5.
PARTIE 5
La première partie du trajet fut silencieuse, à part pour les miaulements mécontents de Murphy. Peter tenait la cage de transport sur ses genoux et regardait les immeubles défiler à travers la fenêtre. Il se sentait à la fois engourdi et tremblant, inexplicablement.
Il avait blessé Tony. Il n'avait pas voulu le blesser, mais il l'avait fait pourtant. Et maintenant il pourrait mourir en pensant que Peter s'en fichait, parce que Peter avait trop peur d'être blessé.
- Petit, dit soudainement Happy. Gamin, tu vas bien ?
Peter renifla, et réalisa qu'il y avait des larmes sur son visage.
- Ouais, marmonna-t-il. Pardon.
Il essuya ses larmes avec colère.
- Ouais, ok, dit Happy.
Il prit la première sortie et s'arrêta sur le parking d'un Burger King.
- Je vais te commander une pile de nourriture, et tu vas manger, ok ? Je vais même commander quelque chose pour ton horrible bestiole.
Peter haussa les épaules. Happy laissa échapper un long soupir avant de sortir de la voiture.
Peter laissa sortir Murphy de sa cage de transport. Murphy sauta immédiatement sur le tableau de bord et s'y étendit. Peter appuya sa tête contre la porte et prit une profonde inspiration. Il n'avait pas faim du tout. Il pensait qu'il pourrait vomir s'il essayait de manger.
Happy revint dix minutes plus tard avec un sac plein de nourriture. Il plissa les yeux quand il vit Murphy mais ne dit rien.
- J'ai réussi à lui prendre un simple steak haché, dit-il. Je t'ai pris trois cheeseburgers et trois frites, et un milkshake au chocolat. On a assez de problèmes sans que tu nous fasses une crise d'hypoglycémie.
Peter savait qu'Happy ne voulait rien dire de spécial – il l'avait entendu parler comme ça à Tony des douzaines de fois – mais ça piquait quand même. Happy avait toujours tendance à faire sentir à Peter qu'il était une sorte de problème qu'il devait résoudre. Il se redressa dans son siège et se résolut à essayer de manger quelque chose. Les cheeseburgers semblaient impossibles à avaler, mais le milkshake devrait faire l'affaire.
Peter coupa en deux le steak haché pour Murphy, et le déposa sur une serviette devant lui, sur le tableau de bord.
- Pourri gâté, marmonna Happy, comme s'il n'avait pas été celui qui avait acheté le steak pour Murphy.
Il prit une grande bouchée de son propre cheeseburger.
- Ouais, eh bien, sa famille l'a abandonné, rétorqua Peter. Il mérite d'être pourri gâté.
Happy fut silencieux pendant un moment.
- Sa famille ne l'a pas abandonné, dit-il finalement. Il n'était plus là, et ils ne savaient pas qu'il était revenu. Ils ont dû aller de l'avant, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne l'aimaient pas.
Peter se força à prendre une gorgée de son milkshake. Ça avait toujours le même goût. Les milkshakes au chocolat du fastfood ne changeraient jamais.
- Sûrement. Ça veut quand même toujours dire qu'il n'y a plus de place pour lui.
- Il y a plein de place, dit Happy en se tournant pour le regarder. Ce n'est peut-être juste plus la même.
Peter regarda ailleurs.
- Tu comprends pas.
- Non, je comprends pas, admit Happy, le surprenant.
Peter se retourna pour le regarder.
- Mais tu ne comprends pas non plus. Je ne peux pas comprendre ce que ça fait d'avoir été éclipsé et de revenir cinq ans plus tard, mais toi tu ne peux pas comprendre non plus ce que c'est d'être celui qui reste, qui doit essayer de reconstruire une vie sur des ruines. Nous devions essayer de faire en sorte que ça compte, gamin – pas seulement pour nous, mais aussi pour toi.
Peter se tut pendant un moment. Il n'avait pas vraiment essayé d'imaginer ce que ça avait dû être de se trouver de l'autre côté. Pendant quelques secondes, il imagina ce que ça aurait pu être d'être celui qui reste, sans May ou Tony. C'était horrible.
Il ferma les yeux.
- J'ai merdé. En ne parlant pas à Tony.
Happy soupira.
- Ouais. Ça t'ennuierait de me dire pourquoi ? Parce que tu as déboussolé pas mal de gens pourtant très intelligents.
- Morgan, dit Peter, et il ne dit rien de plus, pas sûr de savoir comment expliquer.
- Ah, répondit Happy.
- Elle est... elle est la fille de Tony. Elle est sa véritable fille, à lui et Pepper.
- Je peux comprendre que ça puisse sembler... compliqué.
- Ouais.
Peter aspira une brève goulée d'air tremblante.
- Le fait qu'elle me déteste n'arrange rien.
- Elle ne te déteste pas, rétorqua fermement Happy. Et même si c'était le cas, devine quoi ? Elle a quatre ans. Ceux d'entre nous qui la connaissent depuis qu'elle est née ont du mal à comprendre cette situation.
Peter se renfonça dans son siège, les mains tremblantes. Happy finit son cheeseburger et jeta le papier dans le sac. Murphy avait fini son repas et sauta aux pieds de Peter, où il se recroquevilla.
- Happy ? dit finalement Peter, doucement.
- Ouais, gamin ?
- Pourquoi Tony – pourquoi tu penses que Tony l'a fait ? Le voyage dans le temps et... et le snap, et tout ça ? Je comprends pourquoi les autres ont fait ce qu'ils ont fait, ils ont tous perdu... beaucoup. Mais Tony avait Pepper et Morgan. Et il aurait pu mourir. Il aurait pu tout perdre. Pourquoi il a fait ça ?
- Tu sais, Peter, dit Happy en regardant la route, pour un gamin intelligent, tu peux être un véritable idiot, parfois.
Peter supposa qu'il n'y avait rien à répondre à ça.
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