CHAPITRE 3
3
Bite magique
KARA
Le nez dans mon téléphone, j'envoie un message à Dakota, une fille de ma classe avec qui je suis devenue très amie quelques jours après la rentrée, pour lui dire que je suis sur la route. Habituellement, je suis déjà sur le campus à cette heure-ci, mais avec la nuit merdique que j'ai passée, je n'ai pas entendu mon réveil sonner.
Parfois, je regrette de ne pas avoir de chambre en cité U pour mon sommeil et ma santé mentale, mais il y a tous ces petits moments que je passe avec Taylor qui me font changer d'avis et me confortent dans mon choix. Celui d'avoir accepté de vivre en coloc avec cet imbécile. Dans mes rêves vivre avec lui était magique, mais la réalité est loin d'être aussi idyllique. Je suis secrètement amoureuse de mon meilleur ami qui s'avère être une véritable traînée.
Si j'étais une fille normale, j'aurais un méga crush pour un mec ordinaire, un mec rencontré sur le campus ou à la bibliothèque, voir même à l'épicerie du coin de ma
rue. Mais non, moi je préfère faire dans le compliqué. Je suis la fille un peu débile dans les séries américaines, la bonne copine qui fait toujours les mauvais choix, celle qu'on laisse faire parce que bêtement, ça nous fait rire de la voir galérer autant. Franchement je m'exaspère de me voir m'accrocher désespérément à un rêve débile.
Je lève les yeux au ciel, fatiguée de ressasser inlassablement les mêmes pensées et presse le pas. Arrivée sur le campus, je mets la main sur une petite brique de lait à la fraise lorsque je croise le premier distributeur qui se trouve sur ma route et fonce jusqu'à la bibliothèque où mon amie m'attend. Comme chaque mercredi matin depuis deux semaines, Dikey et moi on s'y donne rendez-vous afin de bosser nos cours en vue de nos prochains examens. Ce qu'il y a de bien à bosser ensemble, c'est que nous sommes complémentaires puisque j'excelle dans les matières où Dakota pêche et inversement.
Honnêtement, je suis heureuse d'avoir rencontré une fille comme elle. En dehors de Taylor, Dikey est ma seule amie et je passe littéralement tout mon temps avec elle quand je ne suis pas avec lui. J'adore cette jolie brune aux origines bulgares. Car en plus d'être magnifique, elle est drôle, pleine de vie, rayonnante, même si elle est aussi un peu excentrique par moment et je ne parle même pas de son addiction au sexe. Dakota collectionne les mecs autant que Taylor collectionne les filles. À la seule différence, c'est que lorsque Dikey couche avec un mec, elle ne me brise pas le coeur contrairement à certains.
Et quand on parle du loup...
Dakota me fait signe depuis la première marche du bâtiment en vieilles briques rouges qui abrite la bibliothèque. Je lui souris et elle me le rend aussitôt. C'est ce que j'aime aussi chez elle, quand je me sens déprimée, il me suffit de passer du temps avec elle et au bout de quelques minutes, je me sens mieux. Un vrai petit rayon de soleil.
— Oya ! s'exclame la brune en souriant un peu plus.
— Salut ! Désolée de t'avoir fait attendre, c'est à cause de...
— Attends ! me coupe-t-elle. Ne me dit rien, je parie que c'est encore à cause de Taylor.
J'acquiesce d'un hochement de tête et Dikey lève les yeux au ciel.
— Tu sais, il reste une place dans ma chambre. Mes colocs sont sympas et elles ne râlent même pas quand je geek au beau milieu de la nuit.
— C'est gentil, mais j'adore l'endroit où je vis, c'est simplement que Taylor abuse légèrement sur le nombre de filles qu'il ramène.
— Faut dire qu'avec toutes les meufs qui gravitent autour de lui, il n'a que l'embarras du choix.
— Mmm...Si seulement il pouvait y en avoir un peu moins. Juste un petit peu, je soupire déprimée.
— Pour ça, il faudrait qu'il chope une MST ou qu'il devienne impuissant, déclare fièrement la brune.
Je pouffe et elle me balance un clin d'œil.
— Et si on allait réviser, ça t'évitera de dire des conneries, dis-je en plaquant une main sur son dos pour la pousser à avancer.
Dikey grimpe les trois marches qui mènent à l'entrée du vieux bâtiment et une fois à l'intérieur, nous traversons
la bibliothèque pour aller nous installer à une table libre, près d'une baie vitrée.
Je pose ma petite brique de lait sur la table, tire une chaise silencieusement et m'installe pour réviser. Alors que je bosse mon anglais depuis une bonne vingtaine de minutes, Dakota balance rageusement son téléphone dans son sac.
— Super ! J'ai encore perdu un pénis.
Je relève la tête et hausse un sourcil, perplexe.
— Mon dernier plan cul régulier m'a lâché, poursuit-elle. Une vraie bande de connards. Ils me sortent tous des « je vais te satisfaire comme jamais, bla-bla-bla » et au bout de quatre jours, y'a plus personne.
J'éclate de rire et plaque mon bouquin contre mon visage pour l'étouffer afin de ne pas trop me faire remarquer étant donné l'endroit où l'on est.
— Attends ! Mais c'est sérieux là !
— Et ça t'étonne ? Je te rappelle que t'es une accro au sexe. Tu leur fais peur avec ta libido hors norme.
— Tu parles, je ne demande pas la lune. Je rêve juste d'une bite massive qui saura me satisfaire jour et nuit.
Cette fois, j'éclate franchement de rire face à son choix de mots et plusieurs personnes nous rappellent à l'ordre avec des « chut » agacés. Sérieusement, pourquoi cette idiote choisie toujours la bibliothèque pour me parler de ses histoires de cul.
— Franchement, les mecs sont incroyables, marmonne-t-elle.
— Je ne m'en fais pas pour toi. Te connaissant, tu vas vite la trouver ta bite magique. Le genre qui pourra te satisfaire jour et nuit.
— Ma bite magique ? Putain, j'adore ! s'exclame mon amie les yeux pleins d'étoiles.
Je ris à nouveau et une nouvelle vague de « chut » s'élève autour de nous. Dikey leur tire la langue tandis que je plaque mes mains sur ma bouche pour couvrir mon fou rire.
— C'est quoi ces relous ? râle-t-elle en refermant son bouquin. Ils commencent à me gonfler avec leurs « chut » à la con.
Je me pince les lèvres pour m'empêcher de rire à nouveau et ferme aussi mon bouquin d'anglais.
— D'ailleurs, en parlant de bite magique, chuchote-t-elle cette fois, j'en connais une qui ferait bien de se trouver un magicien pour ensorceler son vagin.
— La ferme, je grogne tout en faisant mine de chercher un truc dans mon sac pour éviter la conversation.
— Quoi ? C'est vrai, si je me souviens bien le dernier mec avec qui t'es sortie, c'est... heu... le mec super mignon de deuxième année. Tu sais... le petit brun. Comment il s'appelait déjà ?
— Miles. Ce n'était pas vraiment sérieux. On est sorti ensemble, quoi... trois jours. En plus, il ne s'est rien passé.
— Pourtant il était super hot ! insiste Dakota. Pourquoi ça s'est terminé déjà ? Ah oui ! Ce mec n'était pas Taylor.
Je lève les yeux au ciel, me rencogne sur ma chaise et croise les bras.
— Aucun d'eux ne sera Taylor, poursuit-elle. Et je ne sais pas si tu as remarqué, mais ton fantasme, là, il se fiche royalement de te voir sortir avec un mec. Tu as beau essayer de le rendre jaloux, ça ne marche pas. Peu importe le mec que tu choisis.
— Je suis au courant... je souffle, agacée.
— Ça me fait de la peine de te voir comme ça. Pourquoi tu lui dis pas franchement. Dis-lui clairement que t'es raide dingue de lui et on en parle plus.
— Jamais de la vie ! je crache, paniquée à l'idée de faire une chose pareille. Taylor est mon meilleur ami, je préfère encore l'aimer en secret plutôt que de risquer de le perdre.
— Qui sait ? Si ça se trouve, il te kiffe aussi. Peut-être que se taper tout le campus c'est sa façon un peu tordue d'attirer ton attention.
— Tout le campus, ouais... je répète ennuyée.
— Enfin pas tout, affirme mon amie en souriant. Il y a au moins une fille qu'il ne touchera jamais.
Je souris, faiblement. S'il y a bien une personne que je ne verrais jamais approcher le lit de mon meilleur ami, c'est bien Dakota. Premièrement, il ne l'intéresse pas. Dikey a un faible pour les métis et deuxièmement, j'ai confiance en elle. Car même si nous sommes amies depuis près de six mois maintenant, je sais qu'elle ne me ferait jamais un coup pareil. Et puis, elle sait à quel point Taylor compte pour moi.
— N'empêche, il doit bien y avoir au moins un mec sur ce campus capable de rendre Taylor jaloux. Et si c'est le cas, il nous suffit de le trouver.
— Tu dis ça comme si tu devais absolument accomplir une mission pour sauver le monde.
— Je ne veux pas sauver le monde, je veux sauver l'imbécile de petit coeur de ma copine.
Je lui tire la langue.
— Bon ! On devrait y aller sinon on va louper le début du cours, je déclare pour clore le sujet Taylor.
La brune approuve et une fois nos affaires rangées et ma brique de lait récupérée, nous quittons la bibliothèque.
Plongée dans une conversation passionnante concernant un nouveau jeu vidéo sur le point de sortir, nous traversons l'immense campus en direction de l'entrée nord afin d'atteindre notre école. Et quand je dis, immense, c'est parce qu'il l'est vraiment.
L'Académie Seuli regroupe deux écoles reliées par un seul et même campus. L'université Blackwell, où Taylor étudie le marketing et où l'on peut trouver d'autres cursus et l'école d'Art et de Design McKinley, où Dakota et moi étudions
Toutes les deux en première année d'animation et conception 3D, on suit une licence qui s'étend sur quatre ans. En théorie, on est censée étudier deux ans ici et deux ans à Okinawa, au Japon pour nous spécialiser dans l'animation japonaise. Pour être franche, je ne sais pas si Dakota ira, car on a la possibilité de continuer tout le cursus ici, mais en ce qui me concerne j'irai faire mes deux dernières années là-bas.
Au moins, si je n'arrive pas à avoir Taylor d'ici cet été, j'aurai une année entière pour tenter de l'oublier et si je n'y arrive pas, les milliers de kilomètres qui me sépareront des États-Unis une fois à Okinawa, me permettront sûrement de l'oublier une bonne fois pour toutes.
Ou pas...
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