Il a même pas fini sa phrase et s'est effondré par terre.

J'étais tellement paniquée que j'avais même plus conscience de mes faits et gestes. J'ai appelé le samu et une demi-heure après, je me suis retrouvée à l'hôpital.

Je tournais en rond dans la salle d'attente, en attendant qu'on m'autorise à entrer dans la chambre de Fetty.

J'espérais qu'il avait seulement eu un petit malaise et rien de plus. Il faut surtout pas qu'il nous quitte tout de suite, c'est pas le moment.

- Il s'est passé quoi avec Fetty ?

J'ai reconnu la voix d'August entre mille. Et c'est bien lui que j'ai vu en me retournant, juste derrière moi.

Moi : Il est tombé par terre et...il s'est pas relevé.

August : Mais il lui est arrivé quoi ?

Moi : J'en sais rien ! J'étais chez lui et je-

August : Attends stop, tu faisais quoi chez lui déjà ?

Mais j'hallucine là. Il arrive à faire des retournements de situation, même dans les moments critiques.

Moi : J'avais juste besoin de ses conseils !

August : Ses conseils sur quoi ?

Moi : Le problème n'est pas là !

August : Mouais.

Il a détourné son regard, en fronçant les sourcils. J'ai essayé de revenir au sujet de départ.

Moi : Bref ! Il me parlait de ses enfants et d'un coup il est resté figé. Et il a perdu connaissance.

August : Putain...

Il a serré ses poings et a fait les cent pas dans la salle d'attente, sous le regard incrédule des gens.

Je le regardais anxieusement quand j'ai aperçu Tinashe entrer dans la salle.

Moi : Tinashe qu'est-ce que tu fais ici ?

Tinashe : J'ai écouté tes messages vocaux. Ils avaient l'air alarmants puisque tu criais comme une malade dessus.

Moi : Ah...

J'ai fait des choses dont je me rappelle même plus quand Fetty est tombé par terre. Tout ce que je sais, c'est que j'ai forcément prévenu August et Tinashe de façon inquiétante.

Tinashe : Alors qu'est-ce qu'il a Fetty ?

Je voulais pas l'affoler donc j'ai minimisé l'affaire, en m'abstenant de lui parler de la balle qu'il a reçu dans le crâne.

Moi : Euh...Il a fait un malaise.

Tinashe : Un malaise ?

Moi : Ouais...Je pense qu'il était fatigué et c'est pour ça qu'il s'est évanoui. Ça m'a fait paniquer mais je pense qu'il a rien de grave.

Tinashe : T'es sûre ?

Moi : Euh ouais...Il ira mieux dans quelques heures normalement.

Tinashe : Espérons que t'aies raison.

Après avoir attendu une heure et demi, le médecin est venu nous informer de l'état de santé de Fetty.

Médecin : Nous avons décidé de le mettre dans un coma artificiel pour le protéger. Il a été victime d'une hémorragie interne qui risque de lui faire d'importantes séquelles au cerveau. De plus, ses antécédents médicaux nous laissent perplexes et c'est pour cela que nous serons obligés de le garder à l'hôpital pour une longue période.

Moi : Pour combien de temps exactement ?

Médecin : Peut-être quelques semaines ou quelques mois. Voire même quelques années s'il est toujours en vie.

J'allais exprimer mon mécontentement lorsque Tinashe m'a devancée.

Tinashe : Comment ça "s'il est toujours en vie" ?

Le médecin l'a regardée avec un air interrogateur et lui a demandée.

Médecin : Vous n'êtes pas au courant de la balle mortelle qu'il a au crâne ?

J'aurai voulu qu'elle apprenne ça par quelqu'un d'autre mais le médecin a été beaucoup trop vif.

Tinashe : C'est une blague ?!

Médecin : Malheureusement non. Et vos amis sont très bien placés pour vous renseigner à propos de cette tragédie.

Elle nous a regardé avec désarroi et des larmes commençaient à s'écouler sur ses joues.

Tinashe : Pourquoi vous m'avez rien dit ?

Moi : Parce que Fetty avait besoin de compagnie...

August : Et on voulait pas que tu le quittes.

On savait pas quoi lui dire d'autre car on était fautifs sur le coup. Et subitement, elle s'est enfuie pour aller pleurer je ne sais où.

Médecin : Bon...Vous pouvez aller voir votre ami.

August : Enfin !

On est entrés dans la chambre de Fetty et on s'est assis à côté de lui. Il dormait et on l'avait mis sous assistance respiratoire.

Moi : Pourquoi il souffre autant dans sa vie ?

August : Parce qu'il est trop parfait, et ça dérange.

Moi : Donc il devait être une mauvaise personne, c'est ça ?

Il baisse la tête et croise ses mains.

August : Quand on est gangster, y'a un caractère qu'on doit rapidement assimiler. Faut arrêter d'être gentil, d'avoir de la pitié pour les autres, de donner sans rien attendre en retour et d'être optimiste sur tous les points.

Moi : Et Fetty faisait tout le contraire...

August : Et tout se retourne contre lui maintenant...

Moi : C'est tellement injuste.

August : Ouais, mais on y peut rien.

Un silence a régné pendant quelques secondes avant que je prenne la parole.

Moi : C'est pour ça que t'es impitoyable avec les gens ? T'as choisi d'être comme ça pour que rien ne te retombe dessus ?

Il humidifie ses lèvres et fixe Fetty, avec un regard perdu.

August : J'ai arrêté d'être amical avec les gens depuis la mort de mon frère. Et c'est un choix que je regrette pas du tout.

Moi : Et pourquoi t'as fait ce choix ?

August : Pour avoir aucun regret.

Je suis restée silencieuse et l'ai fixé avec un air réfléchi. Je pense avoir tout compris maintenant.

Moi : Tu préfères mourir méchant sans être trahi par qui que ce soit, plutôt que de vivre gentil en souffrant à cause des gens. C'est ça ?

August : Exactement.

C'est seulement quand je vois comment Fetty souffre en étant gentil que je me rends compte que...August a entièrement raison d'être comme il est.

Moi : T'as raison d'agir ainsi.

Il hausse les sourcils et me lance un regard rempli d'étonnement.

August : T'es d'accord avec ça ?

Moi : Oui, vraiment.

Il n'a rien répliqué et a regardé Fetty de nouveau. J'espère qu'il s'en sortira le plus vite possible.

Peu de temps après, Tinashe nous a rejoint. Ça s'est avéré difficile de calmer ses larmes, mais on a finalement réussi.

Il était presque 22h et August et moi étions toujours dans la chambre de Fetty, à le regarder.

August : Faut qu'on y aille.

Moi : Je veux pas le laisser.

August : On reviendra le voir, t'inquiète pas.

Moi : J'y manquerai pas.

On a quitté l'hôpital puis on a pris le chemin pour rentrer à Augusta.

Aucun mot n'a été échangé entre nous pendant le trajet. C'est seulement quand on est arrivé près de ma maison que j'ai pris la parole.

Moi : Merci de m'avoir déposée.

August : C'est normal.

J'ai souri vaguement et j'allais ouvrir la portière quand il a mis sa main sur la mienne.

Je l'ai regardé avec gêne, contrairement à lui qui me fixait sérieusement.

Moi : Qu'est-ce qui y'a ?

August : Arrête de m'ignorer, ça me rend dingue.

Moi : C'est pour que tu te détendes que j'ai pris mes distances.

August : Pourtant ça m'a pas détendu. Et c'est pas non plus ta psy qui le fera.

J'en conclus qu'il a pas vraiment apprécié que je lui passe le numéro de Kris. Je pensais pourtant bien faire.

Moi : Et quelles choses peuvent te détendre ? Du shit ? Des armes ?

August : Aucun des deux.

Moi : Alors qu'est-ce qui-

Il m'a interrompu en m'embrassant. Je me demande comment j'ai pu rester si longtemps sans aucun contact avec lui, c'était de la torture.

Ce bisou a duré une bonne trentaine de secondes avant de s'arrêter. Je l'ai regardé dans les yeux et je suis sortie de la voiture, assez perturbée.

Moi : Salut August.

August : Salut, Mel'.

En rentrant chez moi, j'ai remarqué que Trevor n'était pas là. Il devait sans doute être chez Jasmine.

Et quand j'ai rallumé mon téléphone, j'ai stressé en voyant ce message.

De "Trevor ✨" : "Faut qu'on ait une discussion importante à mon retour"

Mon sixième sens me dit que cette discussion aura un rapport avec August et qu'elle va être dramatique...

À suivre...