25 - fauché
Zayn passa sa main dans ses cheveux alors qu'il attendait dehors, sous une des dernières fines pleuvines du printemps. Il ne savait pas vraiment ce qu'il pourrait bien faire puisqu'il s'était prit la tête avec sa maman et qu'elle lui avait gueulé qu'elle ne voulait plus jamais le revoir de tout son existence parce qu'il l'avait totalement pourrit. Elle aurait encore préféré qu'il meurt lui à la place de ses trois sœurs et de son père. Les mots avaient fait mal et résonnaient encore dans sa boîte crânienne comme une fausse note dans une des plus belles mélodies du monde.
Zayn avait mal, pour la première fois depuis longtemps. Il avait mal au cœur, à la tête et surtout il avait mal à son égo. Il avait mal partout, partout là où il pourrait avoir mal physiquement, mentalement et les deux en mêmes temps. Son cœur se déchirait dans sa poitrine alors qu'il revoyait ses trois sœurs se débattre dans les flammes par le rétroviseur. Il revoyait la scène en boucle dans son esprit, avec les mots de maman en arrière plan ; comme s'il la revivait, qu'il était dans la voiture à nouveau et que sa maman était sur la route en lui gueulant ces mots, sachant déjà la fin de l'histoire avant même que les secouristes ne le sortent du véhicule en feu.
Zayn n'avait même pas envie que cela recommence encore. Il ressentait à nouveau. Jamais personne ne lui avait parlé ainsi, avec des mots aussi crus mais aussi, personne de si important pour lui ne lui avait parlé de cette façon et c'était sûrement ce qui devait faire réagir à nouveau son cœur endormit et anesthésié depuis quelques temps déjà. Il s'était endormit et maintenant, il ressentait à nouveau et cela faisait encore plus mal que s'il n'avait jamais sombré dans un sommeil profond ne ressentant plus rien du monde extérieur comme intérieur. Il ressentait de nouveau.
Zayn ne se doutait même pas qu'il était bien plus mal qu'il ne le pensait. Il était même extrêmement mal. Il n'aimait pas du tout cette sensation qui était logée, bien confortablement, dans sa poitrine. Il ne l'aimait pas du tout parce qu'elle était douloureuse malgré qu'elle se soit bien installée. Sûrement parce qu'elle s'était mise là où ça faisait mal, là où la douleur était la plus violente et la plus paralysante, là où elle donnait le plus envie de mourir et de mettre une balle dans la tête ou de sauter d'un pont. Il en avait envie mais il était au milieu d'une route, dans un quartier chic, déserte, sous une fine pluie à se demander quand une voiture finira par le faucher.
Zayn leva les yeux vers le ciel où des nuages beaucoup plus menaçants prenaient la place des précédents. C'était les derniers jours de pluie et de mauvais temps avant l'arrivée du soleil et il ne savait même pas s'il allait les connaître, ces jours d'été ensoleillé. Il ne savait pas s'il serait encore vivant quand ils arriveront. Il n'en avait pas la moindre idée et se poser la question l'empêchait d'avoir les mots de sa mère continuellement en boucle dans sa tête et de revoir comme s'il se retrouvait à nouveau dans le véhicule en feu, les corps de son père et de ses sœurs brûlés.
Zayn avait été traumatisé par cet accident même si personne ne l'avait diagnostiqué ainsi et qu'il avait toujours refusé que quelqu'un lui pose des questions, parce qu'il voulait oublier cet incident. Il voulait oublier mais il été traumatisé par celui-ci. Il avait manqué de mourir ce jour-là et maintenant qu'il était encore vivant, il aurait préféré mourir là-bas. Il aurait préféré ne jamais vivre jusqu'à maintenant. Il aurait encore préféré mourir parmi les flammes plutôt que d'entendre les paroles de sa maman qui l'avait tué de l'intérieur.
Zayn était achevé. Il était terminé et il le savait mais n'osait pas l'accepter. C'était sûrement la fin pour lui parce qu'il n'avait jamais eu aussi mal, autant mentalement que physiquement. Il n'avait jamais eu autant mal de toute sa vie. Il n'avait jamais eu aussi mal de toute son existence, de sa croissance dans le ventre de sa maman, en passant par l'accouchement, par son enfance difficile, par cet accident ; jamais cela n'avait été aussi douloureux d'exister.
Zayn passa sa main dans ses cheveux humidifiés par la pluie. Il avait envie de crier au monde d'aller se faire foutre. Il avait envie de pleurer. Il avait envie de mourir. Il avait envie de faire tellement de choses mais il en était totalement incapable tellement qu'elles étaient toutes plus négatives les unes que les autres. Il n'entendait plus que sa respiration sifflante, le son de la pluie s'abattant sur le sol et le silence tout autour de lui. Il n'y avait, encore une fois, personne pour lui. Il n'y avait jamais eu personne pour lui, de toute façon, la solitude avait été la récompense de sa malveillance.
Zayn ne savait même plus ce qu'il pourrait faire de sa vie. Il n'avait aucun avenir, aucun futur. Il n'était rien, comme il n'avait jamais rien été. Il n'était qu'une ombre, passante, se faufilant dans l'obscurité pour ne pas se faire cramer ni remarquer dans la lumière. Il se cachait derrière un masque pour ne pas montrer qu'il était quelqu'un de sensible en réalité. Il était quelqu'un de détruit et brisé depuis le départ ; il avait mal démarré sa vie et s'était caché suite à cela.
Zayn n'était que la face cachée d'un désir destructeur, d'un abruti marginalisé par la société et rejeté de tout parce qu'il n'était bon en rien et qu'il ne représentait rien non plus. Il n'était rien du tout et n'avait jamais rien été parce qu'il n'avait presque jamais rien aimé de bon pour lui. Il croyait que la solitude était ce qu'il y avait de meilleure sur cette planète. Mais il avait tord, parce qu'il y a tellement mieux que d'être plongé dans une solitude qui nous tord les boyaux et nous compresse l'estomac et le cœur jusqu'à ce qu'ils explosent. Il y avait tellement mieux que de passer tout son temps seul en ruminant dans ses pensées comme une vache dans un pré.
Zayn ne connaissait rien en la vie, comme presque toutes les personnes de cette planète. Il croyait connaître tout sur tout, savoir et avoir tout vécu ; même le plus horrible. Mais il ne se doutait pas de n'avoir rien apprit du tout, de ne rien savoir, de n'avoir jamais rien su. Il ne se doutait de rien et maintenant qu'il n'avait jamais eu aussi mal de toute sa vie, il se remettait en question et se rendait compte qu'il s'était toujours voilé la face ; surtout depuis qu'il était devenu celui qu'il était maintenant. Il avait entraîné Liam dans sa chute et il s'en voulait éperdument mais c'était trop à présent, surtout trop tard parce qu'il venait de mourir sur le coup, fauché par une voiture se croyant tout à fait seule sur le route conduite par un conducteur complètement saoule.
« Il est souvent trop tard que pour renoncer et repartir en arrière. Il est souvent trop tard que pour regretter et avoir des remords. Mais il n'est jamais trop tard que pour aimer, espérer et vivre. »
***
Musique ; Friend Zone - G-Eazy feat. Marc E. Bassy
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