Chapitre 14
_ « Salut, me dit-il.
_ ... »
Je me redressai sur le canapé en détournant le regard. Il resta près de la porte, à attendre.
_ « ... Tu te sens comment ? Me demanda-t-il.
_ ... »
Trahi, sale, nul, misérable... Seul. Je ne répondis rien. Je ne voulais pas lui parler.
_ « Tes parents te cherchent. C'est NamJoon qui a eu l'idée de venir voir ici. Tu... Finalement, tu es ami avec... Le type qui t'a tabassé et qui a volé mon argent ?
_ Non, dis-je enfin.
_ Tu es... Avec lui ? En... Couple ? »
Je relevai enfin mon regard dans le sien. Pourquoi il disait ça ? Qu'est-ce que SooMin lui avait dit ?
_ « Je ne dirais rien, me dit-il. A part que... Je suis désolé. Je te demande pardon pour ce que je t'ai dit, chez moi... Je ne le pensais pas du tout et... Je m'en suis voulu à la seconde même. C'était complètement idiot car je te crois. Je sais que tu n'as pas embrassé mon frère, que c'est lui qui l'a fait. Je te demande pardon. Tu... Tu peux me taper si ça te fait du bien.
_ ... Non... Soufflai-je en baissant les yeux.
_ Je te jure, TaeHyung. Je suis sincèrement désolé. Je t'ai fait du mal et...
_ Ça va...
_ Non, ça ne va pas. Tu as failli mourir par ma faute.
_ Tu m'as forcé à prendre cette merde ?
_ Hein... ?
_ C'est toi qui m'a mis la pilule dans la gorge et fais boire de l'alcool avec ?
_ ... Non...
_ Donc tu n'y es pour rien... Dis-je en me calmant.
_ Mais si je n'avais rien dit dans la salle de bain, tu serais resté et...
_ Et j'aurais joué au gentil petit garçon, j'aurais joué le rôle de quelqu'un d'autre juste pour te faire plaisir. J'ai bien fait de partir. »
Non... Pourquoi je lui disais ça ? J'avais les larmes aux yeux car je lui en voulais de ne pas m'accepter comme j'étais. Puis... Il savait que j'étais un putain d'homo ? C'était pour ça qu'il ne venait pas s'asseoir à côté de moi ? Je voulais le blesser, je voulais voir sa limite. Mais j'avais peur de la dépasser.
_ « Va-t-en... Soufflai-je en mettant mon visage entre mes mains.
_ Tu veux que je parte ?
_ ... Non... »
J'étais un cas désespéré. Je l'aimais.
_ « Me laisse pas seul... Soufflai-je en pleurant dans mes mains.
_ Oui. »
Il s'était approché. Je sentis le canapé s'affaisser à ma droite. Je reniflai en essuyant mes larmes de gamin. J'étais fatigué. Je n'étais pas totalement remis. Mon corps, mes muscles voulaient se reposer dans un lit bien confortable mais je ne voulais pas retourner à l'hôpital. Je détestais les hôpitaux.
_ « T'as vu mes parents... Lui demandai-je à voix basse.
_ Oui... Ton père était chez toi et je l'ai accompagné à l'hôpital.
_ ... Il t'a dit quoi ?
_ Ce que les médecins ont fait pour te soigner puis... Qu'ils veulent t'emmener en cure de désintoxication puis en psychiatrie.
_ ... Les enfoirés, soupirai-je. Ils veulent m'interner ? Je suis fou... ? Est-ce que je suis fou, JungKook ? Lui demandai-je en le regardant bien.
_ Non. Tu n'es pas fou, TaeHyung.
_ Pourtant... Je...
_ Il n'y a que toi qui peux t'aider, TaeHyung. Tu es le seul à pouvoir trouver la solution à ton problème. Si tu penses que tu dois avoir de l'aide extérieur, alors fais-toi aider. Sinon, réussis à combattre ce mal tout seul pour te relever tout seul et être fier de toi.
_ ... »
Je le regardai dans les yeux. On ne m'avait jamais dit ça. On ne m'avait jamais dit ce que je voulais entendre depuis des années. Je me remis à pleurer comme un enfant. Je le regardai mais il était flou à cause des larmes.
_ « Aaaah... Paniqua-t-il. Je... Tiens ! Un mouchoir ! »
Il me donna un mouchoir en papier mais il ne me servit à rien. Je n'arrêtai pas de pleurer, touché par ses mots. Comment il savait ce que je voulais entendre ? Comment il faisait ?
_ « Je suis ton ami, TaeHyung. Tu n'es pas obligé de me dire ce qui t'es arrivé. Mais je suis ton ami donc ça signifie que tu peux m'en parler si tu le désires. Mais jamais je ne te forcerais à me dire quoique ce soit. Tu mérites d'être heureux. »
Il caressa ma tête comme si j'étais un chien. Son geste me toucha en plein cœur. Je voulais lui avouer. Je voulais lui dire que je l'aimais de tout mon être. Mais c'était impossible. Il allait fuir. Après tout, c'était le bon moyen pour savoir s'il me soutenait réellement ou non.
_ « ... Je t'aime... Soufflai-je en reniflant. Je suis tombé amoureux de toi, JungKook. »
Voilà, c'était dit. Son visage ne laissa paraitre aucune émotion. Il n'était pas dégoûté, c'était déjà ça... Il continua à me caresser la tête pendant que j'attendis une réponse. Mais il me tira simplement contre lui. Je fus surpris et il me tapota gentiment le dos. Ce n'était que de l'amitié de sa part. Mais moi, je l'aimais sincèrement. Je passai mon bras dans son dos et je m'accrochai à son manteau. Je fermai les yeux et je me sentis faiblir. Je m'endormis contre lui.
Quand j'ouvris les yeux, je fus surpris. J'avais ma tête sur une épaule et la personne dont je me souvenais, c'était JungKook. J'ouvris bien les yeux et je le regardai en gardant ma tête sur son os.
_ « Tu es réveillé ? Demanda-t-il.
_ Hum... J'ai... J'ai beaucoup dormi ? Lui demandai-je.
_ Une demi-heure je dirais, dit-il en verrouillant son portable.
_ ... »
Je gardai ma tête sur son épaule. J'étais bien comme ça. Puis je me souvenais... Je lui avais avoué mes sentiments. Il ne m'avait rien répondu, il m'avait juste pris dans ses bras.
_ « ... TaeHyung... Commença-t-il.
_ Hum ?
_ J'ai loupé un repas de famille et ma rentrée parce que je m'inquiétais pour toi, avoua-t-il.
_ Quoi ? Demandai-je en redressant la tête. Tu... Tu es à l'école ? Mais... Attends ! Tu as quel âge ?! Je... Je ne sais même pas ton âge !
_ Je suis à la fac... J'ai vingt ans.
_ Ah... Ça va, dis-je, rassuré. Tu étudies quoi ? Demandai-je en reposant ma tête sur son épaule.
_ Médecine...
_ QUOI ?! »
Je me redressai encore.
_ « Tu... Tu es en fac de médecine ? Demandai-je, intimidé.
_ Hum, oui, pourquoi ?
_ ... Ah... C'est... C'est wouha, quand même. Médecine... Faut être hyper intelligent... Et tout. Tu veux sauver des vies ?
_ Oui. J'aimerais devenir cardiologue.
_ Ah... Cardiologue... Soupirai-je. Comme mon père... Soufflai-je.
_ Ton... Ton père est cardiologue ?! Demanda-t-il surpris.
_ Ouais... Dans une petite ville hein mais... Ouais.
_ Ils ne vivent pas à Séoul ?
_ Non. Ils ont déménagé quand... Quand j'avais dix-huit ans. Moi, je suis resté. J'étais un peu en froid avec eux à cette période alors ils sont partis sans moi.
_ ... Tu es resté seul ?
_ Ouais.
_ ...
_ Quoi ?
_ ... Rien... Tu étais seul à dix-huit ans...
_ Et alors ? Je n'en suis pas mort. »
Il me jeta alors un regard très sérieux. Il avait raison... J'avais presque failli en mourir.
_ « Tu as quel âge ? Me demanda-t-il.
_ Vingt-deux.
_ Ok. »
Je fus surpris par son « ok ». Je ne répondis rien et je regardai dans le vide. J'aimais beaucoup être avec lui et discuter comme ça. C'était agréable. Je regardai son profil en me disant qu'il devait avoir du succès à la fac. J'étais jaloux de ses amis à l'université. Moi aussi je voulais le voir tous les jours.
_ « Ils ne peuvent pas t'interner alors, dit-il après avoir réfléchi.
_ Hum ?
_ Tes parents... Tu as vingt-deux ans, ils ne peuvent pas te forcer à aller dans un hôpital psychiatrique.
_ Mon père est médecin...
_ Et alors ? J'ai un ami en dernière année de médecine psychiatrique, il pourra juger de ton état et convaincre les médecins que tu n'es pas fou.
_ C'est mignon, souris-je.
_ ...
_ Mais ça va. Je connais mon père, je lui prouverais que je m'en sors très bien financièrement et ça ira. Comme il dit : « Si tu as de l'argent, tout va bien ! ».
_ Il est comme ça ?
_ Oui. D'ailleurs, faudra que je te rembourse.
_ Me rembourser de quoi ?
_ De l'argent que tu as dû donner à SooMin.
_ De toute façon, je ne voulais pas de cet argent. Mais... Ah ! J'ai oublié. »
Il ouvrit son sac à dos à ses pieds et il sortit deux paquets.
_ « Tiens... Joyeux Noël. »
Mes lèvres s'ouvrirent toutes seules. Il... Il m'avait fait des cadeaux ? Ça faisait des années que je n'avais pas eu de cadeau. Je fus surpris et je le regardai, les larmes aux yeux.
_ « Bon, techniquement, ce ne sont pas des cadeaux mais... Ouvre. »
J'ouvris le plus gros paquet mou et je reconnus mon écharpe. J'eus un sourire attendri.
_ « Ma mère a fait comme elle a pu... Je sais qu'elle n'a plus la même valeur mais... Je voulais la réparer.
_ Elle a pris plus de valeur, souriais-je, touché par ce cadeau.
_ ... Ouvre le deuxième.
_ Oui... »
Je déchirai le papier comme un enfant et je vis mon carnet. Je perdis mon sourire. Mon cœur se serra. J'avais ce carnet depuis mes dix-sept ans. J'ouvris les premières pages et je vis mes premiers croquis. Les pages abîmées avaient été réparés. Je reniflai en sentant une première larme couler.
_ « Tu... Tu as vu... Les dessins ? Lui demandai-je, la gorge nouée.
_ Oui... Tous... Avoua-t-il.
_ ... !
_ Je ne peux imaginer ce qu'elle t'a fait. »
Je pleurai en silence. Ce carnet faisait partie de moi. C'était comme un journal intime. J'y avais dessiné des choses horribles qui en disaient long sur mon passé. Il les avait vus... Il avait lu mon histoire. Est-ce qu'il avait tout compris ? Pas sûr.
_ « Elle...
_ Je ne veux pas en parler.
_ Elle t'a violé, dit-il.
_ ... »
J'eus un petit sourire.
_ « Si elle n'avait fait que ça... Soufflai-je en fermant le carnet d'un coup.
_ ... Pire ? Demanda-t-il.
_ On ferait mieux de partir... Je ne sais pas si c'est SooMin qui t'a laissé entrer mais il va surement te demander quelque chose en échange, si ce n'est pas déjà fait, dis-je en me levant.
_ Je suis rentré par la porte de derrière.
_ Ooooh... Tu es un délinquant ? Demandai-je avec un petit sourire en coin.
_ ... Non. C'est NamJoon qui a fracturé la serrure. Je n'ai rien fait de mal, c'était pour venir te chercher.
_ Pour sauver la princesse ? Souris-je.
_ ... »
Il haussa simplement les épaules en se levant. Il remit son blouson et son sac sur son dos. Je l'imitai et on sortit dans le couloir. Il n'y avait personne. On alla jusqu'à la porte de derrière et on sortit. Il faisait déjà nuit. On marcha tous les deux dans la rue. Je ne savais pas trop où on allait et lui non plus apparemment.
_ « Pourquoi tu es venu dans ce club ? Me demanda-t-il.
_ ... Chez moi, mes parents allaient vite me trouver. Puis j'étais fatigué pour aller à la salle d'arcades. Jimin et NamJoon n'étaient pas au courant de ce qui m'était arrivé alors... Voilà.
_ ... Tu... Tu as passé la nuit avec SooMin ? Me demanda-t-il en regardant ailleurs.
_ La nuit ? Non... Juste... On a pris du bon temps le soir du vingt-quatre... Et là, je lui ai juste demandé et il a accepté... C'est tout. Je ne suis pas avec lui.
_ ...
_ Je ne suis avec personne, lui dis-je.
_ D'accord...
_ Ça te dérange que je sois gay ? Lui demandai-je en m'arrêtant.
_ Hum... ? Bah... Je... Je ne pense pas... Je n'y pense pas.
_ Et si tu y penses ?
_ ...
_ Tu te dis que c'est anormal ?
_ ... C'est un choix... Comme pour tes piercings et tes tatouages... Dit-il, mal à l'aise.
_ Crois-moi, ce n'est pas un choix. Je... Je suis une erreur de la nature... Je sais, soupirai-je en reprenant mon chemin.
_ Que... Non, pas une erreur, me dit-il en me rattrapant. Tu es différent...
_ ... »
Il voyait donc l'homosexualité comme une différence. Je ne devais pas m'énerver ou pleurer. Il avait été élevé dans cette optique là. Pour certaine chose, il ne pouvait pas penser par lui-même et se faire sa propre idée. Il fallait surement du temps. Je voulais qu'il me voie comme quelqu'un de normal, pas d'anormal. Je ne savais pas si j'allais pouvoir réellement lui montrer qui j'étais... Peut-être que j'allais le perdre avant d'y arriver.
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