix surgit derrière elle :

—Tu pouvais épouser un dieu, et tu choisis un humain ? Espèce de petite sotte. Mais, je vais être clément, et te permettre de reconsidérer ton choix. Tu n'as qu'un mot à dire, et je ferais de toi une déesse. Dis-le, insista Apollon en l'attrapant par la taille.

Cassandre prit une grande inspiration, se retourna et le poussa de la falaise. Il ne pouvait pas mourir, mais pour la deuxième fois qu'elle le rejetait elle s'assurait que son atterrissage serait un peu plus douloureux que celui sur le matelas. Mais, alors qu'elle souriait et savourait prématurément sa liberté retrouvée, le dieu s'agrippa à elle, et ils sombrèrent ensemble dans les flots.

Mais Apollon disparut bien vite et rejoignit l'Olympe, alors que la jeune femme coulait, sa robe formant une corolle immaculée autour de ses jambes. Elle s'éteint ainsi, comme une rose blanche noyée dans une tempête. 

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Bonjour, voici ma participation au concours "Rewind The Classics" de FRFantasy
Merci à Miss_Paillettes grâce à qui j'ai découvert le concours (dans le cadre du concours, elle a fait un super texte sur Raiponce, très bien écrit et original).
Enfin, j'ai choisi de réécrire le mythe de Cassandre, personnage de l'Iliade d'Homère dans notre époque actuelle. J'espère que ça compte comme un classique car c'est un mythe, mais il se base sur des événements historiques, tels que la guerre de Troie... donc est-ce que ça compte? Parce que certains personnages ont vraiment existés, comme Agamemnon, mais l'histoire dont je me suis inspirée est un mythe.
Bref, tout est que c'est la première nouvelle que j'écris, et j'ai eu du mal à respecter le format court, du coup elle dépasse un peu le nombre de mots maximum, j'espère que ce n'est pas grave?
J'ai aussi dû changer en grande partie la fin, premièrement, car la mythologie grecque ne respecte pas les règles de Wattpad et deuxièmement car je n'avais pas envie d'écrire des choses aussi horribles que ce qui se passe dans l'histoire originale. J'ai placé néanmoins quelques références, par exemple quand elle quitte sa maison, qui représente la ville de Troie détruite, elle cherche du réconfort dans les oliviers, symbole d'Athéna, alors que c'est dans le temple d'Athéna qu'elle se réfugie durant la chute de Troie. Aussi, elle est censée se marier avec Agamemnon, alors que dans le mythe, elle devient son esclave, il tombe amoureux d'elle et ils rentrent ensemble à Mycènes, où ils sont assassinés par Clytemnestre, la femme d'Agamemnon (Clytemnestre tuera aussi les jumeaux que Cassandre et Agamemnon ont eu ensemble).
Sinon, l'héroïne meurt à la fin dans les deux histoires. Ça, je ne voulais pas le changer car toute la tragédie de Cassandre est là. Elle va prédire à Agamemnon qu'ils mourront mais il ne va pas l'écouter et j'ai tenté de reprendre ça en faisant qu'elle ne se croie pas elle-même.
Voilà, qu'en avez-vous pensé? C'est la première nouvelle que j'ai écrit, donc c'est pas super, mais je suis quand même heureuse de l'avoir faite, pour m'exercer sur un nouveau format.

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