CHAPITRE 21
21
Rencard
KARA
Plongée dans mon bain, le corps recouvert de mousse jusqu'au menton, je rêvasse tout en soufflant dans le cercle que j'ai formé avec mon pouce et mon index afin de faire des petites bulles. Depuis mon tête-à-tête avec Kôme à la bibliothèque, je suis un peu perturbée. Mon coeur réagit bizarrement quand je suis avec lui et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Quand je suis près de Taylor il déraille et c'est normal, mais maintenant quand je suis avec Kôme il a tendance à réagir un peu pareille. Pourtant je n'aime pas Kôme. Enfin, je l'aime bien, c'est un mec génial et j'aime passer du temps avec lui, mais je ne l'aime pas autant que je peux aimer mon meilleur ami alors, pourquoi ce sentiment ?
Totalement larguée, je gonfle mes joues et m'enfonce dans l'eau jusqu'à mettre la tête en dessous. C'est tellement le bordel dedans ces derniers temps, que je peine à réfléchir correctement. Pourquoi les filles se prennent autant la tête comme ça ? Ou peut-être que c'est simplement moi. Dakota n'a pas l'air de réfléchir autant, je crois, plutôt qu'elle agit à l'instinct. Si elle a faim, elle mange. Si elle est fatiguée, elle dort. Si elle veut un mec, elle le prend. J'aimerais pouvoir être comme ça moi aussi, ça me faciliterait franchement la vie. Mais je ne suis pas comme elle.
Non, moi je choisis toujours le chemin le plus compliqué.
À bout de souffle, je libère l'air que je retenais et remonte à la surface. Je m'essuie le visage pour en ôter la mousse quand la porte de la salle de bain s'ouvre à la volée. Taylor entre dans la pièce et je me cache du mieux que je peux avec mes bras, l'eau et la mousse.
— Hey ! Qu'est-ce que tu fous ? je m'écrie paniquée et gênée qu'il me voie nue.
— Je t'ai appelé, mais tu ne répondais pas, m'explique cet imbécile en restant planté au milieu de la pièce.
— OK. Désolée. Maintenant sort.
— Je passe la soirée à la maison et comme tu te plains toujours qu'on ne passe pas suffisamment de temps ensemble, je me suis dit qu'on pouvait se commander un truc et se mater un film, ça te dit ?
— Taylor ! Merde ! Dégage ! je crie furieuse et de plus en plus mal à l'aise.
— Ça va, respire Kara ! Ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose à voir de toute façon, se moque mon meilleur ami.
Je serre les dents et frappe l'eau de colère avec l'une de mes mains pour l'asperger, mais il recule et l'eau recouvre le sol.
— Raté !
— Je n'ai peut-être pas des seins énormes comme toutes tes pouffes, je m'énerve, mais je suis une fille je te rappelle ! Alors, sors de cette putain de salle de bain !
— Ça va ! Arrête de crier, je me casse !
Taylor sort de la pièce et referme la porte derrière lui. Blessée par ce qu'il m'a dit, je me rince les cheveux rapidement et sors de la baignoire. Je m'enroule dans une serviette et me plante devant le miroir de la salle de bain qui est recouvert de buée. Je plaque ma paume dessus et balaye les fines gouttelettes d'eau pour apercevoir mon reflet un peu flou.
Il n'y a rien à voir...
Je déteste quand il dit ce genre de chose, je n'ai pas besoin qu'on me le rappelle. Je ne sais que trop bien que j'ai un corps de gamine. Mes seins sont trop petits et je suis trop maigre, même si mon corps est ferme et musclé je complexe à mort sur mon physique et encore plus quand je vois quel genre de fille se glisse dans son lit. Taylor ne me regarde pas, il ne me voit absolument pas comme une femme et ce genre de réaction me prouve bien que je suis dans le vrai.
Je soupire tristement et attrape une serviette pour enrouler ma longue tignasse brune dedans, puis je sors de la salle de bain pour aller m'habiller. En ouvrant la porte, Taylor qui est affalé sur le canapé, tourne la tête vers moi et je m'empresse d'aller dans ma chambre.
— Alors, tu veux venir ou pas ? me demande une nouvelle fois mon cher coloc adoré.
— Non, j'ai déjà un truc de prévu ce soir, je réponds sèchement.
— OK.
Je fronce les sourcils.
— Tu ne veux pas savoir avec qui ou bien où je vais ?
— Non, je m'en fous, tu fais ce que tu veux.
Sur ces mots, j'entre dans ma chambre et claque la porte derrière moi.
— Crétin de Taylor ! je rage. T'intéresser un peu à moi ça te tuerait ?!
Je fais claquer ma langue de colère et fouine dans le bordel qu'est ma penderie pour trouver quelque chose à me mettre ce soir. Je passe de longues minutes à trouver une tenue parfaite pour un rencard, mais je me souviens alors que je passe la soirée avec Kôme et qu'avec lui, je peux être moi-même. J'enfile des sous-vêtements, un t-shirt over-size blanc, un pull noir over-size lui aussi, un jeans slim gris clair avec les genoux déchirés et ma paire de Jordan blanche. Une fois habillée, je me sèche les cheveux, par chance leur nature lisse m'évite de passer un temps fou à les lisser au fer. Je me maquille un peu, quelque chose de discret, presque naturel et enfile un bonnet noir sur ma tête, afin de parfaire ma tenue. J'ai beau ne pas être très féminine, j'accorde tout de même un soin particulier à assortir mes tenues.
Prête à partir, je prends mon portefeuille et mon téléphone que je glisse dans l'une des poches de mon Bombers noir, puis je sors de ma chambre. Je croise à nouveau Taylor qui est toujours installé sur le canapé, m'observe du coin de l'œil sans dire un mot. Face à son silence, je traverse le salon et sur le point d'ouvrir la porte d'entrée, mon meilleur ami m'interpelle :
— Bonne soirée geek ! lance ce crétin.
— En fait, j'ai un rencard avec un mec, je réplique avant de sortir de l'appartement, ne lui laissant pas l'opportunité de répondre.
Je sors de notre immeuble et prends la direction du campus. Sur le chemin, j'envoie un texto à Kôme pour le prévenir que je serai un peu en retard et il me répond aussitôt qu'il m'attend déjà au point de rendez-vous. Ne voulant pas le faire attendre trop longtemps, je presse le pas. Alors que j'arrive à destination, mon portable vibre dans la poche de ma veste. Je le récupère et ouvre le message que Dakota vient de m'envoyer.
« Amuse-toi bien avec numéro 10. Et si y'a moyen de faire du sexe ce soir, vas-y fonce ! Peut-être que lui aussi c'est une bite magique qui va ensorceler ton vagin ! »
Je pouffe de rire. Ce genre de texto venant d'elle ne m'étonne absolument pas. Mais je crois qu'elle s'emballe un peu trop sur ce coup-là. Kôme et moi on est juste ami et ce rencard, ce n'est rien de plus qu'un gage.
Arrivée au point de rencontre, j'aperçois Kôme et plus je m'approche de lui, plus mon coeur recommence à réagir bizarrement. Faut dire que ce soir, il est plutôt canon. Même si en temps normal il l'est déjà. Habillé tout en beige et noir, il porte également des vêtements XXL qui lui confèrent un style streetwear américain et je trouve que ce style lui va vraiment bien.
— Salut, désolée pour le retard,dis-je en agitant la main timidement.
— Salut, je pensais que tu te défilerais.
— Non, bien sûr que non.
Kôme me sourit et je lui souris en retour.
— Alors, où est-ce qu'on va ? je demande curieuse de connaître notre destination de ce soir.
— Tu verras.
— Quoi ? Tu comptes garder ça secret ?!
— Mmm. Mais pour me faire pardonner, j'ai un cadeau.
— Un cadeau ? je répète perplexe.
Il hoche la tête et fouille dans sa veste avant d'en sortir une petite brique de lait à la fraise qu'il me tend.
— Trop bien ! je m'exclame heureuse de pouvoir savourer ma boisson favorite.
— Parfois t'as vraiment des réactions d'enfants, ça me fait rire.
— Je ne suis pas une enfant ! je peste.
— Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que parfois tu avais des réactions d'enfants, pas que tu en étais une.
— Mouais.
— Allez, viens je suis sûr que tu vas adorer l'endroit où je t'emmène.
Je plisse le front, intriguée, mais le suis quand même. Une fois dans son Pick-up, Kôme démarre et après quelques kilomètres, il prend la direction de Los Angeles. Sur la route, j'essaie de réfléchir à tous les endroits où l'on pourrait aller tout en buvant mon lait à la fraise, mais n'ayant aucun indice, même minuscule, aucun lieu de ne me vient précisément en tête. Mais soudain, il emprunte la route qui mène à Santa Monica et sa réflexion me revient à l'esprit.
— Pacific Park ! je m'exclame d'un seul coup.
Kôme éclate de rire et j'en déduis que j'ai peut-être raison.
— Tu as parlé de réactions d'enfants et là on roule vers Santa Monica, alors c'est forcément Pacific Park et sa fête foraine.
— C'est bien là-bas qu'on va. Pas trop déçu ?
— Tu rigoles ! je lâche super enjouée. J'adore les fêtes foraines !
— J'en étais sûr.
— Bon... d'accord je suis peut-être un peu une enfant parfois, j'avoue gênée.
— Personnellement, je préfère les meufs comme toi. Mignonne, un peu enfantine par moment et qui s'émerveille devant une brique de lait à la fraise.
Cette fois, c'est moi qui éclate de rire.
— Alors comme ça, je suis ton genre de fille.
— Totalement. D'ailleurs, je compte bien te faire craquer pour moi en te faisant passer la meilleure soirée de ta vie.
Je ris à nouveau, amusée par sa remarque.
— Ça, c'est clairement impossible.
— C'est ce qu'on verra, affirme Kôme en me balançant un clin d'œil.
Je me rencogne dans mon siège et vide le reste de ma brique de lait, pensive. Est-ce qu'il est sérieux ou bien c'est juste pour me taquiner ? Non, en vrai je pense qu'il n'est pas sérieux, s'il l'était, il n'aurait pas attendu notre défi Mario Kart pour me proposer un rencard. Kôme n'est clairement pas du genre timide, je suis certaine qu'il doit sortir avec un tas de filles. Même si... maintenant que j'y pense, je ne l'ai encore jamais vu en compagnie d'une fille. Du moins en dehors de celle de la bibliothèque, mais apparemment ce n'était qu'une étudiante de sa classe. Du coup... il était peut-être vraiment sérieux.
Sérieux ou non, de toute façon mon coeur est déjà... il est déjà... je ne sais plus trop. Il veut quoi lui déjà ? Ah oui, un mec qui ne me voit même pas et qui se fiche complètement de moi.
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Merci pour votre lecture,
Plus qu'un chapitre à mettre en ligne avant l'arrêt des publications, le roman étant édité en numérique et papier, ( sortie le 26 avril sur Amazon) je vous partageais ici un avant goût sur plusieurs chapitres.
Belle journée à vous mes guimauves !
Love ❤️ Lina
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