12.
PARTIE 12
Deux jours plus tard, Happy vint le récupérer pour le ramener en ville.
- Alors, dit Happy, alors que Peter s'asseyait sur le siège avant en disant au revoir à Tony, Pepper et Morgan, est-ce que ça valait une petite déception ?
- Ouais, plutôt, répondit Peter en lui souriant.
Happy lui sourit en retour, visiblement content de lui.
- Juste, n'en fais pas une habitude.
- Sûrement pas.
Happy s'engagea sur la route.
- Je remarque que cette bête désastreuse n'est plus là.
Peter hocha la tête, regardant par la fenêtre.
- Les Delmar sont venus le chercher. Mais ils m'ont envoyé des photos, et il a l'air vraiment heureux. Tu avais raison c'était définitivement la bonne chose à faire.
Il hésita, puis continua, peut-être de façon un peu téméraire.
- Mais, hum, est-ce qu'on peut parler à propos de prendre un nouveau chat ? J'ai vu sur Internet que les refuges étaient pleins depuis le second Snap. Je sais que tu raffoles pas des animaux –
Happy leva une main.
- Tu n'as pas besoin de babiller comme ça, Peter. Je veux que tu te sentes comme chez toi, moi aussi. On pourra en discuter.
- Merci.
Peter se relaxa, et observa le paysage défiler. Depuis que lui et Tony avaient parlé, il commençait à sentir que les choses s'arrangeaient. Les mots qui avaient bloqué sa gorge, son sternum, sa poitrine, s'étaient enfin délogés.
- Et, hum, Happy ? Merci d'avoir pris soin de May quand je ne pouvais pas. Je suis content qu'elle t'ait.
Happy lui jeta un coup d'œil, sourcils relevés.
- C'était rien, gamin. Elle a pris soin de moi aussi. Je suis vraiment content que tu sois de retour maintenant. Tu n'as jamais cessé de nous manquer. Tout comme à Tony.
- Je sais, répondit Peter, en le croyant enfin.
Il était sûr qu'il y aurait d'autres moments de doutes, derrière l'horizon, mais pour le moment, ça avait l'air possible. Ils avaient dû aller de l'avant, mais il n'avait jamais été oublié. Il n'avait jamais cessé de leur manquer ou d'être aimé. Penser le contraire était... eh bien, il était presque sûr de savoir ce que c'était, c'est pourquoi il avait parlé à Pepper, juste avant de partir, pour lui demander si elle pouvait essayer de lui trouver un thérapeute en ville. L'attente pour ce genre de médecins était très longue en ce moment, mais elle avait dit qu'elle ferait du mieux qu'elle pouvait.
Happy et lui écoutèrent des podcasts tout le long du trajet. May était supposée préparer le dîner – ce qui voulait dire réchauffer les plats qu'Happy avait faits – donc ils ne s'arrêtèrent pas, roulant directement jusqu'en ville. Le temps qu'ils garent la voiture dans le garage de l'immeuble d'Happy – leur immeuble – Peter était affamé et agité.
May l'accueillit avec une longue étreinte et un baiser sur la joue. Peter n'essaya pas de se dégager ; il savait qu'il l'avait inquiétée.
- Comment était ton séjour ? lui demanda-t-elle en le laissant finalement partir.
- Bien, répondit Peter en souriant.
- J'en suis contente. Va mettre tes affaires dans ta chambre, le dîner est presque prêt.
Peter récupéra son sac qu'il avait posé par terre et longea le couloir qui menait à la chambre d'amis qu'il occupait. La porte était fermée, alors il l'ouvrit et alluma la lumière, mais il s'arrêta subitement dans son élan.
La chambre avait été complètement refaite.
Ça ressemblait à un mix entre la chambre qu'il avait dans leur ancien appartement et celle qu'il avait au Complexe. Un mur était peint dans un bleu sombre ; les autres étaient d'une couleur crème apaisante. Il y avait une nouvelle bibliothèque remplie des mêmes livres qu'il possédait avant le Snap – des romans de Star Wars, Discworld, tous les Harry Potter, et Le guide du voyageur Galactique. Des posters de films en tous genres jusqu'au plus récent Star Wars – ou en tout cas, le plus récent dont Peter se souvenait – décoraient les murs de la pièce, accompagnés de photos de lui, May et Ben. Il y en avait quelques-unes de Tony aussi, réalisa Peter, en regardant plus près, et même de Tony et Pepper le jour de leur mariage.
- J'espère que ça ne te dérange pas que j'aie rajouté celles-ci, dit doucement May derrière lui. Je sais que tu n'étais pas là, mais on a pensé à toi toute la journée.
- Non, ça va. C'est bien.
Peter tourna lentement sur lui-même, regardant le nouveau bureau avec le nouvel ordinateur, le lit – grande taille avec des tiroirs en-dessous – et même un petit coin avec un fauteuil confortable. La couverture du lit était bleue, aussi, mais May avait rajouté des coussins rouges pour rappeler les couleurs de son costume.
- Le fauteuil c'est pour quand Ned viendra, dit May. Et j'ai pensé qu'il était temps de te donner un lit plus grand. Le bleu te convient ? Le rouge semblait un peu trop vif pour la pièce.
- J'aime vraiment beaucoup le bleu. Tu as fait ça en deux jours ?
May acquiesça. Ses yeux brillaient.
- J'ai vraiment envie que tu te sentes chez toi, Peter. C'est ta maison. Happy a beaucoup aidé, il a fait venir quelqu'un d'autre pour peindre plus vite. On a rangé toutes les affaires nous-mêmes. Est-ce que... est-ce que tu aimes ?
- Je l'adore, dit Peter en passant ses bras autour d'elle. Merci. Je suis désolé de t'avoir inquiétée.
- C'est pas grave, bébé. M'inquiéter c'est mon boulot. Je suis juste contente de te voir sourire à nouveau.
Elle s'écarta de lui mais garda un bras autour de ses épaules.
- Allez, à table. Comme ça tu pourras tout me raconter.
Cette nuit-là, Peter se coucha dans son nouveau lit avec son nouvel ordinateur et son nouveau téléphone. Il alternait entre texter à Ned – qui était finalement revenu en ville – et chercher un chat dans les refuges, sur le site de la ville. Pepper lui avait envoyé par messages les noms de deux thérapeutes avec lesquels il pourrait prendre rendez-vous, et Tony avait commencé à lui envoyer de esquisses pour son nouveau costume de Spider-Man.
La vie semblait presque... normale. Il ne pensa pas trop ni n'écouta les bruits de la ville qui essayait toujours de gérer les conséquences du Snap. Bien assez tôt, il le savait, il serait de nouveau dehors, soit en tant que Spider-Man, soit en tant que ce bon vieux Peter Parker, mais ce soir, il restait à l'intérieur.
Son téléphone sonna, indiquant un appel vidéo de Tony juste au moment où Peter songeait à rejoindre May et Happy dans le salon, où ils regardaient la télévision. Peter répondit.
- Hey !
- Saluuuuuuuuut Peteeeeeeeer ! résonna la voix de Morgan, au moment où son visage apparaissait sur l'écran.
Peter cligna des yeux.
- Hey, Morgan. Est-ce que tu as volé le téléphone de ton père ?
- Non, il est là lui aussi.
- Salut, Pete, dit Tony en apparaissant derrière l'épaule de Morgan.
Elle avait l'air assise sur ses genoux.
- On voulait juste te saluer avant d'aller dormir. Tu veux te joindre à nous pour l'histoire ?
- Bien sûr, répondit Peter, si ça ne dérange pas.
- Cool, mais c'est moi qui choisis ! déclara Morgan. Je veux lire Le pigeon a besoin d'un bain.
Elle leva le livre pour que Peter puisse voir la couverture.
- Un de mes préférés, dit Tony en mettant ses lunettes sur son nez.
- Papa aime le pigeon parce qu'il est un peu bébête, lui confia Morgan.
Peter eut un rictus amusé. Il s'installa, serrant un coussin contre sa poitrine. Il ne savait pas vraiment comment Tony avait fait tenir le téléphone, mais il avait une vue parfaite sur les deux, alors que Tony ouvrait le livre et commençait à lire. Tous deux avaient créé un système pour gérer l'absence du bras de Tony : il tenait le livre, et Morgan tournait les pages.
Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas lu d'histoire à Peter pour dormir. C'était étrangement rassurant. C'était important, il en était sûr, d'être invité pour un rituel du coucher que Tony et Morgan devaient avoir depuis qu'elle était assez grande pour suivre l'histoire. Il pouvait imaginer Tony avec Morgan bébé, la berçant et lui lisant des histoires.
Dans un autre univers, Peter imagina qu'il avait été là pour tout ça. Pour le mariage de Pepper et Tony, pour la grossesse de Pepper, pour la naissance de Morgan, pour toutes les étapes importantes. Dans cet univers, il était sûr qu'il aurait aimé Morgan inconditionnellement à partir du moment où Tony l'aurait placée dans ses bras et l'aurait appelée sa petite sœur.
Ces moments-là ne reviendraient jamais. Il ne la verrait jamais nager ou marcher pour la première fois, il ne changerait jamais sa sucette ou n'entendrait son premier mot. Il avait manqué tout ce temps, avec Tony et Morgan, et ça faisait mal. Mais il pouvait se faire d'autres souvenirs, aller de l'avant. Et en cet instant, il était possible de croire qu'un jour, il regarderait Morgan et n'y verrait pas le souvenir de ces cinq années perdues. Un jour, ils passeraient au-dessus de tout ça.
A la fin du livre, Morgan s'était tue, appuyée lourdement contre la poitrine de Tony. Tony la berçait doucement. Le sourire qu'il lança à Peter était extrêmement doux.
- Merci de nous avoir rejoint pour l'histoire, Pete.
- Merci de m'avoir laissé vous rejoindre, répondit Peter en parlant doucement.
- Je t'aime, dit Tony. Dors bien, d'accord ?
- Je t'aime aussi. On se parle demain ?
- Évidemment. Bonne nuit.
- Bonne nuit.
Peter raccrocha. Il gît dans son lit pendant un moment, observant fixement le plafond.
May y avait collé des étoiles, se rendit-il compte. Comme dans l'autre chambre qu'il avait dans leur ancien appartement. Oncle Ben les avait installées quand Peter avait sept ans et peur du noir. Peter ne les avait jamais enlevées.
- Ce sont les mêmes étoiles, tu sais, dit May.
Peter tourna la tête et la vie dans l'embrasure de la porte.
- Je les ai enlevées quand on a déménagé, et je ne pouvais pas les jeter ou les mettre dans un box de stockage. Alors les voici. Je sais que tu es un peu grand pour ça maintenant.
Peter secoua la tête.
- Elles sont parfaites.
May acquiesça, ses yeux un peu trop brillants. Elle se râcla la gorge.
- Tu veux regarder un film ?
- Ouais.
Peter s'assit.
- Tu crois qu'on peut demander à Happy de regarder un des Star Wars que j'ai manqué ?
May lui lança un sourire espiègle.
- Je pense, oui. Surtout maintenant que les Parker ont la majorité dans cette maison, pas vrai ?
Peter rit. Il se leva du lit. May enroula un bras autour de ses épaules et ils allèrent au salon, et pour la première fois depuis qu'il était revenu, Peter savait qu'il y avait sa place.
FIN
Merci à tous d'avoir lu. J'espère que l'histoire vous a plu autant qu'à moi.
Prenez soin de vous, en ces temps compliqués. <3
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