IN THE AIR 2NIGHT
Le soleil perçait à travers les nuages qui semblaient faire office de persiennes, cet après-midi là. Il faisait doux, un doux un peu irréel, mais trop confortable pour qu'on accuse le temps de quoi que ce soit.
Les doigts de Chan jouaient machinalement dans les cheveux sombres et sur la nuque délicate de Hyunjin, qui avait arrêté de compter les frissons qui électrisaient chacune de ses vertèbres à chaque caresse. C'était fou comme il ne s'habituerait jamais aux effets que la tendresse de son petit-ami produisait sur son corps. De son côté, Chan fronçait le nez quand la fumée du joint de son amant lui chatouillait les narines. Hyunjin fumait souvent, ces derniers temps, mais il n'avait pas vraiment le cœur à l'en empêcher. À chaque époque son poison. D'antan, on fumait l'opium dans les tabagies, allongé à demi sur le flanc, dans une atmosphère rendue floue par les vapeurs nocives. Aujourd'hui, la vie voulait que l'on puisse fumer de l'herbe dans le coin d'un parc public à moitié vide, à l'ombre étroite d'un pin rouge, affalé sur son copain.

Au fil du temps, les deux amants avaient décidé, avec une pointe honte plus ou moins dissimulée, que ce parc était le leur, celui de leur liaison. Il fallait marquer certaines relations par quelque chose de symbolique, c'était ce que les gens faisaient, la plupart du temps, avec la date d'un premier baiser, un porte-clé offert ou bien une chanson particulière. Pour eux, c'était la mélodie du vent dans les branches d'un arbre, celui qui les surplombait actuellement, avec son tronc aux angles bizarres et ses jolies feuilles. Non, à vrai dire, il y avait quelque chose d'encore plus kitsch dans ce symbole, car si l'on y faisait vraiment attention, on trouverait deux initiales creusées maladroitement dans l'écorce, reliées par un signe « plus » et entourées d'un cœur. H + C. C'était ça, leur vrai signe nul de leur amour inconditionnel.

- Je crois que je vais arrêter la boxe.

Chan se figea, en même temps que sa main droite resta en suspens au-dessus du crâne de Hyunjin. Il tenta d'assimiler les mots qui venaient de glisser dans son oreille, mais ceux-ci s'en étaient aussitôt échappés, comme s'ils ne voulaient pas y rester. La légère bourrasque qui soulevait le feuillage au-dessus semblait s'être arrêté au même moment. Pourquoi Hyunjin avait cette sale manie de ne jamais introduire convenablement ses moments de confessions ? Chan cligna deux fois des yeux.

- Quoi ? fût la seule chose que sa bouche laisse échapper.
- Je vais arrêter la boxe, répéta Hyunjin en détachant chaque syllabe, comme si cela pouvait le convaincre un peu plus. Après avoir hésité, il écrasa la fin de son joint dans la terre, n'ayant pas vraiment d'autre choix que d'abîmer le sol fertile. Les humains détruisaient la planète, il n'y faisait pas exception. Ça ne fait plus sens que je me batte. J'y ai perdu goût, continua-t-il d'un ton un peu ennuyé. Il faut que je trouve une autre passion. Un truc qui prendra ses bases sur quelque chose de sain et pas un mauvais désir de vengeance.

Chan ne trouva rien d'autre à faire que de cligner à nouveau des yeux. La peine de Hyunjin semblait s'être évaporée pour laisser place à une apathie qui ne lui ressemblait pas vraiment. Ou alors c'était un simple masque qu'il revêtait et qui lissait ses émotions, en plus d'avoir éteint la petite étincelle qui faisait normalement vibrer ses yeux. En fait, si l'on regardait bien, elle était toujours là, cette pauvre lumière. Sous une couche froide et maussade, mais là.

- Je suis fatigué d'être en colère, Chan, dit le noiraud d'une voix claire, mais qui parût si triste aux oreilles du plus vieux qu'il sentit son cœur se serrer. Je veux pas pardonner Ryu-Mae et je ne le pardonnerai sans doute jamais vraiment, mais je veux pas vivre dans l'ombre de Ji-ho. Enfin, je veux pas vivre comme une ombre.

Chan l'observa sans rien dire, la boule lui pesant sur la poitrine était remontée dans sa gorge. Il regrettait de ne percevoir que le profil du plus jeune, il aurait aimé croiser son regard. Hyunjin déglutit et le blond sentit que c'était douloureux.

- C'est comme si... comme si je marchais à côté de la vie, depuis sa mort, dit doucement le noiraud. Ses lèvres s'étaient légèrement retroussées, comme si chaque mot peinait à sortir. Comme si on m'avait tué de l'intérieur, moi aussi. À chaque fois que sa bouche s'ouvrait, cela lui faisait l'effet d'une déchirure, mais il avait l'impression contradictoire d'avoir le visage anesthésié. Mais le pire, ça a été de voir le monde s'effondrer dans les yeux de sa mère.

Il semblait faire froid, soudain. Chan frotta ses paumes contre le coton de son short, évitant soigneusement la tête de Hyunjin qui reposait entre ses jambes. Il ne voyait que trop bien ce que voulait dire son petit-ami. Chaque deuil qu'il eut lui-même vécu n'avait jamais été plus déchirant que quand il lisait la douleur et l'insoutenable chagrin dans le regard de ceux et celles qu'il aimait. Hyunjin serra légèrement les poings.

- Et ça, ça m'a mis en colère, lâcha-t-il d'un ton pourtant doux. Dans une rage tellement intense que j'étais prêt à tout abandonner pour venger son âme. Mais j'en veux plus de cette haine-là. Elle me fait trop mal.

Ses deux bras se replièrent contre son ventre, comme s'il se protégeait de quelque chose.

- Et surtout, elle me laissera jamais être heureux.

Alors voilà, on y était.

- J'en ai rien à foutre de me venger, dit Hyunjin après avoir pris une inspiration. Ça m'a pris du temps à le comprendre... Je pensais pas pouvoir être heureux parce que je m'interdisais de l'être. C'était trop égoïste, vis-à-vis de Ji-ho. J'avais pas le droit d'être heureux sans lui. Il sourit, sans joie. Ce que je peux être con... Je sais très bien que c'est ce qu'il aurait souhaité le plus au monde, pour moi. Et c'est encore plus égoïste de ma part de m'être empêché de penser à lui. À ce qu'il voudrait pour moi.

Un enfant éclata de rire au loin, comme pour ponctuer le récit de Hyunjin. Le noiraud pouffa à son tour. Même un gosse se moquait de sa bêtise. Et il avait raison, Hyunjin se sentait bête. La pression redescendue, le jeune homme attrapa une poignée de brins d'herbe entre ses doigts d'un geste machinal.

- Je... je me suis noyé tout ce temps et c'est trop sombre, en bas, Chan, dit-il en déterrant un peu plus de pelouse. Il y'avait maintenant un tas de tiges vertes  sur le sol, posé devant son visage. Hyunjin souffla dessus. J'aimerais remonter à la surface.

Une seule larme dévalait sa joue pâle à une lenteur presque frustrante. Si sa bouche avait plus ou moins réussi à évacuer son trouble en mettant des mots sur sa peine, son corps avait du mal à laisser sortir quoi que ce soit qui trahirait sa douleur. Le pouce de Chan récupéra la perle salée d'un geste doux comme pour effacer la trace de son désarroi.

- Je... commença Chan en laissant ses mots en suspens. Ils étaient sortis avant qu'il ne sache quoi dire. ... te trouve courageux, finit-il.

Il ne savait pas quoi ajouter, Hyunjin avait l'air sûr de ses mots et de ce nouveau choix qui ne tenait qu'à lui. C'était tout à fait naturel que Chan accepte. Il n'avait pas le droit de s'interposer dans cette décision, dans tous les cas. S'il savait ce qui était bien pour lui, c'était tout ce que Chan souhaitait. Hyunjin sembla satisfait de cette réponse, puisqu'il attrapa la main de Chan qui reposait sur sa jambe pour la serrer dans la sienne. Sa paume était froide contre les doigts légèrement moites du blond, mais la sensation lui plut. Puis, Hyunjin releva la tête vers l'autre garçon et l'observa pendant quelques secondes. Tout trace de peine avait disparu de ses traits, comme si leur discussion précédente n'était qu'un lointain souvenir.

- Et toi ? Comment tu te sens Chan ?

Le nommé le considéra d'un air étrange, mais Hyunjin s'en fichait. Il avait eu besoin de se confier, le blond l'avait écouté. C'était encore mieux qu'un journal intime, ça lui suffisait. Et il se sentait un peu coupable, de laisser Chan accepter qu'il se décharge sur lui, c'était à son tour, maintenant.

- Je- hum... Ben, ça va ?

Hyunjin pouffa en se redressant des genoux de Chan pour s'adresser plus convenablement à celui-ci.

- Je sais pas, à toi de me dire, le taquina Hyunjin en prenant le menton du blond entre ses doigts pour faire pivoter sa tête de gauche à droite, comme on le ferait à un enfant.

Chan laissa échapper un petit rire à son tour, laissant ressortir ses fossettes. Bon sang. Jamais Hyunjin ne se lasserait de ses fossettes. Le blond réfléchit pendant de longues secondes, mais rien dans son esprit ne semblait assez sérieux à exprimer. Il n'avait pas de gros problèmes, simplement une multitude de petits soucis qui trottaient ici et là dans son crâne. Mais il était trop pudique et humble pour se dire qu'ils avaient de l'importance. Il était en bonne santé, survivait financièrement et avait enfin pu toucher du bout des doigts ce qui semblait être l'amour pur.

- Je suis vraiment pas à plaindre, élucida-t-il simplement, ce qui frustra son petit ami.
- Un jour, je briserai ta carapace de con insensible, maugréa Hyunjin, le ton faussement lourd de reproches. Chan sourit.
- En même temps, comment je peux ne pas être heureux en t'ayant à mes côtés ?

La remarque pouvait sembler atrocement bateau, mais Hyunjin lut dans les yeux de Chan une honnêteté absolue qui tordit son estomac. Il le lui renvoyait mille fois. Il n'avait jamais été si bien dans sa vie depuis leur rencontre. Jamais il ne lui aurait paru possible d'un jour arrêter la boxe, encore moins sans avoir assouvi sa soif de vengeance. Hyunjin se sentait assagi. Il sentait qu'il faisait le bon choix, parce qu'il savait qu'il se tenait aux côtés de la bonne personne. Il en était persuadé.
Le vide en lui avait disparu, enfin.
Avant que Chan ne puisse placer un mot de plus, Hyunjin l'attira à ses lèvres pour l'embrasser lentement, si lentement que le blond sentit ses oreilles rougir. Le baudet avait le goût d'une belle promesse. Celle qui disait que tout irait bien, au final. Hyunjin observa Chan de ses yeux mi-clos, une fois qu'il eut séparé leurs lèvres, si l'on pouvait parler de séparation, vu les quelques ridicules millimètres qui leur laissait juste la place de respirer. Leurs yeux se sondèrent et un petit sourire de dessina simultanément sur leurs lèvres respectives.

- Putain, c'est trop bien d'être amoureux de toi, murmura Hyunjin.

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eh bon en Corée ça fume pas vrm de weed et encore moins dans les parcs oklm pcq c'est bien interdit MAIS j'ai oublié que mon histoire se passait en Corée. donc vous ferez avec🤗🤗⭐️⭐️🇬🇧🇬🇧
euh voilà sinon c le dernier chap, y'aura juste un épilogue après, peut-être que c pas un super choix mais m'en fish 😜 un jour je relirai cette ff et je voudrais tout changer mais cela n'a pas d'importance pour l'instant, je voulais juste la boucler🤗 je vous fais des küss küss