Partie 69
Je sais qu'il veut pas seulement qu'on s'explique, mais j'essayerai d'être plus rusée que lui cette fois-ci.
Le soir même, il m'avait envoyée un message.
De "Alsina 💔" : "On se voit où ?"
À "Alsina 💔" : "À toi de choisir"
De "Alsina 💔" : "Chez moi"
Alors là c'est mort. Je pourrais faire une longue liste de ce qui m'empêche de venir chez lui, mais la flemme.
À "Alsina 💔" : "Euh c'est mieux au centre commercial"
De "Alsina 💔" : "S'tu veux"
Deux jours après, on était samedi. On avait décidé de se voir dans la pizzeria du centre commercial.
Je venais d'y entrer. Une vingtaine de personnes s'y trouvaient mais y'avait pas trop de gens pour l'instant.
J'ai repéré la table d'Alsina et je suis allée m'asseoir en face de lui.
Alsina : T'es en retard là.
Moi : J'avais pas vu le temps passer.
Alsina : Ah les meufs...
Je roule des yeux et mon téléphone émet un bruit au même moment.
Alsina : Ça doit être ton Calvinou ça.
Moi : Pas forcément.
J'ai jeté un coup d'oeil à mon téléphone et il avait raison, c'était bien Calvin.
De "Calvin 💕" : "Ça date qu'on s'est pas vus"
J'allais lui répondre mais Alsina m'a déconcentrée avec ses remarques inutiles.
Alsina : Ça doit être un vrai canard ton Calvin.
Moi : Oh excuse moi monsieur le thug.
Alsina : J'te pardonne.
Je soupire et regarde la carte du menu. Et sans m'en rendre compte, j'ai murmuré.
Moi : Lui au moins c'est pas un bâtard...
Alsina : Et c'est moi le bâtard ?
J'ai parlé trop fort à ce que je vois.
Moi : C'est pas une question ça.
Il pose ses coudes sur la table et me regarde sérieusement.
Alsina : Je t'ai fait quoi au juste ?
Moi : Tu m'as trompée avec des putes, tout simplement.
Il ne dit rien et regarde ailleurs.
Moi : T'es un chaud lapin. Pire que ça même, t'es carrément accro.
Il était pas prêt. Il me regardait comme s'il était gêné que j'aie percé un quelconque secret.
Alsina : Tu racontes quoi là ?
Moi : Fais pas genre, je sais tout.
En vrai je sais rien du tout, mais c'est quand même drôle de le voir dans cet état donc je continue à insister.
Alsina : Qui t'a dit ça ?
Moi : Personne, je le sais c'est tout.
Entre-temps, le serveur est venu prendre nos commandes.
Alsina avait l'air tellement perturbé que je commençais à croire que j'avais dit vrai. Alors j'ai décidé de lui poser des questions à propos de ça, histoire de rigoler.
Moi : Dis moi quand ça a commencé.
Il m'a pas répondu et a fait comme s'il n'avait rien entendu.
Moi : Fais moi confiance non ?
Il baisse la tête et sert ses poings.
Alsina : J'avais seize ans. Ma mère m'avait chassé d'la maison après une embrouille. Donc pour m'en sortir, j'ai été obligé de faire des bails avec des meufs contre de l'argent. Et longtemps après, j'ai commencé à prendre goût à ça. L'amour c'était pas pour moi, j'voulais juste me faire plaisir.
J'étais profondément choquée par ce qu'il venait de m'avouer. Les mots ne sortaient pas de ma bouche. C'est donc pour ça qu'il est accro et qu'il déteste sa mère...
Moi : Et...T'es toujours aussi accro ?
Alsina : Disons que j'arrive mieux à me contrôler.
Moi : Ah, tant mieux.
Alsina : Mais ça reste important dans un couple pour moi.
Moi : On n'est pas fait pour être ensemble alors.
Alsina : Et moi j'suis sûr du contraire.
Il me mettait mal à l'aise. Heureusement que le serveur est venu nous apporter nos pizzas et qu'on a arrêté cette petite conversation.
Il m'a aussi parlée de ses autres addictions. La drogue et les armes en font tristement parti. On dirait qu'il réalise pas que ces choses ruinent sa vie.
Une demi-heure après, on avait fini de manger. On était allés au cinéma pour faire passer le temps.
On entre dans la salle et s'assoit derrière, pour être tranquille.
Moi : C'est un film sur quoi ?
Alsina : La vie de gangster.
Moi : Ça m'étonne pas...
Le film a commencé. Il était grave concentré, mais moi je mourrais d'envie de lui poser une question importante.
Moi : Comment t'as pu perdre la confrontation ?
Alsina : C'est à cause de toi.
Moi : Mais assume que t'étais nul au lieu de m'accuser à tort.
Il a arrêté de regarder le film et a tourné sa tête vers moi.
Alsina : Retiens bien ça, j'suis le meilleur. C'est moi qui ai gagné toutes les batailles, donc j'aurai dû gagner. Mais j'étais tellement troublé que j'ai oublié de donner des ordres au gang pendant la confrontation. Et à ton avis, pourquoi j'étais troublé ?
Moi : Parce que j'ai failli te tuer...
Alsina : Voilà.
Moi : Tu m'avais poussée à bout, et tu sais bien pourquoi...
Alsina : J'ai pas résisté à la tentation.
Moi : C'est parce que t'es accro.
Alsina : C'est bon j'ai compris là.
Je rigolais tellement. Il assume jamais ses troubles psychologiques ce mec.
Moi : N'empêche, va te faire soigner.
Alsina : J'suis pas fou non plus.
Moi : Mouais...
On a arrêté de parler et j'ai accordé toute mon attention au film. Il en a profité pour passer son bras autour de mon cou. J'ai rien dit, comme ça me gênait pas.
Trois quarts d'heure après, on était arrivé au milieu du film. Y'avait de l'action, un peu trop même. J'osais même plus le regarder.
Moi : Y'a trop de meurtres dans ce film.
Alsina : Et t'as peur ?
Moi : Pas du tout.
Alsina : Tu mens trop toi.
Moi : Même pas.
Voyant qu'il me fixait, j'ai tourné ma tête de l'autre côté.
Alsina : Tu regardes quoi là ?
Moi : La sortie de secours. Imagine y'a un incendie, faudra bien qu'on-
Il m'a interrompue en tournant ma tête vers lui, et il m'a fait un smack.
Alsina : Y'aura pas d'incendie.
Moi : Euh...On sait jamais...
Il sourit et repasse son regard sur l'écran. Tout le temps j'essaye de lui montrer que je peux lui résister, mais j'y arrive jamais...
Une heure après, le film était fini et on avait quitté le cinéma. On venait tout juste de sortir du centre commercial et il commençait à faire nuit.
Alsina : J'ai passé de bons moments avec toi, t'as été une fille cool.
Moi : Attends ça veut dire quoi ça ?
Alsina : J'te laisse tranquille, c'est ce que tu voulais non ?
J'avais complètement oublié le but de ce rendez-vous. Pendant un moment, je m'étais crue à une sortie de couple.
Moi : Euh ouais...
Alsina : Alors maintenant j'te dis adieu Mel'.
Moi : Euh salut...
Il a souri puis a avancé pour partir.
Moi : Attends...
Il s'est retourné vers moi. Je voulais tellement lui dire que je veux pas qu'il me laisse, mais j'en ai pas eu le courage.
Moi : Euh, rien...J'ai oublié.
Alsina : Ça devait pas être important alors.
Si seulement il savait...
Je l'ai regardé s'en aller, impuissante. Ça me déchirait le coeur de le voir partir comme si de rien était.
Je regrette vraiment de lui avoir demandé de me laisser tranquille. C'est moi la perdante dans toute cette histoire...
À suivre...
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