Chapitre 8
Le goût était immonde. Si Kayato devait deviner le goût d'un œil, il décrirait cette pastille. Il ne pût s'empêcher de tirer la langue et de réclamer de l'eau immédiatement après.
Il leur restait 36 jours. Chaque jour qui se rapprochait se faisait sentir comme un compte à rebours. Tandis que Kayato enlevait son haut et resserrait son gant droit, il sentit la boule au ventre se former. Il ne voulait pas aller là-bas. Après un soupir, il dirigea son regard vers ses amis.
Il croisa le regard de Mélina. Il sourit tendrement en la voyant. Il espérait au moins pouvoir trouver de belles fleurs marines pour lui offrir. Elle méritait ça. Elle méritait tout.
Takumi ne voulait pas enlever son débardeur, ni son collier offert par Lumae, donc il aidait Shai à se préparer. Celui-ci affichait une fierté à exposer son corps, sous le regard dépité des deux plus jeunes. Seul Leyo avait fait un effort sur sa tenue, comme à son habitude.
Ils allaient quitter pendant une journée le territoire de l'Ombre. Ces terres qu'ils aimaient et détestaient en même temps. Ces terres qu'ils étaient forcés de haïr. Avec un rapide « On se revoit » adressé à Mina, ils sortirent de la demeure.
Le Royaume de Thalassia abritait des abyres, créatures dérivées de sirènes et enfants des Hydres. Mais il y avait plus d'un an, le Royaume de Scryllathor, abritant des sirènes, avait commencé à envahir les abyres.
— D'ailleurs, pourquoi cette guerre a débuté, entre ces deux Royaumes ? Il n'y avait aucun signe avant-coureur, demanda Kayato, tandis qu'ils se dirigeaient vers la mer.
— Bonne question, mais c'est vrai que cette année, il y a eu une montée de violence... remarqua Takumi.
— Le monde se réveille, la paix c'est jolie mais seulement s'il est pour tout le m...
Mélina se fit interrompre en sentant quelqu'un tomber du nuage. Elle se retourna et vit derrière elle Panda, rire aux éclats tandis qu'il avait poussé Leyo du nuage. Celui-ci tempesta tout en ne pouvant retenir ses rires.
Décidément, le trajet allait être plus long que prévu.
Takumi ne cessait de s'arrêter pour récupérer les victimes de Panda, qui fut bientôt rejoint par Leyo. Les deux adolescents n'arrivaient cependant pas à pousser Shai qui s'agrippait fermement au nuage tout en hurlant. Mais ça ne le dérangeait pas autant qu'il le pensait. Il ne l'admettrai pas à voix haute, mais il aimait également passer du temps avec les nouvelles Voix de l'Ombre.
Le Royaume de Thalassia était accessible depuis une cascade majestueuse, dont l'eau scintillante cachait une route mystérieuse menant aux profondeurs insondables de la mer. La cascade servait de passage, ouvrant sur un monde sous-marin que peu avaient osé explorer.
Pour leur groupe, c'était la première fois qu'ils s'aventuraient aussi loin de leur propre royaume, plongeant directement vers un univers inconnu situé bien en dessous de leur domicile habituel. Les douze yeux contemplaient l'eau sombre avec une curiosité teintée d'appréhension. Ils allaient plonger vers l'inconnu, littéralement. Le bruit de la cascade résonnait à leurs oreilles, créant une mélodie hypnotique qui semblait les inviter à plonger dans les profondeurs.
— Écoutez, moi je propose de rester ici, je vous attendrai... commença Shai, les sueurs visibles sur son visage bleu.
Avant qu'il ne puisse finir sa phrase, une poussée soudaine le propulsa en avant. Sous un cri de surprise, il bascula et disparut dans les abysses. Mélina fit volte-face, les yeux écarquillés, pour voir Panda, un sourire espiègle sur le visage. Bouleversée par cette action, elle ouvrit la bouche pour le réprimander, mais avant qu'elle ne puisse dire un mot, Leyo, complice de son ami, la poussa à son tour. Elle perdit l'équilibre et tomba, suivant le même chemin que leur compagnon.
Et avant que Kayato ou Takumi ne vengent leurs amis en les poussant en retour, Panda et Leyo sautèrent ensemble, leurs cris de joie se mêlant au fracas de la cascade.
La chute était aussi longue que fascinante. Les yeux dorés de Kayato ne cessaient de balayer les alentours, avides de capturer chaque détail de ce spectacle aquatique. Enveloppé et protégé par des petites bulles transparentes, il se sentait comme dans un rêve. Des créatures luminescentes nageaient dans la pénombre, leurs mouvements gracieux créant des traînées lumineuses. D'immenses forêts de corail s'étendaient à perte de vue, leurs branches tordues formant des labyrinthes d'ombres et de lumières.
Kayato pouvait voir des ruines d'anciennes cités englouties, des statues brisées et des arcs majestueux recouverts de végétation marine. Le Royaume de Thalassia se dévoilait peu à peu, avec ses tours et ses dômes, ses jardins sous-marins et ses palais de nacre. La couleur se perdait petit à petit, indice de leur profondeur.
Les eaux sombres étaient parsemées de cristaux brillants qui illuminaient le chemin, comme des étoiles guidant leur descente. Plus ils s'enfonçaient, plus l'atmosphère devenait calme et mystérieuse, les bruits de la surface se dissipant pour laisser place à un silence profond, seulement interrompu par les échos lointains des créatures marines.
Le spectacle devenait de plus en plus un massacre. Finalement, le courant arrêta de le plonger, prouvant qu'il était bel et bien arrivé à Thalassia. Il ne trouvait pas ses compagnons à première vue, mais les aperçus un peu plus loin, se chamaillant. Il se mouvait. Il respirait.
— Je n'ai pas vu les lieux défiler pendant que je plongeais, j'ai vu ma vie ! dramatisa Shai.
— Plus on aurait attendu, plus on aurait appréhendé... se justifia Panda, toujours aussi fière.
Kayato sourit, puis examina les alentours. Plus aucun poisson ne baignait. Le paysage, autrefois vibrant et plein de vie, semblait désormais figé dans un temps inconnu. Il remarqua qu'il n'avait pas spécialement froid, malgré la profondeur. Il justifia cela par les pastilles, et remarqua l'absence de couleurs chaudes.
Les coraux qui peuplaient les profondeurs un peu plus haut avaient perdu leurs couleurs éclatantes, remplacées par des teintes ternes et grises. Les créatures luminescentes qui illuminaient les abysses avaient disparu, ne laissant que des ombres et des recoins sombres. Des morceaux de carapaces et de squelettes d'animaux marins jonchaient le sol, témoignant d'un massacre récent et brutal.
Le silence était lourd, seulement brisé par le bruit occasionnel de quelques débris se heurtant contre une roche. Les échos lointains des créatures marines étaient remplacés par un silence de mort. « Cet endroit est un cimetière... » pensa Kayato, peu rassuré.
— Ah, ça devait être tellement joli, il y a un an de ça... murmura Mélina, ne voulant pas troubler le silence des lieux. Des souvenirs anéantis. Un vrai génocide. Nous nageons dans des restes d'âmes...
Kayato hocha la tête, puis s'aventura plus profondément accompagné de ses camarades. D'après Evan, les Pierres de Sang étaient rougeâtres et marquées d'un sceau.
— Pourquoi avons-nous une date limite ? demanda finalement Leyo, interrompant le silence instauré.
— Dans 36 jours aura lieu la Parade du Soleil, la dernière fête de la saison, expliqua Takumi. Elle dure trois jours. Nous nous infiltrerons le dernier jour, avant le Rituel de Clôture, pendant que tous les soldats et les Lueurs devront recevoir des bénédictions.
Leyo écoutait attentivement, en se persuadant que c'était seulement en tant que styliste qu'il se renseignait.
— Te voilà renseigné. Tu as rêvé d'y participer ? Takumi, vêtu de vêtements dorés, de brocarts aux couleurs de Soleil... imagina Panda.
— En fait, j'y ai déjà participé.
Pour une fois, c'était Panda qui était étonné. Lui et Leyo froncèrent les sourcils, et vérifièrent qu'ils avaient bien entendu. Ils n'insistèrent pas.
— Evan nous a dit que les Pierres étaient vers l'antre du dragon, mais où est ce putain d'antre du dragon ? s'impatienta Kayato.
— Tu aurai pu davantage te renseigner... remarqua Shai, dont les yeux ne cessaient de guetter le moindre danger.
— Culotté venant de toi, le charmeur pas net.
— Arrête de m'appeler comme ça, en plus cette réputation est totalement erronée !
— Arrête de crier, Shai, il y a du bruit.
Personne n'entendait autre chose que le murmure du courant, mais ils décidèrent de se fier à Takumi, dont l'ouïe surpassait celle des simples mortels. Ils plongèrent plus profondément dans les eaux sombres, se rapprochant de la source du bruit, et, tous dissimulés derrière un grand rocher, aperçurent l'origine des voix. Les génocidaires.
De très belles sirènes au cœur meurtri semblaient chercher quelque chose dans le sable. Seul Takumi parvenait à capter des bribes de leur conversation.
— Ça parle d'héritière... de maladie... de cérémonie...
Takumi faisait de son mieux pour entendre la conversation, mais les sirènes s'éloignèrent, poursuivant leur discussion plus loin dans les profondeurs.
— De toute façon, ça ne nous concerne pas, haussa des épaules Leyo. Allez, trouvons nos pierres, que je retourne confectionner vos tenues. Il m'en reste encore trois et on arrive en fin de journée !
Mélina, les yeux fixés intensément sur les jeunes sirènes, ne pouvait détacher son regard.
— On pourrai... leur demander où est l'Antre du dragon ? proposa t-elle d'une petite voix.
Les garçons lui répondirent par un haussement de sourcil, échangeant des regards sceptiques entre eux. Pourtant, Mélina ne se laissa pas décourager. Elle sentait au fond d'elle que c'était leur meilleure chance. Les sirènes continuaient de s'éloigner, et le temps pressait.
— Ils n'auront aucune raison de nous attaquer, et puis... si nous cherchons trop longtemps, les pastilles ne feront plus effet.
— Il ne faut pas se faire remarquer, souligna Takumi.
Elle pinça ses fines lèvres. Peut-être était-elle têtue, mais elle était convaincue qu'il fallait tenter ce coup. Il fallait simplement trouver la manière de demander... Son regard balaya le sombre paysage sous-marin, scrutant les détails environnants pour un indice ou un élément qui pourrait les aider. Puis, soudain, elle aperçut quelque chose qui pourrait bien faire la différence. Ou plutôt, quelqu'un.
— Shai ! Vas-y, demande !!
Shai grimaça en entendant son nom. Il évita soigneusement de croiser le regard des yeux verts de son amie, fixant le sol et les environs comme s'il voulait leur reléguer le rôle qui lui serait attribué.
— C'est vrai que si c'est Shai...
— Mais vous êtes fous, vous voulez ma mort ?! se défendit celui-ci.
— Pour une fois que ton expérience en charme sera utile ! s'enjailla Mélina.
— Pour une fois que ton corps bien bâti sera utile ! continua Kayato.
— Pour une fois que tu seras utile ! termina Takumi.
Shai répondit d'un regard ennuyé aux taquineries de ses amis, mais une étincelle de fierté brillait dans ses yeux. Un peu trop de fierté, sans doute. C'était son moment de se débarrasser de la réputation que Panda lui a délégué. Il redressa les épaules, afficha son meilleur sourire, et, le cœur battant d'appréhension, s'approcha des sirènes avec une détermination mêlée de nervosité.
Les sirènes commençaient à s'éloigner, mais lorsqu'elles aperçurent Shai, elles se stoppèrent net. Elles n'étaient pas armées, leurs regards se posèrent sur lui avec une curiosité méfiante. Leurs yeux balayaient lentement le corps de Shai, sans doute pour faire le même constat. La présence d'humains n'avait pas l'air habituel.
— Bonjour, mes chères... dames ? Mes... poissons ?
Kayato cogna sa tête contre le rocher, exaspéré.
— Je voulais savoir si vous auriez l'amabilité de me conduire vers l'Antre du Dragon ?
Les deux sirènes échangèrent un regard perplexe, leurs sourcils se fronçant en une expression de méfiance mêlée de confusion.
— C'est un habitant de l'Ombre... constata l'une d'elle en ayant remarqué le symbole de la Lune dans le cou de Shai.
— Pourquoi vouloir aller dans l'Antre du Dragon le jour du couronnement ? Vous vouliez commettre un vol, n'est-ce pas ?
— Non, bien évidemment ! Vous ai-je donné cette impression ? Je m'en excuse. En réalité, je suis... je suis un artiste. Et justement, j'aurai aimé peindre cette magnifique cérémonie que sera le couronnement !
— Êtes-vous... un artiste renommé ?
— Oh, ça vous ne pouvez qu'imaginer à quel point ! Quand je sors de chez moi, on m'acclame, les femmes ne peuvent détourner le regard, je me surprends même à voir quelques hommes courir derrière moi !
— Je ne pense pas que nous devrions laisser entrer des inconnus dans l'Antre du Dragon... murmura une des jeunes sirènes à son amie.
— Je comprends vos doutes, mais regardez-moi ! Suis-je armé ? Je ne sais à peine me mouvoir correctement dans ces eaux. Comment pourrai-je être une menace ? Je ne suis qu'un peintre.
Elles s'échangèrent des messes basses, tandis que Shai accentuait ses mots par des gestes. Le métier d'artiste était rare sous l'océan et procurait un sentiment de fascination.
— Vous voulez dessiner le couronnement ou le combat ? demanda finalement l'une d'elle.
Shai cligna plusieurs fois des yeux, faisant de son mieux pour dissimuler son incompréhension. Il savait pertinemment qu'il ne devait pas laisser transparaître ses doutes. Il reprit d'une voix hésitante :
— Je... le couronnement de votre... héritière bien évidemment. Mais si la reine me permet de dessiner le combat, je le ferai à cœur joie.
— L'héritière ? Laquelle ? Et puis, la reine va être exécutée pendant la cérémonie. Vous ne semblez pas très bien renseigné pour un artiste intéressé par les événements...
— L'héritière... qui ramènera la paix aux sirènes, et éradiquera la maladie ! tenta de se rattraper Shai tout en parlant fort afin de faciliter la compréhension de Takumi. Pardonnez mes mots maladroits. Par "reine", j'entendais bien évidemment celle qui va être couronnée ce soir.
— Dans ce cas, dessinez cette abyre de la manière la plus hideuse possible, et la sirène aussi gracieuse que le Royaume de Scryllathor ! Et ne détaillez pas la brillance dans le dos de cette imposture. Elle ne mérite rien.
— L'Abyre qui va... prononça Shai avec prudence tout en essayant de nouer les indications, combattre la sirène, c'est ça ? Voulez-vous aussi que je dessine... la reine exécutée ?
— Oui, clôturons cette infidèle qui a osé souiller son sang !
Shai se tut, conscient qu'il n'était pas là pour s'immiscer dans les détails de la cérémonie, et que toute question à ce sujet pourrait semer des doutes. Il se contenta de hocher la tête, attendant patiemment qu'on lui indique le lieu où ils pourraient récolter les pierres.
— Je propose qu'on lui indique seulement la direction au cas-où, dit l'une des sirènes. Comme ça, nous ne serons pas directement concernés par ce que cela deviendra.
Son amie acquiesça d'un geste de tête, puis les sirènes pointèrent du doigt des coquillages éparpillés sur le sable. Après avoir fait comprendre qu'il devait les suivre, elles se retournèrent et s'éloignèrent, disparaissant peu à peu dans les profondeurs marines.
Shai retrouva ses amis, qui commençaient à se lasser de leur position.
— J'attends des éloges de votre part, se vanta celui-ci.
— On va réellement devoir se rapprocher de cette cérémonie ? ignora Takumi. On aurait pu attendre demain.
— On n'a pas d'autres pastilles, on ne pourrait pas revenir.
— Pourquoi est-ce que comme par hasard, nous arrivons le jour de cette cérémonie à la con ? se lamenta Mélina.
Les regards se tournèrent instinctivement vers le farceur, mais celui-ci affichait une expression de légère surprise, comme s'il n'avait pas anticipé cette tournure des événements. Ce coup du sort ne pouvait pas être simplement attribué au hasard ; il devait y avoir une raison. Pourtant, malgré leur réflexion, personne ne parvint à en déterminer la cause.
— Le fait est que, nous devrions y aller. Maintenant, avant que cette cérémonie débute.
Les coquillages leur illuminaient le chemin à emprunter. Leurs formes semblaient être infinies, leurs lueurs sans égal. C'était la seule source de lumière et de vie visible dans ce Royaume anéanti.
Normalement, les Pierres de Sang devraient se trouver près de l'Antre du Dragon. Ancien territoire dans le Royaume de Thalassia, il était aujourd'hui sous la possession du Royaume de Scryllathor.
Chaque Royaume avait visiblement des problèmes, et pourtant, certains osaient célébrer la "paix". Kayato ignorait les raisons de l'exécution de leur Reine, ainsi que la raison du combat entre une abyre et une sirène. Mais il ne devait pas détourner son attention. Il devait se concentrer sur ce qu'il y avait en face de lui.
Alors, lorsqu'il entendit plus loin, hors du chemin que les coquillages guidaient, un chant grinçant, il se stoppa net. Dès qu'il avait entendu cette mélodie, sonnant comme un appel à l'aide, il ne pouvait plus ignorer. Ce problème le concernait, dorénavant.
— Vous entendez ? demanda Kayato, pour être sûr.
— On dirait Panda quand il chante, plaisanta Leyo.
— On regarde juste l'origine de cette voix, puis on s'en va, prévint Takumi en apercevant une lueur de curiosité dans les yeux de ses amis.
Une cage. Une cage beaucoup trop étroite. L'abyre qui était à l'intérieur peinait à se mouvoir. Sa queue semblait emprisonnée à travers les barreaux de la cage. Devant elle, deux tritons jouaient avec des bulles.
— Vous pensez que c'est elle, l'abyre qui va combattre ? demanda Mélina.
— Elle n'a pas l'air très en forme pour se battre hein... remarqua Leyo.
— Pourquoi ils la gardent, alors ? Pourquoi est-ce qu'ils tuent les autres abyres mais pas elle ?
Kayato, qui avait une meilleure vue, essaya d'examiner cette abyres, qui continuait de chanter. Sa peau était verdâtre, ses longs cheveux se mouvaient dans le peu d'espace qu'elle possédait. Ses yeux étaient ternis, ses dents étaient pointues, sa forme était ronde, et surtout, sa colonne vertébrale brillait.
— Elle est trop mignonne ! remarqua Mélina.
— Arrête, je vais finir par être jaloux... remarqua Kayato.
Mélina rit sans répondre. Kayato n'insista pas, comme à son habitude, pour remarquer :
— Son dos... brille.
Shai ouvrit grand les yeux. Il sentit les fils se lier.
— Les sirènes m'avaient précisé de ne pas dessiner un dos brillant ! C'est vraiment elle, l'abyre ! Ton intuition était correcte, Mélina !
Un silence s'ensuivit alors que chacun examinaient la femme poisson enfermée dans les détails. L'argument de Mélina et celui de Shai se renforcèrent. Mais surtout, Takumi conclut :
— Plus bizarre encore, c'est carrément une queue de sirène. Celles des abyres sont censées être trouées et plus fines.
Mélina, mélangeant les faits et son imagination, conclua soudainement :
— L'héritière, c'est elle ! C'est pour ça que les sirènes ont demandé "quelle héritière" à Shai ! Elles sont deux, et là nous avons l'ennemie des sirènes qui va se battre pour son trône ! Elle est l'enfant même de la reine qui a "souillé son sang", et également l'enfant d'un abyre vu ses caractéristiques. C'est pour ça que la reine sera exécutée !
Kayato adorait ce spectacle. Il adorait voir les yeux de Mélina briller comme s'ils racontaient une histoire, la courbe de ses lèvres s'étirer en un sourire dont il ne se lasserait jamais, il adorait voir ses mains se mouvoir pour accentuer ses propos comme une danse hypnotisante. Il adorait Mélina.
— Tu as sans doute raison, dit celui-ci avec tendresse.
Panda siffla derrière en haussant les sourcils, ce que Kayato ignora. Mais lorsque Shai le rejoignit dans ses taquineries, le métisse dû détourner l'attention :
— Et du coup, on fait quoi d'elle ?
— Bah on la laisse, ça ne nous regarde pas, répondit Leyo en haussant un sourcil.
— Il ne faut pas s'égarer de nos objectifs de base, Kayato, renforça Takumi.
Alors que Kayato allait écouter l'avis des deux réalistes, Panda enrichit :
— Moi je pense honnêtement qu'on devrait l'aider.
Leyo allait répliquer, agacé, mais Panda le fit un signe de se taire avant de continuer :
— Écoutez, si nous l'aidions à sortir et à affronter cette sirène... en échange qu'elle nous aide ? Nous aurons l'héritière, une mi-abyre et une mi-sirène à nos côtés. Les abyres peuvent générer des marées, les sirènes peuvent les contrôler. Alors une hybride... Sa puissance n'est pas de refus.
C'était l'excuse parfaite. Entre opprimés, l'aide était plus que nécessaire. Le regard de Kayato s'échangea avec le regard complice de Panda : à présent, même les moins sentimentaux étaient pour sa libération.
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