Chapitre 20
Panda se sentit comme s'il émergeait d'un rêve flou, lourd de confusion et de douleur. Tout autour de lui semblait flottant, irréel, jusqu'à ce qu'il réalise qu'une chaleur humaine le maintenait. Il cligna des yeux plusieurs fois, essayant de retrouver ses esprits, et c'est à cet instant qu'il comprit : il était porté. La silhouette de Naïa se matérialisa lentement dans son champ de vision.
— Panda ? Tu es réveillé ? Pas trop tôt ! J'ai mal aux bras ! dit-elle avec un soupir de soulagement.
Il glissa maladroitement au sol, atterrissant avec un pied ferme, tentant de retrouver un semblant d'équilibre. En se tournant vers Naïa, il remarqua les marques qui parsemaient son corps. Elle avait l'air d'aller bien, du moins en surface, mais ses blessures étaient visibles, même à travers sa peau. Ses yeux, habituellement éclatants, étaient devenus d'un bleu marine profond, un signe évident qu'ils étaient touchés. Ses cheveux ondulés, qui semblaient autrefois pleins de vie, étaient ternes, comme épuisés par les épreuves qu'ils venaient de traverser.
— On est où ?
— On se rapproche de l'extrémité de la zone de la Chair, tout en longeant la côte, répondit Mina. C'est bien vers là-bas qu'habite Loki, n'est-ce pas ?
— Oui, c'est ça... murmura Panda, son regard se perdant brièvement dans l'horizon.
Il prit un moment pour examiner ses compagnons. Shai, désormais réveillé, portait Evan, toujours inconscient, sur son dos. Son visage était crispé sous l'effort, mais il continuait d'avancer. Mina, elle, portait le corps d'Aurore, enveloppé soigneusement dans des tissus pour donner l'impression qu'elle transportait une personne endormie plutôt qu'un cadavre.
Puis Mina brisa le silence :
— On a réfléchi avec Haru. On pense que la cible n'était pas choisie par hasard. Leyo... il était le seul habitant de Lune dont la marque était visible.
Panda arqua ses sourcils.
— Evan et moi ne sommes pas de ce Royaume à l'origine, commença Haru d'une voix mesurée. Naïa et Mina non plus. Les seuls originaires sont Leyo, Shai, et toi. Sauf que la marque de Shai n'était pas visible, sachant qu'il était tombé du côté droit. Et toi, Panda, tu étais encore conscient, donc peut-être qu'ils voulaient quelqu'un d'inconscient.
Panda écouta, alors qu'il absorbait chaque mot. Mais rapidement, il secoua la tête, comme pour écarter ces explications trop froides, trop analytiques. Son sourire habituel vint décorer son visage, ramenant une pointe de légèreté dans l'atmosphère pesante.
— Ou peut-être que je n'avais pas autant de style que Leyo, lança-t-il avec une ironie évidente dans la voix. Les monstres ont une conscience, n'est-ce pas ? Ils ont dû préférer ses chaînes à mon existence.
— C'est... une théorie, murmura Haru, confus, sans remarquer la note ironique dans la remarque de son camarade..
Shai scrutait l'horizon, ses pensées oscillant entre les événements récents et le paysage qui s'étendait devant eux. La forêt, qu'ils avaient quittée il y a quelques heures, laissait désormais place à un environnement plus calme, presque apaisant en comparaison du chaos qu'ils venaient de traverser. Ici, près de la côte, tout semblait lointain et silencieux. Le vent marin soufflait légèrement, soulevant une fine brise qui caressait leurs visages fatigués.
Il se tourna vers Panda, qui marchait à ses côtés. Il semblait retrouver un peu de sa vigueur, comme si le simple fait de quitter les lieux du carnage lui redonnait son énergie habituelle. Cela rassura un peu Shai, qui repoussa les doutes qui lui rongeaient l'esprit.
Les monstres étaient devenus incroyablement violents ces derniers temps. Evan leur avait commençait à parler des premiers signes d'agressivité il y a deux périodes déjà, affirmant que quelque chose avait changé dans le comportement des créatures. Mais c'était la première fois que Shai avait été témoin direct de cette brutalité. Pourtant, un doute persistait en lui, une impression que quelque chose de plus profond se jouait dans leur comportement.
Les monstres avaient une conscience, c'était indéniable.
Mais Mina lui avait raconté comment les monstres avaient repéré la marque de Leyo. Comment pouvaient-ils distinguer des détails si fins ? Une marque sur la peau, des symboles de Soleil sur une robe... Cela dépassait l'entendement, même pour quelqu'un comme Shai, dont l'imagination n'avait pourtant pas de limites.
— Où vas t-on poser ce corps ? remarqua Naïa.
— Il faut... La première nécessité est de le cacher, répondit Mina, ayant déjà anticipé la question. Si quelqu'un réanime ses souvenirs, ils pourront nous voir. Vous voir.
— Et combien de temps avons-nous ?
— Aiko, le général ayant ce pouvoir, ne peut réanimer des souvenirs que dans les douze heures suivant la mort. Passé ce délai, c'est impossible, répondit-elle d'une voix basse, mais nette.
Shai s'arrêta à son tour, jetant des regards furtifs autour de lui, comme si chaque arbre ou rocher pouvait cacher un ennemi invisible. Le poids de la situation se fit sentir, oppressant.
— Douze heures ? souffla-t-il. Ça ne nous laisse pas beaucoup de temps.
Naïa, observant le corps sous les tissus, semblait perdue dans ses pensées.
— On doit trouver un endroit... un endroit où ils ne viendront pas chercher, se murmura t-elle pour elle même, sans quitter des yeux le cadavre de la lieutenant sur le dos de Mina.
Elle se redressa, et croisa le regard de Mina, tandis qu'elle proposa :
— Les Eaux ?
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Ils arrivèrent enfin devant une petite maison en bois, isolée au milieu des arbres. Elle semblait fragile, comme si un simple coup de vent pouvait l'abattre, mais elle était soigneusement décorée de fleurs éclatantes de mille couleurs. Un jardin bien entretenu s'étendait autour, avec des plantes en pleine santé, malgré l'apparente appauvrie de l'endroit.
Mina observa l'environnement en silence, déduisant que le propriétaire devait y vivre seul. Sa taille anodine et l'aura tranquille qui s'en dégageait étaient loin du chaos qu'ils avaient fui.
Panda, sans hésiter, se précipita vers l'épaisse porte en bois et l'ouvrit d'un coup sec, entrant sans prendre la peine de frapper ou de prévenir de leur arrivée. Ses pas résonnèrent à l'intérieur.
L'atmosphère à l'intérieur de la maison était tout aussi chaleureuse que son extérieur. Bien que couverte d'une légère couche de poussière, la pièce principale était accueillante. Une cheminée occupait le fond de la pièce, entourée de guirlandes colorées et d'affiches lumineuses. Le canapé, usé mais confortable, était parsemé de coussins tout aussi vibrants de couleurs. Les murs étaient ornés de dessins d'enfants, représentant des soleils, des arc-en-ciel et d'autres scènes joyeuses. Partout, on retrouvait des autocollants, soigneusement disposés dans des recoins inattendus, ajoutant une touche enfantine et joyeuse au lieu.
Shai déposa Evan délicatement sur le sol, à bout de forces après l'avoir porté tout ce temps. Sa respiration était lourde, ses muscles endoloris, mais il se redressa tant bien que mal.
— Loki ! appela Panda d'une voix forte.
Le silence s'installa pendant un instant, avant qu'une voix joviale ne réponde depuis l'une des autres pièces.
— Panda ? Attends, j'arrive !
Le bruit d'eau coulant accompagna des pas légers, et quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit pour laisser apparaître un jeune homme, souriant de toutes ses dents.
Loki dégageait une énergie qui contrastait avec le style sombre de Leyo : il brillait de couleurs vives. Ses baskets étaient couvertes de dessins enfantins : des fleurs, des papillons, et d'autres symboles. Il portait un pantalon orange qui ne lui arrivait qu'aux genoux, dévoilant quelques discrètes cicatrices discrètes. Son haut, tout aussi éclatant, arborait un mignon oisillon, ajoutant encore à son allure innocente.
Ses yeux, d'un rose pâle, pétillaient de vie, assortis à sa chevelure volumineuse qui formait une frange attachée soigneusement au-dessus de son front. Un pansement était collé sur le bout de son nez, comme s'il venait tout juste de soigner une petite éraflure. Son sourire radieux ne montrait aucun signe de méfiance, juste une sincère affection pour ses amis.
Naïa sentit une boule se former dans son estomac. Ce jeune homme, si innocent, si lumineux, allait bientôt se rendre compte qu'ils n'étaient pas venus pour partager des moments légers et joyeux autour d'en-cas préparés avec soin.
Mais ils n'avaient pas besoin de l'annoncer comme ce fut le cas pour Leyo. Loki se figea, son regard passant rapidement du visage de Panda à celui d'Evan, allongé sur le sol, et enfin au cadavre que Mina portait. Son sourire s'était effacé, remplacé par une expression de choc et d'incompréhension. Les couleurs vives de sa tenue semblaient presque inappropriées dans l'atmosphère pesante qui régnait désormais dans la petite maison.
— Panda... qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi le vampire louche est dans cet état ? Et... cette femme...
Sa voix se brisa un instant tandis qu'il désignait le corps d'Aurore, caché sous des tissus, mais dont l'odeur de sang et de mort emplissait déjà la pièce.
— Loki. On est mal, on a besoin de ton aide.
— Attends, Panda. Explique-moi d'abord pourquoi il y'a le conteur dans cet état et...
Loki secoua la tête, cherchant à comprendre, ses pupilles dilatées se posant tour à tour sur le corps inerte de Evan, puis sur la silhouette recouverte d'étoffes que portait Mina. Il fit un pas en arrière, l'air devenant soudainement trop lourd.
— Et ce corps. Panda, tu as fait quoi encore...?
— Loki, c'est compliqué, mais on n'a plus beaucoup de temps, on doit compter sur ton aide et... maintenant.
Panda déglutit, le regard fuyant. Il n'avait pas de temps à perdre en longues explications. Le résidant de la maison semblait digérer les informations, mais aussitôt, il hocha sa tête de gauche à droite. Son regard dériva de nouveau vers le cadavre. Le tissu qui couvrait le ventre de la femme dissimulait les entrailles déchirées, mais l'odeur lui donnait envie de vomir.
— Écoute, non... Ce n'est pas une invitation à la guerre que je voulais voir arriver à ma porte...
— On va jeter ce corps en mer, on revient, prévint Mina tout en se faisant suivre par Shai, quittant la maison.
Loki ne comprenait pas, il y'avait encore quelques minutes, il n'aurait jamais envisagé cette possibilité.
— Loki, écoute. Leyo a été emmené par des monstres. On n'a plus de temps, faut le récupérer...
Cette fois, s'en était trop pour le jeune jardinier. Il venait tout juste de soulager sa vessie, et voilà qu'un de ses meilleurs amis lui ramenait des personnes gravement blessé ainsi qu'un corps, et qu'il lui annonçait que son ami d'enfance était emporté dans les ténèbres !
— Attends, Panda, là je... que veux-tu de moi ?
— Que tu nous aide à récupérer Leyo. Ensuite...
Panda hésita. Autant tout lui dire d'un coup. Faire durer ce dialogue ne ferai qu'amplifier la lourde tension. Il jeta à coup d'oeil à Naïa, qui se faisait petite au coin de la pièce, puis sur Haru, aux côté d'Evan.
— Et qu'ensuite, tu nous accompagnes, nous, les Voix de l'Ombre, faire la guerre à la Lumière.
Loki plaça ses mains vers l'avant, comme pour éloigner les mots de son ami. Les mots de Panda semblaient presque irréels, comme un cauchemar dont il ne pouvait s'éveiller. La brutalité de la situation le frappait de plein fouet, et il peinait à assimiler l'ampleur de ce qui lui était demandé.
— Non, je ne peux pas faire ça !
— Pourquoi ?
La question semblait absurde, mais Panda savait qu'il devait la poser. Il devait pousser Loki à dire tout haut ce qu'il pensait tout bas.
— Tu sais bien ! s'exclama Loki, les mains tremblantes. J'ai pas envie de revoir des gens que j'aime mourir pour des guerres. Ah, non !
Il s'était reculé, le dos pressé contre la porte en bois de la petite maison, comme s'il cherchait à s'en échapper.
— Alors tu vas laisser Leyo mourir, dévoré par ces monstres ? lança Panda d'un ton froid, qui fit taire le jardinier sur-le-champ.
Loki ouvrit la bouche, cherchant des mots qui ne venaient pas. Il baissa les yeux, ses poings serrés, le cœur battant à tout rompre.
Panda s'avança d'un pas, son regard planté dans celui de Loki.
— Eh bien, mon petit Loki, vas-y. Refuse. Mais ne prétends pas que c'est pour les autres que tu ne nous rejoins pas.
Le ton de Panda était direct, tranchant comme une lame. Les mots frappaient là où ça faisait mal, forçant Loki à se confronter à la vérité : son refus n'était pas motivé par une noble raison, mais par la peur. Une peur compréhensible, certes, mais une peur qui risquait de condamner son ami.
— Moi, j'y vais. Ces individus ici présents, continua Panda sans hésiter à lancer des piques à ses amis désignés, viennent aussi. Continue de dessiner des lapins aux milles couleurs pendant que nous mourrons pour ta liberté !
Loki semblait digérer l'information. Naïa fixait le garçon qui semblait pas comprendre les dires, avant de récupérer un léger sourire pour demander :
« Je comprends pas... Tu veux que je te dessine des lapins multicolores ? »
Panda sautilla sur place, sa façade mystérieuse qu'il voulait avoir se brisant en milles morceaux tandis qu'il fut exaspéré.
— Fais un effort bordel ! On était sérieux !
— Comment tu veux que je te prenne au sérieux quand tu as cette tête ? rétorqua Loki tout en imitant l'expression de Panda.
Naïa pouffa légèrement derrière en voyant la grimace de Loki. Lorsque tout les regards furent braqués sur elle, elle s'enfonça davantage dans le mur.
Ce fut comme si c'était la première fois que Loki l'aperçue, étant trop focalisé sur les corps plutôt que les intervenants.
— Waouh, mais j'adore ta tenue ! Elle est trop mimi ! dit-il, les étoiles dans les yeux.
Naïa fixa sa tenue rose aux rubans, et bien qu'elle soit abîmée, elle gardait sa beauté. Elle remercia l'adolescent d'un signe de tête, tandis que Panda s'impatientait.
— Loki ! Sois sérieux !
— Mais je suis sérieux ! Sa robe est jolie !
— Viens avec nous, au moins pour sauver Leyo. On verras la suite après.
Loki hésita encore quelques secondes, mais finalement, il alla dans la pièce qui devait être sa chambre, en manquant de trébucher.
Si quelqu'un devait faire une liste de ses plus grandes terreurs, voir ses proches mourir serait sûrement en tête. Et là, il était face à la possibilité de voir son monde s'effondrer, une fois encore.
Il ne comprenait pas vraiment toute l'ampleur de ce qui se tramait, des conflits politiques ou des guerres à venir. Ces choses-là lui importaient peu. Ce qu'il voulait éviter, c'était simplement la douleur de ses amis, pendant que lui continuait à vivre dans son monde, entouré de ses fleurs et de ses rêveries.
Certains auraient pu le juger stupide. Mais ses amis proches le voyaient autrement. Pour eux, Loki était un rêveur.
Un rêveur qui croyait encore en un monde meilleur, où les aventures seraient celles de jeunes insouciants, des aventures sans violence, ni horreur.
Ce désir d'un monde utopique, il l'avait toujours entretenu, même lorsque la réalité lui démontrait l'inverse, lorsque toutes les preuves lui prouvaient que ce ne serait qu'un rêve d'enfant. Il se refusait à croire qu'il ne pouvait pas, un jour, vivre dans un endroit où la peur n'aurait plus sa place.
Leyo. Comment pouvait-il envisager la possibilité de laisser son ami d'enfance en compagnie de monstres ? Ce n'était pas une question qui pouvait se poser.
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— Cette fleure est super jolie !
— N'est-ce pas ! Mais Leyo préfère les fleurs aux couleurs sombres et qui respirent la mort...
Loki et Naïa étaient en train de cueillir des fleurs aux alentours lorsque Mina et Shai furent de retour. En attendant que la femme et Haru trouvent la localisation, combinant légendes et faits, ils eurent l'idée d'offrir quelque chose à Leyo pour fêter son retour.
Après tout, n'étaient-ils pas des enfants ?
— Où est passé Panda ? demanda finalement Naïa après avoir cueilli quelques fleurs de Larmes.
— Il est allé vers là-bas, en disant que y'a les meilleures fleurs... répondit Loki en pointant une plaine à quelques minutes de leurs emplacements.
Naïa hocha la tête, et son visage s'orienta vers les douces fleurs roses dans le jardin de son compagnon.
— Tu veux une plante ?
Naïa sursauta, et après avoir examiné la demande de Loki, accepta. Qu'elles étaient belles ! Elles sentaient aussi tellement bon que Naïa était heureuse de pouvoir les admirer.
— Tu es une abyre, c'est ça ? demanda Loki en lui tendant une tulipe.
— Oui, c'est ça. Enfin, une hybride, mais je me considère plus comme étant abyre.
— J'ai une question. C'est vrai que...
Loki s'abaissa pour chuchoter, comme s'il allait prononcer un message secret :
— Les abyres... se mangent entre eux ?
Naïa sursauta. Elle ne savait pas s'il se moquait d'elle, mais tout ce qu'elle vu dans son regard était un réel intérêt.
— Bien évidemment que non !
— Vraiment ?! Je le savais ! Palounto ne fait que de se moquer de moi !
Naïa allait répondre, mais la discussion fut coupée par la voix de Panda devenant de plus en plus forte.
— Les amis !! chantonne t-il tout en accentuant sur la dernière syllabe.
Lorsqu'il fut suffisamment proche pour qu'on puisse distinguer sa silhouette, Loki ne sut quoi faire. Dans les bras de Panda se tenaient des fleurs aux couleurs marines, avec des pétales tombantes. Avec un sourire peu rassuré, Loki prévint :
— Panda ! C'est des fleurs de nuit, leurs pétales font mal !
— Justement ! Attrape !
Et Panda jeta les fleurs vers lui et Naïa, qui esquivèrent à la dernière seconde les pétales qui pouvaient brûler la peau. Panda, avec un rire toujours aussi moqueur, continuait de viser ses amis, sans grand succès : mais les voir fuir partout était très agréable selon lui.
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— Les monstres devraient être dans cette zone. Nous partons dans cinq minutes, soyez prêts.
L'obscurité s'était installée, enveloppant le paysage d'un voile sombre, comme si la nuit elle-même se hâtait pour leur rappeler que le temps était compté. Après des heures de discussions et d'analyses, Mina et Haru avaient enfin tracé une piste. Leur conclusion : les monstres qui avaient enlevé Leyo ne se cachaient pas au cœur de la forêt, mais dans une grotte, non loin du village principal que Deyfa avait reconstruit, de la Zone de la Chair.
Haru, appuyé contre la cheminée, observait Evan, toujours inconscient.
— Je reste ici avec cet incapable, ajouta-t-il en inclinant légèrement la tête vers son compagnon. Il devrait reprendre ses esprits dans quelques heures et régénérer ses membres d'ici six heures.
— Mais... ça va ? demanda Loki après avoir constater qu'ils semblaient proches l'un de l'autre.
— Oui, il a l'habitude.
— Et toi ?
Haru ne répondit pas tout de suite. Il semblait pris de court par la question, comme s'il ne s'attendait pas à ce qu'on se préoccupe de lui. Après un long silence, il finit par dire simplement :
— Oui.
Sans perdre davantage de temps, le groupe s'élança dans la direction indiquée par Mina. Un souffle d'espoir les animait. Naïa, désormais plus alerte, semblait avoir retrouvé une partie de ses forces. Shai, après s'être légèrement reposé, marchait d'un pas assuré, prêt à faire face à ce qui les attendait, et avait également préparé de nouveaux croquis. Mais il était de même peu remis, son épuisement pouvait être ressenti. Même Panda, après des heures à récupérer, semblait revitalisé.
Ils n'avaient qu'un objectif en tête : récupérer Leyo. Dans la main de chacun des adolescents se trouvaient des fleurs, soigneusement cueillies avant leur départ. Elles étaient majoritairement sombres, mais Loki avait tout de même amené quelques fleurs aux couleurs pastels.
Mais, est-ce que Leyo sans visage était vraiment Leyo ?
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