Je me courbai devant lui.

_ « Je suis sincèrement désolé. » Dis-je en le pensant de tout mon cœur.

Il continua à cuisiner sans se soucier de moi.

_ « JungKook, je suis sincèrement désolé, je... Je dois faire quoi pour que tu me croies ?

_ ... T'es un idiot, Kim TaeHyung.

_ Oui, tu as raison.

_ Et un obsédé.

_ Oui, je suis désolé.

_ ... Si tu arrêtes de me mettre mal à l'aise, peut-être que je te pardonnerai.

_ Merci... Merci, JungKook. Mais... Si tu acceptes qu'on se touche à nouveau, ça ne te mettra pas mal à l'aise ?

_ ... ! »

Il fit genre d'aller chercher un truc dans le frigo, pour me tourner le dos.

_ « Je... Je ferais un effort... Dit-il à voix basse.

_ ... Je t'aime, JungKook. »

Il ne répondit rien mais moi, j'avais un grand sourire heureux. Il ferma le frigo puis il revint devant sa casserole. Il reprit sa cuisine sans rien répondre. Pour ne pas le déranger puis me faire bien voir, j'allais chercher le plateau du petit-déjeuner qu'il m'avait préparé. Je le ramenai dans la cuisine pour le débarrasser. Je rangeai tout sans le déranger dans sa préparation. Ensuite, j'allai à mon bureau puis je pris une feuille blanche. Je trouvai un crayon à papier dans la trousse qu'il devait utiliser pour ses cours. Je commençai à griffonner sur le papier vierge. Je voulais reprendre les tatouages ! Ça devenait urgent pour mon bien-être total. Je ne savais pas trop ce que je dessinais mais au fur et à mesure, ça prit l'apparence d'un bâtiment... Plus précisément d'une cathédrale. J'avais ce monument dans la tête sans m'en rendre compte.

_ « Tu pourrais au moins mettre un pantalon, me dit la douce voix de JungKook.

_ ... Hum ? »

Je me retournai car sa voix n'avait été qu'un bourdonnement.

_ « Un pantalon, me dit-il.

_ Je n'ai pas mes affaires ici, lui dis-je en reprenant mon dessin.

_ ... »

Je l'entendis soupirer mais je n'y fis pas attention. Je continuai à dessiner car j'avais besoin de me vider la tête. J'étais tellement à fond dans ce que je faisais que je sursautai en voyant le vêtement atterrir sur la feuille. Je redressai la tête et je regardai JungKook, à côté de moi.

_ « Mets un pantalon, me répéta-t-il.

_ Pourquoi ça te dérange autant ? Lui demandai-je.

_ C'est simplement une question de tenue !

_ JungKook, on est en couple ou pas ?

_ Que.... Pourquoi tu demandes ? Rougit-il.

_ Parce que si c'est le cas, le fait que je ne porte qu'un boxer actuellement devrait t'exciter. Là, tu te comportes comme ma mère.

_ ... »

Il pinça simplement ses lèvres puis il partit. Je ne sus décrypter son expression. Il partit dans la chambre, surement pour aller à la salle de bain. Je repris mon dessin pour essayer de le terminer.

POV JungKook

Il était idiot. Il ne comprenait rien. C'était peut-être habituel pour lui de se trimballer à moitié nu chez lui, mais pas pour moi. S'il voulait qu'on cohabite plus tard, il devait faire des efforts. Je pensais qu'il avait compris ma vengeance mais apparemment, ça ne lui avait rien fait. Sauf que cette fois-ci, il m'avait mis mal à l'aise mais il n'en avait pas ri comme d'habitude. A croire qu'il ne l'avait pas fait volontairement. Je soupirai en me regardant dans le miroir. C'était normal de se toucher et de faire ce genre de chose... Alors pourquoi j'avais peur ? TaeHyung avait eu de nombreuses relations de ce genre alors que moi... Je ne l'avais jamais fait. Je n'avais pas peur de TaeHyung mais il allait pouvoir me comparer à d'autre alors que moi, je n'aurais que lui comme référence. Raaah ! Pourquoi je me prenais la tête avec ça ? Je n'étais pas prêt alors je n'avais pas besoin d'y penser pour le moment. Je devais me concentrer sur mes cours, mes stages et tout ça. C'était ce que je devais faire, oui...

_ « Désolé. »

Je relevai le regard dans le miroir et je vis TaeHyung derrière moi. Il avait mis le pantalon que je lui avais passé. Il était sérieux. Je le regardai sans me retourner.

_ « Je suis désolé si je t'ai vexé en te comparant à ma mère, me dit-il sincèrement.

_ ... Ça va, souris-je.

_ Tu m'en veux ?

_ Non, c'est bon. »

Je me retournai face à lui. Je lui fis un petit sourire pour le rassurer. Il hésita, je le vis, à s'approcher. On était que tous les deux alors... Je devais le faire. Je pris l'initiative et je m'approchai de lui. Je le regardai dans les yeux. Ma main se posa sur sa joue.

_ « Tu es tellement beau, me dit-il dans un souffle.

_ ... »

Je voulais lui dire que c'était lui qui était beau. Son visage était parfait, chaque trait, chaque ride d'expression... Puis sa peau était belle et douce. Je caressai sa joue du bout des doigts de peur de l'abimer, de le salir. Il était comme une œuvre d'art. Il était tellement précieux et unique. J'étais chanceux d'être aimé par TaeHyung. J'eus un petit sourire car un an plus tôt, je ne pensais pas du tout ça. Je fis le dernier pas pour déposer un baiser sur ses lèvres. Il était simple et doux, sans en faire trop. Sauf que je savais que ça n'allait pas lui suffire. Il allait revenir à la charge avec des baisers plus passionnés, plus longs et sensuels. J'attendis mais ils n'arrivèrent pas. Il me fit un petit sourire puis il retourna dans le salon. Je restai là, déçu. J'aurais voulu qu'il m'embrasse plus passionnément comme il savait si bien le faire. Il lui arrivait quoi ? C'était à cause de sa crise de la veille ? A cause de cet inspecteur qui était venu le voir ? D'ailleurs, qu'est-ce que devait faire TaeHyung ? Devait-il tout avouer à la police ? J'avais peur qu'il prenne la mauvaise décision et qu'il le regrette plus tard. S'il se débarrassait de cette histoire maintenant en disant tout à la police, il allait vivre une période compliquée car tout allait devoir remonter, tous les souvenirs, toutes les douleurs. S'il ne disait rien et niait, il allait devoir les garder avec lui toute sa vie. Avait-il les épaules assez solides ? Non. Ses crises prouvaient très bien qu'il n'était pas assez solide pour vivre avec son passé. C'était horrible de me dire ça car... Je le trouvais à la fois fort et courageux et à la fois faible et sensible. C'était contradictoire. Je ne savais plus ce que je devais penser. Comment j'allais pouvoir l'aider sur la décision à prendre ? J'avais l'impression d'avoir un poids énorme sur les épaules. Sauf que maintenant, c'était mon rôle de petit-ami de le soutenir et de prendre soin de lui. Je ne devais pas le lâcher maintenant, sinon j'étais un bon à rien. J'allais l'aider au maximum ! Je sentis alors mon portable vibrer dans ma poche. Je le sortis et je vis que NamJoon m'appelait. Je me retournai à nouveau face au miroir de la salle de bain. Je répondis.

_ « Allô ?

_ JungKook, c'est moi. Comment... Comment il va ?

_ Ça va mieux. Il s'est reposé donc ça va.

_ Ok... Vous venez aujourd'hui ? Me demanda-t-il.

_ Je ne pense pas. Enfin, il n'a pas l'air de vouloir sortir. Peut-être demain.

_ Très bien. Vous aviez pris vos cadeaux ?

_ Oui, je les avais mis dans mon sac. Merci, NamJoon. Merci pour hier soir... Merci d'appeler et... Merci de prendre soin de lui, lui dis-je sincèrement.

_ C'est moi qui dois te remercier. Tu es la première personne qui le rend aussi heureux. Tu ne fuis pas malgré sa crise d'hier... Tu as changé ta vision du monde pour lui.

_ Non, c'est grâce à lui... C'est lui qui m'a ouvert les yeux sur la vie. Sans lui, je serais marié à une femme que je n'aime pas. Je lui dois tellement... Alors je ferai mon maximum pour lui.

_ ... Tu vas me faire chialer... »

Il resta silencieux quelques secondes puis il reprit.

_ « On se voit avant son départ, de toute façon.

_ Oui, lui répondis-je. Son départ...

_ Il reviendra, tu le sais.

_ Oui mais... Le laisser partir tout seul...

_ Il y aura Christian avec lui. Il tient beaucoup à TaeHyung, comme nous, donc il prendra soin de lui. Puis il l'a vu hier, il l'a vu à la fin de sa crise mais il a compris à quel point Tae était fragile. Il n'est pas idiot...

_ Je sais. Je... Je dois te laisser, sinon il va se poser des questions.

_ Pas de problèmes. A demain.

_ Oui. »

Je raccrochai. Je rangeai mon portable puis je me retournai. Il était là, dans la chambre. Il baissait la tête. Je m'approchai doucement. Il semblait touché.

_ « C'était NamJoon, lui dis-je.

_ ... Pourquoi... ? Souffla-t-il à voix basse, la gorge serrée par les sanglots.

_ Tae... ? »

Je fus inquiet car il était prêt à pleurer. Qu'est-ce que j'avais dit de mal ?

_ « Pourquoi... Pourquoi moi ? Pourquoi... Tu m'aimes ? Pleura-t-il.

_ TaeHyung... Je... Je t'aime, lui dis-je.

_ Mais pourquoi ?

_ Je... »

Je ne savais pas. Je me mordis la lèvre inférieure. Je baissai la tête et je vis sa main. Je la pris doucement dans la mienne.

_ « Je... Je ne sais pas... Avouai-je. C'est... C'est toi, c'est tout. Enfin... Je ne sais pas comment dire.

_ J'aime ton sourire sincère, ton rire particulier, ton visage angélique et parfait, tes mains... Tes doigts... Tes veines qui parcourent tes bras. J'aime tes cheveux noirs. J'aime ta chaleur... Ta chaleur humaine. Tu aimes les autres car c'est dans ta nature. Tu aimes aider, rendre service, sourire, faire sourire... Ton cœur est énorme et fort. Le pire, je crois... C'est dans ta tête, dit-il en me regardant dans les yeux. Ton... Ton intelligence, ta timidité, ta sincérité, tes idées, tes pensées... Ta personnalité. J'aime tout ce qui te constitue physiquement et mentalement. Si ça existait vraiment, je dirais que... Que tu es mon putain d'âme-sœur. Tu me comprends, tu me rassures, me consoles, me fais rire. Tu soignes mon cœur mais aussi ma tête. Je ne voulais plus tomber amoureux, de peur que je revive un cauchemar mais avec toi, c'était impossible de résister. Plus les jours passaient, plus j'apprenais à te connaitre et plus je tombais amoureux de toi. C'est cliché, c'est niais et tout ce que tu veux, je le sais bien mais bordel, je ne trouve pas de manière plus originale de te dire à quel point je t'aime. Tu vois, je... C'est dur à dire mais... Si... Si je n'avais pas vécu ce qui m'est arrivé, jamais je n'aurais pu te rencontrer. Alors... D'une certaine manière, on peut dire que je suis heureux d'être celui que je suis aujourd'hui, d'être celui que je suis devenu à cause d'elle. Je suis heureux, JungKook. Je dois juste... Le faire comprendre à ma putain de tête. Je dois lui faire comprendre qu'il n'y a plus de danger, que... Que maintenant, je serais tout le temps heureux grâce à toi. Faut que ça rentre dans mon crâne et que mes crises cessent. Je ne dois plus en faire car maintenant, tu es à mes côtés. Tu es ma thérapie, tu es mon remède... Je... Je sais que c'est compliqué pour toi mais je vais te demander encore un peu d'aide... Jusqu'à ce que ma tête comprenne que je ne suis plus en danger. Je... Je vais y arriver, je le sais mais j'ai encore un peu besoin de toi. Je ne veux pas t'effrayer en te demandant ça, je suis désolé... Mais j'ai encore besoin de toi, JungKook. Après, tu pourras te reposer sur moi à ton tour et je deviendrais quelqu'un dont tu pourras être fier. Je ne serai plus fou... »

Le mot de trop. Je l'embrassai sans attendre qu'il continue et qu'il dise encore quelque chose de faux. Il n'était pas fou, j'étais déjà fier de lui, je pouvais déjà me reposer sur lui puis... Jamais il ne m'effrayera. Mon baiser fut le plus torride que je ne lui avais jamais donné. Je quittai ses lèvres lentement dans un souffle chaud. Mes doigts allèrent dans ses cheveux, pour lui caresser. Je ne savais pas quoi répondre à cette déclaration qui me retournait complètement. TaeHyung était... Indescriptible. Rien ne l'égalait. J'étais envoûté par son regard. Je reculai doucement jusqu'au lit de la chambre. Je sentis le rebord taper contre la pliure de mes genoux. Je m'arrêtai puis... Dans un souffle :

_ « Je... Je veux t'appartenir... Entièrement. »

Mon cœur me faisait mal. Les palpitations que j'avais étaient puissantes et douloureuses. J'étais excité mais aussi effrayé. Sauf que c'était ce que je voulais. Je retirai mon t-shirt en restant debout, contre lui. Je déglutis puis je baissai mon jogging et mon boxer ensemble. Ils tombèrent à mes chevilles et je les retirai pour marcher dessus. Je posai mes mains sous ses oreilles puis j'allai l'embrasser délicatement, comme s'il était aussi fragile que de la porcelaine.

_ « Je suis à toi... Soufflai-je sur ses lèvres. Tou... Touche-moi. »

Il prit son temps et il posa ses mains sur mes hanches. Je les sentis trembler légèrement, comme s'il avait peur. J'eus un petit sourire et je caressai sa joue.

_ « Tu es sûr ? » Me demanda-t-il.

Je lui fis un signe de tête pour lui dire oui.