CHAPITRE 8
8
J'ai un plan !
KARA
Installée dans les gradins comme quasiment à chaque entraînement de Taylor, j'observe le match de fin d'entraînement tout en grignotant mes Pocky à la fraise. Et comme toujours, je n'ai d'yeux que pour mon meilleur ami. Faut dire que j'adore le voir dans sa tenue de basket, il est tellement sexy que je n'arrive pas à détacher mon regard de lui. J'aime le voir courir, le voir sauter pour lancer ou encore pour dunker. Vu de l'extérieur, je dois sûrement avoir l'air d'une stalkeuse, mais je m'en fou. Je ne me lasserai jamais de le regarder jouer.
— Parfois, je me demande si ton coloc n'est pas un peu débile.
Je fais volte-face et fixe Dakota qui elle mate toujours le match.
— Comment il fait pour ne pas se rendre compte que sa meilleure amie est grave amoureuse de lui ? poursuit-elle sérieusement. Franchement, ça crève tellement les yeux. Tu viens à chaque entraînement, t'es aux petits soins pour lui, il ne voit pas que tu lui es encore plus dévouée que si t'était sa meuf.
— Je...
— Y'a quand même un monde entre la forte amitié et l'obsession, me coupe-t-elle. Il est aveugle ou quoi ?
— Hey ! Je ne suis pas obsédée ! je m'offusque.
— Si. Un petit peu, se moque mon amie en rapprochant son pouce et son index.
— Avoir envie d'être plus qu'une amie à ses yeux, ce n'est pas un crime.
— Mmm... c'est sûr. En tout cas, quand je te vois comme ça, je suis heureuse de me contenter uniquement de sexe. L'amour ça craint un max quand même.
Je hoche la tête pour confirmer. Ce n'est pas moi qui vais la contredire. Évidemment que l'amour ça craint à mort, mais je suppose que c'est aussi génial quand les deux personnes s'aiment mutuellement. Parce que soyons honnête, aimer à sens unique c'est naze et ça fait méchamment souffrir.
— Tiens ! s'exclame soudainement Dikey, me faisant légèrement sursauter. On dirait qu'il y a encore une embrouille entre les joueurs.
Mon bâtonnet recouvert de glaçage rose au goût très prononcé de fraise pincé entre mes lèvres, j'observe attentivement le terrain et je constate que Dakota dit vrai. Pour la deuxième fois depuis le début de l'entraînement, Taylor se dispute avec un autre joueur.
— J'ai l'impression que ces deux-là ne s'apprécient pas beaucoup, dis-je sans les quitter des yeux alors qu'ils se prennent la tête au milieu du terrain. Ce n'est pas la première fois que ça arrive cette semaine.
— Ce mec... celui qui s'embrouille avec Taylor, il n'était pas dans l'équipe avant, si ?
Je croque rapidement mon bâtonnet et plisse les yeux pour essayer de mieux voir son visage.
— Non... d'ailleurs... je crois que c'est le gars que j'ai bousculé l'autre fois dans le couloir. Tu sais, quand je suis retourné chercher ma veste.
— Mmm... il est plutôt pas mal, avoue la brune. Tout à fait ton genre.
Je lève les yeux au ciel.
— N'importe quoi.
— Si, c'est clairement ton genre de mec et en plus, on dirait que ton coloc d'amour et lui ne se supportent pas.
— Pourquoi j'ai l'impression que t'as une idée débile derrière la tête, je grogne en espérant me tromper.
— Kara... réfléchis ! C'est carrément lui le gars qu'il te faut !
— Le gars qu'il me faut pour quoi ?
— Pour faire vriller Taylor !
Je fronce les sourcils et Dakota fait claquer sa langue, agacée.
— Je m'explique, jusqu'à maintenant Taylor se fiche clairement des mecs avec qui tu sors, vrai ou faux ?
— Vrai, je marmonne.
— Supposons que s'il agit comme ça, c'est uniquement parce qu'il ne les voient pas comme des rivaux.
— Taylor ne peut pas les considérer comme tel puisqu'il ne ressent rien pour moi, je soupire.
— Certes. Mais peut-être qu'il réagirait différemment si tu te rapprochais, je ne sais pas... d'un mec comme lui. Un mec super canon qu'il verrait directement comme un ennemi.
— C'est débile.
— Non, c'est du génie ! s'extasie ma copine. Le petit brun est le mec idéal pour faire réagir Taylor une bonne fois pour toutes. Ils sont dans la même équipe, ils ont l'air de ne pas beaucoup s'apprécier et en prime, c'est un canon. Franchement tu ne perds rien à essayer.
— Je ne ferais pas ça !
— Et pourquoi pas ?
Je soupire longuement et observe silencieusement le joueur qui porte le dossard bleu. Séparé de Taylor puisque deux joueurs se sont mis entre eux pour les éloigner, il parle en retrait avec l'un de ses coéquipiers. Un métisse qui aurait déjà dû taper dans l'œil de la sauvage assise à côté de moi.
— Tu avais dit que tu serais prête à faire n'importe quoi pour sortir avec ton meilleur ami, ajoute la brune.
— Je me souviens très bien de ce que j'ai dit.
— Dans ce cas, pourquoi t'hésite ?
Les yeux toujours rivés sur le terrain de basket, je me mords la lèvre inférieure nerveusement. Jusqu'à maintenant quand je sortais avec des mecs du campus, je culpabilisais tellement de les utiliser que je mettais rapidement fin à notre relation. J'ai beau vouloir Taylor de toutes mes forces, je ne me vois pas utiliser quelqu'un pour arriver à mes fins.
— Tu sais, je ne dis pas qu'il faut que tu ailles jusqu'à te glisser dans son lit, mais tu pourrais peut-être faire ami-ami avec ce gars histoire de voir comment Taylor réagi.
— Mmm... je lâche ne sachant pas quoi répondre d'autre.
— Hey ! Je te rappelle au cas où tu l'aurais oublié, mais il ne te reste pas beaucoup de temps pour que ton coloc de rêve te tombe dans les bras.
— Je sais... quatre mois.
Dakota me lâche un petit sourire encourageant et je soupire lasse avant de poser mes avants bras contre la rambarde en métal rouge pour m'y affaler. Le regard fixé sur le terrain, je continue d'observer ce fameux joueur qui porte le dossard bleu numéro 3.
— On dirait bien que le match d'entraînement se termine plus tôt que prévu, je lâche d'un air maussade.
— Pas étonnant, ils ne font que s'embrouiller au lieu de jouer.
Je hoche vaguement la tête et me lève.
— On y va ? je propose pour mettre un fichu point final à cette conversation.
Dakota acquiesce et je récupère mes affaires en faisant bien gaffe à ne rien oublier cette fois, puis nous quittons les gradins. Une fois dehors, on s'installe sur un banc à quelques mètres du gymnase pour attendre Taylor. Perdue dans mes pensées, je fixe mes baskets tandis que Dikey, elle, pianote silencieusement sur son téléphone.
— Tu devrais quand même te renseigner sur lui, déclare finalement la brune sans même lever le nez de son téléphone. Questionne Taylor, demande-lui pourquoi il ne s'entend pas avec lui.
— Tu n'as pas l'intention de lâcher l'affaire, pas vrai ?
— Je ne veux que ton bonheur, répond-t-elle en souriant de façon exagérée. Même si ça veut dire que je dois t'encourager à sortir avec ce débile.
— Tu dois vraiment être en manque de cul pour être autant à fond sur mon histoire inexistante avec Taylor, je rétorque pour me venger.
— Connasse !
J'éclate de rire et ma reloue de copine en fait tout autant. Je sais bien que si elle est comme ça avec moi, c'est parce qu'elle voudrait que je sois heureuse, même si c'est avec mon meilleur ami. Dakota ne le déteste pas, simplement elle ne comprend pas que je puisse être autant amoureuse de lui en sachant qu'il se tape pratiquement tous les vagins du campus. On dit que l'amour rend aveugle, ce qui dans mon cas n'est pas faux. On a dû me crever les yeux dans mon sommeil pour que je sois autant accro à une traînée pareil.
À cette simple pensée, je me pince les lèvres pour m'empêcher de rire quand Taylor, accompagné de deux autres mecs de son équipe, passent la porte du gymnase. Et bien sûr, mon abruti de coeur s'affole comme chaque fois que je pose les yeux sur lui. Parfois, j'avoue que je me filerais bien quelques baffes pour me remettre les idées en place.
— Bon ! J'y vais moi, m'annonce Dakota tout en rangeant son portable dans son manteau. Et n'oublie pas de lui poser des questions sur « tu sais qui ».
J'acquiesce d'un hochement de tête et elle s'éloigne.
— J'avais des doutes, mais on dirait bien que ta pote ne m'aime pas.
Je sursaute et me retourne, mais surprise de voir le visage de Taylor tout près du mien, je fais rapidement un pas en arrière.
— Da...Dakota ? je bégaie de nervosité. Non, elle ne te déteste pas pourquoi tu dis ça ?
— Parce que chaque fois que je m'approche de toi, elle se casse. C'est vexant.
J'étouffe un rire.
— Pauvre chéri, c'est vrai que tu n'as pas l'habitude de voir une fille te fuir vu qu'elles se jettent toutes à tes pieds.
— Ce n'est pas sur mes pieds qu'elles se jettent.
— Ça va, la ferme ! je peste, agacée.
Taylor sourit franchement et je soupire en me retenant de lever les yeux au ciel.
— Plus sérieusement, t'as un truc de prévu là tout de suite ?
— Non. Pourquoi ?
— Un mec de ma classe m'a parlé d'un nouveau café qui a ouvert sur le campus, ça te dit d'y aller ?
— Mmm... d'accord, mais c'est toi qui invites.
— Tsss... je déteste quand tu dis ça, râle mon meilleur ami. Tu vas encore me coûter une blinde, t'es un putain d'estomac sur pattes.
— N'importe quoi ! je m'offusque.
— Si ! Tu bouffes tout le temps et pourtant t'es toujours une crevette, c'est dingue !
— La ferme !
Taylor éclate de rire, puis il enroule son bras autour de mon cou pour m'attirer contre lui. Mon corps heurte légèrement le sien et ses magnifiques yeux bleus plongent dans les miens.
Embrasse-moi.
Mon corps hurle chacun de ces mots chaque fois qu'il me regarde de cette façon. Comment ne peut-il pas le voir ? Je brûle d'amour pour lui depuis cette foutue nuit.
— Quoi ? lâche-t-il soudainement en constatant que je le fixe bêtement.
— Rien, je mens alors qu'une fois de plus, j'étais perdue dans ses yeux couleur océan.
— Menteuse. Tu veux un bisou ?
— Qu... ça ne va pas la tête ! je m'écrie en me dégageant de sa prise pour mettre de la distance entre nous.
— Bah quoi ?! Ça serait pas la première fois !
— Peut-être, mais garde ta bouche loin de moi espèce de crétin !
— Ça va, je plaisantais. Et puis, c'est pas très moral de fourrer sa langue dans la bouche de son adorable petite sœur de toute façon.
Aïe. Douleur. J'ai mal au coeur.
— ... ce n'est pas comme si on était liés par le sang, je soupire, ennuyée par ce qu'il vient de dire.
— Quoi ?
— Rien. Bon, on fait quoi ? On y va dans ce café ? je propose pour changer de sujet.
Taylor acquiesce et nous marchons jusqu'au fameux café. Et en passant la porte de celui-ci, je comprends tout de suite pour qu'elle raison son pote le lui a fortement conseillé. Toutes les filles qui travaillent ici sont de véritables canons, à croire qu'elles ont été recrutées pour leur physique de rêve et non pour leurs compétences. Loin d'être étonnée à l'idée qu'on ai pu lui conseiller un endroit pareil, j'esquisse un sourire et passe commande auprès de la jolie brune au regard de biche qui se tient derrière le comptoir et qui dévore Taylor sans retenue.
Nos boissons chaudes en mains, nous nous installons autour d'une table légèrement en retrait et tout près d'une fenêtre. Alors que mon meilleur ami est en pleine conversation téléphonique avec je ne sais qui, je savoure mon chocolat chaud recouvert d'une tonne de crème fouettée aromatisée à la fraise tout en essayant de ne plus penser à cette histoire de bisou.
Mais et si j'avais dit oui ?
Je secoue la tête et chasse une bonne fois pour toute cette histoire absurde quand Taylor met fin à sa conversation téléphonique. Il pose son iPhone sur la table et saisit son gobelet pour en boire le contenu.
— Désolé, s'excuse-t-il entre deux gorgées. Je devais prendre cet appel.
Je balaie ses excuses en secouant la tête et il poursuit :
— Certains de mes coéquipiers font partie d'une fraternité et ils organisent une soirée en l'honneur de l'équipe. C'est vendredi, ça va être une dinguerie, ça te dirait de venir ?
Je fronce le nez, loin d'être emballée d'y aller comme chaque fois qu'il me le propose.
— Allez Cupcakes ! Viens, ça te changera de tes soirées enfermée à la maison.
— J'aime bien être à la maison, moi. Ça ne me dérange pas.
— T'es vraiment chiante. Ça te tuerait de venir au moins une fois ?
— Pour info, je suis déjà venue à l'une de tes soirées en début d'année.
Taylor lève les yeux au ciel et je me cache derrière mon gobelet.
— OK... alors si j'arrive à deviner la couleur de ta petite culotte, annonce-t-il fièrement, tu seras obligé de m'accompagner.
— Sérieusement ? je réplique en grimaçant.
Cet idiot souris tout en promenant son regard sur moi, ce qui me fait rougir instantanément.
— Je n'ai jamais dit que...
— Rose.
J'écarquille les yeux de surprise et manque de m'étouffer avec ma salive.
— J'ai raison, pas vrai ?! répond fièrement mon meilleur ami.
Agacée, je m'affale dans mon siège et lui lance un regard mauvais.
— Crétin !
— Tu ne me demande pas comment j'ai deviné ? s'amuse cet imbécile.
— Mmm... tu m'as sûrement maté pendant que je m'habillais ce matin. Venant de toi ça ne m'étonnerait pas, t'es un vieux pervers.
Taylor éclate de rire et je sens mes joues s'échauffer à l'idée qu'il ait pu réellement faire un truc pareil.
— T'as une sale opinion de moi, c'est sympa ! Plus sérieusement, on vit ensemble depuis la rentrée et tu es ma meilleure amie depuis pas mal d'années, je pense quand même te connaître un peu.
— Et donc ?
— Et donc, la plupart de tes sous-vêtements sont roses vu que c'est ta couleur préférée.
— Je ne porte pas que du rose.
— Peut-être, mais aujourd'hui c'est le cas. Et tu ne peux pas dire le contraire, la bretelle de ton soutif dépasse de ton T-shirt.
Je baisse aussitôt la tête pour vérifier et tire sur mon T-shirt pour le remettre en place.
— Bref, j'ai gagné, tu m'accompagnes à la soirée.
— J'avais pas accepté de jouer à ton jeu débile.
— Dommage.
Mon meilleur ami se lève, faisant racler les pieds de sa chaise sur le sol. Curieuse, je fronce les sourcils.
— Où tu vas ?
— Aux chiottes.
— Classe.
Il me balance un clin d'œil et s'éloigne. Agacée, je soupire longuement quand son portable se met à vibrer sur la table. Je me penche en avant et beaucoup trop
curieuse, je jette un œil à l'écran pour lire le texto qu'il
vient de recevoir, mais je regrette aussitôt mon choix.
« Salut Taylor, t'as déjà des plans pour la soirée de vendredi ? Si c'est pas le cas, je veux bien être ta copine de soirée. Premier arrivé, premier servi. Je laisserai ma petite culotte chez moi 😋 »
Je grimace de dégoût et me rencogne dans mon siège. Cette fois je n'ai plus le choix, je suis obligé d'y aller à cette foutue soirée. Et je compte bien rester collée à Taylor comme un chewing-gum pour éviter que des vipères comme elle ne s'en approche. Jusqu'à maintenant, elles avaient le champ libre, mais cette fois, je ne laisserai aucune fille de la soirée me le voler.
————————————
Merci pour votre lecture,
Belle journée à vous mes guimauves !
Love ❤️ Lina
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro