Quand j'ouvris les yeux, je fus surpris. Il n'était plus là. Je me redressai dans l'immense lit et je regardai autour de moi. Je me souvins que la lampe de chevet était à ma gauche. Je tendis le bras et j'allumai la lumière. Sa place dans le lit était vide. Je me levai, pris mon pantalon et je trouvai mon portable. Je regardai l'heure. Il était cinq heures du matin. Il avait dormi ailleurs ? Généralement, je partais avant que mon plan cul ne se réveille. Je laissai toujours un mot pour remercier, cependant. Je décidai de me lever. Je m'habillai rapidement et je sortis de la chambre. Son appartement était grand et luxueux. Je n'étais jamais venu dans un tel endroit. Je parcourus le long couloir blanc. J'avais laissé la lumière éteinte, de peur qu'il soit réveillé s'il dormait dans une autre pièce. J'arrivai dans le salon et je vis de la lumière venant de la cuisine. On avait oublié de l'éteindre ? J'allai jusqu'à la cuisine et je passai ma tête au coin du mur pour regarder. Il se retourna au même moment, une poêle à la main. Il me vit et me fit un sourire.

_ « Déjà réveillé ? Me demanda-t-il en déposant le contenu de la poêle dans une assiette.

_ Ouais... »

Je m'approchai mais en restant à une certaine limite quand même. Je vis qu'il portait un jogging et un débardeur noir. Il avait des bras très sexy... Je l'avais remarqué cette nuit mais là... C'était très agréable à regarder.

_ « Tiens, j'ai préparé le petit-déjeuner. »

Il posa l'assiette avec les œufs brouillés au comptoir de la cuisine. Il servit un verre de jus d'orange et le posa à côté de l'assiette. Il mit également des toasts et de la confiture à côté. Je le regardai sans rien dire. J'avais mon blouson dans les bras donc ça semblait évident que je voulais juste me barrer, pas prendre le petit-déj avec mon plan cul. Quand il vit que je ne bougeai pas, il se retourna vers moi. Il perdit son air heureux.

_ « ... Tu... Tu t'en vas ? Demanda-t-il en regardant mon blouson.

_ Ouais. Je ne reste jamais... Je pars toujours avant... Le réveil, en général.

_ Je vois. »

Son visage s'assombrit. Je baissai le regard.

_ « Excuse-moi, dit-il. C'est... C'est une incompréhension de ma part. »

Il reprit l'assiette et il ouvrit la poubelle. Je sentais qu'il était blessé. Pourquoi ça me tordait le bide comme ça ?

_ « Attends ! »

Il arrêta son geste et me regarda. Je m'approchai, posai mon blouson sur un des tabourets du comptoir et je m'installai face au verre.

_ « J'ai faim... »

Il comprit. Il ferma la poubelle et me redonna l'assiette. Il savait que je faisais ça juste pour lui faire plaisir. D'ailleurs, pourquoi je voulais lui faire plaisir ? Je commençai à manger et il se prépara la même chose. En revanche, il ne se mit pas à côté de moi pour manger. Il restait debout. Le silence qui régnait était ultra tendu. C'était hyper désagréable mais je ne savais pas quoi lui dire. J'étais persuadé que lui non plus. On n'avait aucun point commun donc aucune discussion.

_ « Tu voudras que je te ramène chez toi ? Me demanda-t-il.

_ ... »

Bordel, il ne comprenait rien ? Il savait que j'étais le genre de mec à fuir les réveils, les petits-déjeuners et les discussions après la baise. Mais ça me prouvait bien qu'il n'était pas habitué à ça, à ce genre de plan. Pourquoi je n'arrivais pas à faire mon salaud habituel et à le renvoyer chier.

_ « Ça ira, répondis-je calmement.

_ Je vois... Je fais tout ce qu'il ne faut pas, c'est ça ?

_ Hum... Tu n'es pas habitué, c'est normal.

_ Toi... Tu l'es tant que ça ? Me demanda-t-il.

_ Un peu. Je m'étais un peu calmé.

_ Tu es jeune, tu as raison d'en profiter. »

Raison ? Non... Je faisais ça car je voulais l'oublier. Je voulais oublier Christian. SungHae n'était pas le genre de personne que je pouvais utiliser comme ça. Il était... Trop aimant. Il était quelqu'un qui pouvait aimer normalement, sans faire souffrir l'autre personne, contrairement à moi.

_ « Je suis désolé... Soufflai-je.

_ Hum ? »

Il avait entendu ou pas ? Je n'en étais pas sûr.

_ « Rien.

_ Tu es désolé pour quoi ?

_ Ah ! Pour... Rien. »

J'étais un connard. Je devais partir d'ici et ne plus jamais l'approcher.

_ « J'ai l'impression que tu es plus triste qu'hier soir, me dit-il.

_ Quoi ? Triste ? Souris-je.

_ Oui. Tu l'étais hier pendant qu'on... Baisait, comme tu dis.

_ ... »

Non... Il mentait. Je me levai du tabouret. Je pris mon blouson.

_ « Je me casse. »

Je partis vers la porte d'entrée. Je remis mes chaussures et... Il ne me suivit pas. Il était resté dans la cuisine donc je compris. Je serrai les lèvres. Putain ! Je m'attendais à quoi ? J'étais trop con ! Je partis.

Fin POV Natsuki

POV JungKook

Mon réveil me sortit de ma nuit. Je sursautai et je l'éteignis rapidement, de peur de réveiller Tae. Je soupirai car j'étais encore fatigué mais je n'avais pas le choix. Je regardai mon petit-ami à mes côtés qui... N'était pas là. Je me redressai rapidement. Je me levai et j'allai dans la salle de bain. Personne... Mon ventre se noua. J'allai dans le salon puis... Il était là. Il dormait sur le canapé avec Chat en boule sur le ventre. Il dormait profondément donc je devais faire le moins de bruit possible. Je décidai alors de prendre mon petit-déjeuner à l'extérieur car la cafetière allait le réveiller. Je retournai dans la salle de bain pour me doucher et m'habiller. Je ne devais pas penser à mon entretien, sinon j'allais stresser. Je devais me préparer comme si c'était une journée normale.

Après ma douche, je me regardai dans le miroir. J'avais des cernes... En même temps, le bébé des voisins m'avait réveillé quatre fois cette nuit. J'étais fatigué mais le père de Tae et mon prof s'en foutaient royalement. Je me tapotai le visage et je m'habillai. Je mis un jean noir et je trouvai une chemise blanche dans les affaires de Tae. Je l'essayai et elle m'allait très bien. Je la rentrai bien dans mon jean et je mis une ceinture. Je pris également une veste de smoking à Tae et je l'enfilai. Ça m'allait plutôt bien. J'allai ensuite me coiffer. Une fois prêt, j'allai dans le salon pour sortir. Mais je ne pouvais pas résister. Je m'approchai du canapé et je me penchai vers son visage. Je voulus l'embrasser mais je sentis l'alcool. Il puait ! Je voulus me redresser mais sa main agrippa la veste. Je fixai son visage, surpris.

_ « Je veux mon bisou... Murmura-t-il.

_ Tu pues l'alcool, Tae.

_ Hum... On a abusé avec Nam... Sourit-il en gardant les yeux fermés. J'ai mal à la tête...

_ Je vais te préparer un cachet.

_ Nooon, je vais le vomir...

_ C'est pour ça que tu as dormi sur le canapé ?

_ Ouais... Je ne voulais pas te réveiller.

_ Tu as entendu le bébé ?

_ Non... J'étais trop torché, sourit-il.

_ Tu es rentré comment ?

_ SeokJin est venu nous chercher et il m'a ramené.

_ Ok... Bon, je dois y aller. Tu peux aller dans le lit.

_ Ouais. Bon courage, mon amour. »

Il ouvrit enfin les yeux. Il me fit un sourire. Je m'approchai et je déposai un baiser sur ses lèvres. Il fut satisfait et se rendormit. Je me redressai et je partis enfin après avoir mis mon blouson et mes chaussures. J'allai à pieds jusqu'à la station de métro la plus près. Le rendez-vous se passait à l'hôpital, dans le bureau du père de Tae. Ça me stressait bien plus mais bon... Je ressentis alors un besoin urgent. Je pris la ligne opposée à celle de l'hôpital. J'avais largement le temps d'y passer. En revanche, le métro était bondé à cette heure. Je réussis malgré tout à me coincer dans une rame. J'avais bien mis mon portefeuille et mon portable dans la poche interne de mon blouson. Je ne craignais rien car ça arrivait que quelqu'un fasse les poches quand c'était rempli de monde. Quand je dus descendre, je poussai certaine personne pour y arriver. Une fois sur le quai, je fus soulagé. Je sortis alors de la station et j'arrivai devant l'église du Père Kang. J'entrai et je vis quelques personnes en train de prier. Je fermai la porte derrière moi et je m'avançai vers l'autel. Ça faisait tellement longtemps... Je me mis à genoux sur le prie-Dieu et je posai mes coudes. Je joignis mes mains et baissai la tête. Je fermai les yeux en priant dans ma tête. Je demandai au Seigneur de m'aider durant cet entretien. Je voulais le réussir et être choisi. Je rouvris les yeux et je me relevai. Je me retournai pour partir mais je vis le Père Kang qui me regardait. Je me courbai devant lui et il me fit un sourire. Il partit vers la sortie donc je marchai avec lui. Une fois à la porte, on put discuter sans déranger.

_ « Je suis ravi de te revoir, me sourit-il.

_ Oui... Je... Je n'avais pas vraiment le temps de venir.

_ Tu viens quand tu veux. C'est toujours ouvert, même la nuit.

_ Merci.

_ Bonne journée à toi.

_ Vous aussi. »

Je partis pour enfin aller jusqu'à l'hôpital.

Sur le chemin, j'avais trouvé un café pour prendre de quoi me réchauffer et me donner du courage. Le stress commençait à arriver. Je devais me calmer car tout allait bien se passer. Je savais que le père de Tae allait faire comme s'il ne me connaissait pas en dehors... C'était ça qui me stressait le plus en fait. J'arrivai enfin à l'hôpital. Je ne savais pas si je devais aller dès maintenant devant le bureau. J'étais en avance donc je ne savais pas quoi faire. Le service cardiologie était à l'aile ouest de l'hôpital. J'y allai en trainant des pieds car sinon j'allais être trop en avance.

J'y étais enfin. J'arrivai dans le couloir et je m'approchai du bureau. Je vis alors deux personnes assises dans des fauteuils, devant le bureau. Est-ce que c'était mes deux concurrents ? J'allai jusqu'à eux. Le bureau de monsieur Kim était fermé. Je regardai alors les deux types. L'un était très propre sur lui, voir un peu trop. Il avait des lunettes et il n'osa pas me regarder. Le deuxième était à l'opposé du premier, surtout avec ses cheveux rouge foncé... On se demandait ce qu'il foutait là. Mais son visage me disait quelque chose.

_ « Salut, me dit-il.

_ Sa... Salut. Je m'appelle Jeon JungKook.

_ Moi, c'est KiWoo. Tu peux m'appeler Ki. Ce mec-là, dit-il en parlant du type à côté de lui, est muet je crois. Il refuse de me répondre ou même de me regarder ! Alloooooo ! Dit-il en passant sa main devant le visage stressé. Sinon... On s'est déjà vu, non ?

_ Oui... Mais... »

Ça me revint ! Il était le mec qui était sorti du bureau du prof en se léchant les lèvres et en se touchant l'entrejambe ! Il était celui que j'avais soupçonné de... Coucher pour les bonnes notes.

_ « Je... Je me souviens, lui dis-je en soupirant car il allait forcément être choisi par le prof.

_ Moi aussi, sourit-il.

_ Hum... On sait déjà que c'est ok pour toi... »

Il perdit son sourire et se leva rapidement. Il me prit par le bras et m'emmena plus loin pour que l'autre type ne nous entende pas.

_ « A quoi tu penses en disant ça ? Me demanda-t-il.

_ ... Rien... Rougis-je.

_ Tu as dû comprendre que la dernière fois, tu nous as dérangé, TakHwan et moi.

_ TakHwan ? Demandai-je.

_ Ouais... Monsieur Yi, si tu préfères.

_ Le prof ? Tu... Tu couches avec.

_ Ouais, je couche avec, je vis avec et ça depuis quatre ans. Ça craint de le faire à la fac, je sais mais... On a eu des problèmes de couple alors on n'a pas su se contrôler quand... Quand son problème s'est arrangé.

_ Couple ? Tu... Tu es en couple avec alors ? Lui demandai-je.

_ Oui. Depuis plusieurs années. J'étais encore qu'au lycée mais on restait discret. Depuis que je suis à la fac, on vit ensemble et c'est officiel, sourit-il en me montrant toutes ses dents, fièrement.

_ Ah... Désolé alors. J'ai cru que tu couchais avec pour les notes.

_ Quoi ?! Non ! Tak ne me favorise pas... Au contraire, il a tendance à me rabaisser.

_ Et là ? Tu as réussi ton premier entretien ?

_ Oui. Ils étaient hyper emballés par mes discours. Monsieur Kim est un grand cardiologue alors il a kiffé les compliments que je lui ai fait.

_ Ok...

_ Et toi ?

_ Ça s'est mal passé. Je dois gérer là.

_ Ouais, surtout que notre pote a l'air d'être le petit premier de la classe bien lèche-cul.

_ Super... »

Jamais je n'aurais cru bien m'entendre avec ce genre de type. Son histoire avec le prof me surprenait quand même. Ils étaient complètement opposés. KiWoo avait un style de mec qui s'en fout des cours. Tandis que le prof était bien habillé et plutôt sérieux pour un trentenaire.

_ « Vous... Vous avez beaucoup d'écart, niveau âge ? Lui demandai-je en pensant à mon frère et Jimin.

_ Huit ans. »

Il voulut enchainer mais la porte du bureau s'ouvrit. Merde... Je n'étais pas prêt. C'était le père de TaeHyung. Il tourna la tête quand il vit qu'une personne devant son bureau. Quand il nous vit, il sembla rassuré.

_ « Vous pouvez entrer, messieurs. »

On y alla. On se courba tous devant lui en entrant. Le bureau était plutôt grand. Notre prof, monsieur Yi, était debout, derrière le bureau. Il se courba devant nous et on s'installa sur les trois fauteuils face au bureau, après avoir retiré nos blousons. Monsieur Kim alla à côté du prof et ils s'assirent aussi. Je respirai lentement pour essayer de calmer mon stress.

_ « Bon, si vous êtes ici, c'est parce que vous êtes les trois personnes retenues pour notre nouveau programme. On vous l'a déjà présenté donc je ne vais pas me répéter. Aujourd'hui, c'est pour décider qui de vous trois seront les deux retenus. Avec le docteur Kim, nous savons qu'il ne faut que deux personnes avec lui pour que la formation soit plus optimale pour vous et lui. Donc aujourd'hui, vous allez nous rappeler chacun votre tour vos motivations et si les autres ne sont pas d'accord ou ils souhaitent intervenir, n'hésitez pas. Vous pouvez prendre la parole et donner vos avis par rapport à ce que disent les autres. Ensuite, le docteur Kim vous posera quelques questions théoriques. Bon, qui souhaite commencer ? »

Je voulus lever la main mais le premier de la classe fut plus rapide. Il prit la parole sans demander s'il pouvait puis il commença son monologue. J'écoutais avec attention pour le reprendre s'il faisait la moindre erreur. Sauf que tout était parfait. Il complimentait le père de Tae, ses travaux, ses recherches, il parlait très bien, utilisait bien les termes médicaux dans un langage très professionnel. J'étais foutu. Je sentis mon nez me piquer car je voulais pleurer. J'en avais marre d'être aussi sensible. Son discours dura une dizaine de minutes et le prof et monsieur Kim échangeaient avec lui. KiWoo et moi, on n'avait rien à redire. J'acquiesçai parfois mais je n'avais rien à ajouter. Puis quand il eut terminé, le prof Yi demanda à KiWoo d'enchainer. Pourquoi j'étais le dernier ? Je regardais parfois monsieur Kim et nos regards se croisaient mais rien de plus. Il devait voir ma panique interne. Puis pareil... KiWoo était parfait. Il arrivait même à faire sourire et rire. Sa manière de parler était plus familière mais il mettait à l'aise et rendait l'entretien moins formel. Puis... En plein milieu de son monologue, une sonnerie le coupa. Monsieur Kim prit un petit boitier à sa ceinture. C'était un bipeur. Il nous regarda tous les trois puis...

_ « Malheureusement, nous ne pouvons pas terminer... Dit-il. Une urgence au bloc. »

Il se leva donc on l'imita. Mon stress redescendit mais du coup... C'était foutu pour moi vu que je n'avais pas eu le temps de parler ?

_ « Laissez vos affaires ici et venez, nous dit-il.

_ ... Que... Avec vous au bloc ? Demanda le premier de la classe.

_ Oui. La pratique vaut mieux que la théorie. »

Merde !! On allait vivre une opération là maintenant ?! Monsieur Kim sortit le premier. Le prof nous dit qu'il restait là car ce n'était pas trop son truc les opérations. On se courba devant lui et on partit tous les trois, en courant derrière le docteur Kim qui marchait très vite. On parcourut plusieurs couloirs puis on passa des portes dont l'accès était interdit au public. On arriva enfin dans la salle où les chirurgiens devaient se désinfecter et s'habiller. On vit toute une équipe, prête à l'habiller. Ils furent surpris de voir trois jeunes avec lui.

_ « Je vous écoute, dit le père de Tae en enfilant des protections sur ses chaussures. Donnez-leur ce qu'il faut mais pas la peine qu'ils se lavent les mains. Ils vont juste regarder »

Une infirmière lui expliqua alors ce qu'avait le patient. Pendant qu'elle lisait le dossier, on fut habillé de blouses vertes, de charlottes pour les cheveux et de gants stériles. Personnellement, je n'écoutai pas trop l'infirmière car il y avait beaucoup d'agitation.

_ « Qui s'occupait de l'opération ?

_ Le docteur Lee.

_ Il est droitier, c'est ça ?

_ Oui, répondit l'infirmière.

_ Changez les instruments de sens. Mettez tout à ma gauche.

_ Très bien ! »

Elle alla dans le bloc pour donner les instructions. Nous, nous étions prêts mais le docteur Kim remonta les manches de sa chemise jusqu'à ses coudes puis il commença son lavage de mains.

_ « Normalement, vous avez une tenue plus stérile que celle que j'ai actuellement. Là, c'est une urgence donc je n'ai pas le temps de me changer. Pour le lavage des mains, il faut prendre la brosse stérile et y mettre ce savon. »

Il fit deux pressions sur le savon liquide puis il se savonna les mains et les avant-bras.

_ « Ensuite, le premier lavage, vous lavez bien les avant-bras, les poignets et les mains. La partie rigide de la brosse sert pour les ongles donc ne pas hésiter à y rester plus longtemps. Ensuite, faut rincer, les mains toujours en premières et il faut les garder vers le haut, pour que l'eau sale coule par les coudes. Ensuite il faut bien se sécher. »

Il prit du papier pour essuyer ses mains et ses avant-bras en tapotant.

_ « Faut bien que ça soit sec. Quand c'est bon, vous passez au lavage stérile avec la solution hydroalcoolique. Le premier lavage, vous faites bien les avant-bras, les poignets et les mains, toujours, jusqu'à ce que ça soit bien absorbé. »

Pendant qu'il nous expliquait, il faisait tout.

_ « Puis le dernier lavage, vous reprenez de la solution hydroalcoolique, en appuyant avec votre coude bien sûr, puis cette fois, vous lavez que les mains et les poignets. Il faut bien insister entre les doigts et les ongles. Quand c'est sec, vos mains sont stériles. »

Il se recula du lavabo et il se retourna vers nous. Une infirmière arriva et elle lui mit une blouse, sans qu'il ne la touche.

_ « Vous connaissez le nom qu'on donne à ce genre de blouse ? Demanda-t-il.

_ Une casaque, répondis-je rapidement sans réfléchir.

_ Exactement, monsieur Jeon. Pour la casaque, il faudra toujours quelqu'un pour l'attacher dans votre dos.

_ Docteur... »

Le père de Tae se pencha en avant et l'infirmière lui mit son masque chirurgical. Ensuite, il se redressa et deux infirmières terminèrent de l'habiller en remontant un deuxième masque chirurgical qui faisait partie de la casaque. Pour les gants, l'infirmière lui ouvrit un papier en deux, qui contenait les gants stériles.

_ « Pour les gants, toujours faire attention à ce qu'ils remontent bien sur la casaque. La peau ne doit pas entrer en contact avec la casaque, sinon elle ne sera plus stérile. »

Il enfila le gant gauche en premier avec précaution.

_ « Pour le deuxième gant, il faut faire attention à ne toucher que la partie stérile avec le gant déjà mis. Puis faut bien remonter. »

Même si c'était une urgence, on comprit que c'était des étapes inévitables. Une fois prêt, il put aller dans le bloc. On le suivit mais on devait rester à une certaine distance du patient. Le père de Tae se plaça entre une panseuse et l'instrumentaliste. Il analysa la situation et les systèmes vitaux.

_ « Nous avons réussi à le stabiliser.

_ Très bien. Approchez un peu. »

Il nous fit signe. On avança d'un pas ou deux puis on regarda le patient. C'était une opération à cœur ouvert... Fallait avoir l'estomac léger pour pouvoir regarder. Personnellement, ça ne me dérangea pas mais...

_ « Je... Je ne me sens pas bien... Dit le premier de la classe. Je vais... Vomir...

_ Sortez-le ! »

Une jeune femme le prit par le bras et le sortit du bloc. Le père de Tae nous regarda, KiWoo et moi.

_ « Je peux commencer. »

La panseuse, qui assistait le chirurgien, lui mit les lunettes avec les loupes incrustées. Il demanda plusieurs instruments puis il commença son opération. KiWoo et moi, on observait en silence.

_ « Pourquoi le docteur Lee n'a pas été capable de continuer ? Demanda le père de Tae.

_ Il a touché à une artère saine.

_ Vous l'avez arrêté à temps... L'incision qu'il a fait se voit nettement mais elle est difficile d'accès. C'est sa première erreur ?

_ Oui, répondit-elle. Il tremblait beaucoup aujourd'hui.

_ Demandez un test d'alcoolémie.

_ Le docteur Lee ne boit pas, intervint une jeune infirmière.

_ Vous étiez avec lui ces vingt-quatre dernières heures ? Demanda le docteur Kim en ne quittant pas des yeux ce qu'il faisait.

_ Non. Mais ça peut être autre chose que l'alcool.

_ Alors faites-lui passer tous les tests que vous voulez. Mais s'il y a une seule trace d'alcool dans son sang, il peut faire une croix sur sa carrière. »

Personne n'osa plus le contredire. Je devais avouer qu'il avait une certaine classe. Il avait un certain charisme.

_ « Comment va monsieur Im ? Demanda-t-il soudainement. Le jeune qui est sorti.

_ Il ne souhaite pas revenir pour le moment.

_ Hum... Je crois bien qu'on a nos deux gagnants, alors. »

Mon cœur s'accéléra. J'avais bien compris ?

_ « Petites questions. »

Il nous parlait tout en continuant à opérer le patient... Il arrivait à se concentrer ?

_ « Monsieur Bak, pontage coronarien.

_ C'est une greffe de vaisseaux sanguins prélevés sur des artères. Les greffons sont reliés à l'aorte et aux artères coronaires. Pendant l'opération à cœur ouvert, une machine cœur-poumon appelée CEC est mise en place pour prendre la fonction du cœur.

_ Monsieur Jeon, qu'est-ce qu'un CEC ?

_ CEC veut dire Circulation Extra Corporelle, répondis-je.

_ Le TAVI ? Pour quelle opération ?

_ C'est... Heu... Transcatheter Aortic Valve Implantation. C'est pour les remplacements de la valve aortique. Elle est généralement utilisée pour les patients fragiles ou âgés.

Je vis son masque chirurgical bouger. Il souriait...

_ « Retournez voir votre professeur. Dites-lui que je confirme mon choix.

_ Très bien. »

On se courba et on sortit pendant qu'il opérait toujours. On retira nos blouses, charlottes et masques. On jeta tout à la poubelle et on sortit dans le couloir. On retrouva le premier de la classe. Il arriva vers nous rapidement.

_ « Alors ?! Il... Il a dit quelque chose ? C'est foutu pour moi ?

_ Il nous a dit de retourner voir le prof dans son bureau, lui dit KiWoo.

_ D'accord... Mais c'est foutu... En même temps... Comment je peux devenir chirurgien si je ne suis pas capable de voir une opération ? Je dois m'y habituer. »

Il pouvait s'y habituer s'il voulait mais si j'avais bien compris, il n'était pas choisi. Cependant, je voulais la confirmation. On retourna voir notre prof qui lisait un bouquin. Il se leva en nous voyant.

_ « Alors ? Demanda-t-il en souriant.

_ Le docteur Kim dit qu'il confirmait son choix, dis-je.

_ Oh, je vois ! Eh bien... Monsieur Bak, je suis désolé. »

Je devais cacher mon sourire.

_ « D'a... D'accord...

_ Je vous raccompagne. »

Le prof partit avec Bak. Je regardai alors KiWoo. On se comprit. Mon sourire fut tout aussi immense que le sien ! Puis comme si on était potes depuis des années, on se tapa dans la main !

_ « Yes !! Cria-t-il. C'est putain de génial ! Mec, on va enfin faire des études qui nous plaisent !

_ C'est vrai que ça va être mieux que la théorie mais... On aura quand même des cours à bosser, et par nous-même.

_ T'inquiète, on s'aidera si tu veux.

_ Ok, ça me va. Mais... Le prof doit être content pour toi, souris-je malicieusement.

_ Il a dit qu'il me réservait une surprise si j'étais choisi.

_ Chanceux ! »

J'étais heureux. Pour le moment, je ne voyais que l'aspect positif de tout ça. J'étais impatient de travailler avec le docteur Kim car j'étais persuadé qu'il était le meilleur formateur qu'on pouvait avoir. Il était doué, respecté et il expliquait plutôt bien. J'étais impatient de l'annoncer à TaeHyung. Moi aussi je voulais avoir une surprise... Sauf que je me souvins qu'il m'avait puni... Je ne connaissais pas sa punition mais je me doutais fortement qu'il faisait la grève. Pauvre moi...